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L'Eglise en Belgique à la dérive Official Papal Visit Website Fin de l'année sacerdotale Meurtre de Mgr Padovese Chypre, 4-6 juin Voyage au Portugal La lettre de Jeannine

La lettre de Jeannine (XIV - 1)

Une lettre en deux parties. Ici, le récit détaillé du voyage à Chypre (12/6/2010)

Des photos (très belles) illustrant les épisodes relatés par Jeannine se trouvent sur le site
Benedetto XVI forum, pages 94 les suivantes.


Notre Benoît XVI est revenu de Chypre.
Entre l'éditorialiste (cité par G. Leclerc ) qui ne voit en lui qu'un pape fictif et La Croix qui parle d' un pape modeste, je me demande ce que l'on attendait de ce Souverain Pontife qui partait, avec beaucoup de courage, pour un voyage peu facile, conforter dans leur foi tous les chrétiens et catholiques de cette petite île et qui vivent dans une véritable poudrière.
Quand comprendra-t-on que Benoît XVI ne fait pas tenir par ses services la comptabilité du nombre de personnes rencontrées et qu'il est sûrement bien plus à l'aise dans ce contexte aux dimensions humaines que dans les grandes messes océaniques dont il parlait dans la réponse faite à un prêtre en se référant au rassemblement de Lorette.

Dès l'arrivée sur le tarmac de l'aéroport de Paphos le décor était planté.
Tout était prévu mais dans la sobriété, le dépouillement. L'accueil était chaleureux, le Président de la République présent et veillant à ce qu'une traduction de son discours soit remise au Pape? N'aurait été la tenue blanche, le passager qui descendait la passerelle était une personne simple, parfaitement au courant du climat ambiant qui règne sur l'île, sachant ce qu'elle va dire et surtout bien décidée à ne pas se laisser entraîner dans une autre direction. Si certains esprits plus ou moins tordus espéraient que ce pape" gaffeur "allait leur offrir l'occasion de sortir la hache de guerre ils en ont été pour leurs frais. Dès le discours d'accueil Benoît XVI précise bien le but de son voyage : pèlerin pour encourager à être patient ,pour affermir dans la foi ceux qu'il vient visiter, pour œuvrer à la réalisation de l'unité de l'Eglise. C'est un père exigeant qui rencontre ses enfants mais vient apporter une parole de paix à tous. Nul aveuglement en lui, la situation est pénible, explosive, il le sait mais il croit de toutes ses forces, et Dieu sait qu'elles sont grandes, que l'amour sera vainqueur. A l'arrivée le vent soufflait fort et la calotte blanche de notre Benoît a été rangée dans sa poche. Il m'a semblé que le service d'ordre était très présent et sur le qui-vive.
Les présentations empreintes de simplicité se déroulaient dans une ambiance cordiale, spontanée. Notre Saint-Père, tout comme en Terre Sainte, a béni un olivier qui va être planté.

Au début de la célébration œcuménique, un couple avec enfants est présenté au Saint-Père et la magie du sourire est toujours présente. Les sœurs contemplatives sont sur place avec des visages radieux plus éloquents que des paroles. C'est le Pape qui est là, certes, mais cet homme qui porte une double casquette de chef d'état temporel et spirituel se présente comme un pasteur humble, toujours un peu décontenancé par tant de témoignages d'affection, de vénération, de reconnaissance, destinés à lui qui n'est que l'instrument, la bête de somme du Seigneur et qui ne demande rien d'autre. L'accueil est chaleureux, populaire, il était attendu avec espoir, joie et on le lui montre, même les "Benedetto" sont de la fête. Les religieuses offrent une croix.

Un religieux traduit les paroles du patriarche en italien pour le pape. L'accolade est chaleureuse entre Benoît XVI et Chrysostolmos II ; la méditation du Saint-Père est très applaudie et à la sortie les nombreuses personnes qui attendent dehors ont un visage heureux, comblé, Les mains se tendent pour le toucher, les visages heureux espèrent croiser son regard, son sourire, c'est très beau, émouvant.

