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Récife, bientôt un an

Rappel sur l'affaire de l'avortement d'une fillette de 8 ans, et la fausse compassion selon Sandro Magister (9/2/2010)
Mise à jour le 11/2:
Notes

Il y a presque un an éclatait l'affaire de Récife: la malheureuse histoire d'une fillette de huit ans enceinte des actes monstrueux de son beau-père de vingt-cinq ans, et poussée à l'avortement par des groupes féministes dans un contexte politique tendu, puisque le parlement brésilien s'apprêtait à discuter de la libéralisation de l'avortement.
Certes, on ne peut pas dire qu'il s'agissait d'un coup de tonnerre dans un ciel serein, le ciel était déjà bien sombre et tourmenté, l'affaire Williamson datait d'à peine plus d'un mois, et n'avait pas encore commencé à s'estomper.

Le 7 mars, je lisais en titre, sur le blog de l'envoyé spéciale de la Croix: Triste journée de la femme... enfant.
Je ne l'ai pas oublié.
Ce titre en forme de jeu de mots - assez déplacé, dans ce contexte dramatique - donnait le signal de l'ouverture de la cage aux fauves.
Ce fut la curée la plus féroce que j'ai jamais vue (même après l'affaire Williamson), avec une violence verbale inouïe, si l'on tient compte du fait que dans ce milieu, où on n'a que les mot "amour" et "charité chrétienne" à la bouche, la querelle se pratique à fleurets mouchetés, et on a plutôt l'habitude de se massacrer allégrement en s'assurant mutuellement de prières ferventes et de fraternité en Jésus... (là, ils n'ont même pas fait semblant)
On lira le détail ici.
J'en tremble encore rétrospectivent, en relisant aujourd'hui à quel point la pure méchanceté s'était déchaînée sous le masque de la bonne conscience et de l'amour du prochain.
Le premier message annonce bien les quelques 150 qui suivent (fait très rare). Mais ce n'est pas le pire:

la loi de Dieu est supérieure

9 ans
violée
enceinte
excommuniée

Richard W.
66 ans
négationniste
excommunication levée

Pendant presque une semaine, j'en suis venue à douter de la rectitude de mon jugement. Accablée par un sentiment d'impuissance, j'ai cru franchement être la seule, dans mon coin, avec mes petits poings rageurs, à tenter (bien en vain, évidemment) d'endiguer le flot de la haine, alors que l'évêque de Récife qui avait tenté de son mieux de faire son devoir, à chaud, et au plus près de la situation, était associé dans une même vertueuse réprobation à l'Eglise "de Rome", et bien sûr, à son chef, car c'est lui qui était visé.

Puis, petit à petit, des réactions sensées (rares) se sont fait entendre, celle de Gérard Leclerc, mettant en garde contre les nouveaux Thénardier, exploiteurs de la misère humaine... et le Père Scalese, bien sûr, invoquant le principe de subsidiarité. Des gens qui ne se contentaient pas bêtement de bêler avec le troupeau, en incriminant une fois de plus - et dans le meilleur des cas - la communication du Vatican!!

