Actualités Images La voix du Pape Visiteurs Livres Sites reliés Lu ailleurs Index Recherche
Page d'accueil Actualités

Actualités


Pie XII vénérable Noël Statistiques du site Le Pape et les artistes Retour des anglicans République tchèque Un an déjà Le blog du P. Scalese Navigation Dernières entrées

Le salut au Pape de l'évêque de Viterbe

Très beau discours de Mgr Lorenzo Chiarinelli dimanche à Bagnoregio (9/9/2009)


Un discours qui vaut beaucoup plus que nombre de commentaires savants...

Mgr Lorenzo Chiarinelli est l'évêque de Viterbe.
Il a accompagné le Saint-Père tout au long de sa site à Viterbe et à Bagnoregio, dimanche dernier 6 septembre; les images sur KTO (et celles ci-dessous, dénichés par Gloria sur son beau site) témoignent de la cordialité de son accueil, et du courant de sympathie évident avec le Pape. Ils ont échangé à plusieurs reprises une accolade, ce n'est pas systématique, loin de là (ce n'est jamais le Pape qui prend l'initiative, ce n'est pas à lui de le faire, mais il ne se dérobe jamais, répondant même avec chaleur).
A Bagnoregio, sur la Place, il a prononcé le dernier des discours prévus pour cette journée.
Ce discours avait un ton vraiment personnel.
Erudit parfois, citant Dante, Bonaventure et la thèse de Joseph Ratzinger. Mais pas un discours informel ou protocolaire, de ceux qui mettent plus en valeur celui qui les prononce que celui auquel ils sont destinés.
Plutôt une réflexion du coeur, enrichie d'une anecdote surprenante sur les deux jeunes théologiens de 26 ans (simple coïncidence, ou signe?) que sept siècles séparent, mais que leur pensée réunit, et englobant dans la bénédiction demandée, la population dont lui-même est le pasteur.

Précédent

Suivant


Texte en italien, cité par Raffaella.
Ma traduction
------------------

Très Saint Père,

Aujourd'hui, ici, sur cette place, heureusement dédiée à Saint Augustin, il y a le coeur de Bagnoregio : celui, plus ancien qui depuis là-haut, depuis ce « nid d'aigle » qu'est Civita (ndt: Civita di Bagnoregio, surnommée "la ville qui se meurt", et la ville natale de Bonaventure), a été le témoin des premiers mots du « puerulus » Bonaventure ; et celui, nouveau, qui dans les jours solennels aime à se rassembler sur cette place autour du monument de son fils le plus célèbre, Saint Bonaventure ; il y a le coeur - l'ancien et le nouveau - qui en cet instant, avec la présence bien-aimée de Votre Sainteté, ressent qu'il vit le plus exaltant moment de son histoire. Nous tous, alors, nous n'avons qu'un mot à crier : Merci !
Mais justement l'unicité de l'instant - qui se fait attente émue de votre haute parole - me consent au moins un souvenir et un espoir.

Le souvenir.
À Paris en 1243 un jeune (26 ans) de Bagnoregio, dans le couvent de Saint Germain, revêtait le froc de François d'Assise: à la poursuite d'une vie évangelique. Il écrivit, en effet : « Je confesse devant Dieu que ce qui me fit aimer cette vie, ce fut la découverte qu'elle correspondait au début et à la profession de l'Église » (Epistula de tribus quaestionibus, 13). Mais au même instant il affirmait « avoir bien présent à la mémoire » le fait que sa mère (Legenda Maior, VII, 8) « alors que j'étais encore petit garçon fit un voeu pour moi à Saint-François et je fus rendu à la vie ». Et ce fut ainsi le début d'extraordinaire aventure.

En 1953 - à 710 ans de distance à Munich-Freiding, un jeune théologien, lui-même de 26 ans, avec un élan intellectuel résoluet avec les moyens affinés de la recherche scientifique, rencontre sous forme systématique le docteur séraphique de Bagnoregio.

« Avec grande joie - écrit le candidat au doctorat (libera docenza) J. Ratzinger- je me mis diligemment au travail. Même si j'avais déjà quelque connaissance de Bonaventure et avais déjà lu quelques-uns de ses écrits plus brefs, dans la poursuite du travail, de nouveau mondes s'ouvraient à moi » (J. Ratzinger, ma vie, p. 70).

Aujourd'hui ce jeune théologien est le Saint Père Benoît XVI et est ici pour rencontrer « la vie de Bonaventure de Bagnoregio » et nous faire participer à la joie de cette première rencontre, comme pour toucher les racines qui ont soutenu Bonaventure « nei grandi offici » et dont a bourgeonné un message de philosophe, de théologien, de franciscain, ancien et toujours nouveau ; message de sagesse, concentré sur le Christ, centre et coeur de l'univers ; sens et accomplissement de l'histoire.

L'espoir.
Dante Alighieri, dans le XIIème chant du Paradis (la Divine comédie, ndt), introduit son évocation de Bonaventure avec cette expression suggestive :
« L'amour qui me fait belle m'attire à raisonner… » (XII, 31-32).
Saint Père, cet amour, qui est l'Esprit Saint, comme il a rendu et rend « belle » l'Église pour l'annonce de l'Évangile! a rendu et rend « beau » le Successeur de Pierre, dans sa mission magistérielle, pour unir ensemble amour et beauté ; charité et vérité ; foi et raison ; recherche et révélation ; histoire et eschatologie. Il en jaillit une « annonce » lumineuse et chaude ; un « raisonner » qui est recherche, proposition, dialogue, élargissement des espaces de la rationalité et ouverture à la transcendance. Un « témoignage » cohérent prend forme, de sagesse en mesure de discerner le « posporre » et l'« anteporre », tout au long « de l'itinéraire » exploré par le docteur de Bagnoregio, jusqu'à l'abordage où est le triomphe de la vérité et de la charité.
Saint-Père, bénissez, donc, Bagnoregio. (..).
Bénissez les théologiens dans le précieux service de l'esprit qui cherche la foi et de la foi amie de l'intelligence.
Bénissez les chercheurs de la vérité comme découverte fascinante du visage du Dieu vivant.
Saint Bonaventure mourut lors du Concile, à Lyon, en 1274, recomposant l'unité entre les chrétiens : aidez-nous à vivre la communion ; à être une Eglise du oui ; à faire de ce territoire le domaine de la vraie fraternité.
Et nous ici, nous entendons faire nôtres la conviction et le souhait que votre Sainteté formulait dans le chapître II de sa thèse doctorale, où il a écrit : « Pour saint Bonaventure, il est certain que dans le Saint qui porta les stigmates du Christ (ndt: Saint François?) et avec cela « le sceau du Dieu vivant » (Ap 7.2) a brillé, pleine d'espoir, l'aube d'un âge nouveau dans lequel il n'arrivera plus que « le peuple se lève contre le peuple » (Is 2.4) mais dont on pourra dire : « Et alors sera la paix » » (texte, p. 135-136).

Saint-Père, ainsi soit-il !

Imbroglio italien La main du Pape