L'Eglise et les OGM (II)
La Commission européenne a autorisé la culture d'une pomme de terre génétiquement modifiée... Qu'en pense l'Eglise? (3/3/2010)
Voir aussi: L'Eglise, pour ou contre les OGM?
Une dépêche AP:
La Commission européenne a autorisé mardi la culture de la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora pour usage industriel et la mise sur le marché de trois maïs OGM.
La commission a par ailleurs annoncé son intention de soumettre d'ici l'été une proposition visant à laisser aux Etats-membres plus de liberté dans la décision de cultiver ou non des OGM. AP
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Que devons-nous en penser? Difficile de se prononcer.
On va en faire un "débat", et comme d'habitude, ce seront les mêmes qui auront la parole, même si en fin de compte, leur avis n'aura aucune importance.
Mais surtout, que pense l'Eglise?
L'attitude de l'Eglise reste prudente, comme il se doit.
Dire qu'elle est "pour" est aussi faux que dire qu'elle est "contre".
Les gens qui tranchent de façon binaire ignorent les critères de l'Eglise: elle privilégie l'homme.
Donc, si les OGM prennent à la gorge les petits agriculteurs, en Inde et en Afrique, par exemple (mais aussi, pourquoi pas, ici?), contre les multinationales, genre Monsanto, l'Eglise est CONTRE.
Si les OGM permettent de régler, ou de réduire le problème de la faim dans le monde, l'Eglise est POUR.
Et l'Eglise s'en remet aux scientifiques pour trancher, se bornant à indiquer la voie éthique.
C'est aussi simple que cela.
Mais par pitié, qu'on arrête de nous asséner des arguments du genre "L'Eglise à la pointe du combat contre les OGM", ou, à l'opposé: "Le Vatican: oui aux OGM".
Les deux attitudes sont contre-productives, car elles exaspérent l'hostilité contre l'Eglise des deux côtés.
Et surtout, qu'on arrête de proclamer qu'une déclaration d'un obscur fonctionnaire de le Curie est la voix du "Vatican"... ou du Pape!
Voici un article publié aujourd'hui par l'agence italienne ADNKronos (qui s'appelle aussi IGN: Italy Global Nation!! - tout un programme!)
Ma traduction:
Le Vatican:
"L'utilisation des cultures génétiquement modifiées est positive pour combattre la faim dans le monde"
2 Mars 2010
Le Chancelier de l'Académie pontificale pour les Sciences, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo, ouvert à l'agriculture transgénique: "Du moment qu'elle ne se transforme pas en activité spéculative"
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Une ouverture claire à l'agriculture transgénique, c'est-à-dire aux OGM, est venue aujourd'hui du Vatican (???) mardi par la voix du chancelier de l'Académie pontificale des Sciences, Mgr. Marcelo Sánchez Sorondo.
Mgr Sanchez participait à un sommet sur les problèmes de l'économie mondialisée, qui se déroule à Cuba, en présence de plus d'un millier de chercheurs du monde entier, représentants d'ONG et d'organisations internationales.
L'intervention du représentant du Vatican a trouvé un ample écho dans la presse cubaine.
L'évêque a défendu la transformation transgénique dans l'agriculture, à condition de contribuer à réduire la faim dans le monde et de ne pas se transformer en une activité spéculative qui affecte la justice sociale.
Sanchez Sorondo a affirmé que le développement des semences transgéniques pour lutter contre la faim est un "fait positif", et peut aider à affirmer "la justice entre les biens et les personnes".
L' intervention du représentant du Vatican rouvre le débat au sein de l'Eglise catholique elle-même sur une question où s'affrontent des positions contrastées.
Un rejet des OGM, avec toutefois quelques nuances, était venu du récent Synode pour l'Afrique en Octobre dernier, au Vatican.
A cette occasion, les Eglises du grand continent s'étaient exprimées de façon critique contre l'envahissement des OGM dans l'agriculture locale, qui estompent les cultures traditionnelles et exploitent pour des intérêts économiques la terre des pays les plus pauvres et en particulier les paysans, en les rendant dépendants des grandes sociétés.
Un concept qui a été répété par le Pontife en personne lors de son récent discours au Sommet de l'alimentation de la FAO qui s'est tenu à Rome au mois de Novembre.
Le synode pour l'Afrique, entre autre, réclamait des informations supplémentaires du point de vue scientifique, sur l'impact que ces semences pourraient avoir sur l'écosystème.
Si ces préoccupations sont en partie partagées par le Vatican, la position exprimée par Mgr. Sanchez Soronodo est certes très claire, et elle est conforme à celle adoptée en son temps par le cardinal Renato Martino, président de Justice et Paix et par son adjoint, Mgr. Gianpaolo Crepaldi, aujourd'hui évêque de Trieste.
Sauf que maintenant le même dicastère "Justice et paix", est sous la direction d'un Africain, le Cardinal Peter Turkson.
Reste à voir comment le Pape lui-même interprétera le problème dans les exhortations post-synodales pas encore publiées.
Sanchez Sorondo, entre autre, s'est exprimé en faveur des énergies propres et contre l'utilisation des armes nucléaires. De ces dernières, il a souligné les dangers pour le territoire, et aussi la difficulté à distinguer entre l'aspect civil - positif - et celui en faveur de la guerre; il a donc prononcé des paroles pour les énergies propres telles que celles dérivées du vent, de l'eau et du soleil.
L'intervention à Cuba de Mgr. Sanchez Sorondo a été particulièrement suivie par le public; il était en effet le premier orateur étranger à prendre la parole.
La XIIe Réunion internationale des économistes sur la mondialisation et les questions de développement se tient à La Havane.
Sont présents 1000 délégués provenant de 40 pays et de 39 organisations internationales.