Le 15 mars, Mgr Fisichella, président du Conseil Pontifical pour la Vie, publiait en une de l'OR une lettre ouverte à la fillette (traduite par moi ici: http://benoit-et-moi.fr/2009-I/... )
Une lettre douce et apaisante, en apparence, et c'est ainsi que je l'avais moi-même perçue (elle l'a donc un peu été). Mais en réalité, l'archevêque se désolidarisait de son confrère de Récife, et surtout, fait plus grave, il laissait supposer qu'au nom de la compassion, l'avortement était un moindre mal. Une fissure dans le magistère de l'Eglise sous assaut, qu'il aurait peut-être dû éviter (*).
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C'est sous l'angle de cette fausse compassion étalée et revendiquée que Sandro Magister choisit de revivre l'affaire de Récife dans son billet de cette semaine, intitulé Tempêtes au Vatican. L'académie pour la vie joue sa tête .
Car selon lui, l'attitude de Mgr Fisichella n'a plus (ou n'a jamais eu) la cote auprès de ses collègues de l'Académie Pontificale pour la Vie, dont beaucoup souhaitent rien moins que son départ, à quelques jours de leur Assemblée plénière, qui doit se réunir au Vatican du 11 au 13 février prochain (à suivre, donc).
Parmi eux, un théologien belge réputé, Mgr Michel Schooyans (**) apprécié du Sain-Père qui en 1997 avait préfacé un de ses livres.
Le coeur de la polémique est le fameux article de Mgr Fisichella dans l'OR, dont il n'est pas inintéressant de savoir dans quelles circonstances il a été écrit; il s'agissait d'une "commande", et la France était indirectement impliquée. C'est donc une opération de "communication" du Vatican, dans le sens que certains souhaiteraient, et on voit qu'elle s'est révélée un boomerang!

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Cet article de Fisichella a été publié le 15 mars 2009. ...
Les jours précédents, l’affaire de cette enfant avait provoqué des polémiques violentes, au Brésil mais aussi dans d’autres pays et surtout en France.
Les journaux français s’étaient dressés contre le "fanatisme" et la "dureté de cœur" de l’Église et en particulier de l'archevêque d’Olinda et Recife, José Cardoso Sobrinho, qui avait condamné le double avortement. Ils avaient pris en masse la défense de l’enfant et de ceux qui l'avaient "sauvée" en la faisant avorter.
Les accusations contre l’Église dénuée de "compassion" étaient très sévères et touchaient le pape Benoît XVI lui-même, qui venait de subir les furieuses attaques lancées contre lui, quelques semaines plus tôt, à propos de l’affaire Williamson.
Lucetta Scaraffia, commentatrice de pointe de "L'Osservatore Romano", était à Paris à ce moment-là. Elle a alerté le directeur du journal du Vatican, Giovanni Maria Vian.
Celui-ci, en accord avec son éditeur, le cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone, a demandé à Mgr Fisichella d’écrire un article qui calme ces attaques contre l’Église et contre le pape.
Fisichella l’a écrit. Bertone l’a examiné et approuvé mot par mot, sans le faire contrôler au préalable par la congrégation pour la doctrine de la foi, comme le veut la règle au Vatican, pour les prises de position qui concernent la doctrine.
Dans l’après-midi du 14 mars, l'article est sorti en première page de "L'Osservatore Romano" daté du lendemain.
(chiesa.espresso.repubblica.it...)
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Suit le long réquisitoire de Michel Schooyans sur "Les pièges de la compassion".
De mon point de vue, c'est un texte à encadrer.

La fausse compassion, de façon visible, c'est quand on justifie l'euthanasie (chez nous, l'affaire Humbert, et en Italie l'affaire Eluana Englaro étaient des cas vraiment emblématiques), l'eugénisme, l'avortement, la communion aux divorcés-remariés, le mariage gay
Donc, fausse compassion = dictature du relativisme.
Mais parfois, c'est plus sournois. Par exemple c'est au nom de la compassion qu'on a étouffé l'affaire des prêtres pédophiles.
La fausse compassion, c'est aussi quand on confond le péché et le pécheur, ou qu'on met au même plan le coupable et la victime.
Et encore lorsqu'on nous tympanise sur les malheurs d'une otage appartenant à la jet set, alors que, à peine libérée, le sort des dits otages cesse complètement d'intéresser les professionnels de la fausse compassion...
En réalité, les exemples abondent chaque jour, il suffit d'allumer la radio pour avoir sa dose quotidienne, et pour entendre les flots sirupeux de la fausse compassion se déverser sur nous.

