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Immigrationisme

Rino Cammilleri commente un livre-choc d'un journaliste américain: Reflections on the Revolution in Europe. Immigration, Islam, and the West (27/8/2009).

J'ai à plusieurs reprises traduit des articles issus de l'excellent blog de l'écrivain catholique italien Rino Cammilleri.
Son titre dit bien son contenu: antidote...


Cette fois-ci, il s'attaque (si l'on peut dire) lors de deux billets successifs, au problème de l'immigration massive extra-communautaire, en Europe.
Il y faut un certain courage, mais comme Cammilleri est tout sauf stupide, il le fait en citant des sources externes, et inattaquables.
Je crois donc pouvoir traduire tranquillement celui intitulé "immigrationisme", où il parle d'un livre écrit par un journaliste américain travaillant au Financial Times (ce livre est également commenté sur un de mes sites préférés, Polemia, sous le titre L'Europe aux prises avec une immigration de masse).

Pour le replacer dans le contexte de l'actualité, et de ce site, je commence par rappeler que l'Italie est actuellement secouée par une nouvelle polémique, impliquant le gouvernement Berlusconi, plus précisément Umberto Bossi, secrétaire de la Ligue du Nord (le parti sécéssioniste et anti-immigration), et l'Eglise, en la personne de Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour les migrants.
Je n'ai pas eu le temps - ni l'envie - de me plonger dans les détails, sur le site de Raffaella, je me contente donc de ce résumé à partir de dépêches de l'AFP et de Reuters (dont je me méfie un peu, car les medias ont tout intérêt à faire monter la mayonnaise, et à instrumentaliser l'Eglise - honnie, mais pour une fois utile - contre un gouvernement non moins détesté) datant de la semaine dernière.
Notons d'ailleurs qu'il y ait eu depuis une escalade assez grave dans la violence verbale. Bossi a accusé le prélat de s'exprimer en son nom propre, et non en celui du Saint-Siège, puis aurait menacé l'Eglise de revenir sur les accords de concordat, avant de faire machine arrière. (article de Tornielli en italien ici, pour ceux que cela intéresse)

Il n'est pas question ici de dénier à ces malheureux la compassion à laquelle ils ont droit, mais simplement de réfléchir aux causes de leur infortune, et aux conséquences gigantesques qui peuvent surgir de leur exploitation.

Résumé de la polémique italienne

La polémique se poursuit après la découverte jeudi à bord d'un canot à la dérive au large de l'île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile, de cinq clandestins érythréens qui ont raconté avoir assisté impuissants à la mort de leurs 73 compagnons.
La droite a fait bloc derrière le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi qui a signé un accord, entré en vigueur le 1e mai, avec les autorités libyennes pour empêcher les départs par la mer des clandestins. Une loi, entrée en vigueur début août, considère en outre l'immigration clandestine comme un délit.
L'accord italien avec la Libye, d'où part l'immense majorité des immigrés clandestins vers la Sicile, a été condamné par les organisations de défense des droits de l'homme, le Haut commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR), l'Eglise catholique italienne et le Vatican, au motif que des demandeurs d'asile pourraient se trouver parmi les migrants.
Interrogé sur l'horreur soulevée par cette affaire, notamment parmi les évêques italiens qui ont dénoncé "une grave offense faite à l'humanité tout entière", Umberto Bossi, dirigeant de la Ligue du Nord anti-immigration, a conseillé au Vatican de "donner le bon exemple en ouvrant ses portes".
Vendredi, le quotidien catholique Avvenire avait dénoncé "les yeux fermés de l'Occident" face aux tragédies de l'immigration.
Samedi, Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour les migrants, a déploré dans une interview à Radio Vatican que des "sociétés prétendument civilisées aient en réalité développé un sentiment de refus de l'étranger". Il a dénoncé "l'égoïsme qui fait qu'on ne veut pas partager avec l'autre ce que l'on a".

