Le "Pape vert" selon le cardinal Bagnasco
Le cardinal explique clairement l'écologie intégrale (et non pas verte!) de Benoît XVI (20/9/2009)
Un article de Salvatore Izzo, de l'agence italienne AGI, commentant une "lectio magistralis" du président de la CEI consacrée à l'encyclique.
Bagnasco: l'écologie, c'est bien, mais pour le Pape la défense de la vie passe avant
Salvatore Izzo
(AGI) - Gênes, 19 Septembre
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Pour le Pape, "l'eugénisme est beaucoup plus alarmant que la perte de la biodiversité dans l'écosystème", de même que l'avortement et l'euthanasie corrodent le sens de la loi et empêchent dès le début l'accueil des plus faibles, ce qui représente une blessure pour la communauté humaine aux énormes conséquences de dégradation".
La précision - qui semble répondre à l'accent mis par de nombreux médias sur la coloration "verte" du pontificat de Ratzinger, est contenue dans la lectio magistralis tenue à Gênes par le Président de la CEI, le cardinal Angelo Bagnasco, pour illustrer dans une conférence l'encyclique Caritas in veritate.
Benoît XVI, explique le cardinal, souligne avec vigueur que "si on perd la sensibilité personnelle et sociale envers l'accueil d'une nouvelle vie, d'autres formes d'accueil utiles à la société se tarissent" (*).
Selon Bagnasco, le fait que l'attention du Pape pour le thème de l'écologie ait frappé l'opinion publique "pourrait représenter une sorte de contre-épreuve expérimentale de la validité de la lecture du «développement intégral», que Benoît XVI propose à tous les hommes de bonne volonté dans le sillage des grandes intuitions de Populorum progressio de Paul VI, avec l'exhortation à "défendre non seulement la terre, l'eau et l'air comme des dons de la création appartenant à tous" mais aussi "à protéger l'homme contre la destruction de lui-même".
"Il est nécessaire - souligne Bagnasco - qu'il y ait quelque chose comme une écologie de l'homme, comprise dans le sens juste. La dégradation de la nature et en fait étroitement liée à la culture qui façonne la société humaine". A cet égard, note Mgr Bagnasco, dans l'encyclique, le Pape affirme que "quand l'écologie humaine est «respectées au sein de la société», l'écologie environnementale en tire elle aussi avantage".
"Ainsi - commente le président de la CEI - la crise écologique ne peut pas «être interprétée comme un fait exclusivement technique, mais ramène à une crise plus profonde, parce que aux "déserts extérieurs" coreespondent les "déserts intérieurs".
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Les mots du Cardinal Bagnasco
Le texte complet de la lectio magistralis du cardinal Bagnasco a été publié hier par l'Osservatore Romano, et sauvegardé ici par Raffaella (je ne traduis pas l'ensemble pour le moment, bien que ce soit fort intéressant, d'abord parce que c'est très long, ensuite parce qu'il me paraît inutile de doubler le travail d'autres gens... qui le feront sans doute bientôt..?)
Le discours a été prononcé hier 19 septembre dans les locaux de la bourse de Gênes (le cardinal Bagnasco est l'archevêque de Gênes) devant un parterre d'entrepreneurs (c'est donc une initiative cohérente d'expliquer et surtout de faire connaître les intentions du Saint-Père à ceux à qui il s'adresse prioritairement dans cette encyclique), en présence notamment du président de l'Union chrétiennes des entrepreneurs et du président de la chambre de commerce.
Salvatore Izzo parle de l'ensemble du discours, avec une référence particulière à deux paragraphes, l'un qui souligne l'importance de la famille dans le développement intégral de l'homme, et l'autre - l'avant-dernier- qui commente le n°51 de l'encyclique, consacré à l'environnement:
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Avoir sous-estimé l'impact de la famille sur les questions sociales et économiques, la réduisant à une affaire privée, ou même un héritage culturel du passé, est une myopie dont la génération la plus jeune, moins nombreuse et moins importante, paie aujourd'hui particulièrement les conséquences. Le lien étroit entre éthique sociale et éthique de la vie est un impératif catégorique dans d'autres domaines sensibles et nous porte à croire par exemple que l'eugénisme est beaucoup plus alarmant que la perte de la biodiversité dans l'écosystème ou que l'avortement et l'euthanasie corrodent le sens de la loi et empêchent à la source l'accueil des plus faibles, ce qui représente un préjudice causé à la communauté humaine aux conséquences de dégradation énormes.
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Je terminerai en faisant référence à un problème qui a frappé l'opinion publique (**) et qui peut représenter une sorte de contre-épreuve de la validité de la lecture de "développement intégral" que Benoît XVI propose à tous les hommes de bonne volonté dans le sillage de la grande intuition de Populorum progressio de Paul VI.
Je veux parler de la question de l'environnement, à laquelle est spécifiquement consacrée une partie importante du chapitre IV (n° 48-52) qui révèle une préoccupation récurrente dans l'enseignement du pape.
Benoît XVI écrit: "L’Église a une responsabilité envers la création et doit la faire valoir publiquement aussi (***). Ce faisant, elle doit préserver non seulement la terre, l’eau et l’air comme dons de la création appartenant à tous, elle doit surtout protéger l’homme de sa propre destruction. Une sorte d’écologie de l’homme, comprise de manière juste, est nécessaire. La dégradation de l’environnement est en effet étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine: quand l’« écologie humaine est respectée dans la société, l'écologie environnementale en tire aussi un bénéfice » "(n. 51).
La crise écologique ne peut donc pas être interprété comme un fait exclusivement technique, mais renvoie à une crise plus profonde parce qu'aux "déserts extérieurs" correspondent "les déserts intérieurs" (cf. Benoît XVI, Homélie pour le début du ministère pétrinien, le 24 avril 2005), de même qu'à la mort de la forêt "autour de nous" font pendant les névroses psychiques et spirituelles en nous, à la pollution de l'eau correspond l'attitude nihiliste vers la vie. Car lorsque l'homme n'est pas considéré dans l'intégralité de sa vocation et qu'on ne répond pas aux exigences d'une véritable «écologie humaine», alors s'enclenchent les dynamiques perverses de la pauvreté, compromettant fatalement l'équilibre de la Terre. Une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, que "le point crucial est la tenue morale de la société dans son ensemble. " (n. 51).
Notes
(*) Nous pouvons penser par exemple, à l"accueil" des immigrés. Ce sont généralement les mêmes qui sont pour l'immigration sans frein, et... la liberté pour les femmes de disposer de leur corps, que constituerait le droit à l'avortement. N'est-ce pas là un excellent argument à leur opposer?
(**) Je fais respectueusement observer au cardinal que les formules toutes faites des journalistes ne sont pas (et ne font pas toujours) l'opinion publique.
(***) C'est l'explication très simple de la présence de l'Eglise dans le débat "écologique": ne pas laisser le terrain libre aux autres.