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Un commentaire à la lectio divina au clergé romain

Le philosophe chrétien Giovanni Reale s'exprime sur la crise de l'éthique publique (22/2/2010)

Jeudi dernier, 18 février, Benoît XVI recevait le clergé diocésain de Rome, devant lequel il a tenu une Lectio Divina (c'est-à-dire une méditation à partir d'un passage des Saintes Ecritures) portant sur certains passages de l'Epître de Paul aux hébreux.
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(..) Le prêtre - a-t-il dit - doit être un homme véritable pour que Dieu le fasse prêtre et qu'il puisse accomplir sa mission de prêtre...qui est d'être médiateur pour conduire l'homme à Dieu, à sa rédemption, à la lumière et à la vie véritable".

Le Saint-Père a dit que ce choix de vie implique que le prêtre développe des sentiments en prise avec la volonté divine. Ce n'est pas une conversion facile surtout dans le laisser aller de la mentalité actuelle... A ceux qui disent, mentir est humain, voler est humain, il faut répondre que seule la générosité est authentiquement humaine. Etre bon, être juste, c'est vraiment humain... Il faut donc s'extirper de l'obscurité de la nature humaine et entreprendre un parcours ascendant avec l'aide du Christ, un processus qui débute par la préparation au sacerdoce qui doit être le projet de toute une vie".
(d'après le bulletin VIS)
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Ce passage (d'une longue méditation, que je n'ai pas encore lue en entier, car au moment où j'écris ces lignes, le texte n'était pas disponible) a été le plus - et presque le seul - commenté par les medias... italiens: les français ne sont pas vraiment intéressés...
Mais c'était nécessaire.
Sur ce thème, j'ai traduit ce long article paru dans le journal italien "Liberal":
Ce sont les réflexions d'un philosophe italien chrétien (la juxtaposition des mots "philosophe" et "chrétien" est une vraie surprise, pratiquement un oxymore en France aujourd'hui), Giovanni Reale sur le refus du péché, la négation de Dieu, avec comme conséquence l'auto-absolution et le laisser-aller moral qui sont la marque de l'homme d'aujourd'hui, prêt désormais à tout admettre, puisque tout se vaut, et que tout vaut "zéro": «Lorsque la liberté devient licence générale, le corollaire nécessaire et inévitable, est la destruction du lien social, la violence et, en réaction, un retour brutal à l'ordre à travers la tyrannie».

A mes lecteurs qui penseraient que ce texte est rébarbatif, j'ose suggèrer de trouver quelques minutes pour le lire... puisque j'ai passé au moins deux heures à le traduire! C'est tout simplement une lumineuse "explication de texte" de la pensée de Benoît XVI, le Pape qui sans relâche dénonce la dictature du relativisme, et prêche la nécessité de la conversion.

A propos de cette lectio divina, le Suisse Romain, qui était un témoin direct, écrit:
Entendre Benoît XVI est un enchantement pour le coeur et l'intelligence. Visuellement, il est peut-être moins spectaculaire pour notre civilisation de l'image, mais alors quel génie dans ses prises de paroles. Il nous a parlé hier sans aucunes notes, avec son coeur de Pasteur et de Père, dans une catéchèse dense, parfaitement construite, claire et précise. Ce fut un vrai cadeau.

 


Giovanni Reale: L'anesthésie morale est l'antichambre de la tyrannie
«La révolution chrétienne apparaît de plus en plus nécessaire dans un monde où les valeurs sont mortes»
(Riccardo Paradisi)
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«L'être humain est blessé, le péché a blessé la nature humaine. C'est pour cela qu'on dit 'il a menti, il a volé, c'est humain', mais ce n'est pas cela être vraiment humain. Être humain, selon la volonté du Créateur, c'est être généreux, vouloir la justice, la prudence, la sagesse, et avec l'aide du Christ sortir de cette obscurité de notre nature ».

La lectio divina de Benoît XVI coïncide avec la résurgence du fleuve fangeux de l'immoralité politique italienne (ndt: pas seulement, évidemment): contagieuse, généralisée, transversale.
Mauvaises moeurs qui ne sont pas seulement la conduite habituelle de la «caste» politique, mais sont également largement pratiquées par le pays dit réel, celui de la société civile qui pratique et subit la corruption comme une donnée désormais physiologique, tendance vers laquelle il a déjà développé une accoutumance.
C'est contre cette habitude de la maladie morale du vol et du mensonges que le Pontife a lancé son avertissement: «Voler ou mentir n'est pas humain: la véritable humanité, le véritable humanisme est la formation des vertus humaines».
Voler, mentir sont des actions qui font descendre l'homme dans l'échelle de la dignité, l'humilient, le salissent.
Etre humain, c'est une tâche qui prévoit donc, pour être absous, l'adhésion aux vertus cardinales de l'honnêteté, de l'équilibre, de la force et de la tempérance, le fondement pour sortir avec l'aide du Christ - dit le Pape - de cet obscurcissement de notre nature.

