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La visite du Saint-Père à la synagogue de Rome

Dossier: un message du directeur de l'OR dans le journal "Pagine ebraiche", la "bienvenue" du président du rabbinat italien, et des extraits d'un article du blog italien Fides et Forma (15/10/2009)

J'essaie d'être aussi complète, factuelle et précise que possible, et d'éviter toute polémique, qui pourrait nuire au Saint-Père.
Mais c'est difficile.

Ci-dessous, il y a des faits. Chacun peut les interpréter.

Sa visite à la grande Synagogue de Rome a été annoncée à la mi-septembre par le Saint-Père lui-même, dans le message amical qu'il a adressé à la communauté, à l'occasion du Nouvel An juif. Le Pape y disait sa joie de venir à sa rencontre de ses membres "après vos fêtes", ce qui avait été compris comme "en octobre ou novembre": Le Pape à la synagogue

Simultanément, le 22 septembre, le cardinal Bagnasco a rencontré un groupe représentatif du Rabbinat italien: Le cardinal Bagnasco chez les Rabbins

Depuis, on a appris que la visite aurait lieu seulement le 17 janvier, jour anniversaire du « Mo'ed de plomb », une fête juive typiquement romaine, rappelant les pluies torrentielles qui, en 1793, sauvèrent les juifs de Rome menacés par l'incendie des portes du ghetto. Le ghetto risquait d'être assailli par une foule de Romains convaincus que des partisans - redoutés - des idées révolutionnaires venues de France s'y étaient réfugiés. Le nom de la fête évoque le ciel de plomb qui se serait formé « miraculeusement », apportant les pluies violentes qui ont éteint les flammes. (Zenit)

Aujourd'hui, Gian Maria Vian, directeur de l'Osservatore Romano, écrit aux juifs italiens dans la revue juive Pagine ebraiche.
Selon cette lettre (ou ce qu'en rapporte l'agence APCOM), à trois mois de la visite du Pape, sa "feuille de route" serait donc apparemment déjà toute prête, et son discours déjà écrit?
Sans compter qu'il est moins que plaisant de penser que le Vatican attend le feu vert des rabbins pour mettre en route le processus de béatification de Pie XII.

Etant entendu qu'il n'est pas question ici de nier les souffrances passées des juifs, cette intervention du directeur de l'OR, se rendant à Canossa par anticipation au nom du pape, dans la presse communautaire me met donc très mal à l'aise.
Que les sentiments des rabbins italiens envers Benoît XVI soient plus que mitigés n'est un secret pour personne.
Le 16 janvier dernier, Sandro Magister y consacrait un article sous le titre: Ce Pape ne plaît pas aux rabbins italiens.

Pourquoi, alors, celui de Rome l'a t'il invité? (étant évident que le Pape ne peut pas refuser l'invitation).
D'autant plus que, comme on en jugera plus bas, l'unanimité du Rabbinat est loin d'être évidente, sur l'opportunité de la visite.
Pourquoi ce retard de 3 mois, et qui a décidé la date?

Bien entendu, et comme le dit mon amie Raffaella, je respecte la décision du Saint-Père (qui a sans aucun doute ses raisons), et je l'accompagnerai de mes prières.
Pour une visite qui s'annonce dès à présent pas de tout repos: Le Rabbin Laras, président des Rabbins italiens, a déjà accordé une interviewe à la presse italienne (Il Tempo.it) où il étale avec une absence de courtoisie choquante toutes les réserves que la visite de Benoît lui inspire.
Voir ci-dessous: La réponse du Rabbin Laras

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La lettre de Gian Maria Vian

