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L'expérience du Père Scalese en Asie

L'Eglise n'est pas qu'en Europe, elle est vivante malgré les difficultés: tel est son message (5/12/2009)

Cela fait plusieurs jours que le Père Scalese ne met plus à jour son blog.
Il s'en est expliqué le 28 novembre dernier (ici).
Revenu en Italie après plusieurs années d'activité "missionnaire" en Inde et aux Philippines, il n'a tout simplement (momentanément, nous l'espérons!) plus le temps de mener de front ses engagements quotidiens, et son activité de blogueur. Un dilemne que je comprends très bien.

Voici le récit par lui de ces années passées loin de l'Europe.
Ce qui est intéressant, c'est de réaliser à quel point nous (européens) ne sommes pas seuls, combien nos problèmes sont petits, les récriminations de certains, dérisoires, et combien malgré tout, ainsi que le Saint-Père ne cesse de le répéter, l'Eglise est vivante. Simplement, il nous faut admettre que son poumon spirituel n'est plus chez nous.
Et son avenir non plus, hélas.


http://querculanus.blogspot.com/2009/11/di-ritorno-dallasia.html

Mardi 17 Novembre
De retour d'Asie
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Je vous avais dit que j'avais terminé mon expérience missionnaire en Asie et que j'étais de retour en Italie.
Je voudrais brièvement vous raconter cette expérience, car elle pourrait être intéressante.
Peut-être que l'appeler «missionnaire» est un peu excessif: la raison pour laquelle je suis allé en Asie est principalement la formation de nos candidats à la vie religieuse. Surtout pour des raisons de communication (et aussi pour d'autres raisons dont je vais vous parler), on ne pouvait guère faire plus.

Comme vous le savez, j'ai passé cinq ans aux Philippines, à deux reprises: de 2003 à 2005 et puis de 2006 à 2009.
Les Philippines, à strictement parler, ne sont pas une "terre de mission", étant un pays (le seul en Asie!) majoritairement catholique, mais les prêtres étrangers sont couramment (et même légalement) considérés comme des «missionnaires». Je suis allé aux Philippines quand j'étais assistant général de l'Ordre, pour y ouvrir notre séminaire de théologie. Comme beaucoup d'autres institutions religieuses, notre congrégation s'est elle aussi installée aux Philippines (cette année marque le vingtième anniversaire de la fondation) pour pallier à la pénurie de vocations. Le Seigneur nous a béni avec une abondance de séminaristes. Pendant plusieurs années, ceux-ci, après le noviciat chez eux, venaient en Italie pour y étudier la théologie, mais à un certain moment, nous avons réalisé qu'il était préférable de faire toute la formation dans leur pays (la même chose a été faite pour les Latino-Américains et les Africains). Ainsi, en 2003, il a été décidé de mettre en place un nouveau centre d'études en théologie, le "Saint Paul Scholasticate" à Tagaytay, une ville située dans un lieu enchanteur, à environ cinquante kilomètres au sud de Manille. En l'absence de personnel disponible, je me suis transféré sur place pour la réalisation du projet: ouverture du séminaire dans une maison louée aux "Verbiti", achat de terrains, construction du nouveau Centre. Lorsque la nouvelle structure a été achevée, quelques jours après son inauguration, le Père général m'a rappelé à Rome pour la préparation du Chapitre général (2006). Après le Chapitre, redevenu «citoyen privé», on m'a demandé de retourner aux Philippines et de reprendre la direction du centre d'études, et je suis resté là jusqu'en avril de cette année. Actuellement, il est dirigé par des pères Philippins et compte plus de vingt étudiants théologiens (auxquels il faut ajouter une douzaine de novices et une quarantaine d'aspirants).

L'expérience des Philippines a été très belle; je n'ai eu aucun mal pour m'adapter. Les Philippines sont un environnement très accueillant, où on se sent à l'aise. Les Philippins, vous les connaissez: ce sont des gens sensibles, respectueux, gentils et affables. Et puis, ils sont catholiques, avec un fort sens de la religion (qui peut-être menace parfois de verser dans la superstition). Ils ont un grand respect pour l'Eglise et, en particulier, pour les prêtres. Ce respect se refléte également dans les lois qui sont particulièrement favorables à l'Eglise. Les Philippines sont un pays laïc, mais une laïcité positive, totalement étrangère aux courants anticléricaux en Europe. Le seul problème pour nous autres missionnaires est celui de la langue: l'anglais, tout en étant une des langue officielles, n'est parlée que par une "élite", pour communiquer avec les gens il nous faudrait étudier les langues locales (qui, heureusement, ne sont pas difficiles), mais je n'ai pas eu assez de temps pour le faire (bien que j'ai célèbré la messe en tagalog).

