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Un médiocre livre contre le Pape (II)

Echantillon de mauvaise foi, qui discrédite définitivement la prétendue thèse défendue par l'auteur: l'épisode de la Sapienza (18/10/2009)

Voir ici: Un médiocre livre contre le Pape

Décidément, je ne lâche pas le morceau.
Il me paraît important de répliquer avec des arguments solides, faute de quoi on passe pour des bénit-oui-oui qui ont décidé une fois pour toutes que tout ce que disait le Pape était de l'or, et tout ce que disait ses ennemis de la vulgaire pacotille. Et qui n'ont rien à leur opposer.
Or, ce n'est pas cela du tout: le livre dévoile bel et bien le visage hideux du mensonge.


Echantillon:
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J'ouvre le lire absolument au hasard, page 154, et je tombe sur une relation de l'épisode dit de la Sapienza, en janvier 2008. C'est donc lui que j'ai choisi de développer.
Je crois que cela en vaut la peine: 1° au cas où l'auteur du livre me lirait; 2° pour convaincre mes autres lecteurs.

Avec un culot qui dépasse l'imagination, les faits y sont tout simplement inversés.

L'affaire montée de toutes pièces par l'extrême gauche italienne avait été abondamment détaillée dans ces pages.
Pour empêcher le Saint-Père, lui-même universitaire de tout premier plan, de se rendre à La Sapienza, et pour qu'on ne puisse pas parler de censure, une phrase avait été extraite d'une conférence donnée par le cardinal Ratzinger à Parme en 1990 (en somme, Ratisbonne-bis), lui attribuant les affirmations provocatrices d'un philosophe agnostique et libertaire, Feyerabend, à propos de l'affaire Galilée, selon lesquelles à l'occasion du procés fait au savant, l'Eglise était davantage restée attachée à la raison que l'accusé.
Les doctes chercheurs (i.e. les professeurs contestataires) s'étaient basés, pour leur attaque, sur les données de Wikipedia et de Google, mais ils avaient "oublié" de vérifier sur le texte original, pourtant publié en 1992.
Ils auraient pu s'apercevoir que le futur Pape ne faisait nullement siens les propos du philosophe.
Pauvre université italienne, concluait à l'époque Tornielli, quelle déchéance: "professori, professoroni, professorini", tous incapables de vérifier une citation! (voir ici: i prof censurano il Papa senza averlo letto)

Pour faire court, je renvoie à cet article de Sandro Magister, qui fait un tour à peu près complet de la question, et que personne ne peut soupçonner d'incompétence. C'est LE vaticaniste.
Et voici la mise au point du professeur Giorgio Israel cité dans son article, lui-même professeur d'histoire des mathématiques à la Sapienza.
Je crois qu'il est extrêmement important de lire l'exposition des faits par cet intellectuel juif, mathématicien réputé:

La lettre contre cette visite qu'a signée un groupe de professeurs de physique est elle aussi inspirée par un sentiment d'aversion envers la personne même du pape, présenté comme un ennemi acharné de Galilée.

Ils reprochent au pape d'avoir repris – lors d'une conférence qui avait justement eu lieu à "La Sapienza" le 15 février 1990 (cf. J. Ratzinger, "Wendezeit für Europa? Diagnosen und Prognosen zur Lage von Kirche und Welt", Einsiedeln-Freiburg, Johannes Verlag, 1991, pp. 59 et 71) – cette phrase du philosophe des sciences Paul Feyerabend: "A l'époque de Galilée, l'Eglise est restée beaucoup plus fidèle à la raison que Galilée lui-même. Le procès contre Galilée a été raisonnable et juste".

Ils n'ont pas cependant cru bon de lire dans son intégralité et avec attention ce discours de celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger. Le sujet en était la crise de la foi dans la science en elle-même et l'auteur avait pris comme exemple le changement d'attitude sur l'affaire Galilée. Si, au XVIIIe siècle, Galilée est le symbole de l'obscurantisme moyenâgeux de l'Eglise, ce n'est plus le cas au XXe siècle, où l'on estime que Galilée n'avait pas fourni de preuves convaincantes du système héliocentrique. Au point d'en arriver à l'affirmation de Feyerabend – défini par Ratzinger comme un "philosophe agnostique-sceptique" – et à celle de Carl Friedrich von Weizsäcker qui va même jusqu'à établir un lien direct entre Galilée et la bombe atomique.