Vian: A la synagogue de Rome, le Pape condamnera l'Holocauste comme à Auschwitz
Sur «Pagine ebraiche» il revient sur Williamson, et revendique le rôle de Pie XII
(Raffaella)
Ma traduction
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Au cours de la visite, qu'il accomplira à la synagogue de Rome, le 17 janvier, le pape "évoquera à nouveau le souvenir des victimes de la Shoah et leur rendra hommage, comme il le fit à plusieurs reprises, notamment à Auschwitz,comme fils du peuple allemand" : c'est ce qu'annonce le directeur de l'Osservatore Romano, Gian Maria Vian, dans un article paru dans le dernier numéro du mensuel des communautés juives italiennes, "Pagine ebraiche », dans lequel l'intellectuel rappelle la "surprise douloureuse de Benoît XVI", devant répondre aux "insoutenables accusations d'antisémitisme après la levée de l'excommunication de l'évêque lefebvriste révisionniste Richard Williamson" et revendique le rôle de Pie XII lors des extrémités de la persécution nazie-fasciste envers les Juifs.
«Le poison de l'aversion contre les juifs, déjà largement répandu dans l'antiquité païenne, a empoisonné au fil des siècles les relations entre les chrétiens et les juifs - écrit le directeur du journal du Vatican, dans un article intitulé « Visite du cœur et de la raison », tout en se mêlant aux rivalités théologiques et religieuses d'origine.
Jusqu'à l'irruption, à l'ère moderne et contemporaine, d'un tout nouveau racisme, encore une fois païen, contre le peuple juif, aboutissant à l'extermination monstrueuse de l'Holocauste, véritable moment de ténèbres qui a marqué le XXe siècle européen de façon indélébile - et, souligne Vian - devant lequel l'Eglise de Rome a essayé de s'opposer dans une oeuvre de charité - encouragée et soutenue par tous les moyens par Pie XII, devenu un signe de contradiction - qui a sauvé de nombreuses vies de «persécutions atroces.
Dans l'ancien ghetto romain, aussi, - annonce le Directeur de l'Osservatore romano »- Benoît XVI rappellera le souvenir des victimes de la Shoah et leur rendra hommage, comme il le fit à plusieurs reprises, notamment à Auschwitz, « comme fils du peuple allemand » puis à Yad Vashem.
Et une fois encore, l'évêque de Rome entrera dans une synagogue, répétant un geste simple, déjà accompli par le Pape à Cologne, siège de la plus ancienne communauté juive sur le territoire allemand, quatre mois après son élection comme Successeur de Pierre, et à New York A la veille de Pâques.
Papa Ratzinger avance ainsi dans le long processus de réconciliation entre catholiques et juifs qui, dans la seconde moitié du XXe siècle a été parcouru par ses prédécesseurs à pas de plus en plus décidés.
Des pas dont le partage et la promotion, avaient dès le début été la marque de mon travail théologique personnel", comme Benoît XVI l'a revendiqué - avec un étonnement douloureux face à des accusations insoutenables d'antisémitisme - dans une lettre écrite aux évêques catholiques après la révocation de l'excommunication des évêques lefebvristes, l'un d'entre eux à l'insu du pape s'étant rendu coupable d'ignobles affirmations négationistes de la Shoah.
La rencontre entre Benoît XVI et les Juifs de Rome exprimera cette affection si solennellement déclarée lors de la messe inaugurale de son pontificat (ndt: où les juifs étaient absents), envers les «frères du peuple juif, auxquels nous sommes liés par un grand patrimoine spirituel commun qui plonge ses racines dans les promesses irrévocables de Dieu ». Un patrimoine qui, dans les différences, a besoin d'être redécouvert tout le temps pour surmonter la méfiance, l'ignorance, les rivalités - qui entre frères, on le sait, ne sont pas rares - pour finalement se retrouver. Personne ne sait quand et ce ne sera pas facile, peut-être, mais certainement - conclut Vian - cela en vaut la peine. "

© Copyright APCOM

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La réponse du Rabbin Laras

La bienvenue "amicale" du Rabbin en chef, dans Il Tempo
Ma traduction
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Entretien avec le président des rabbins italiens
Le rabbin Laras: "Mais le dialogue suit d'autres voies»
24 ans après la visite historique du pape Jean Paul II, Benoît XVI s'apprête à franchir les portes de la Grande Synagogue de Rome.

Cela se passera le 17 Janvier, à l'occasion de la Journée pour l'approfondissement et le développement du dialogue entre catholiques et juifs. Une journée qui a connu un arrêt brutal en 2009 en raison de la polémique sur la prière du vendredi saint. La longue route qui voit aujourd'hui la reprise des relations entre le rabbinat et l'Eglise catholique est également parcourue par le rabbin Giuseppe Laras, président des rabbins d'Italie.

- Rabbin Laras, la date choisie pour accueillir le Pape Benoît XVI a t'elle une raison?.
- Le 17 Janvier a toujours été la journée du judaïsme, la journée du dialogue. La communauté juive de Rome et le Vatican ont choisi ce jour-là, mais le dialogue a été officiellement repris ces derniers jours, il existe un document officiel de la Conférence des évêques italiens qui en témoigne (Le cardinal Bagnasco chez les Rabbins). Les choses se sont mises en place. Nous espérons qu'elles continueront ainsi et qu'il n'y aura plus d'autres motifs de tension dans le futur.

- Et la visite de Ratzinger (!!) scelle ce parcours?
- Je ne pense pas, le dialogue suit son chemin et la visite du Pape est en effet une visite importante, qui peut même avoir une certaine influence sur le dialogue, mais ce n'est pas un élément constitutif. D'autant plus que la vraie visite a été faite en 1986 par le Pape Jean-Paul II.

- Cette année-là, Jean-Paul II a appelé les Juifs «frères aînés».
- Celle-là, en effet, fut une visite historique.

- Et cette visite-là qu'est-elle?
- Elle n'a pas l'intensité et la valeur symbolique de celle de 1986, mais elle est un fait remarquable.

- Il faut rappeler que c'est ce pape qui a réintroduit la prière sur la conversion des juifs et a remis l'excommunication à l'évêque révisionniste Lefebvriste Williamson, un élément symbolique des récentes discussions entre le rabbinat et l'Eglise de Rome. Le 17 Janvier, conclura t'il ces chapitres?
- Peut-être devriez-vous le demander au rabbin Di Segni, c'est lui qui voulait cette visite. Encore une fois, sur le plan historique, moral et symbolique, elle n'est pas équivalente à la visite de 1986, là-dessus, il n'y a aucun doute. Je crois cependant que cette visite devrait renforcer les raisons du dialogue entre le judaïsme et le catholicisme. Donc d'éviter les tensions qui pourraient rouvrir les polémiques que nous avons closes non sans difficulté.

