Une grenouille chez les requins
Visite dans les eaux insalubres d'un blog "catholique". Une parenthèse à refermer bien vite (25/2/2010)
La grenouille, c'est moi... vous savez, dans la fable, elle voulait se faire aussi grosse que le boeuf. La pauvre bestiole a mal fini.
Et les requins, eh bien, je les ai croisés avec quelque effroi dans le blog de PP.
Mais reprenons les choses dans l'ordre.
La semaine dernière, sur le ton péremptoire et agressif qui est devenu systématique chez lui, PP -ainsi qu'il se nomme lui-même dans ses réponses aux commentaires -postait un article intitulé: La fausse "affaire Fisichella" : Rome démonte la cabale (noter le vocabulaire polémique d'entrée)
Après avoir cité une dépêche de l'Agence Zenit, PP concluait par cette noble résolution:
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Notre blog a pris la « résolution de carême » de s'abstenir d'agrafer un certain réseau. Contentons-nous d'observer que ce réseau avait menti en annonçant une lettre et une action de membres de l'Académie pontificale contre le président de celle-ci.
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Si je suis bien Monsieur de P, pendant le carême, on range les couteaux. Après, on pourra s'étriper allégrement!
Curieuse conception de l'amour chrétien...
Ceux qui ont la patience de me lire savent que j'ai suivi cette affaire (en fin de compte, ni si importante, ni si grave que cela, comme me le fait gentiment remarquer une amie, et j'ai bien conscience de perdre mon temps) dès le début, car l'autre affaire, celle de la fillette de Récife, où elle puise ses racines, avait l'année dernière gravement mis en cause jusqu'à la Papauté..
A quel "réseau" PP fait-il allusion, je ne le sais pas précisément. Tout ce que je sais, c'est que je n'en fais pas partie, et pour cause!
Mais accuser de mensonge ceux qui affirment l'existence de la lettre, c'est inverser le mensonge et tromper les gens. Lorsque vous savez que quelque chose est vrai (*) , et que vous voyez ailleurs écrit le contraire, en tournant en dérision ceux qui ont raison, vous avez envie de rectifier. En tout cas, moi, j'en ai envie!
Qu'on me comprenne bien: ce n'est pas ici la place pour porter des accusations contre Mgr Fisichella, ni pour juger si cette lettre était une bonne ou une mauvaise action, ni même de la façon dont elle a été diffusée. D'autres l'ont fait mieux que moi. Il s'agit simplement de rapporter les faits.
J'ai attendu les trois premiers commentaires avant d'ajouter le mien.
J'ai signé de mes initiales (BB) et joint ma véritable adresse électronique, avec mon nom. Ceci pour dire que je n'ai pas agi anonymement.
24 heures après, derrière une masse de commentaires, que je n'ai pas lus, car ils sont d'un intérêt médiocre, se contentant en général d'encenser le génial rédacteur du blog, il y avait la réponse insultante de PP:
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à BB (sur son message impubliable)
> Vous n'avez pas honte de ce que vous avez écrit ? Cet acharnement contre Mgr Fisichella est fétide. Décidément la Sapinière a des surgeons.
Ecrit par : PP à BB / | 23.02.2010
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Je précise pour ceux qui l'ignoreraient que "la Sapinière" semble devenir une obssession récurrente chez PP, qui lui a consacré récemment un billet, pour éreinter ses ennemis intimes, les catholiques traditionalistes. Chacun sa théorie du complot! Je laisse mes lecteurs intéressés faire leur propre recherche sur Internet.
PP a donc charitablement (nous sommes en Carême, heureusement pour moi) jugé mon message impubliable. Sur son site, certes, il l'était (je conçois très bien qu'il est très difficile d'admettre devant des lecteurs en extase qu'on s'est trompé, voire qu'on a menti!).
Mais pas sur le mien.
Voici donc, à titre d'information ma prose "fétide":
Accuser les gens de mensonge est une chose grave, sur un blog catholique, surtout si l'on ne dispose pas de tous les éléments.
La lettre dont vous parlez existe bel et bien, elle est publiée sur le site de Sandro Magister, et cette publication n'a rien de honteux. Sans négliger les jeux de pouvoir au centre desquels ce dernier pourrait se trouver, son autorité dans son domaine ne peut être mise en cause, ni la qualité remarquable de son travail de journaliste (encore moins, ce n'est pas négligeable non plus, son admiration pour le Saint-Père).
D'autre part, le Père Lombardi ET Radio Vatican, c'est une seule et même entité, contrairement à ce que votre titre suggère. Par contre, le Père Lombardi ET "Rome", ce sont deux choses bien distinctes.
Sur la question, le Père Scalese, un barnabite italien, s'interroge dans son blog sur le rôle de Mgr Fisichella dans la rédaction de la "mise au point" par l'Osservatore Romano. Là encore, il est difficile d'écarter son commentaire d'un revers de main.
Par contre, j'en suis désolée, votre "défense" de Mgr Fisichella (à qui on ne peut nier l'intention de pacifier les choses, au moment de cette malheureuse affaire, et surtout de montrer le visage humain de l'Eglise, ce que j'avais apprécié) est pour le moins... curieuse, puisque vous attaquez ses détracteurs d'avoir fomenté une "cabale". Rien que cela!!
Je pourrais vous dire "bien entendu, vous ne publierez pas ce message". Mais je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, vous l'aurez lu!
Un mot, encore:
S'adressant aux membres de l'Académie Pontificale pour la vie, au terme de son assemblée plénière, le Saint-Père a bel et bien dit (**):
"Il est donc nécessaire de répéter fermement qu'il n'existe pas de compréhension de la dignité humaine qui soit liée uniquement à des éléments extérieurs tels que les progrès de la science, la formation progressive de la vie humaine ou la pitié facile face à des situations extrêmes".
Il n'y a pas d'agressivité dans ma démarche, mais il me semble nécessaire de rétablir la vérité des faits, même si je n'aimerais pas donner l'impression que les admirateurs de Benoît XVI se déchirent à belles dents.
Cordialement, donc.
BB
Notes
1. (*) Les documents auxquels il est fait référence sont tous disponibles, depuis la lettre de Mgr Fisichella (que j'avais pris la précaution d'archiver et de traduire, au moment de sa parution sur l'OR) et la lettre des académiciens de la vie (sur le blog de Sandro Magister). Il ne s'agit donc pas de supputations, ou d'interprétations, mais de faits bruts.
2. Les gens qui défendent Mgr Fisichella avec bec et ongles ont été nettement moins réactifs, l'année dernière, pour "défendre" le Saint-Père pourtant férocement attaqué après la levée des excommunications!
3. (**) En ce qui concerne le discours du saint-Père à l'Académie Pontificale pour la vie, le texte cité par moi est dans ma traduction. Au moment où je traduisais le discours, j'avoue ne pas m'être posée de question pour le mot "pietismo", employé par le pape, que j'ai traduit spontanément par "pitié".
Jeanne Smits a été beaucoup plus pontilleuse (et plus exigeante) que moi. Merci à Carlota de me signaler son article "Erreurs de traduction dans le discours du Pape".
Elle a épluché les traductions dans les différentes langues, et a constaté qu'elles étaient presque toutes tendancieuses, ou erronées. En français, notamment, le mot utilisé était "piété", ce qui ne correspond évidemment pas au contexte.
Jeanne Smits précise: Le dictionnaire italien Sabatini Coletti donne le sens juste dans le contexte : le « piétisme » est une « attitude de compassion et d'indulgence excessives », selon un usage attesté depuis le XVIIIe siècle.
