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Mgr Léonard passe à la question

Une interviewe du nouvel archevêque de Bruxelles sur le site Le vif.be (3/2/2010)


Mgr Léonard passe à la question
03/02/2010

Quelle est la doctrine Léonard ? Quelles sont les idées politiques, sociales, environnementales et religieuses du prélat ? A-t-il un plan d'action pour rénover l'Eglise en crise ? Rencontre avec le nouveau patron de l'Eglise de Belgique.
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Assumez-vous l'étiquette de « conservateur » qui vous colle à la peau comme le sparadrap au doigt du capitaine Haddock ?
Mgr André Léonard : Je l'assume, à condition qu'on comprenne bien le sens du mot « conservateur ». Dans le trésor de la foi chrétienne, il y a un héritage auquel il faut rester fidèle. Un fleuve ne peut irriguer, donner la vie autour de lui, que s'il est relié à sa source. En même temps, un fleuve coule, s'adapte aux sinuosités du terrain. Le grand fleuve de la tradition chrétienne a connu des évolutions majeures : le christianisme juif est devenu hellénistique, romain, a été touché par les invasions barbares... Je conserve ce qui doit être conservé, tout en sachant que la tradition ne peut demeurer figée.

La prise de position de la Chambre contre les propos de Benoît XVI sur le préservatif, en mars dernier, a choqué le Saint-Siège. Le choix de votre nom par le pape n'aurait-il pas un lien avec cet incident ?
Je ne le pense pas. Il est certain que la démarche du Parlement belge n'a pas été heureuse et n'a pas été bien reçue à Rome. Mais interpréter ma nomination comme une forme de vengeance est une mesquinerie qui n'est pas à l'ordre du jour.

Vos détracteurs vous qualifient d' « homme du Vatican ». Etes-vous totalement sur la même longueur d'onde que Benoît XVI, qui imprime à l'Eglise catholique une restauration conservatrice ?
Je suis, vous le savez, en profonde sympathie avec sa pensée... comme je l'étais avec celle de Jean-Paul II. J'aime beaucoup la clarté de la pédagogie intellectuelle de Benoît XVI. La pensée de Jean-Paul II était plus slave, un peu nébuleuse, pas très linéaire ni cartésienne. En revanche, il avait, devant les foules, quand il abandonnait ses papiers, un charisme dont le pape actuel est dépourvu.

Parmi les évêques de Belgique, vous affichez un engagement social. Vous fréquentez les jeunes, les sans-papiers, les prisonniers... Finalement, où vous situez-vous politiquement ?
Les étiquettes valent ce qu'elles valent, mais, sur le plan de la doctrine, je suis de droite, fidèle à la tradition. En revanche, sur les questions de société, mon élan me porte vers une action de gauche. Je vais à la rencontre des marginalisés et des démunis. J'ai multiplié les démarches auprès de l'Office des étrangers en faveur de sans-papiers. Lors des veillées de Noël, je partage mon temps entre les prisonniers et les malades mentaux. La messe des jeunes, ce Noël-ci, à la prison de Namur, était très touchante.

Etes-vous également touché par les menaces qui pèsent sur la planète ?
Si l'écologie n'est pas qu'un discours et débouche sur des gestes concrets, j'y suis favorable. Chaque fois que c'est possible, j'évite d'utiliser la voiture. Pour venir à Bruxelles ou à Malines, je prends le train, à 5 euros, et le bus, gratuit. Je suis sensible à la sauvegarde de la création, pourvu qu'on ne considère pas uniquement l'homme comme un prédateur dangereux.

Comptez-vous intervenir dans le débat politique belge si des décisions portent atteinte aux valeurs chrétiennes que vous défendez ?
Je garde ma liberté de pensée vis-à-vis de la législation de mon pays. J'ai été surpris d'entendre Mme Laurette Onkelinx s'émouvoir parce que j'avais critiqué des lois votées par le Parlement. On a quand même le droit d'émettre un jugement critique sur une loi, même si elle a été votée démocratiquement !

Les évêques espagnols sont engagés dans un bras de fer contre le gouvernement socialiste de Zapatero. Cela vous inspire ?
L'Eglise catholique doit s'exprimer, parmi d'autres voix, dans les débats de société. Mais je ne suis pas sûr que la méthode espagnole soit transposable en Belgique. On peut réunir des gens, chez nous, pour manifester contre une loi, mais cela ne va pas rassembler, comme en Espagne, des centaines de milliers de personnes. Ce n'est pas dans le tempérament national. En revanche, ce qu'ont fait les évêques français est remarquable. En pleine révision des lois de bioéthique, ils ont lancé à travers toute la France des forums de discussion pour répercuter la voix de l'Eglise auprès des pouvoirs publics.

Votre nomination a été accueillie froidement par le monde politique belge. Le CDH, l'ancien Parti social-chrétien, ex-compagnon de route de l'Eglise, a même été glacial. Cela vous choque ?
Il en faut beaucoup pour me choquer ! Je comprends la réserve des dirigeants du CDH. Ils ne doivent pas donner l'impression que leur parti est inféodé à l'Eglise catholique, qu'il reçoit ses consignes de Malines, comme on disait au temps du cardinal Van Roey. Moi, je ne désire pas me lier à quelque parti que ce soit.

Les églises se vident, beaucoup de paroisses sont « ronronnantes », l'âge moyen des prêtres frise les 70 ans, la crise des vocations se manifeste dans tout le pays. Face à cette situation de crise, avez-vous un plan d'action ?
Il faut travailler à la fois sur le manque de vocations et le manque de fidèles. Il faut chercher les moyens pour que davantage de chrétiens de la base soient attirés par une vie chrétienne plus engagée, plus intense. Mais l'Eglise doit être aussi accueillante au tout-venant, à ceux qui viennent seulement demander de célébrer un baptême ou un mariage et qui ont une motivation chrétienne limitée. Je ne vais pas parler ici d'une Eglise à deux vitesses, ce serait mal interprété, mais il y a un peu de cela. Personne n'est de trop dans l'Eglise, a dit Benoît XVI.

Votre plus grand défaut ?
Ne pas être assez vulnérable, être insuffisamment atteint par les attaques. Les gens ont alors la désagréable impression que je suis impassible. La détresse humaine peut m'émouvoir jusqu'aux larmes, mais je ne suis pas touché affectivement par les critiques, ce qui énerve ici ou là. J'ai une bonne mémoire des moments agréables, mais suis amnésique des coups qu'on me porte.

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Entretien : Olivier Rogeau

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