Un mot encore: pour voir à quel point la compassion envers la fillette de Récife était une fausse compassion, une compassion en fait purement intellectuelle il suffit de se rendre sur le blog mentionné plus haut.
Après un dernier (et 150e) message rageur fustigeant l'hypocrisie du Vatican, daté du 18 mars... silence du côté des bêtes féroces. La polémique du préservatif (17 mars) avait avantageusement pris le relai.
Et puis, le 3 avril, ce message (sic):
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Je suis Brésilien e je connais bien le cas. Est-ce- que vou n'avez pas lu le document de l'Arquidiocese de Olinda et Recife? Por quoi continuer a dire une mensonge? La fillete a reçu un grand soutien des responsables de l'église avant de le cas d'etre connue par les medecins e les avortistes. L'archeveque cherchait trouver l'opinion de une equipe de medecins, mais les avortistes voulaient seulement faire propagande de son mouvement e n'ont accepté aucune alternative
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J'ai cru bon de répondre, pour saluer ce sympathique brésilien, et mon message a été publié... mais l'affaire n'intéressait déjà plus personne, et ça s'est arrêté là..

Et depuis, la pauvre petite fille est retombée dans l'oubli, dont on ne l'avait sortie que pour se servir d'elle - instrumentaliser son malheur au profit d'une mauvaise cause.
Je pense aux magnifique paroles du Saint-Père, lors de la fête de l'Immaculée, le 8 décembre dernier:

Dans la ville vivent — ou survivent — des personnes invisibles, qui de temps en temps apparaissent en première page ou à la télévision, et sont exploitées jusqu'au bout, tant que la nouvelle et l'image attirent l'attention.
C'est un mécanisme pervers, auquel il est malheureusement difficile de résister.
La ville cache tout d'abord, et ensuite elle expose au public. Sans pitié, ou avec une fausse pitié. Il y a en revanche en chaque homme le désir d'être écouté comme une personne et d'être considéré une réalité sacrée, car chaque histoire humaine est une histoire sacrée, et demande le plus grand respect.

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Notes

(*) Selon S. Magister:
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[Plusieurs] membres de l'académie ont rencontré Benoît XVI, pendant quelques minutes, après l'audience générale d’un mercredi.
Les cinq académiciens ont remis à Benoît XVI un solide dossier, contenant un grand nombre d’articles de presse qui affirmaient tous que, grâce à l'article de Fisichella, l’Église avait définitivement ouvert la porte à l’avortement "thérapeutique".
Le pape Joseph Ratzinger s’est montré stupéfait et attristé. Il a murmuré : "Il faut faire quelque chose... On va faire quelque chose".


(**) A propos de Mgr Schooyans (dont, au vu de son CV, on peut difficilement prétendre qu'il fait partie de "réseaux intégristes", comme je viens de le lire sur un blog français), on lira cet article du blog de Jeanne Smits (leblogdejeannesmits.blogspot.com/), datant de juin 2009: elle y résumait une longue interviewe du prélat belge à un site américain prolife, à propos de l'affaire de Récife. Il jugeai déjà très sévèrement le haut prélat de la Curie:

« L'affaire de Recife souligne que l'unité de l'Eglise ne peut se résumer à une affaire d'opportunité politique. L'Eglise, ou à tout le moins certains de ses membres, est victime d'une stratégie de la tranche de salami. En rejetant Humanae vitae, certains parmi ses pasteurs ont avalé la première tranche : la contraception. L'affaire de Recife révèle que certains de ses pasteurs sont en train d'avaler la deuxième tranche, l'avortement. D'autres tranches sont en attente d'être avalées : l'euthanasie, le “mariage” de personnes de même sexe, diverses forme d'ingéniérie génétique, etc. (...) On se contente d'une vérité qui s'enracine dans l'ambiguïté. Mais cette ambiguïté conduit inévitablement à un relativisme doctrinal généralisé. Cette tendance doit-elle être encouragée ? »

Liens

Plusieurs articles ont été consacrés par ce site à "l'affaire de Récife...

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La baudruche dégonflée L'Eglise et les OGM (II)