Actualités Images La voix du Pape Visiteurs Livres Sites reliés Lu ailleurs Index Recherche
Page d'accueil Actualités

Actualités


Pie XII vénérable Noël Statistiques du site Le Pape et les artistes Retour des anglicans République tchèque Un an déjà Le blog du P. Scalese Navigation Dernières entrées

Un "poumon spirituel" menacé

L'admirable homélie du saint-Père lors de l'ouverture du Synode pour l'Afrique (5/10/2009)

Voir: Synode pour l'Afrique

L'Afrique est le poumon spirituel du monde
Mais ce poumon pourrait lui aussi tomber malade.
Celui qu'on nomme "le premier monde" (ndlr: c'est celui où je vis, mais ce n'est pas le mien) y déverse des déchets toxiques, et pas seulement matériels, perpétuant ainsi le pire aspect du colonialisme.
(Comment ne pas penser à la polémique sur le préservatif, lors du voyage du Saint-Père en Afrique, en Mars dernier?)

Hier dimanche 4 septembre, fête de Saint-François d'Assise, Benoît XVI a présidé dans la Basilique Saint-Pierre la messe d'ouverture de la IIème Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des Evêques. Ces assises se tiendront jusqu'au 25 octobre 2009.
Dans son homélie, il a évoqué trois aspects de la liturgie de la Parole du jour en relation avec les sessions de travail synodales: le primat de Dieu, Créateur et Seigneur, le mariage et les enfants (d'après VIS).

[Pour suivre quasiment en direct les travaux du synode, je renvoie mes lecteurs à la rubrique très fournie du site ESM]

Et il a eu recours une fois de plus à l'une de ses puissantes métaphores, à la fois poétique et suggestive: L'Afrique est le poumon de l'humanité.
-------------------
Large extrait (ESM)

(...) la reconnaissance de la seigneurie absolue de Dieu est certainement l'un des traits saillants et unifiants de la culture africaine.
Naturellement, en Afrique, il y a de multiples cultures différentes, mais elles semblent toutes d'accord sur ce point : Dieu est le Créateur et la source de la vie. Or, la vie - nous le savons bien - se manifeste en premier dans l'union entre l'homme et la femme et dans la naissance des enfants ; la loi divine, écrite dans la nature, est par conséquent plus forte et l'emporte sur toute loi humaine, selon l'affirmation nette et concise de Jésus : « Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mc 10,9). La perspective n'est pas d'abord morale : avant même le devoir, elle concerne l'être, l'ordre inscrit dans la création.

Chers frères et sœurs, dans ce sens, la liturgie de la Parole d'aujourd'hui - au-delà de la première impression - se révèle particulièrement adaptée pour accompagner l'ouverture d'une assemblée synodale dédiée à l'Afrique.
Je voudrais souligner en particulier certains aspects qui émergent avec force et qui interpellent le travail qui nous attend.
Le premier, déjà mentionné: le primat de Dieu, Créateur et Seigneur.
Le deuxième : le mariage.
Le troisième : les enfants.

A propos du premier aspect, l'Afrique est dépositaire d'un trésor inestimable pour le monde entier : son profond sens de Dieu, que j'ai pu percevoir directement dans mes rencontres avec els évêques africains en visite ad limina, et encore plus lors du récent voyage apostolique au Cameroun et en Angola, dont je conserve un souvenir plein de gratitude et d'émotion. C'est justement à ce pèlerinage en terre africaine que je voudrais maintenant me référer parce que c'est alors que j'ai idéalement ouvert cette assemblée synodale, en remettant l'Instrument de travail aux présidents des conférences épiscopales et aux chefs des synodes des évêques des Églises orientales catholiques.

