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La "carrière" épiscopale.

Un commentaire de Vittorio Messori à l'homélie de l'ordination épiscopale d'hier (13/9/2009)


L'homélie prononcée hier par le Saint-Père lors de la messe d'ordination de cinq nouveaux évêques, a pu être interprétée par certains commentateurs selon une grille polémique. Il se serait agi d'une "admonestation" (monito). Je ne dis pas forcément en France, car ce serait trop beau que la presse française commente les homélies du Pape, sinon pour y rechercher deux ou trois mots bien précis que je laisse mes lecteurs deviner.
Mais dans la presse italienne, même amicale, le ton était:
Il Papa: troppi vescovi lavorano solo per se stessi
("Le Pape: trop d'évêques travaillent pour eux-mêmes")
Il Papa e gli uomini di chiesa che lavorano per se stessi
("Le Pape et les hommes d'Eglise qui travaillent pour eux-mêmes")
Justement, qui étaient ces "trop d'évêques"?
Le Pape s'est exprimé dans un cadre général, à partir des écritures, citant Saint-Paul, et les évangiles.
Il a dit, c'est vrai: Nous savons comment les choses dans la société civile et, assez souvent, même dans l'église souffrent du fait que beaucoup de ceux auxquels une responsabilité a été confiée, travaillent pour eux et non pour la communauté.
Plutôt qu'un "avertissement", de toutes façons très étranger à son caractère, ne s'agit-il pas d'un enseignement?
En tout cas, il ne visait pas particulièrement les évêques européens, et pour cause: socialement, ils sont devenus des parias, tout justes tolérés (ce qui n'a évidemment aucun rapport avec les réserves qu'ils pourraient nous inspirer par ailleurs...).

Voici les explications de Vittorio Messori, quelqu'un qui aime l'Eglise et qui est soucieux de ne pas "rajouter de l'huile sur le feu".
Un exemple à suivre.

Article en italien ici: http://www.et-et.it/articoli/...



C'est un rappel pour les évêques du Tiers-Monde
Giacomo Galeazzi
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- Vittorio Messori, (..) à qui s'adresse la mise en garde de Benoît XVI contre la carrière épiscopale?

"Je le dis avec un sourire un peu amer: dans l'Occident sécularisé, il n'y a plus guère besoin d'exorter les évêques à ne pas privilégier leurs intérêts. Désormais, ce sont presque des parias.
En France, en Espagne, en Hollande, en Belgique, ils ne comptent plus pour rien, et sont même considérés avec beaucoup de méfiance, ou pire ignorés comme des survivants à tolérer. Sous Zapatero, on fait tout pour ne pas les inviter à des occasions officielles, en France, c'est même interdit par la loi et la situation est la même ailleurs. Le problème de se servir de l'Eglise au lieu de la servir peut concerner aujourd'hui, selon moi, en particulier l'Afrique et l'Amérique latine, où le statut du prêtre, et surtout de l'évêque, est un rêve pour de nombreux jeunes pauvres locaux, qui pour cette raison aussi, remplissent les séminaires. L'Evêque dans le Tiers-Monde, où la religiosité est intense et les autorités civiles discréditées, est souvent encore au sommet de l'échelle sociale. Je dirais presque comme dans l'Europe de l'Ancien Régime ».

- Et en Italie?

"Le problème pour les évêques, plus qu'en Italie (où la présence cléricale est élevée, mais le pouvoir effectif faible), mais surtout dans le reste de l'Occident, n'est pas de faire carrière mais de survivre. Dans l'Europe centrale et septentrionale, de nombreux diocèses fusionnent, car on n'est plus en mesure de les gérer par manque de clergé. Dans ces conditions, quel poids social pourraient-ils avoir, et de quelles paillettes pourraient-ils se parer? Peut-être que les préoccupations du Pape sont ailleurs. "

- Où?

«Dans la culture du Tiers Monde, la personne en charge d'autorité, le chef -comme l'est un évêque - doit être entouré d'épouses et d'enfants. Le célibat n'est pas considérée comme une vertu, mais comme un manque, qui enlève tout prestige. Dans son réalisme, dans de nombreux pays en particulier d'Afrique mais aussi d'Amérique du Sud et centrale, il semble que l'Eglise tolère des situations qui chez nous seraient inacceptables. C'est la vieille théorie du moindre mal: vaut-il mieux un clergé pas impeccable ou un troupeau à l'abandon, avec des communautés ecclésiales en plein désarroi et plus de guides? Peut-être est-ce là aussi une des raisons pour lesquelles en Afrique, christianisée par les sacrifices héroïques des missionnaires du XIXe siècle, dans de nombreuses régions, le Coran est en train de remplacer l'Évangile. Et l'une des raisons pour lesquelles l'Amérique latine est en passe de devenir un Continent ex-catholique, où l'avancée des sectes protestantes est impressionnant. Imans et pasteurs n'ont pas le problème du célibat. Quoi qu'il en soit, permettez-moi de faire une mise au point, peut-être à contre-courant.

- Je vous en prie ...

«Ceux qui connaissent l'histoire de l'Église savent que l'épreuve sanglante et terrible de la Révolution française n'a pas été inutile. Les papes qui se sont succédés depuis la chute de Napoléon jusqu'à nous, forment une chaîne d'hommes de Dieu d'une grande dignité, culture et engagement, beaucoup sont déjà saints et bienheureux, et d'autres le seront dans le futur. Et aussi de nombreux cardinaux et de nombreux évêques.
L'exhortation de Benoît XVI se réfère à l'Evangile et aux Lettres de Paul et, par conséquent, s'applique à tous les âges. Mais elle valait surtout pour l'Eglise d'avant la révolution, où les évêques justement, tous nobles, pensaient souvent avant tout à leur prestige et à leur famille. Contrairement à d'autres institutions, la hiérarchie catholique n'a pas décliné avec le temps. Et même, la qualité est bien meilleure.
Et qu'on ne se trompe pas sur les histoires d'homosexualité du clergé, en particulier en Amérique du Nord: le dérèglement est ici dû à la soumission de cette Eglise aux thèses du "politiquement correct", aux portes des couvents et des séminaires grandes ouvertes à tout le monde au nom de la «non discrimination».
Toutefois, ces faits ont vu beaucoup de représentants religieux et de prêtres impliqués, mais seulement très peu de représentants de la hiérarchie. "

© La Stampa

Audience du Pape aux artistes (2) Le clergé français en 1789