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Le mauvais coup de Scalfari

Le titre mystérieux est expliqué, si l'on veut, dans l'article...
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L'indisponible
Eugenio Scalfari
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Le cardinal Bagnasco, président de la CEI, prétend que seule la religion catholique doit être enseignée dans les écoles publiques.

Dimanche 18 Octobre, le Cardinal Angelo Bagnasco a accordé une interview au Corriere della Sera. Ample. Douce. Œcuménique (dans le sens où il ouvre ses bras à tous). Sucrée (dans le sens qu'il aime tout le monde). Du reste, l'Église catholique a toujours voulu apparaîre ainsi, même si elle ne l'a presque jamais été. Elle a toujours voulu répandre l'odeur du lys. De la camomille. De la valériane, de la verveine. Les grands Papes, non: ils parlaient comme les rois et Dieu sait qu'ils étaient - seigneurs des esprits et des corps, hissant le blason des clés qui ouvrent les portes du ciel et celles de la terre.

Tel était leur langage. Ils réduisaient en cendre les adversaires, ils excommuniaient les ennemis, menaient des croisades, faisaient des guerres, et pas seulement de religion mais de pouvoir. Ainsi furent les papes dans l'histoire, de Grégoire le Grand à Hildebrand (Grégoire VII), de Boniface VIII aux trois Innocent (I, II et III), et puis le Pape Borgia, le Pape della Rovere, les deux papes Médecins, le Pape Borghese, le Pape Farnèse, le Pape Barberini et ainsi de suite au cours des siècles et à travers les schismes, les hérésies, les guerres de religion, les bûchers de l'Inquisition.

Certes, l'Église n'était pas seulement cela. L'Eglise catholique a été et est dépositaire millénaire de valeurs morales, d'élans mystiques, d'ascèse, de foi, de plus haut exemples de fraternité, de charité et d'éducation. Mais ce dépôt des valeurs religieuses a rarement pénétré dans le cercle de la hiérarchie. Les témoins de la foi et de la charité ont toujours été une minorité, souvent utilisée pour sauvegarder et cacher la vocation temporalelle de la hiérarchie, et plus souvent encore tout juste tolérés voire réprimés. L'histoire de François d'Assise est très éloquente de ce point de vue et aussi celle de Joachim de Flore et celle de Valdo, pour finir à notre époque, avec la répression des modernistes et leur expulsion des universités et des écoles, sous les auspices du gouvernement fasciste en échange de sa légitimation par le Vatican.

Je me demande si l'enseignement religieux qui est dispensé par des enseignants proposés par le Diocèse dans les écoles publiques couvre aussi l'histoire de l'Église, mais ma question est purement rhétorique: l'histoire de la religion ne fait pas partie de l'heure de religion, mais elle ne figure pas non plus, sauf par allusions, dans l'enseignement de l'histoire. Les diplômés des écoles secondaires ignorent que le État pontifical a eu jusqu'en 1870 la peine de mort, et a été pendant des siècles l'un des plus grands obstacles à la création de l'Etat unifié en Italie.

Je rappelle ces vérités pour souligner que le peuple de Dieu est une chose, les ministres de la religion et des âmes une autre et les membres de la Hiérarchie encore une autre. Les papes représentent aussi un phénomène en soi. Il y a eu des grands, des médiocres, des vicieux, des exemplaires. Je dirais que les derniers specimen exemplaires ont été Jean XXIII, Paul VI, Wojtyla. L'actuel est un modeste théologien qui fait regretter ses prédécesseurs.

Le cardinal Bagnasco reflète malheureusement l'air onctueux qu'on respire dans l'Eglise italienne, ses hiérarchies et sa curie diocésaine. Elle reflète aussi les luttes de pouvoir en cours pour les futures nominationss. Il y a de nombreuses questions sur lesquelles la hiérarchie et la Curie s'opposent et le plus récent exemple en est venu il y a quelques jours par la proposition d'un membre du gouvernement proche de Gianfranco Fini, de mettre en place une heure de religion islamique. Les réactions de l'Eglise vont de ceux qui ont l'accueilli très favorablement, ceux qui ont déclaré la chose possible dans un avenir lointain, et ceux qui - comme d'ailleurs Bagnasco - l'ont jugée inacceptable.

Mais la même diversité s'est aussi fait jour sur des problèmes encore plus ressentis par nos sensibilités de citoyens italiens. Par exemple, dans le vaste domaine des questions de bioéthique, sur l'insémination artificielle, sur le testament biologique.

Bagnasco soutient que l'Eglise désire seulement avoir la liberté de parole mais ne veut rien imposer à personne. Peut-être ne se souvient-il pas que la hiérarchie et aussi Conférence des évêques actuellement présidée par lui, lancent de véritables "oukase" vers les parlementaires catholiques, leur enjoignant de se comporter comme les évêques et la curie le veulent, et déclarant quelques-unes de ces questions "indisponibles".
Un autre exemple d'incohérence réside dans la revendication que dans les écoles publiques soit enseignée uniquement la religion catholique. L'Eglise considère la liberté religieuse comme un principe fondamental de la société civile. Dans le monde entier, les laïcs pensent de la même manière: ils pensent même que la liberté religieuse est la mère de toutes les libertés. Mais il se trouve que la liberté religieuse s'applique à l'ensemble de l'Occident, excepté en Italie, le jardin du Pape. (ndt: là, c'est trop. A force d'écrire n'importe quoi, on finit par discréditer les idées que l'on prétend défendre!!!)

Dois-je poser au cardinal Bagnasco la question du pourquoi de cette différence profonde. Je l'ai demandé il y a quelque temps au cardinal Martini, mais lui, comme Bagnasco le sait, pense d'une façon radicalement différente de ce que pense de la Hiérarchie. Il représente cette Eglise que la hiérarchie tolère avec peine. Il existe en fait un fossé insurmontable entre la direction d'une organisation de pouvoir, et ceux qui ne se soucient que du soin des âmes (ndt: le bon Cardinal Martini, sans doute?). Ce fossé ne pourra jamais se combler et l'histoire et la prédication de Jésus de Nazareth, en donnent amplement la preuve.
(22 Octobre 2009)

http://it.wikipedia.org/wiki/Eugenio_Scalfari
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