Giovanni Reale, philosophe chrétien et auteur d'essais sur les maux de l'âme de l'homme moderne et sur les racines de notre culture européenne revient sur les paroles de Benoît XVI et sur le terrain où elles vont tomber.
«Le pape - dit Reale - inverse le cliché désormais invétéré selon lequel l'erreur morale, le péché, sont désignés comme des faiblesses physiologiques de l'homme et, comme tels, excusables.
A regarder de près cette attitude, à appliquer cette philosophie du soupçon qui a renversé les anciennes valeurs, on se rend aisément compte qu'il s'agit d'une forme subreptice d'auto-absolution. C'est le laxisme et le laisser-aller moral qui parlent, quand les rhétoriques du relativisme moral et l'absolution donnée au mal commencent à résonner.
Et d'ailleurs cette auto-indulgence toujours plus grande, toujours plus désinvolte, ce refus de faire ses comptes avec soi-même, s'enracinent dans un humus culturel créé par l'extrémisme psychanalytique, par l'idée qu'en hommage à un besoin supposé de libération et d'émancipation des anciennes valeurs oppressives, l'homme doit faire ce qu'il ressent à l'intérieur, redevenir spontané, ne pas se laisser inhiber par des obéissances à caractère éthique vues comme des aliénations.
La conséquence de cette vision, mais moi je dirais de cette hallucination, est très claire: l'homme occidental est désormais fondalement porté à tout admettre.
Et s'il éprouve encore quelque scrupule, en se retenant de comportements incorrects ou illicites, dans la plupart des cas, c'est seulement par crainte des répercussions sociales que certaines actions pourraient entraîner. «Mais dans son for intérieur, dans sa conscience, aujourd'hui souvent eliminée comme un tyrannique super-ego, note amèrement Reale, notre contemporain se sent finalement toujours justifié».
En bref, l'homme moderne a cessé de se juger avec sévérité et est devenu le meilleur avocat de lui-même. Enclin à justifier tout ce que lui et ses semblable font. «Une seule chose semble désormais être impardonnable - dit Reale - c'est le succès des autres. Cela, l'homme d'aujourd'hui ne le pardonne pas à son voisin. Orwell l'avait bien compris: l'homme est prêt à tout pardonner, sauf une réussite dûe au seul mérite. C'est l'envie qui se déchaîne alors et qui déclenche ce sentiment de compétition furieuse, prêt à tout pour satisfaire et calmer l'envie suscitée par la vraie valeur. Ce système d'achat-vente, de chemins de traverse, de traffics illicites avec le pouvoir, qui soutient l'économie et la culture et dope le marché, qui humilie la concurrence saine et le mérite, est un système construit sur l'iniquité et sur l'envie. Un système qui tue l'éthique publique, et devient l'instrument de vengeance des médiocres, de ceux qui sont prêts à se prostituer pour le plat de lentilles du pouvoir et de l'argent».
Mais il n'y a rien de nouveau sous le soleil. « Déjà, Platon - rappelle Reale - l'avait très bien compris: le désir du pouvoir et du plaisir prend la main et entre dans la forteresse de l'âme».
Aujourd'hui, nous sommes à un nouveau tournant dans le déclin de la civilisation: l'homme perd ses forces de défense.
Tout est bon, tout est permis, la boussole interne semble tourner à vide, mais cette atmosphère ouvre la digue au chaos.
Lorsque la liberté devient licence générale, le corollaire nécessaire et inévitable, est la destruction du lien social, la violence et, en réaction, un retour brutal à l'ordre à travers la tyrannie».
Et ce ne sont pas les codes d'éthique, les nouvelles tables de valeurs du civisme démocratique ou du politiquement correct qui nous sauveront de cette dramatique perspective.