Rino Cammilleri: Immigrationisme

20 août 2009
Texte en italien, ma traduction
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Lorsqu'un mot en soi neutre se met à prendre la terminaison - isme, les ennuis commencent.
Le sociologue Massimo Introvigne, sur le site du Cesnur (Juillet 2009) a recensé un livre du journaliste américain (Financial Times) Christopher Caldwell: Reflections on the Revolution in Europe. Immigration, Islam, and the West (Penguin, Londres 2009).
Cela vaut la peine de s'y arrêter parce que pour une fois un journaliste étranger laisse de côté « papi » Berlusconi et s'occupe de choses sérieuses. C'est-à-dire du suicide européen par la main des immigrationistes de gauche (prêtres compris) et de droite (parmi lesquels Caldwell insère Gianfranco Fini). L'immigrationisme de gauche veut que « pour faire amende du passé colonial » et du néo-imperialime des multinationales « l'Europe doive tolérer des immigrés des comportements qu'elle ne supporterait jamais de ses citoyens ».
L'immigrationiste de droite par contre demande le respect de la loi.
Mais « un immigré qui ne met pas de bombes dans le métro, ne brûle pas les voitures des quartiers et ne frappe pas les policiers - mais en même temps vit et pense selon des valeurs antithétiques à celles européennes est-il vraiment une ressource pour l'Europe ou bien reste un problème? ».
Problème agravé, pour tout dire, par les musulmans. « La Grande-Bretagne reçoit un demi-million de nouveaux immigrés extra-communautaires tous les ans » et déjà environ 80 « tribunaux islamiques » autorisés à résoudre des controverses par la charia, y sont à l'oeuvre. En Norvège on a même assisté à un cas d'intégration à rebours : toutes les élèves d'une école ont mis le voile, convaincues d'être plus mignonnes ainsi.
On soutient que les immigrés « sont une ressource » parce qu'ils font les travaux que les européens ne veulent plus faire. Au contraire, « avec leurs bas salaires, ils maintiennent souvent temporairement en vie des postes de travail de toute façon destinés à disparaître (…) à cause du progrès technologique et de la disponibilité de produits à coûts mineurs provenant de Chine ».
De plus en plus, lorsque les immigrés se naturalisent, ils ne veulent plus faire certains travaux.
On dit aussi que ce sont les immigrés qui vont « payer nos retraites ». Mais « en général, ils font des travaux peu rémunérés, donc ils payent des contributions relativement basses ». Et ensuite, « eux aussi vieillissent et deviennent retraités. En outre, très vite, ils ont des problèmes de santé que les assurances sociales doivent prendre en charge ». Sans compter que « en Allemagne et en France 70% des immigrés extra-communautaires ne travaillent pas - soit parce qu'ils sont trop jeunes, soit parce qu'ils sont au chômage donc ils ne payent pas de cotisations, alors qu'ils constituent un coût pour le système de protection sociale ».
En somme, il n'est pas dit « qu'il soit moins coûteux pour l'Europe d'accueillir des millions d'immigrés extra-communautaires plutôt que de destiner les mêmes ressources à les aider dans leurs Pays d'origine ».
Cela vaut aussi pour les diplômés originaires du Tiers-monde : « en faisant ainsi, on soustrait aux Pays d'origine justement ces élites qui leur seraient indispensables pour sortir du sous-développement ».
Aujourd'hui, les sondages et la progression des partis de "droite" (ndt: les guillemets sont de moi) mettent en évidence que les européens sont en majorité opposés à l'immigration extracommunautaire massive et continue. « Le fait que l'avis de la majorité des électeurs européens soit ignoré ne serait-il pas le vrai problème de la démocratie? ».
Problème dans le problème, les musulmans, difficilement assimilables : « aucune civilisation dans l'histoire n'a réussi à faire face sans en être détruite à l'arrivée en aussi peu de temps d'autant de personnes porteuses d'une culture et d'une religion aussi radicalement différentes et aussi fortes ».
En plus, l'Europe « est tellement plongée dans le relativisme qu'elle n'a vraiment pas les idées claires sur la culture qu'elle veut défendre et proposer aux immigrés. Il semble que les réactions se produisent dans un seul domaine, qui comprend le féminisme et les droits des homosexuels » (ce qui montre qui commande vraiment en Europe). Ainsi, en Hollande on a décidé « de proposer aux nouveaux immigrés les « valeurs hollandaises » résumée dans une vidéo qu'ils doivent obligatoirement voir. On y voit, entre autre, deux homosexuels qui échangent des effusions en public et une baigneuse "topless". Il n'est pas certain que la majorité des hollandais se reconnaissent dans ces valeurs. Pour contre, il est très certain que la vidéo confirmera les immigrés musulmans dans leur sentiment de supériorité par rapport à l'Occident décadent. Dans d'autres Pays les cours sur la citoyenneté proposés aux immigrés exaltent le droit à l'avortement ».

L'article a suscité sur le blog d'assez nombreux commentaires.
Entre autre, l'objection habituelle: Jésus et sa famille aussi furent contraints d'émigrer comme clandestins en Egypte pour avoir la vie sauve.
Cammilleri balaie la remarque prévisible d'une phrase: Jésus et les siens n'étaient pas du tout des clandestins. Et ils étaient seulement trois.
...

Interrogé sur ce qu'on pourrait faire en alternative, Cammilleri dit: dépenser la même somme pour les aider dans leur pays d'origine, et privilégier l'immigration européenne (j'ajoute: vous souvenez-vous du montage médiatique du plombier polonais??)
C'est une belle idée, mais je ne suis pas aussi sûre que lui de l'efficacité. Cela n'a t'il pas été déjà tenté, avec l'insuccès que l'on constate? Car il y a des relais, des deux côtés, et pas vraiment bénévoles...
Par contre, comme le Saint-Père l'a dit dans l'encyclique, l'immigration est un problème complexe aux multiples ramifications - et j'ajoute que la prétendue culpabilité collective de l'européen n'est rien à côté du pillage des ressources par les multinationales, et surtout des trafics d'armes qui alimentent les guerres et suscitent de vastes déplacements de populations. Surtout, l'immigration étant un problème global, doit être réglé au niveau global. Ceci implique en particulier que les gens aient la possibilité de vivre dignement dans leur pays d'origine, comme ils en ont le droit, et comme ce serait possible très souvent compte tenu des conditions naturelles (nous sommes là au fond du problème de l'écologie intégrale traitée dans l'encyclique). Ceci implique donc aussi que les potentats locaux souvent corrompus (sans parler des trafiquants d'êtres humains, bénéficiant d'une immunité quasi-absolue) doivent tout mettre en oeuvre pour rendre cela possible, ou sinon, rendre compte de leurs actes. Mais de cela, on ne parle jamais (sauf le Pape). Il est bien plus facile de dire que tout est notre faute. Ou de prôner le métissage universel - comme le fit dans une chanson le bien oublié Pierre Perret, qui pensait sans doute ainsi relancer une carrière languissante: une utopie, et on sait où mènent généralement les utopies...

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