- Jean-Paul II et Benoît XVI à la Synagogue. L'événement peut'il se transformer en habitude?
- Parler d'habitude pourrait affaiblir le message à transmettre. Ce qui est habituel enlève du sens à l'initiative.

- Depuis 1986, en quoi le judaïsme italien a t'il changé?
- En 86, une initiative de ce genre a été accueillie comme un fait extraordinaire, elle a remué des émotions. Depuis lors, les Juifs ont diminué en nombre. Maintenant, les problèmes de notre communauté sont ceux de l'identité juive, savoir comment rester juif. Et puis il y a le problème de l'antisémitisme qui sévit et nécessite une attention particulière.

- Aujourd'hui, nous avons davantage d'anticorps?
- Avec le temps, ils ont augmenté. Mais le dialogue devrait chercher à contribuer à la lutte contre l'antisémitisme parce que c'est un phénomène qui se produit dans la sphère chrétienne. Donc, si ce dialogue est solide et sûr, il donnera une contribution gagnante pour le combattre.

14/10/2009

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L'analyse du blog Fides et Forma

Sur son blog Fides et Forma, l'italien Francesco Colafemina a écrit un long article assez polémique mais très argumenté sur cette visite "Quando il Papa va in Sinagoga" , que je ne peux pas traduire en entier mais que vous trouverez ici: fidesetforma.blogspot.com/...
En voici quelques passages, que j'ai traduits:
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Depuis 2005, nous avons vu Sa Sainteté Benoît XVI entrer dans plusieurs synagogues, visiter Auschwitz, Yad Vashem, rencontrer de nombreuses délégations juives depuis celle menée par les deux grands rabbins d'Israël, pour finir avec ceux du B'nai B'rith (...). Presque une semaine sur deux, le Saint-Père lance des avertissements sur la Shoa et l'Antisémitisme, pressé par un puissant appareil médiatique prêt à se servir en permanence de sa nationalité allemande comme d'une vraie condamnation. En bref, tout apparaît et est finalement conçu comme une exécution permanente par l'Église catholique d'actes de réparation envers le judaïsme.
...

Il est essentiel de poser une question: mais pourquoi, après tant d'années de visites du pape à la synagogue, ne pouvons-nous toujours pas voir un rabbin visiter une église catholique? Pourquoi devrait-ce être toujours le pape qui se rende la synagogue, suscitant l'admiration de la moitié du monde, tandis que les rabbins peuvent au plus être reçus dans le Palais apostolique, mais jamais à Saint-Pierre?
(...)
Pourquoi le Saint-Père doit-il être mis dans les conditions de réaffirmer constamment ses positions claires et connues sur l'Holocauste et l'antisémitisme?

S'il s'agissait d'établir une relation de respect mutuel entre les religions qui sont nées à partir d'une souche commune d'histoire, alors le critère devrait être celui du respect réciproque et non-ingérence. Mais ici, il fonctionne exactement en sens inverse: ingérence et univocité de la communauté juive marquent tout type d'action de la part des chrétiens ,et des catholiques en particulier. Et cela est un phénomène constant et évident, dont l'objectif est apparemment inconnu.
(..) de nombreuses associations et groupes de pression juif, soutiennent une réinterprétation du Nouveau Testament, afin qu'il soit débarrassé de certains passages anti-sémites (en particulier, selon eux, dans les lettres de saint Paul). C'est donc dans l'identité même de l'Eglise, "au cœur de toutes les Écritures" que le christianisme est mis en accusation.
En outre, l'absence d'une référence unique mondiale ou régionale du judaïsme, étant donné que ni l'islam ni le judaïsme ne reconnaissent une autorité suprême à qui rendre compte, est une question de grande dispersion de l'énergie catholique. Avec qui discuter et comment discuter deviennent des questions clés.

Malheureusement, il est clair que ce genre de dialogue est fondé sur une fausse prémisse. Comment dialoguer avec ceux qui contestent la racine même de «l'alliance nouvelle et éternelle»? Peut-être en faussant la vérité de la foi qui a été transmise au temps des Apôtres (qui - d'ailleurs - ont été tous des Juifs)?

A la dernière question, il n'est pas donné de réponse. Ce qui est certain, c'est qu'une fois encore, le Pape franchira le seuil d'une synagogue, avec des rituels parareligieux comme corollaires de la rencontre.
Il serait juste, pourtant, de réclamer à grands cris qu'un groupe serré de rabbins se rende chez le pape à Saint-Pierre pour assister à une Messe chantée. Une messe vaut plus que toutes les cérémonies et les dialogues de quatre sous qui sont brandis politiquement comme moyens de la réconciliation (sic) et du respect mutuel.

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Sept pianos anciens pour le Pape Le devoir de Pierre