Après une nuit passée à la nonciature dans la zone verte, dans un environnement que je qualifie de spartiate, le Saint-Père après un entretien privé avec le Président et son épouse, dans leur résidence,retrouve les autorités politiques et civiles sous une grande tente dans le grand jardin du Palais Présidentiel. Le Pape a dédicacé le Livre d'Or et l'on a pu voir un bref moment un magnifique bouquet très coloré. L'ambiance est musicale; des enfants jouent du violon à ravir et interprètent des airs traditionnels chypriotes. Benoît XVI et le Président écoutent,assis mais sur certains clichés notre Pape paraît lointain, fatigue, préoccupation; je ne sais mais la sérénité s'est un peu éloignée. Le morceau fort célèbre est le Canon de Pachelbel . Les paroles du pape sont très applaudies et les jeunes interprètent un nouveau morceau.
Benoît XVI apprécie et salue tous les musiciens qui lui offrent un cadeau; il se joint à eux pour la photo de groupe. Il n'oublie pas de féliciter la pianiste qui les a accompagnés; un moment de fraîcheur, de détente.

La rencontre avec la communauté catholique maronite revêt un caractère spécial car il se retrouve en famille dans le cadre de l'école élémentaire Saint-Maron. Ce sont les enfants qui l'accueillent, on les rapproche et Benoît se penche, caresse, embrasse, mais malheureusement on voit surtout des dos qui masquent notre Pape et c'est fort dommage car il prend le temps de s'attarder avec eux. Ils agitent des foulards blancs, tendent bras et mains pour être vus, pour exprimer leur joie.Une plaque commémorative va rappeler le passage du Saint-Père dans ce lieu. L'accueil est très chaleureux avec drapeaux agités, parapluies, cris joyeux , un véritable enthousiasme avec des fleurs jetées. Benoît XVI est très applaudi, souriant , heureux de rencontrer la communauté catholique et ses représentants. Il fait le genre de rencontre qu'il aime: comité restreint, contact rapproché avec les personnes présentes, enfants nombreux, enthousiastes et cela doit lui faire chaud au cœur. Il est très entouré, surveillé, protégé mais l'ensemble reste naturel, spontané. Pourtant le personnel de sécurité est plus qu'attentif, les têtes tournent sans arrêt, à l'affût du moindre signe qui peut paraître suspect, en dépit de tout cela notre Pape est là, très souriant, absorbé dans sa prise de contact avec ses enfants si loin géographiquement et qui pourtant lui manifestent une joie sincère, une réelle et bienveillante attention. Le discours du Pape est applaudi, il félicite les enfants pour la belle prestation de leur chorale, il reçoit des cadeaux : une peinture de la Vierge et une très belle icône de la Vierge Marie. Le commentateur de KTO signale la grande proximité entre le franciscain, la franciscaine et l'archevêque maronite présents. Des fidèles maronites de différentes générations viennent saluer le pape et l'on entend un chant en grec et arabe Un moment de détente est offert pal le spectacle des enfants des écoles maronites et latines qui a pour thème la vie des villages pendant les quatre saisons de l'année.

Peut-être cela le fait-il penser à sa Bavière natale, à la ferme dont il parle avec le pré, l'herbe, les arbres, les fleurs. C'est un spectacle original qui change agréablement des scènes trop classiques; la vie est là, simple et tranquille, un rêve!! Tout a été préparé avec soin, avec l'intention évidente de plaire et de faire comprendre ce qu'est la vie, l'âme de ce peuple. Les enfants sont adorables, les costumes des danseuses sont beaux, légers et la prestation est très applaudie.. On entend la si jolie voix de Sœur Keyrouz dans un chant destiné à la Vierge pour l'enterrement du Crucifié. Notre Pape applaudit beaucoup et lorsqu'il doit partir il se lève, salue avec un grand sourire, ses doigts jouent dans l'air et remercie des mains jointes ; la silhouette blanche disparaît en toute discrétion, un simple spectateur qui s'éloigne sans déranger.
L'atmosphère est familiale, une halte bienfaisante.

Merci pour les images de la brève rencontre avec le religieux musulman qui attendait notre Saint-Père assis sur banc; 89 ans et 83 ans, échange de petits cadeaux, deux esprits ouverts qui se croisent et vont prier l'un pour l'autre. Pendant quelques minutes tout était redevenu facile, j'ai aimé.