Cette année, le Père Général m'a demandé de me transférer en Inde, où, dans l'intervalle (il y a deux ans), la Congrégation a ouvert une nouvelle fondation.
Mon prédécesseur avait été contraint de quitter le pays, accusé de prosélytisme. Jusqu'à présent, je n'avais pas révélé ma résidence, afin d'éviter que se répéte la même aventure; qui en fait s'est répétée pour moi aussi; à l'expiration de mon visa (touristique) de six mois, j'ai dû quitter le pays. Maintenant, il y a là-bas un prêtre indien avec une douzaine de séminaristes (en plus de quatre indiens effectuant leur noviciat aux Philippines). Notre fondation est à Bangalore, la capitale de l'État de Karnataka dans le sud du pays. Bangalore est une grande ville, un centre mondial de l'informatique. Elle est considérée comme une sorte de "Vatican" en Inde, car il y a un peu toutes les institutions religieuses; mais dans l'état, les chrétiens sont une minorité négligeable, et souvent persécutés; de temps à autre, un prêtre est tué, souvent les églises sont profanées; les étrangers sont maintenus sous contrôle. Il y a au pouvoir un parti fondamentaliste hindou, le BJP (alors qu'au niveau national, c'est le Parti du Congrès de Sonia Gandhi qui gouverne).

L'expérience, dans ce type d'environnement n'a pas été facile: en tant que "touriste" je ne pouvais rien faire, ils auraient voulu qe je ne fasse même pas cours aux séminaristes (chez nous!) ni même que je prêche pendant la messe. Pourtant, l'expérience a été très importante pour moi parce que c'était la première fois que je vivais dans un pays non-chrétien. Et là, j'ai pu constater la vitalité de l'Eglise et la force du christianisme. Et il me semble comprendre que c'est justement ce qui provoque la réaction anti-chrétienne: ils ont peur que le christianisme ne prenne le dessus. Et ils ont raison d'avoir peur, car je suis convaincu que, tôt ou tard, l'Inde deviendra un pays chrétien: il y a de nombreux hindous et musulmans qui ne se convertissent pas pour des raisons d'opportunité, mais qui sont profondément convaincus de la vérité du christianisme (pour vous faire une idée, regardez cette nouvelles l'autre jour sur AsiaNews *).
A Bangalore, il y a le plus important sanctuaire marial, la Basilique Sainte-Marie, qui trône au milieu du quartier musulman, et elle est fréquentée par tous: chrétiens, hindous et musulmans. Tous ont un grand respect et une grande dévotion envers la Madonne. Dans le Nord il y a des Etats qui deviennent complétement chrétiens. Vous comprenez que tout cela crée des frictions entre les fondamentalistes, qui veulent que l'Inde soit un pays hindou (il ne l'a jamais été, ayant toujours été multi-ethnique et multi-religieux, comme le voulait Gandhi; mais le partage avec le Pakistan a créé l'idée que celui-ci devrait être un Etat islamique et l'Inde un pays hindou).

Bien entendu, l'Eglise indienne a aussi ses propres problèmes: avant tout, les divisions entre les différents rites (latin, malabarais et malankarais), les différentes langues (à Bangalore, le diocèse veut que nous utilisions la langue locale, le kannada; mais la plupart des catholiques sont tamouls, avec d'importantes minorités de malayalee dans le Kerala; et l'archevêque lui-même parle le Konkani, la langue de Goa, vous pouvez imaginer le chaos!) et les différentes castes (qui existent encore officiellement dans certains États).
Pourtant, malgré les difficultés, l'Église est forte et en croissance: de là, on a la preuve manifeste que la vitalité de l'Eglise ne dépend pas de nos efforts humains, mais de la grâce de Dieu

A présent, je retourne à mes activités habituelles, mais avec une conscience plus vive de l'universalité de l'Eglise, qui m'aide à redimensionner nos petits problèmes quotidiens et à les aborder sous un jour totalement nouveau.

 


Note

Le Père Scalese renvoyait à un article du site Asia News du 14 novembre dernier, lui même reprenant un article plus ancien du même site, que j'ai choisi de traduire de préférence.
http://www.asianews.it/...


