De Suède, manoeuvres contre le Pape
Andrea Tornielli donne des détails. Mais qui redoute à ce point le rapprochement Rome-Ecône? Qui en veut à ce point au Pape? (23/9/2009)
Le "non-complot"
Affaire Williamson: ça recommence
Samedi dernier, reprenant dans ma rubrique "lu ailleurs" (19 septembre) une nouvelle transmise par un liseur du très réactif Forum Catholique, je titrais "Attention à la Suède".
Aujourd'hui, c'est Tornielli en personne qui donne des détails, sous le titre explosif: "En Suède, manoeuvres contre le Pape: il a menti"!!
Rien de moins.
Autrement dit, comme annoncé, les ennemis de l'Eglise, et surtout du Pape, vont à nouveau mettre en oeuvre l'artillerie lourde, à la veille du commencement des discussions entre Rome et Ecône: au nom du ciel, pourquoi et à qui ce rapprochement fait-il si peur? La barque de Pierre va encore tanguer et le "non complot" (selon ceux qui ne veulent pas voir la réalité, fût-elle aveuglante, comme ici, où la coïncidence de dates ne peut pas être un hasard) va une fois de plus essayer de la faire chavirer.
Ils n'y parviendront pas, bien sûr, mais ces assauts incessants laissent des traces, et surtout, sont usants pour le Saint-Père.
Cette fois, on s'en prend directement à lui (ce qu'on n'avait pas fait directement la dernière fois, sinon à travers les misérables caricatures de prétendus comiques).
Il y a donc un crescendo. Cela devient grave. Reste à savoir jusqu'à quel point la sauce va prendre, puisque le citoyen lambda se moque pas mal de la Fraternité Saint-Pie X, et - c'est malheureux à dire - s'intéresse peu au Pape. Mais c'est justement le problème. Cet ultime scud est destiné aux gens "de bonne foi", ceux qui seraient les soutiens "naturels", et dont certains vont peut-être se poser des questions.
Pour moi, au risque de choquer des lecteurs, indépendamment de la haine implacable de ses ennemis, dont certains sont à n'en pas douter au coeur-même de l'institution (quid du card. Kasper, qui n'en manque pas une) le problème n'est pas de savoir qui a menti, ou si on a menti - gageons que ce sera pourtant l'unique thème du débat, mais par pitié, qu'on nous épargne ce genre de plaidoyers ou attaques aussi inutiles que stériles - mais pourquoi , le cas échéant (et là, je ne parle évidemment pas du Saint-Père, qui n'a pas à se justifier, et qui de toutes façons n'a pas menti, mais plutôt de son entourage).
Ce que je retiens, donc, c'est que le Saint-Père est le seul à avoir entre les mains toutes les données du problème, qu'il le connaît à fond depuis le début, et que ce qu'il a fait, il l'a fait uniquement pour le bien de l'Eglise, comme il l'a expliqué (*) dans sa lettre aux évêques de mars dernier - c'est le moment de la relire très attentivement. Pas pour plaire à l'opinion publique, ou aux groupes de pression x ou y. Je me souviens d'une très belle formule de mon amie Sheelagh: il aura des comptes à rendre à Dieu seul, et à personne de ce monde. Oui, c'est exactement ça.
(*) Dans cette lettre, le Pape écrivait par ailleurs ceci:
Ne devrions-nous pas, comme de bons éducateurs, être aussi capables de ne pas prêter attention à différentes choses qui ne sont pas bonnes et nous préoccuper de sortir des étroitesses ?
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Il n'en reste pas moins que la réaction du Père Lombardi, telle qu'elle est rapportée par Tornielli, est très en retrait (pour rester dans la litote).
Sans doute que ce n'est pas à lui de frapper du poing sur la table.
Il serait temps que d'autres s'en chargent à sa place.
Tornielli: dans la ligne de mire, le Pape
Article ici: http://paparatzinger2-blograffaella....
Ma traduction
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En Suède, manœuvres contre le Pape: "Il a menti"
23 septembre 2009, Il Giornale
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Depuis la Suède, l'affaire Williamson esplose à nouveau, et cette fois l'attaque prend directement dans sa ligne de mire Benoît XVI, accusé de rien moins que de "mensonge".
