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Béatifications, compétence exclusive de Rome

Un article d'un intellectuel italien modéré, Franco Cardini, clôt selon moi de façon définitive la polémique autour du décret signé par Benoît XVI, reconnaissant les vertus héroïques de Pie XII. Dommage qu'il ne sera pas lu par beaucoup de catholiques. (20/12/2009)

Capture d'écran sur Internet

Le Figaro.fr

A quel titre?


A ce qu'il paraît, l'Eglise a des comptes à rendre.
A tout le monde, y compris à ceux qui n'en font pas partie, et surtout à ceux qui la détestent.

A cet égard, l'intervention prudente (i.e. uniquement sur la défensive) de Mgr Podevin, porte-parole de la CEF, répondant ce matin aux questions d'un journaliste d'une station de radio périphérique (à environ 3'15) est ce qu'on nomme désormais un paradigme.
Sommé de s'expliquer sur la décision du Pape ("est-ce que vous trouvez choquant que...?"), le malheureux prélat a fait ce qu'il a pu pour défendre son chef... avant de concéder que le Saint-Père en personne le ferait lors de sa visite prochaine à la synagogue de Rome.

Il ne faut pas trop compter sur le haut clergé (dit en d'autres termes: la hiérarchie) ou la presse catholique pour "défendre" le Pape.
On ne peut pas leur en vouloir: dans cette ambiance de chasse aux sorcières perpétuelle, il y faudrait un courage "héroïque", et tout le monde n'a pas une vocation au martyre (ndlr: j'avais écrit "à la sainteté", ce qui, d'un point de vue non religieux, n'est pas si faux, mais on me fait remarquer que la formulation est inappropriée... dont acte). Et il est probable que le Saint-Père ne tient pas à être défendu, il m'arrive même de penser que les prises de position "en sa faveur" sont plus nuisibles qu'utiles - y compris la mienne.

Il vaut donc mieux céder la place à des personnalités "extérieures".
Comme par exemple (je parle des italiens, mais en France, je ne vois pas tellement de gens hormis un cercle restreint de blogs n'ayant aucun accès aux grands medias) Messori, Magister, Giuliano Ferrara, et cet intellectuel italien, Franco Cardini, que je viens de découvrir grâce au blog de Raffaella, et qui livre dans l'hebdomadaire "Tempi" d'aujourd'hui un commentaire magistral, et pour moi définitif, avec un rappel nécessaire même dans certains milieux écclésiaux: on ne discute pas l'infaillibilté du Saint-Père (voir ci-dessous le sens technique de ce mot assez effrayant pour nous! et les réserves qu'inspire cette affirmation à un lecteur) lorsqu'il s'agit de dogme.
Point.
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Ce n'est évidemment pas, cela ne peut pas être un article objectif.
FRANCO CARDINI
http://iltempo.ilsole24ore.com/

...Pour la simple raison que dans la question du processus de canonisation d'Eugenio Pacelli, le Pape Pie XII, rien ne peut être objectif.
La question regarde exclusivement l'Église et le monde catholique.

La canonisation est l'acte formel de conclusion, à caractère canonique et liturgique, par lequel l'Église catholique après un examen minutieux des sources et des preuves auxquelles chacun peut avoir librement accès comme témoin - une véritable instruction de procès - déclare que quelqu'un est avec certitude dans la Gloire de Dieu, et en tant que tel digne de vénération, justement, comme «saint»: pour déclarer un saint, selon le dogme catholique, l'Eglise est assistée par une grâce particulière de l'Esprit Saint et donc infaillible.
L'infaillibilité est une prérogative exceptionnelle dont l'Eglise se réclame dans de très rares cas: lorsque le pape parle ex cathedra, quand le Sacré-Collège proclame un dogme, quand, justement, un saint est canonisé et en général - comme exprimé par le Concile Vatican II - quand "Le collège des évêques, en communion avec l'Evêque de Rome, converge vers une décision finale en matière de foi et de morale." .
Toute personne qui professe la religion catholique, ne saurait remettre en cause l'infaillibilité du pape et du collège des évêques dans les très rares cas où la doctrine le prescrit; et le dogme, comme les axiomes mathématiques est indémontrable, incontestable et irréfutable. Sur cela, il faut être très clair.
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(ndlr: là encore, un lecteur me fait osberver que la plupart des théologiens ne font pas rentrer les canonisations dans cette catégorie; pas tous, donc, et de toutes façons, cela n'enlève rien au fait que c'est de la compétence exclusive de l'Eglise, comme le dit le titre de mon article, et que par ailleurs, les "catholiques" qui sont contre le Pape, en appui d'autres communautés dans cette affaire ne sont pas dans leur rôle)
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Les catholiques sont tenus d'adhérer au dogme: quelqu'un qui ne le fait pas, ne peut plus se dire catholique; quelqu'un qui n'est pas catholique, n'est pas, ne peut en aucune façon être touché par la question dogmatique, parce que, légitimement, il ne croit pas au dogme, et le dogme ne le regarde pas.