20/10/2009
Khrist Bhakta: En Inde, des dizaines de milliers d'hindous attirés par le Christ
(Nirmala Carvalho)
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L'histoire du mouvement animé par des prêtres de la Indian Missionary Society, a Varanasi, la capitale spirituelle de l'Inde hindoue:
Le Père Anil Dev: les gens sont fascinés par la relation avec un Dieu vivant et personnel qui aime, et qui ne demande pas à être remercié.

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Ils sont près de 30.000, hindous et musulmans de différentes castes sociales, tous unis dans la dévotion à Jésus. C'est le mouvement Khrist Bhakta basé à Varanasi, la ville sainte de l'Inde hindouiste, grâce à l'œuvre d'évangélisation dans le nord du pays des prêtres de Indian Missionary Society (IMS).
L'histoire de ces "adeptes (dévots) de Jésus", traduction littérale du nom hindou du mouvement, a attiré et fasciné les 1500 participants du Congrès missionnaire de l'Eglise indienne qui vient de s'achever. C'est le Père Anil Dev prêtre IMS qui fait le compte-rendu. Depuis 17 ans, il vit dans le Matridham ashram de Varanasi, le centre du Khrist Bhakta, et il raconte son expérience comme missionnaire en Inde, parmi les adeptes de Jésus

- Comment le Khrist Bhakta est-il né?
- Le mouvement est le résultat de satsangs, rencontres de prière d'environ deux heures, organisés pour la première fois en Novembre 93 par des fidèles chrétiens parmi les populations tribales. Aujourd'hui, le dimanche, il y a au moins 4000 participants, et le mouvement implique près de 30.000 personnes qui sont beaucoup plus que le nombre total de catholiques dans le diocèse. La plupart des membres de Khrist bhakta viennent à nous dans un état d'oppression sociale et spirituelle, beaucoup souffrent d'un état de quasi-esclavage dicté par le système patriarcal. Notre mouvement est d'abord un mouvement de libération spirituelle. La rencontre avec l'Evangile conduit à un changement dans leur vie, une nouvelle identité, une culture de la prière et de fraternité qui les transforme, eux et la société dans laquelle ils vivent ».

- Pourtant, ces "adeptes de Jésus" restent dans leur foi. Pourquoi?
- L'Évangile est pour tous, pas seulement pour ceux qui demandent le baptême. Ces pauvres et analphabètes, comme aussi les personnes éduquées, viennent à nous pour enrichir leur vie avec les enseignements de Jésus: c'est aussii cela, évangéliser. Le Khrist Bhakta est un mouvement pour les non-chrétiens, et nous restons ouverts aux suggestions que nous donnera le Seigneur. Pour aujourd'hui, nous répétons les paroles de saint Paul aux Corinthiens: «Car le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l'Evangile ».

- Qu'est-ce qui attire ces «dévots»?
- Ils puisent leur inspiration dans la personne de Jésus et dans ses enseignements. Ils sont attirés par sa souffrance et son amour pour les pauvres. L'expérience de la prière commune, des invocations publiques ne fait pas partie de la tradition hindoue. Et cela leur donne un sentiment de libération et de bonheur. Beaucoup de «dévots» souffrent de formes d'oppression et d'ostracisme social. Le Khrist Bhakta est pour eux la possibilité d'entrer en contact direct avec un Dieu vivant et personnel. L'expérience d'un rapport libre, qui n'est pas marqué par la peur, avec un Père qui les aime sans condition, est l'exact opposé de celui avec avec les divinités qu'il faut remercier.

- Mais comment peut-on rester fascinés par l'Évangile sans conversion?
- Nous devons d'abord dire qu'il nous faut reconnaître que ce mouvement est une œuvre de l'Esprit Saint, qui a débuté, soutenu et guidé par lui seul. Deuxièmement, il convient de dire qu'en appréciant les valeurs de l'Evangile, les "dévots", avec le temps, commencent à adopter les enseignements de Jésus et également à les témoigner. Il faut dire que, jusqu'ici, seuls certains d'entre eux ont demandé le baptême.

- Avez-vous déjà reçu des menaces ou des attaques par des extrémistes hindous pour votre travail?
- Pourquoi le feraient-ils? Nous ne forçons personne à venir à nous. Nous communiquons librement l'enseignement de Jésus, il y a des gens qui viennent de villages et des villes avoisinantes et certains qui ont également parcouru de grandes distances pour participer aux satsangs. Ils retournent chez eux transformés, leur vie et leurs peines sont illuminées mais ils continuent à rester dans leur foi. Pourquoi quelqu'un devrait-il nous persécuter?

Nouvelle année liturgique, nouveau bâton pastoral. Le Louvre ne vaut pas une messe