Jean de Salisbury et la dictature du relativisme
Catéchèse du 16 décembre (17/12/2009)
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Jean de Salisbury et la dictature du relativisme
Traduction de la catéchèse (extraits).
Comme d'habitude, le Saint-Père relie l'histoire d'un Père de l'Eglise, à l'actualité (qui, comme lui, rend encore hommage à la riche tradition culturelle de la France, que ses "élites" ont pourtant bien oubliée?):
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Aujourd'hui nous nous préparons à connaître la figure de Jean de Salisbury, qui appartenait à l'une des écoles philosophiques théologiques les plus importantes du Moyen-Age, la cathédrale de Chartres, en France.
Jean est né en Angleterre, à Salisbury, entre 1100 et 1120.
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Parmi les oeuvres de Jean de Salisbury je voudrais en mentionner deux, qui sont considérées comme ses chefs-d'œuvre, désignées élégamment avec le titre grec de Metaloghicón ("Pour la défense de la logique") et Polycraticus ("L'homme de gouvernement").
Dans la première oeuvre - non sans cette fine ironie qui caractérise tant d'hommes cultivés - il rejette la position de ceux qui avaient une conception étroite de la culture, considérée comme une rhétorique creuse, des mots vides. Jean, au contraire, fait l'éloge de la culture, la vraie philosophie, autrement dit la rencontre entre pensée solide et communication, parole efficace. Il écrit: « De même qu'est non seulement téméraire, mais aussi aveugle l'éloquence qui n'est pas éclairée par la raison, la sagesse qui ne fait pas usage de la parole n'est pas seulement faible, mais elle est aussi incomplète: en effet, même si, parfois, une sagesse sans parole peut être bénéfique envers sa propre conscience, elles est rarement bonne pour la société.
Une leçon très actuelle. Aujourd'hui, ce que Jean appelait «éloquence», c'est à dire la possibilité de communiquer avec des instruments de plus en plus sophistiqués et diffusés, s'est énormément multipliée. Toutefois, la nécessité de communiquer des messages doués de "sagesse", c'est-à-dire inspirés par la vérité, la bonté et la beauté est d'autant plus urgente. C'est là une grande responsabilité, qui interpelle en particulier les personnes qui travaillent dans le milieu diversifié et complexe de la culture, de la communication, des médias. Et c'est un milieu où on peut annoncer l'Evangile avec une force missionnaire.
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Alors que d'autres sujets abordés dans Metaloghicón sont liés aux circonstances historiques dans lesquelles cette oeuvre a été écrite, le thème de la relation entre la loi naturelle et le système "juridico-positif", tempéré par l'équité, est encore aujourd'hui d'une grande importance. De nos jours, en effet, surtout dans certains pays, on assiste à une inquiétante rupture entre la raison, qui a pour mission de découvrir les valeurs éthiques liées à la dignité de la personne humaine, et la liberté, qui a la responsabilité de les accueillir et les promouvoir.
Peut-être Jean de Salisbury nous rappelerait-il aujourd'hui que seules sont conformes à l'équité les lois qui protègent le caractère sacré de la vie humaine, rejettent la légalité de l'avortement, de l'euthanasie et des expériences génétiques désinvoltes, les lois qui respectent la dignité du mariage entre l'homme et la femme, qui sont inspirés par une laïcité d'Etat correcte - la laïcité qui implique toujours la préservation de la liberté religieuse - et qui poursuivent la subsidiarité et la solidarité aux niveaux national et international.
Sinon, on finirait par voir s'imposer ce que Jean de Salisbury appelait la «tyrannie du prince», ou devrions-nous dire, "la dictature du relativisme»: un relativisme qui, comme je l'ai rappelé il y a quelques années (ndt: la mémorable homélie du 19 avril 2005), "ne reconnaît rien comme définitif et ne laisse comme ultime mesure que son ego et ses propres désirs."
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