Non - dit Reale - une révolution spirituelle est notre seul moyen de sortir de la gélatine morale qui nous enlise. «Dans "Les racines culturelles de l'Europe", j'ai déclaré que l'unité des peuples du continent, la construction d'une entité spirituelle et politique, ne se créée pas avec les traités, les codes, avec les bonnes intentions. Elle se retrouve en redécouvrant les racines profondes de l'homme européen. C'est là la base solide, profonde de notre être authentique. S'il n'y a pas d'homme européen, il n'y a pas d'Europe.
Dans le neuvième livre de 'La République', Platon disait que l'Etat se construit dans l'âme de l'homme. Aujourd'hui nous entendons parler d'écroulement de l'Etat, de crise des institutions: l'analyse est correcte, mais on se garde bien d'aller à la racine du problème, d'étudier de quoi il s'agit.
L'état politique dans lequel nous vivons reflète le niveau général de la morale: l'État est une projection de ce qu'il y a dans l'âme de la plupart des gens».
C'est pourquoi le Pape appelle à la conversion, à la transformation intérieure.
«Le Pape a raison dans ce qu'il dit, mais attention: il ne s'agit pas juste d'un avertissement éthique, moral. L'éthique et la morale humaine ne suffisent plus. Elles se sont transformés en conventions, au maximum, en règles auxquelles adhèrer extérieurement.
L'éthique est le fondement, mais le passage de obéissance à la règle, au témoignage de la justice et à devenir juste, c'est le Christ. Cessons de jouer les pharisiens respectables, de croire qu'être chrétien signifie suivre une idéologie. Être chrétien signifie vivre à côté du Christ, voir le Christ dans l'homme d'aujourd'hui, dans le prochain. La foi dure aussi longtemps que nous vivons le Christ comme un contemporain. C'est l'idée forte.
Le christianisme n'est pas un ensemble de concepts, de doctrines, mais la rencontre avec une personne.
Chez l'être humain aujourd'hui, cette vérité, qui est l'essence du christianisme, est oubliés. Pourtant, le Christ est très clair dès sa encontre avec le premier, évangéliste à qui il dit: «Suis-moi».
Etre chrétien, ce n'est pas brandir une idée, c'est suivre le Christ. Aujourd'hui, l'homme se suit lui-même. Ses propres impulsions, sa propre conception du plaisir. Changeantes par définition, changeantes même dans leur but, et qui , en fin de compte, s'achèvent dans la douleur». Mais cette attitude, dit Reale, est pire que l'athéisme.
«Dostoïevski disait que l'athéisme est la première étape qui mène à Dieu, aujourd'hui l'athéisme s'est transformée en indifférence suprême.
Ce qui marque la fin du doute sur Dieu, c'est de ne pas se poser le problème de Dieu. C'est le coup de maître du nihilisme: ne même plus se montrer hostiles au mystère, à l'absolu, aux principes premiers, mais les évacuer purement et simplement. De cette manière, la forteresse de l'âme n'est plus assiégée, mais occupée de l'intérieur.

C'est pourquoi je ne suis pas surpris que le pape exhorte avec insistance l'Eglise et les hommes à une forte responsabilité. En indiquant dans l'acte du vol et du mensonge des fautes extrêmement graves et à condamner, le Pape a donc rappelé le devoir de répondre à l'effondrement moral, ontologique et axiologique, qui se produit en chaque homme, effondrement dû à la perte des principes.
Le relativisme et le nihilisme sont les maux d'aujourd'hui, répète constamment le pape. Tout se vaut parce que tout est égal à zéro».

Les mots eux aussi valent très peu de chose.
«Il semble que les faits, la vérité n'existent plus, seulement leur interprétation.
En somme, nous sommes immergés dans la Babel du faux témoignage, médiatique, journalistique, politique. Et si la vérité rend libre, le mensonge rend esclave. Il n'est pas vrai que le relativisme et le nihilisme ont libéré l'homme du joug des anciennes valeurs.
Ils l'ont enchaîné à ce qui est en-dessous de l'humain, à des forces qui ont pris le dessus sur la raison elle-même.
Il faut atteindre au fondement métaphysique du relativisme et du nihilisme pour distinguer, derrière, les vraies forces qui y opèrent.
Qui sont des forces inhumaines.
Nietzsche chanterait victoire devant ce panorama.
Il nous dirait sans doute, dans un ricanement: 'Je vous l'avais bien dit que les siècles à venir seraient les temps de la mort de Dieu'.
Mais si c'est cela, le surhomme qui en est dérivé, quel pauvre surhomme! ».

René Girard a dit que l'homme est une créature mimétique: c'est peut-être pour cela que la corruption se propage avec la force d'un virus.
Aujourd'hui, s'en tenir à la droiture semble être un exercice formel de vertu, c'est comme si on se concédait le luxe d'être honnête, de dire la vérité, de ne pas avoir peur des conséquences.
Pourtant, selon Reale, le choix d'agir de la manière la plus juste est toujours le choix le plus astucieux. «L'essentiel est invisible aux yeux, mais l'intelligence le perçoit. Il peut sembler insensé à la simple raison de s'en tenir à la loi morale que nous avons en nous, alors que tout, autour de nous, court dans une autre direction, recueillant des triomphes apparents. Pourtant, les royaumes construits sur le néant retournent dans le néant. Ce qui est construit sur la pierre solide reste. Les choses belles, comme les vertus morales, coûtent de l'effort. Elles sont un investissement à long terme.
Mais c'est le seul possible, et fructueux. En le suivant, on ne se trompe pas».

Copyright © Liberal 20 Février 2010

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