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Masochisme catholique

Un article bien senti de Vittorio Messori à propos d'un film athée radical, "Lourdes", pourtant encensé dans certains milieux catholiques (19/2/2010)

Avant de lire l'article Messori, je me suis un peu renseignée sur le film, et sa réalisatrice autrichienne Jessica Hausner.
On lira notamment cet article paru du site Zenit de décembre 2009. Il illustre assez bien le propos de Messori:
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Un Lourdes trop sombre pour être vrai


Corriere della Sera, 12 Février 2010
de Vittorio Messori
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La perspective de Jessica Hausner dans son Lourdes est déclarée immédiatement, dès la scène d'ouverture, avec le plan du réfectoire des pèlerins. Pas de fenêtres, mais une lumière artificielle faible, dans un environnement claustrophobique: noir le sol, noirs les murs où sont accrochés des crucifix noirs, noirs les jupes et les pantalons du personnel, noires les pélerines des Hospitalières avec la croix de Malte, noirs les uniformes des Chevaliers de l'ordre, noirs les clergymen des prêtres.

A ces tables lugubres prennent place en silence une foule de cour des miracles, nains, paralysés, cancéreux, assistés par des bénévoles aussi formellement corrects que distraits ou perplexes ("Qu'est-ce que je fais ici?"); le seul élément vivant est dans l'échange de regards entre les filles coiffées d'un voile et les garçons d'un béret basque.

Peu, très peu de lumière dans le film, dont la marque chromatique est le plomb: nuages noirs dans le ciel, même dans les quelques scènes en plein air. Même la bénédiction eucharistique de l'après-midi - le rendez-vous quotidien préféré des pèlerins, avec la procession aux flambeaux de la nuit - n'est pas tournée, comme elle l'est en réalité sur le grand et lumineux Esplanade face aux trois sanctuaires superposés.

Non, Hausner a choisi de la situer dans l'énorme église souterraine, où aucune lumière ne pénètre. Peu de lumière aussi, pour la lugubre petite fête finale. Et sombre, bien sûr, la scène de la guérison - miraculeuse, ou dûe au hasard - de la tétraplégique qui vient à Lourdes pas par foi, mais pour échapper à la maison où le mal la tient prisonnière.

Je crois que l'UAAR, "Union des athées et des agnostiques, rationalistes" a vu juste, en attribuant à ce film son prix satyrique nommé Brian, d'après un film irrévérencieux sur Jésus. Ces athées organisés disent que l'oeuvre de la Hausner pourra faire perdre la foi à " ceux qui ne sont pas encore arrivés à une vision désenchanté et sceptique". La franc-maçonnerie a également exprimé son appréciation.

Que dire, alors, du prix attribué par des gens de cinéma catholiques, réunis dans une association officiellement reconnue par le Saint-Siège? Que dire du diocèse de Milan, qui a décidé de parrainer l'oeuvre, la diffusant dans les paroisses?

Il me vient à l'esprit ce que m'avait dit un Umberto Eco ironiquement déçu, lorsque des récompenses catholiques similaires (et même une de la Loyola University, l'Université des Jésuites Américains) avaient été attribuées au film tiré de son roman "Le nom de la rose". "Je me suis donné du mal pour faire un livre radicalement agnostique sinon athée, dans l'espoir de provoquer un débat enflammé. Et aux contraire, non, ces prêtres m'acclament, et me comblent de prix. J'ai presque la nostalgie du bon vieux temps de la Sainte Inquisition. Ces durs dominicains étaient moins ennuyeux que le moine et sacristain "adultes" qui, entousiastes, acclament le mécréant".

Mais oui, il serait facile de sourire du masochisme clérical, auquel nous sommes maintenant résignés. Ici, cependant, on pourrait trouver des circonstances atténuantes. En effet, à la première lecture, le film de la réalisatrice autrichienne (l'habituelle ex-catholique: L'Occident en est maintenant rempli!) peut sembler captivante pour les dévots.

Il n'y a rien ici de l'anticléricalisme d'un Emile Zola, qui se glisse anonymement dans le Pèlerinage national français et en tire son roman sectaire, où tout commence selon lui avec "Une pauvre idiote" (en français dans le texte), avec une petite hystérique nommée Bernadette. Rien non plus des invectives des loges du XIXe siècle, appelant à la fermeture de Lourdes manu militari pour "abus de la crédulité du public" et pour "raisons d'hygiène".

Aux vieux "bouffeurs de curé" vociférants a succédé, avec Hausner, un athéisme radical, mais politiquement correct. Et une telle négation de la foi - très dure dans les contenus, mais très soft dans la forme - pourrait avoir induit en erreur les clercs enthousiastes. L'athéisme, pourtant honnêtement déclaré dans les interviews, ne réside pas tant dans la blague du chef des Chevaliers Hospitaliers (la Sainte Vierge qui veut aller à Lourdes parce qu'elle n'y a jamais été), réplique plutôt blasphématoire qui révèle l'incrédulité de ces bénévoles. L'athéisme n'est pas tant dans l'incrédulité des pèlerins, dans leur manière envieuse de s'épier, chacun craignant que le voisin de chambre soit guéri et pas lui.