La visite de courtoisie à Sa béatitude Chrysostomos II nous remet dans l'esprit du voyage de Benoît XVI: Sa Béatitude est venue accueillir le Pape avec des fleurs et à sa voiture. Il faut noter parmi les quatre drapeaux de la façade celui du Vatican, c'est une rareté dans un archevêché orthodoxe (merci à KTO pour tous les détails).
Les échanges de paroles ont lieu dans la cathédrale, devant l'iconostase , le décor est riche, magnifique (trop pour moi) et Benoît regarde beaucoup. Un religieux orthodoxe qui parle italien veille sur le Saint-Père, le fait asseoir. Domenico Giani fait remettre une traduction, je pense, au Pape mais problème les lunettes n'ont pas suivi; heureusement il y a une religieuse qui traduit en italien. Les explications données en italien sur la cathédrale mettent en valeur la richesse du décor des murs et des icônes. Un documentaire de KTO datant de quelques années avait expliqué la fabrication de ces merveilles qui sont une prière incessante.

La messe dans l' église latine de la Sainte-Croix a permis d'entendre la très belle méditation de Benoît XVI sur la Croix, la valeur de la souffrance.

Il faisait très chaud dans ce petit édifice et parmi les personnes présentes beaucoup tentaient avec ce qui pouvait être un livret de faire un peu d'air. Notre Pape devait peiner sous tous les ornements qu'il portait, il s'essuyait le visage avec beaucoup de simplicité et il avait bien raison, dommage que le fait d'être pape ne vous mette pas à l'abri des inconvénients liés aux conditions climatiques. La chasuble rouge bordée d'une broderie or était magnifique. Benoît XVI a quitté le lieu sous les applaudissements.

La dernière journée de ce pèlerinage se déroule dans un climat très oriental mais notre Pape est à l'aise. Il embrasse les bébés qui lui sont tendus, une adorable petite poupée vêtue de rose et d'autres qu'un garde du corps prend avec soin et tend au Saint-Père. Est-ce une idée mais il me semble que le service d'ordre est plus détendu comme si, de cette foule joyeuse, ravie, il n'y avait rien à craindre. Ne pas oublier de noter que le Président de la République et son épouse sont présents une fois de plus; leurs conditions de vie très spéciales dans ce pays martyrisé ne les empêchent pas de connaître les règles du savoir-vivre et de les appliquer. La France pourrait tirer profit de ces exemples. Il y a des fidèles à l'extérieur pour écouter les paroles du Saint-Père qui parle d'abattre les barrières qui nous empêchent de rentrer dans la vie de l'Eglise, d'apprendre à partager les biens, à proclamer dans nos paroles la gloire du Christ. La remise de l'Instrumentum Laboris est un grand moment. Les familles avec enfants ont été à l'honneur et pour toutes le sourire de Benoît XVI représentait l'amour de Dieu qui se manifestait à travers ce père qui était venu voir et réconforter ses enfants. Le commentateur a noté que le geste de paix entre le Pape et Chrysostomos II est un signe d'unité. Notre Pape donne la communion. A la fin de la célébration Il est très applaudi et il y a une grande proximité avec les fidèles. Ils sont venus très nombreux, manifestent leur joie, leur reconnaissance pour cette visite, l'affectueux respect qu'ils portent à ce pape qui leur parle d'amour, de paix à rechercher, de patience.

Son discours n'est pas politique; ce n'est pas de l'ignorance de sa part mais il reste dans son domaine: le spirituel, persuadé qu'il est que l'amour sera vainqueur. Il ne craint rien pour lui, ce voyage en est une preuve supplémentaire. Sa profonde humilité est bien réelle et il est toujours étonné de toutes les marques de déférence, d'attention qui lui sont destinées. Ne serait la tenue fort reconnaissable c'est un visiteur ordinaire, rien de provocateur en lui mais de la douceur doublée de fermeté. Foi, sérénité, clarté dans les propos lui donnent un poids spirituel qui n'a pas besoin de grands gestes, de doigt vengeur pointé sur les fautifs pour faire passer le message. Benoît XVI n'est pas moraliste et j'apprécie. L'homme attire les foules sans artifices et n'en déplaise à un grand reporter ceux qui se déplacent pour le voir, l'entendre, qui viennent souvent de loin, ne sont pas là uniquement pour faire passer le temps. Par curiosité on peut rester à la périphérie et prendre une photo mais se griller sous un soleil de plomb pendant des heures, affronter aussi bien le mauvais temps, demande une autre motivation. Pourquoi toujours prendre un malin plaisir à dévaloriser,? c'est petit, mesquin.

