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La lettre de Jeannine

1er octobre. Mon amie livre ses impressions très attendues sur les relations avec les medias, le voyage en République Tchèque, les vacances à Castelgandolfo, les intrigues curiales et le card. Schönborn. (3/10/2009)
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Chère Béatrice,

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Je vais réagir à vos deux indignations concernant l'attitude des médias à l'égard de notre Pape. Que ce soit le clerc décoré de la Légion d'Honneur ( pourquoi citer cette distinction remise avec trop de facilité à notre époque) ou le silence des journalistes, je n'attendais rien d'autre. Me référant à un article de ESM du 14 Septembre ( le suisse romain) il apparaît que la règle générale est claire dans les rédactions en France : " on casse le Pape". Cette réaction obtuse est typiquement franchouillarde. Les médias se comportent comme des chiens qui ne lâchent jamais l'os qu'on leur a donné à ronger. Surtout ne pas dire ou écrire un mot qui, sans tomber dans la louange, pourrait permettre de penser que l'on va passer à l'ennemi et qu'ainsi on va ouvrir, peut-être,une brèche dans le front de l'hostilité déclarée et concertée; c'est le genre de solidarité qui me déplaît souverainement et dont je me tiens éloignée.
Les bien-pensants de tous bords qui avalent la pâture sans vérifier l'exactitude des paroles et déclenchent des polémiques difficiles à éteindre sont, pour moi,à mettre dans la même sphère.
Cette petite république majoritairement athée a donné une belle leçon de savoir-vivre, de qualité d'accueil, de cordialité à la France qui se croit encore capable de jouer les redresseurs de torts. Son Président et les autorités ont été respectueux, disponibles, cordiaux, le tout dans une grande simplicité. Le monde universitaire, entre autre, a pansé la blessure de la Sapienza.

J'ai suivi ce voyage, qualifié par Benoît XVI de mission, de pèlerinage dans le cœur de l'Europe.
Il a été intense et touchant.
Les paroles prononcées par le Saint-Père sont à reprendre pour en apprécier la profondeur, la justesse. Il a offert une magnifique réponse à ceux qui se demandaient pourquoi aller dans ce pays peu connu, qui n'offrait pas la possibilité d'établir des records : donc rien d'intéressant, pas d'articles accrocheurs pour faire grimper l'audience ou la vente des quotidiens Le Saint-Père n'avale pas les kilomètres pour se montrer. Cette grande intelligence qui aime la vie monastique n'éprouve pas le besoin d'être sans cesse présent au milieu des foules. Il nous invite à réfléchir, à reprendre les fondamentaux de notre foi pour le bien de l'Eglise et parce que cela lui paraît essentiel. Il a échappé au souci majeur de notre époque: plaire à tout prix quitte à y perdre son âme et c'est fort bien; d'où le choix de la destination de ses voyages C'est ce que l'on peut attendre d'un homme qui parle si bien de la Vérité. Son vocabulaire remarquable par sa richesse, sa précision dénote sa volonté de coller au plus près de l'idée qu'il exprime.

Que retenir de ces journées?
- sa disponibilité pour saluer les enfants, les familles, son attention sans cesse renouvelée aux petits, aux faibles, aux plus démunis, à ceux qui sont les plus proches de Jésus.
- sa douceur lorsqu'il se penche sur les prêtres âgés, la légèreté de sa main sur le visage caressé
- le cadre grandiose du Château de Prague et l'important discours prononcé.
- le concert fort apprécié par notre Pape, son sourire ravi en attestait; ne pas oublier qu'il est un mélomane averti.
- le discours de la rencontre œcuménique.
- la messe célébrée à Brno dans un recueillement impressionnant.
- l'eucharistie avec les jeunes et l'émotion bien palpable (et non dissimulée) sur son visage illuminé par sa joie intérieure à l'annonce de la collecte lancée par les participants. C'était le père qui recevait ce cadeau et qui remerciait par un grand sourire. Il n'était que l'intermédiaire, celui qui, calomnié, vilipendé lors de son voyage en Afrique, avait initié ce beau geste. Cela m'a touchée profondément.
Les musiques étaient belles, judicieusement choisies et l'exécution dénotait une préparation soigneuse; autant d'attentions portées avec délicatesse à la personne du Saint-Père et qui s'ajoutaient à la présence constante des autorités.
Tous les discours ont été de la même veine et il m'a paru que Benoît XVI laissait davantage transparaître sa joie, sa reconnaissance dans ses remerciements en y associant une certaine spontanéité. Depuis le début de l'année et surtout depuis les Combes il me paraît avoir un peu perdu de sa retenue.

Benoît XVI n'est pas pessimiste. il est lucide et parle toujours de foi, d'espérance joyeuse, invitant sans cesse à aller de l'avant. Il bouscule les consciences. Sans paroles désobligeantes il nous fait réaliser nos insuffisances en rapportant tout au Christ, unique but vers lequel nous devrions tendre pour trouver le bonheur.
Comme je voudrais avoir sa tranquille assurance!!
J'ai trouvé dans un calendrier peint à la main par des handicapés cette phrase : " de la sérénité naît la douceur, de celle-ci une force permanente" (Odile Dormeuil). Elle me paraît bien lui convenir.

Je me pose aussi des questions sur le Cardinal Schönborn et par conséquent sur notre Pape. Le dit-cardinal est très présent: université d'été, prédicateur pour la Retraite Sacerdotale Internationale d'Ars, et alors?? Benoît XVI n'est pas naïf, il pratique la Curie depuis de fort nombreuses années et ne doit pas se faire d'illusions sur le petit monde du Vatican. Je pense qu'il y a des paramètres que nous ignorons mais cela me chiffonne. Dans ce microcosme dont je ne voudrais à aucun prix partager la vie on doit trouver les bons sentiments et leurs contraires : jalousie, rivalités, luttes d'influence. Malgré les titres, les honneurs, les sacrements, ce ne sont que de simples hommes qui ont conservé tous les défauts inhérents à leur condition première. Je pensais que le sacerdoce rendait meilleur et j'ai eu maintes fois l'occasion de constater que j'étais d'une naïveté confondante; dommage.

Le séjour aux Combes a été un peu perturbé mais notre Saint-Père avec patience a accueilli ce repos forcé pour refaire ses forces au contact de cette nature si belle et en se consacrant davantage à la méditation. A Aoste il a été un patient unique car vraisemblablement le seul à réclamer un bréviaire. Castel Gandolfo qui n'est pas un lieu de vacances lui permet de travailler dans un cadre moins grandiose, plus agreste avec une température supportable. Je crois qu'il s'y plaît beaucoup; là il trouve le calme, la sérénité, la présence de son frère et des rendez-vous festifs dans la petite cour du Palais avec les fidèles présents lors de ses apparitions. Joie, affection, le Pape presque à portée de main, de la musique, des chants et un Benoît XVI souriant, qui a appris à laisser venir ces messages d'enthousiasme : pour moi il aura passé un bel été.
Malgré toutes ces manifestations chaleureuses, nulle suffisance, pas de triomphalisme.
L'homme est simple, avec une humilité parfaite qui le pousse à essayer d'éviter autant que faire se peut la personnalisation qu'il craint tant.


Un prêtre non tradi en soutane Commémoration