Le cardinal Ratzinger n'a pas utilisé ces citations pour prendre une revanche ou improviser des justifications. "Ce serait absurdedit-il d'édifier une défense hâtive sur la base de ces affirmations. La foi ne grandit pas par le ressentiment et le refus de la rationalité".
Les citations ont plutôt été choisies pour montrer à quel point "le doute de la modernité à propos d'elle-même a atteint aujourd'hui la science et la technique".
En d'autres termes, le discours de 1990 peut bien être considéré – par celui qui le lit avec un minimum d'attention – comme une défense de la rationalité galiléenne contre le scepticisme et le relativisme de la culture postmoderne.
Du reste, quiconque connaît un tant soit peu les récentes interventions de Benoît XVI sur ce sujet sait à quel point ce dernier a de l'"admiration" pour la célèbre affirmation de Galilée selon laquelle le livre de la nature est écrit dans un langage mathématique.

Comment des universitaires ont-ils pu en arriver là? Un enseignant devrait considérer comme un échec professionnel le fait d'avoir donné un pareil exemple de lecture inattentive, superficielle et lacunaire, qui aboutit à une véritable déformation.

Et voici comment Bernard Violet rapporte les faits:

En janvier 2008, [Benoît XVI] est fermement déclaré persona non grata à l'université de Rome.

Tout commence par une invitation que le président de l'université romaine la Sapienza lance à Benoît XVI à l'automne précédent.
Le recteur se dit honoré d'y recevoir le pape à l'occasion de la sept-cent-cinquième année académique prévue à la mi janvier suivante. Une première dans l'histoire de cette université réputée, l'une des plus anciennes en Europe et la seule en Italie à figurer dans le classement des meilleurs établissements au monde.
La réponse de Benoît XVI ne se fait d'ailleurs pas attendre : il sera présent et se fendra même d'un discours, ou plutôt d'une « réflexion » adressée à l'élite intellectuelle du pays.
Du moins le croit-il, puisque des protestations se font déjà entendre. En l'occurrence, celles d'une soixantaine de professeurs qui, dans une « lettre critique » au président de leur université, fustigent son « incongrue » et « déconcertante » initiative. Parmi les signataires, des physiciens et des chercheurs de renom qui, tous, exigent l'annulation pure et simple de la visite papale, considérée comme une « incroyable violation de la tradition d'autonomie des universités », symboles de « la laïcité de la science et de la culture », lieux ouverts « aux professeurs et aux étudiants de toutes croyances et idéologies ».
Les mêmes de rappeler aussi à l'ancien « grand inquisiteur » Ratzinger comment, dans un discours prononcé à Parme en mars 1990, il avait martelé que le procès du Saint-Office contre Galilée, considéré comme le père de l'observation astronomique et de la physique moderne, « fut raisonnable et juste ».
Manque de chance pour le maître du Vatican : la statue de Galilée trône à l'entrée même de la faculté de physique, dont le directeur, le professeur Giancarlo Ruocco, fut l'un des premiers à juger « dangereuse » l'ingérence de l'Église catholique dans les affaires d'une université résolument laïque.
Devant une telle levée de boucliers, Benoît XVI ne peut guère faire autrement que d'annuler sa venue à la Sorbonne italienne.
À la satisfaction d'une majorité de ses enseignants et étudiants (ndr: eh non! Magister parle d'une poignée de professeurs, 67 sur 4500, et de quelques dizaines d'étudiants, sur un total de 135.000 !!!).
Mais aussi au grand dam de Radio Vatican évoquant « la censure » dont le pape est la victime. Même son de cloche, si on ose dire, du côté de la présidence de la République italienne dont le représentant en chef tient à assurer celui-ci de ses « vifs et sincères regrets ». Des sentiments partagés par bon nombre de parlementaires de Forza Italia de Berlusconi qui déplorent avec véhémence « l'échec brutal » de cette rencontre entre la foi chrétienne et une culture non
chrétienne.


"Manque de chance" pour Bernard Violet aussi: il recopie ces "professori, professoroni, professorini" dont se moque Andrea Tornielli.
Certes, il s'agit de vulgarisation.
Mais à ce point, c'est aussi de la malhonnêteté.
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Je pourrais faire la même chose pour chaque chapitre, vraiment. Je n'ai pas de temps à perdre, et le livre n'en vaut certainement pas la peine. J'ai simplement voulu prouver que c'était possible, et que j'avais les éléments à disposition.
Quand on écrit n'importe quoi, comme BV, il est bon de savoir qu'il y aura quelques personnes qui s'en apercevront, et qui pourront témoigner.

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