La énième bordée contre le pape Ratzinger est programmée sur la télévision publique suédoise SVT ce soir. La même station qui, en Janvier dernier, quelques jours seulement après la publication du décret par lequel le Saint-Siège levait l'excommunication infligée en 1988 aux nouveaux évêques consacrés par Mgr Marcel Lefebvre, sans mandat pontifical, avait diffusé le désormais tristement célèbre "Entretien avec Richard Williamson", le prélat lefebvriste négationniste des chambres à gaz nazies. SVT a annoncé aujourd'hui une suite de l'histoire, montant la barre d'un cran et ciblant directement le pape, en affirmant, sur la base des déclarations d'un cardinal et de l'évêque de Stockholm, qu'en réalité, Ratzinger ne pouvait pas ne pas savoir. Dans la bande-annonce du programme, une voix féminine hors-champ dit: "l'hiver dernier, l'Église catholique a été ébranlée par l'interview de Mgr Richard Williamson. Le Pape et les cardinaux responsables ont assuré au monde qu'ils n'avaient pas été mis au courant, mais ce n'est pas vrai". Et de diffuser immédiatement un passage des déclarations faites par l'évêque de Stockholm, Anders Arborelius, qui affirme avoir informé le Vatican des propos négationnistes: "Pour notre part, nous avons transmis les informations au représentant du Pape." Mgr Arborelius fait allusion au Nonce apostolique Emil Paul Tscherrig.
Selon le site Rorate Caeli, l'émission comprendra aussi un entretien avec le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité (!!) des Chrétiens, réalisé au cours de sa visite au festival de choeurs "Pueri Cantores" à Stockholm en Juillet dernier. Kasper a expliqué qu'immédiatement avant le retrait de l'excommunication, il n'avait reçu aucune information interne du Vatican sur la mesure, mais que lui-même était au courant des positions extrêmistes de Mgr Williamson.
Il est évident que cette fois, la cible des critiques n'est plus la Fraternité Saint Pie X ou la révocation de l'excommunication.
Dans la ligne de mire, il y a le Saint-Siège et en particulier la personne du Pape.
Une note du Secrétariat d'État, publié le 4 Février 2009, affirmait que les paroles négationistes de Williamson n'étaient pas "connues du Saint-Père au moment de la remise des excommunications".
Benoît XVI, dans sa lettre adressée aux évêques du monde entier au sujet de cette affaire Williamson, avait écrit: "Un accident imprévu pour moi a été le fait que l'affaire Williamson s'est superposée à la remise de l'excommunication". Et il ajoute: "On m'a dit de le fait de suivre attentivement les informations disponibles sur l'Internet aurait donné la possibilité d'être au courant en temps opportun du problème. J'en tire la leçon qu'à l'avenir le Saint-Siège devra accorder plus d'attention à cette source de nouvelles".
Avec la lettre, sincère et courageuse, Benoît XVI, qui n'avait pas été informé de l'interviewe sur les chambres à gaz accordée par Williamson, a assumé toutes les responsabilités de l'affaire qui aurait dû être transmise à son personnel. Mais aujourd'hui, la télévision suédoise, comme annoncé dans le titre, l'accuse d'avoir menti.
"Le pape a dit qu'il n'était pas au courant de l'interviewe au moment du retrait de l'excommunication, il est évident qu'il a dit la vérité", dit au Giornale le directeur du bureau de presse du Vatican, le Père Federico Lombardi.
Deux jours avant la publication du décret de révocation, et un jour après la diffusion de l'entrevue, dont le contenu avait été anticipé par l'Allemand Der Spiegel, le 22 Janvier à 17h30 au Secrétariat d'État s'étaient rencontrés pour discuter de l'affaire, le cardinal Tarcisio Bertone, Giovanni Battista Re, William Levada, Claudio Hummes, avec Mgr Coccopalmerio et le substitut Filoni. A cette époque, il avait été décidé que le décret ne serait pas présenté à la presse comme étant "suffisamment clair en soi".