Benoît XVI en blanc ou en tenue de pape avec mitre et bâton a le même visage, la même humilité. A Chypre, dans ce décor de guerre, avec des soldats de l'ONU surveillant tout et perchés aux endroits les plus variés dans des édifices délabrés par les combats on garde le même pontife heureux d'être présent, le pas vif, le sourire aux lèvres. Cet homme si décrié qui manque de flamboyance selon certains est doté d'un sacré courage. Il ne voyage pas pour faire du nombre, faire la une des grands médias. Que ce soit à l'Aquila, en Terre Sainte ou ici, dans un environnement plus que sommaire, il est aussi à l'aise, plus à l'aise même que dans les grandes parades qui parlent moins à son cœur de pasteur, de père et mettent à mal sa timidité.

J'ai failli oublier la visite à la cathédrale maronite avec beaucoup de monde et un grand enthousiasme.. Les applaudissements disent la joie des personnes présentes et Benoît XVI , sourire très détendu, reçoit cette joie et ce respect qui se traduit par sa main embrassée et front posé dessus (d'après ce que j'ai pu voir). Les patriarches étaient très souriants, leur joie visible et notre Pape a été couvert de cadeaux, signes du soin apporté à la préparation de sa visite. Je craignais que le Saint-Père se trouve isolé à cause du service d'ordre mais il a pu être présent à la foule sans pour autant que son encadrement soit négligé.

Cérémonie de départ très simple mais avec la présence du Président de la République qui donne un discours chaleureux avec joie, fierté, remerciements sincères. Notre Pape est très attentif et exprime sa gratitude pour l'accueil qui lui a été réservé.et qui l'a profondément touché. Comme à l'arrivée le vent joue avec la chevelure blanche et les pans de la ceinture blanche.

Un au revoir en haut de la passerelle et Rome va retrouver son Pape.Ces petites communautés ont fait pour l'accueil de ce visiteur de marque tout ce qu'il était possible de faire pour lui montrer qu'il était attendu avec joie, espérance,respect, sympathie; pour moi un voyage réussi. A une personne qui m'accusait d'être trop bienveillante à son égard j'ai rétorqué d'un ton sans appel : vous, vous n'écoutez que les médias qui le démolissent, essayez de juger par vous-même mais c'est peut-être trop vous demander.

Benoît XVI a regagné ses appartements; à l'audience il y avait 20000 personnes, et fidèle à ses habitudes il est revenu sur son pèlerinage.

La veillée de prière avec les prêtres a été un moment de bonheur.
Dans la nuit romaine Benoît XVI dans sa papamobile offrait un visage irradié de sérénité, de joie et d'émotion intense. La communion était palpable entre lui et ses prêtres . Il a fait le grand tour pour en saluer le plus grand nombre possible et a apprécié les longues manifestations d'enthousiasme, de joie, de confiance avant d'introduire la prière. Délaissant les papiers qu'il tenait dans ses mains il a repris ce rôle qu'il aime entre tous : écouter les questions et y répondre avec un vocabulaire direct, non formaté, peut-être surprenant mais qui parlait bien au cœur de son auditoire conquis. Il était beau de voir les visages soudain éclairés et qui lançaient à la face du monde leur joie d'être prêtre.
Cette année sacerdotale qui avait été accueillie avec dédain par certains : " une de plus après l'année Saint-Paul " apparaît comme une grande réussite. L'intuition de Benoît XVI en la lançant était prophétique et je suis ravie de voir que les intéressés ont apprécié. Ce pape dans son minimalisme (ce terme a été employé) est tout à fait capable de faire bouger les esprits, les imaginations car il est un puissant moteur pour stimuler les acteurs de la vie courante. Sans coup d'éclat il trace sa voie et fuyant la superficialité il s'attaque aux problèmes en profondeur; pour la popularité ce n'est pas indiqué mais pour obtenir des résultats à long terme c'est la bonne méthode. Si l'Eglise et donc lui rendent 80% des cathos déstabilisés, moi sa ligne bien droite et assurée me sécurise.
Tous les goûts sont dans la nature.

Le Saint-Père joue la partition... Zapatero chez le Pape