Sainte Monique
Deux réflexions après l'Angelus d'hier, sur la mère de Saint-Augustin (31/8/2009)
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Georg Gänswein est de retour... et la main va nettement mieux. Les doigts recommencent à remuer séparément...
Après l'hommage à Saint-Augustin, Benoît XVI a évoqué la figure de sa mère Sainte Monique.
S'appuyant sur quelques passages des Confessions, il nous rappelle que "Saint Augustin but le nom de Jésus avec le lait maternel et fut éduqué par sa mère dans la religion chrétienne, dont les principes lui resteront gravés même dans les années d'errements spirituels et moraux".
Ce lui fut l'occasion de rendre hommage à ces "innombrables exemples de parents saints et d'authentiques familles chrétiennes, qui ont accompagné la vie de prêtres et de pasteurs de l'Église(..)
Lorsque les époux se consacrent généreusement à l'éducation de leurs enfants, en les guidant et les orientant à la découverte du dessein de l'amour de Dieu, ils préparent ce terrain spirituel fertile où jaillissent et mûrissent les vocations à la prêtrise et à la vie consacrée".
(traduction ESM)
Comment ne pas imaginer qu'il ne pensait pas à ses propres parents, et à sa merveilleuse famille bavaroise?
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A propos de Sainte Monique, cela m'a donné l'envie de retrouver dans Les Confessions un passage dont je gardais un souvenir amusé, et qui témoigne par ailleurs à quel point la lecture en est plaisante.
Il est clair que le Père de Saint-Augustin et ses contemporains n'étaient pas des "mâles" selon les normes du politiquement correct actuel!
Bref, les temps ont bien changé! Au vu des résultats, j'aurais presque envie de dire: "est-ce si sûr que ce soit en bien?"
Ci-contre: "St Augustine and Monica" (1846), by Ary Scheffer (http://www.silk.net/RelEd/augustine.htm)
Extrait des "Confessions"
Livre 19, traduction du latin de Louis de Mondadon, ed. Pierre Horay
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Ma mère, donc, plutôt mise par Toi sous l'autorité de ses parents que par eux sous la tienne, fut élevée dans les règles de la pudeur et de la bonne tenue. Aussitôt qu'avec les années elle eut atteint l'âge nubile, on la maria à un homme à qui elle s'assujettit comme au Seigneur. Elle s'évertua à te le gagner, te faisant connaître à lui par sa conduite, grâce à quoi tu la faisais belle, objet pour l'époux d'amour déférent et d'admiration. D'autre part, elle endura si bien les outrages du lit conjugal qu'elle n'eut jamais de ce chef aucune altercation avec son mari. Elle attendait l'heure de ta miséricorde : que, croyant en toi, il devînt chaste.
Lui, joignait à un grand fond de bonté une dose égale d'emportement par bouffées. Mais elle savait, quand son mari se mettait en colère, ne pas lui tenir tête. Non seulement pas un acte, mais non pas même le moindre mot. Le voyait-elle radouci et de sang-froid, elle en profitait pour lui donner ses raisons, si, d'aventure, il s'était échauffé trop à la légère. Bref, tandis que maintes femmes, dont les maris étaient plus traitables, portaient jusque sur leur visage mis à mal, des traces de coups et qu'elles épiloguaient entre amies la vie privée desdits maris : " La faute, disait-elle, donnant sous forme plaisante une grave leçon, en est à vos langues. Du jour que vous avez entendu lire le contrat de mariage, vous deviez le tenir pour l'instrument qui a fait de vous des servantes : il fallait, partant, vous rappeler votre condition et ne pas faire les fières avec vos seigneurs et maîtres." Les autres, comme elles savaient quel rude époux elle avait à supporter, s'étonnaient que jamais on n'eût ouï dire ni qu'aucun signe eût découvert soit que Patricius eût battu sa femme soit qu'il y ait eu, ne fût-ce qu'un jour, querelle et brouille dans le ménage. "A quoi cela tient-il ? "questionnaient-elles sans façon, et elle de fournir, telle que ci-dessus, sa recette. Suivant qu'elles l'appliquaient ou non, les autres, expérience faite, rendaient grâce ou bien demeuraient à la merci des mauvais traitements.