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Le traité de Lisbonne

Nous avions chargé l'Irlande d'un fardeau trop lourd... Mais le prophète Isaïe nous dit: "Dans la conversion et dans le calme est votre salut, dans l'abandon confiant réside votre force".
Une réflexion du Père Scalese (5/10/2009).

Article en italien ici: http://querculanus.blogspot.com/....
Ma traduction.



A force, le «oui» a fini par l'emporter en Irlande.
Il fallait s'y attendre. Curieusement, personne n'en parle. Peut-être par déception. L'an dernier, après le «non», ce fut un festival en Europe. Cette année, on a presque l'impression que les Irlandais nous ont trahis, alors nous préférons les ignorer. Les pauvres!

Personnellement, je ne peux pas porter un jugement sur eux. Probablement les avions-nous chargé d'une trop grande responsabilité: sauver l'Europe du traité de Lisbonne. Ce que nous n'avons pas été capables de faire (pouquoi n'avons-nous pas exigé un référendum de nos dirigeants?), nous voulions qu'eux le fassent, une nation qui ne représente que 1% de la population européenne...[ndt: le Père Scalese parle de l'Italie... mais le vote de la France en mai 2005, où le "non" l'avait largement emporté, prouve que le référendum n'est pas une panacée].

Qu'est-ce qui a fait changé d'avis aux irlandais en seulement un an? Eh bien, tout d'abord je pense que la campagne en faveur du «oui» a été massive: les Evêques sont descendus sur le terrain, et même... Ryanair!
Comme on peut le voir ici , derrière l'intervention des évêques , il y avait la garantie que l'adhésion au Traité de Lisbonne ne modifierait en aucune façon la législation irlandaise de défense de la vie (l'avortement est illégal en Irlande). Mais je pense que, au-delà des idéaux en question (même s'ils ont pesé), ce qui a convaincu les Irlandais de voter "oui" a été la récession économique dans laquelle leur pays est récemment tombé. La perspective d'être marginalisés par le reste de l'Europe doit avoir effrayé les Irlandais.

Pour comprendre cette réaction, il convient de souligner que l'Irlande, jusqu'à il y a quelques années, a été l'un des pays les plus pauvres du continent. Au milieu du XIXème siècle il y a eu la Grande Famine, qui a provoqué l'émigration vers l'Amérique. La faim est restée comme un traumatisme, imprimé dans la conscience populaire. L'entrée de l'Irlande en Europe a entraîné un saut qualitatif inespéré: ceux qui vont en Irlande aujourd'hui, voient un pays moderne, riche et ordonné. Une grande partie des réalisations ont été rendues possibles par les fonds européens, qui, contrairement à l'Italie, ont été effectivement utilisés pour le développement du pays.
On peut donc réaliser à quel point le cauchemar de la pauvreté peut avoir joué en cette occasion.

Le seul espoir pour les opposants au traité de Lisbonne, s'accroche désormais à la Pologne et à la République tchèque, qui n'ont pas encore ratifié le traité. Je ne leur accorderai une confiance excessive: le «pouvoir de persuasion» (lire: le «chantage») de la bureaucratie européenne n'aura pas grand mal à convaincre ces pays de procéder à la ratification.
À moins que la récente visite du Pape à Prague n'ait ranimé la flamme de la fierté nationale dans le coeur du peuple tchèque ...

Que dire de la position de l'épiscopat irlandais? Comme je l'ai dit, il a reçu l'assurance que la loi nationale sur l'avortement ne changerait pas (espérons-le!).
Mais, au-delà de ce problème spécifique, certes important, se pose le problème plus général de la valeur du traité lui-même.
Bien sûr, il n'est pas facile de donner un avis, simplement parce qu'il est illisible. Mais c'est précisément cette illisibilité qui justifie les pires soupçons.
Il y a quelques jours, Paolo Barnard (*) a publié une étude sur le traité, qui donne beaucoup à réfléchir. La lecture de cet article peut être utile pour comprendre quels sont les risques que nous allons rencontrer. Les évêques ne sont-ils pas conscients de ces dangers? Probablement que si, mais il n'est pas de leur devoir d'entrer dans des questions purement politiques. Peut-être - c'est mon avis - justement pour cette raison, auraient-ils mieux fait de ne pas s'exprimer non plus en faveur du traité.
Quoi qu'il en soit, je pense que cette attitude d'appréhension sans excès est dictée par l'expérience pluriséculaire de l'Église: à travers l'histoire, elle a subi bien pire, mais elle a toujours réussi non seulement à survivre mais aussi à s'acquitter tant bien que mal de sa mission. Vous voulez que le traité de Lisbonne soit pire que les persécutions et les totalitarismes qui, au fil des siècles, ont cru pouvoir détruire l'Église, sans jamais y parvenir? Certes, quelque chose (mais quoi?) va changer dans notre vie: cela signifie que nous nous adapterons.
Je lisais aujourd'hui dans le prophète Isaïe: "Dans la conversion et dans le calme est votre salut, dans l'abandon confiant réside votre force" (30:15).

(*) L'article auquel le Père Scalese fait allusion, signé d'un journaliste italien indépendant, ayant collaboré à la "grande" presse, est ici: http://www.paolobarnard.info/i... .
Il est passionnant, mais très long.
Je vais peut-être me lancer dans une traduction progressive et au moins partielle, simplement parce que pratiquement personne ne sait vraiment ce que contient le traité de Lisbonne. Personnellement, j'avoue mon ignorance totale.
L'article apporte des réponses.

Prix Nobel de la paix La semaine du Pape (4-10 octobre)