Le rocher de l'immigration
... contre lequel se brise la faiblesse moderne. Il y a la voix (et la voie) de Benoît XVI. Une belle réflexion de Bruno Mastroianni (4/12/2009)
Rien n'est plus agaçant que la volonté par certains de s'approprier la voix du Pape (en s'appuyant généralement sur les déclarations de tel ou tel membre de la Curie, et toujours dans le même sens), et de l'instrumentaliser au profit d'idéologies sans doute étrangères à sa nature, et de toutes façons éloignées de ses intentions.
La liste serait longue. Encore tout récemment, on a pu lire "Le Vatican" (ou le Pape...) soutient les immigrés sans papier".
On voit bien où les auteurs veulent en venir.
C'est plus complexe que cela. Lorsque j'ai posé la question au Père Scalese, il m'a répondu (Eglise et immigration ):
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"l'Eglise [..] a le droit - et le devoir - de donner aux fidèles des orientations à suivre, en s'inspirant des principes moraux (ceux-là bel et bien immuables), et en tenant compte des situations particulières dans lesquelles nous vivons".
Puis:
Ce n'est pas seulement son droit mais il est de son devoir de prendre position sur le sujet, non pour faire de la «politique» (il est évident que ce n'est pas le rôle de l'Eglise d'apporter des solutions techniques au problème), mais pour rappeler les principes moraux qui doivent nous guider dans la découverte de ces des solutions techniques et, surtout, pour indiquer ce que devraient être l'attitude de fond, les dispositions intérieures avec laquelle nous devons nous attaquer au problème.
Et surtout:
"le bon sens me porte à croire qu'il [le Saint-Père] ne s'attend certainement pas à nous voir résoudre des problèmes plus grands que nous: les politiques n'y arrivent pas, devrions-nous réussir?
Je pense que la seule chose que le Pape attend des chrétiens est, en fait, une attitude d'"ouverture" envers les immigrés".
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Il me semble que cette belle réflexion de Bruno Mastroianni va bien dans ce sens...
Texte ici: http://brunomastroianni.blogspot.com/
Ma traduction.
Sur le roc l'immigration la faiblesse moderne vient se briser
Bruno Mastorianni
3 décembre
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L'immigration est un problème beaucoup plus profond qu'une simple coexistence pacifique entre les peuples.
Devant le problème, habituellement, deux options contraires s'affrontent: celle sentimentale, pour qui l'immigré est un pauvre qui doit être accepté tel quel; et celle rigoriste, pour qui il est toujours une menace dont il faut se défendre. Les premiers ouvrent les frontières et ferment les yeux sur les difficultés qui surgissent à l'intérieur. Les seconds ferment les portes, et s'en lavent les mains. Les deux, en fait, éludent le problème. Même si, dans les nuances de positions intermédiaires, le débat se poursuit entre les deux pôles.
Pourtant, une troisième voie existe. Celle indiquée par Benoît XVI dans Caritas in veritate et réaffirmé dans un récent discours lors de la Journée des migrants. Celle qui, soucieuse de sauvegarder les droits de ceux qui arrivent comme de ceux qui reçoivent, sait s'ouvrir à l'accueil, sans oublier que la partie se joue au niveau international dans la lutte contre la pauvreté et l'injustice qui exige un effort de tous. Il s'agit d'une perspective ambitieuse, car elle sait aller à l'essentiel: migrants ou hôtes, pauvres ou riches, nous sommes tous des personnes.
L'immigration est comme un rocher sur lequel se brise la faiblesse de la culture dominante: quand il n'y a pas de vision unifiée et unifiante de la destinée humaine, l'alternative qui reste est entre le choc des civilisations qui divise, ou la rencontre émotionnelle qui n'unit pas.
Le Pape au contraire invite à aller plus loin. Comme il l'a dit lors de l'Angelus de dimanche dernier: riches ou pauvres, en voie de développement ou économiquement avancés, "nous sommes tous sur une même barque et nous devons nous sauver tous ensemble."