L'Eglise italienne est souvent accusée d' «ingérence» dans les affaires de la société civile: et on ne comprend pas pourquoi; du moment que les prélats, les prêtres et les fidèles sont aussi des Italiens, comme citoyens, ils peuvent discuter de ce qui est italien, tout comme ils ont pleinement le droit et même le devoir civique à faire.
Au contraire, on ne comprend pas vraiment de quel droit des non-catholiques - qu'ils soient des citoyens "laïcs", comme on dit, ou des membres d'autres confessions chrétiennes ou d'autres religions - peuvent se sentir en droit de s'exprimer sur le choix des saints catholiques, un processus regardant exclusivement l'Eglise et qui est exercé selon des principes et des méthodes qui lui sont propres et exclusifs.

En 1963, l'écrivain allemand Rolf Hochhut mit en scène un drame, le vicaire, dans lequel - reprenant les accusations déjà formulées par Camus et Mauriac - il accusait durement Pie XII de ne pas être intervenu avec suffisamment d'énergie pour éviter, ou du moins dénoncer le génocide perpétré par les nazis contre les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. À cet égard, la controverse n'a jamais cessé. A l'époque, elle a été soutenue en Italie par les milieux qui n'ont jamais digéré la ferme condamnation par le pape Pacelli de l'athéisme communiste (qui était cohérente avec la ligne de l'encyclique Divini Redemptoris de son prédécesseur, Pie XI). Aujourd'hui, de manière significative, le drame de Hochhut et les vieille polémiques contre le Pastor Angelicus sont reprises.
Le Théâtre Philodramatique de Milan rejoue le vicaire, et Hochhut s'est fait entendre pour déclarer que, si aujourd'hui il réécrivait la pièce, il aurait la main encore plus lourde pour dénoncer l'anti-sémitisme du pontife. L'Eglise, les chercheurs catholiques, le grand public ont suffisamment parlé de tout cela.
Il n'y a plus lieu d'écouter les polémiques intéressées, les articles de mauvaise foi, les déclarations instrumentales.
La parole revient désormais exclusivement aux organismes ecclésiaux chargés d'examiner les faits et les preuves: s'ils jugent infondée l'opinion de ceux qui maintiennent encore que Pie XII ne s'est pas suffisamment engagé en faveur des persécutés, ou pire encore, qu'il a été complice implicite des persécution, et estiment donc que dans ce cas, Pie XII exerça les vertus chrétiennes "à un degré héroïque", il sera élevé à la gloire des autels. Telle est la prérogative exclusive de l'Église.
À ce point, les protestations ne seront qu'une vaine tentative d'intimidation et d'ingérence; et ceux qui protesteront seront à l'extérieur de l'Eglise. Il n'y a rien d'autre à ajouter.

© Copyright Il Tempo, 20 dicembre 2009
(Raffaella)

Note

Franco Cardini, né en 1941, historien et esssayiste, spécialiste de l'histoire des croisades, collaborateur régulier de l'Avvenire:
-> Ici, sa rubrique sur Wikipedia (en italien):
-> Son blog personnel: www.francocardini.net

Il y fait cette profession de foi dans laquelle je me reconnais assez bien:

"...Catholique, traditionaliste, homme d'ordre avec un sens aigu de l'Etat, je pourrais sans doute encore me dire "de droite". Depuis des années, je ne me considère ni ne me qualifie plus ainsi, mais je vois que l'on persiste à me donner cette étiquette; j'avoue que cela m'ennuie un peu, toutefois je laisse passer.
Mais mon élan vers la justice sociale et mon européisme convaincu m'empêchent d'éprouver la moindre sympathie pour une droite qui désormais a choisi presque à l'unanimité le libéralisme et l'Atlantisme le plus effréné, et qui trop souvent, arbore un philo-catholicisme interessé, instrumental , ne voyant dans l'Eglise catholique qu'un bastion de l'ordre établi et de la bien-pensance conformiste."

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