Pie XII vénérable, et Benoît XVI l'indomptable
Une grande nouvelle, et une grande surprise.
L'avis de Paolo Rodari, et une réflexion personnelle (19/12/2009, mise à jour le 20)
19 décembre, 13h30.
Je n'aime pas les scoops.
Mais là, je suis émerveillée, en lisant à l'instant sur le blog de Raffaella que le Saint-Père a signé le décret sur les vertus héroïques de Jean-Paul II ET de Pie XII.
Si le premier était annoncé, le second est une splendide surprise, un vrai cadeau de Noël!!
Mon amie Raffaella écrit à juste titre:
La béatification d'un Pape est une affaire interne à l'Eglise.
Silence, et prière.
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Le décret reconnaissant les vertus héroïques de Pie XII, annoncé aujourd'hui, a pris tout le monde par surprise.
Parcourant la presse italienne, j'y lis que c'est la preuve qu'il est impossible d'influencer le Saint-Père.
Cela me paraît évident.
Il a une personnalité très forte, il sait décider, il est habitué à le faire.
Même s'il est très attentif à chacun, j'imagine mal qu'il pourrait écouter des avis extérieurs lorsqu'il a pris une décision - longuement mûrie dans la prière et le dialogue avec Dieu, un domaine où nous n'avons pas accès - qu'il sait être dans l'intérêt de l'Eglise.
A cet égard, la réaction à chaud de Paolo Rodari me paraît plutôt perspicace - sauf qu'elle prête des calculs au Pape, ce qui n'est pas très... respectueux: persuadé que cette décision du Saint-Père a été prise dans le plus grand secret, et que même son secrétaire personnel n'était peut-être pas au courant, il appelle cela "la stragégie de Benoît XVI pour faire digérer Pie XII." En gros, il s'agit (pardon si c'est un peu familier) de proposer un "package" - deux papes qui se prennent par le bras pour cheminer ensemble vers la sainteté. A deux, les critiques sont plus faciles à faire avaler. D'autant plus que, contrairement à celle de Pie XII, la personnalité de Jean-Paul II (à présent qu'il est mort) est totalement consensuelle.
Cette fois, on ne pourra pas parler de "communication", cette ineptie qui n'a que peu à voir avec la mission du successeur de Pierre.
J'ajoute une impression personnelle: le moment est particulièrement bien choisi, pour autant qu'il puisse l'être (je prends le risque de le dire, j'espère ne pas me tromper): d'abord, on est tout proche de "la trêve de Noël" - respectée, même dans les medias hostiles, simplement parce que les gens sont "distraits" par autre chose
Ensuite, on sait que les réserves risquent de venir essentiellement des communautés juives. A quatre semaines de la visite du Saint-Père à la Synagogue de Rome (prévue pour le 17 janvier prochain), j'imagine mal une critique unanime. Disons que cette visite pourrait bien neutraliser, au moins partiellement, les protestations et autres manifestations d'hostilité. Une sorte de "gambit" du Saint-Père, en quelque sorte.
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Ajout:
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Je lis les premières réactions.
Celle de Jean-Marie Guénois, du Figaro, qui titre "Surprise et polémique", me semble prémonitoire de ce à quoi on peut s'attendre:
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Il y a, de fait, une vraie surprise. Il y a exactement un an, Benoît XVI avait repoussé la perspective de la béatification de Pie XII afin de poursuivre l'examen du dossier historique de l'attitude de ce pape face au nazisme et à l'extermination des juifs. Ce faisant, il avait aussitôt calmé une polémique qui enflait contre cette béatification.
Cette polémique va reprendre. Elle sera doublée d'une incompréhension majeure si ces deux papes devaient être béatifiés le même jour. Le débat historique autour de Pie XII et la seconde guerre mondiale ne sera jamais l'objet de consensus. Alors que la mémoire de Jean-Paul II fait en revanche quasiment l'unanimité. Sans oublier que Jean-Paul II avait totalement gelé le dossier de béatification de Pie XII.
Benoît XVI, en groupant, ces deux annonces, veut peut-être faire acte de pédagogie pour montrer que l'Eglise catholique dépasse ses papes. Et acte de vérité vis-à-vis de Pie XII dont l'œuvre ecclésiale, méconnue, est importante. Mais il va susciter une nouvelle opposition contre lui et contre l'Eglise catholique au terme d'une année 2009 déjà bien chargée en la matière.
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Toutes les réactions me donnent l'impression que Benoît XVI poursuit sereinement son chemin, totalement indifférent à ce qu'on peut dire de lui dans les médias.