Il n'est même pas dans ces aumôniers qui, aux questions des patients, répondent avec des slogans comme s'ils étaient des distributeurs automatiques de réponses apologétiques.
Non, l'athéisme radical du film réside dans l'annonce que le christianisme est mort, parce que justement, le papier "tournesol" (le révélateur) de Lourdes révèle que les trois vertus théologiques qui l'ont soutenu sont mortes: morte la Foi, morte l'Espérance, morte aussi la Charité, malgré les apparences de ceux qui, en tant que bénévoles, semblent l'exercer. Mais pour l'amour de soi, pas de ceux qui en ont besoin. Pour échapper à l'ennui, pour trouver un sens, ou un mari, plutôt que pour aider les autres.

L Pape Jean XXIII avait appelé Lourdes, qu'il aimait beaucoup, "une fenêtre qui s'est grande ouverte à l'improviste, montrant le ciel". La Hausner, cette fenêtre, elle la ferme: d'où le manque de lumière, le sentiment d'oppression et de claustrophobie, le noir qui marque tous le film. Ce ciel de Roncalli est désormais interdit, tuant l'espoir.

L'explosion joyeuse de l'aube de la Résurrection a été éliminé en faveur d'une dévotion routinière, grise, ennuyeuse, secrètement hypocrite.
Mais en est-il vraiment ainsi? Quiconque a une expérience réelle de Lourdes sait (et ce n'est pas de la rhétorique) que c'est le royaume de la douleur mais aussi de la joie; du désespoir et de l'espérance; du doute et de la foi; de l'égoïsme des marchands, des hôteliers, des professionnels de l'assistance, et de la générosité d'innombrables anonymes.

Un mélange contradictoire, certes, mais plein de vie et façonné, malgré tout, par une foi tenace qui ne renonce pas. Il y a parfois des nuages, dans les Pyrénées. Mais plus souvent encore, il y brille un chaud soleil. La Hausner a ses raisons, que nous respectons. Mais autour de la grotte, la vraie, pas celle de l'ancienne pensionnaire des sœurs qui a perdu la foi, il y a un brasier qui continue de brûler, symbolisé par les milliers de bougies allumées jour et nuit, depuis 150 ans.

Ce n'est pas seulement le cierge éteint, ou seulement fumant, que voudrait ce film, aussi excellent dans la technique qu'unilatéral dans le contenu.

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Zenit

ROME, Lundi 14 septembre 2009 (ZENIT.org) - Le film « Lourdes » de l'autrichienne Jessica Hausner, présenté en compétition au 66ème festival du film de Venise (Italie), a remporté le prix du jury SIGNIS.
« Un film qui traite de nos attentes, nos peurs, nos doutes par rapport à ce qu'on appelle un miracle », commente sur les antennes de Radio Vatican, Magali Van Reeth, qui faisait partie du jury du festival au titre de secrétaire générale de SIGNIS France.
Se disant peu étonnée de l'engouement suscité le jour de sa projection, le 4 septembre dernier, Magali Van Reeth, reconnaît qu'« en ce moment tout ce qui traite du religieux intéresse énormément tous les journalistes de cinéma, car cela reflète à la fois des problèmes et des aspirations de la société ».

Lourdes raconte le séjour dans la cité mariale d'une jeune femme, Christine, que sa sclérose en plaques a condamnée à la chaise roulante. Elle est accompagnée par des volontaires de l'Ordre de Malte et parcourt la ville d'un bout à l'autre, entrant dans le système « ultra-organisé » de la ville sanctuaire.
Dans une société « parfois extrêmement cartésienne », commente Magali Van Reeth, le miracle ne peut qu'attirer les gens et les interpeller : pourquoi parle-t-on encore de miracle aujourd'hui au XXIème siècle ? », amenant, selon elle, des questionnements particuliers sur la foi ou sur la religion de façon plus générale.
« Ce film nous permet non pas d'avoir une réponse toute faite mais d'avoir des éléments de réponse en fonction de notre sensibilité. C'est-à-dire que la réalisatrice a filmé ‘Lourdes' sans jugement sur ce qu'elle voit », souligne-t-elle.
« On a envie de mieux comprendre pourquoi certaines personnes se battent pour la religion alors que pour d'autres c'est un facteur de paix et de justice », poursuit-elle.
Estimant que les artistes ont probablement quelque chose à nous dire sur ce point, Magali Van Reeth pense que l'intérêt de ce film « vient peut-être aussi de ce qui tourne autour de la science où la raison ne sait pas encore définir ou ne peut pas définir tout ce qui tourne autour du mystère ».
Interrogée par Radio Vatican sur la réalité des faits vécus à Lourdes et dépeints dans le film, la secrétaire générale de SIGNIS France reconnaît « un certain parti pris » de la réalisatrice, qu'elle juge « normal », mais où elle constate que « la foi des catholiques n'est ni raillée ni mise à mal ».
Au contraire, dit-elle, les choses sont montrées comme elles sont : « Là où il ne devrait y avoir que de la compassion, il y a parfois de la mesquinerie », relève-t-elle, « parce que les croyants sont des gens de chair et d'os avec leurs souffrances, avec leurs maladresses, leurs faiblesses ».
Pour elle, « ceci rend bien aussi une certaine réalité quand nous chrétiens et nous surtout, catholiques, allons en pèlerinage ».
« Qu'a t'attend on vraiment ? Que va-t-on chercher ? Est-ce simplement une démarche égoïste ou est-ce une démarche spirituelle? », s'interroge-t-elle. Et le film, selon elle, pose très bien la question.
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Pour l'année 2009, « Lourdes » est le troisième long-métrage soutenu par la région Midi-Pyrénées.

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