Lorsque l'on parle des trésors de l'Afrique, notre pensée va immédiatement aux ressources dont le continent est riche et qui sont malheureusement devenues, et continuent parfois de l'être, une source d'exploitation, de conflit et de corruption.
La Parole de Dieu nous fait au contraire nous tourner vers un autre patrimoine: le patrimoine spirituel et culturel dont l'humanité a besoin encore plus que de matières premières. "En effet - dirait Jésus - quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier s'il le paye de sa vie?" (Mc 8,36). De ce point de vue, l'Afrique représente un immense "poumon" spirituel, pour une humanité qui semble en crise de foi et d'espérance. Mais ce "poumon" peut aussi tomber malade.
Et, à l'heure actuelle, au moins deux dangereuses pathologies sont en train de l'attaquer: avant tout, une maladie déjà diffusée dans le monde occidental, à savoir le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste. Sans parler de la genèse de tels maux de l'esprit, il est toutefois indiscutable que le soi-disant "premier" monde a parfois exporté et continue d'exporter des déchets spirituels toxiques qui contaminent les populations des autres continents, parmi lesquels justement les populations africaines. C'est dans ce sens que le colonialisme, qui a pris fin au plan politique, n'est jamais tout à fait terminé.
Mais, justement dans cette perspective, il faut signaler un second "virus" qui pourrait également toucher l'Afrique, à savoir le fondamentalisme religieux, lié à des intérêts politiques et économiques. Des groupes qui s'inspirent des différentes appartenances religieuses sont en train de se répandre sur le continent africain ; ils le font au nom de Dieu, mais selon une logique opposée à la logique divine, c'est-à-dire en enseignant et en pratiquant non pas l'amour et le respect de la liberté, mais l'intolérance et la violence.

En ce qui concerne le thème du mariage, le texte du chapitre 2 du Livre de la Genèse nous en a rappelé le fondement perpétuel, que Jésus lui-même a confirmé: "À cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un" (Gn 2,24). Comment ne pas rappeler l'étonnant cycle de catéchèse que le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a dédié à un tel sujet, à partir d'une exégèse ô combien approfondie de ce texte biblique? Aujourd'hui, en nous le proposant justement à l'ouverture du synode, la liturgie nous offre la lumière surabondante de la vérité révélée et incarnée dans le Christ, avec laquelle on peut considérer la thématique complexe du mariage dans le contexte ecclésial et social africain.
Sur cet autre point cependant, je voudrais brièvement offrir une suggestion qui précède toute réflexion et toute indication de type moral, et qui est lié encore au primat du sens du sacré et de Dieu. Le mariage, tel que la Bible nous le présente, n'existe pas en dehors de la relation avec Dieu. La vie conjugale entre l'homme et la femme, et donc de la famille qui en découle, est inscrite dans la communion avec Dieu et, à la lumière du Nouveau Testament, elle devient une icône de l'Amour trinitaire et le sacrement de l'union du Christ avec l'Église. Dans la mesure où elle conserve et développe sa foi, l'Afrique pourra trouver des ressources immenses à donner en faveur de la famille fondée sur le mariage.

En incluant également dans la péricope évangélique le texte sur Jésus et les enfants (Mc 10,13-15), la liturgie nous invite à considérer d'ores et déjà, dans notre sollicitude pastorale, la réalité de l'enfance qui constitue une grande partie, même si elle est malheureusement souffrante, de la population africaine. Dans la scène où Jésus accueille les enfants, en s'opposant avec indignation à ses propres disciples qui voulaient les éloigner, nous voyons l'image de l'Église qui, en Afrique et dans toute autre partie de la terre, manifeste sa maternité surtout à l'égard des plus petits, même lorsqu'ils ne sont pas encore nés. Comme le Seigneur Jésus, l'Église ne voit pas en eux avant tout les destinataires d'une aide, et encore moins que jamais d'un piétisme ou d'une manipulation, mais des personnes à part entière qui, par leur façon d'être, montrent la voie maîtresse pour entrer dans le royaume de Dieu, à savoir celle qui consiste à s'en remettre sans condition à son amour.

----------------

Tourisme sexuel Prix Nobel de la paix