Visite à la Caritas de Rome
et la bouleversante adresse au Saint-Père d'une femme qui y est hébergée. Images, video. (14/2/2010)
Magnifique video grâce au site ami "Gattorusso" http://benedictxvi.tv/ , dont les mots manquent pour rendre grâce à sa qualité.
Ce matin, le Pape a rendu visite à "l'Ostello Don Luigi di Liegro", de la Caritas diocésaine de Rome (le Secours Catholique), à la Stazione Termini (l'immense gare centrale de Rome). Un centre d'hébergement d'urgence, et de soins aux pauvres, auquel, on l'apprenait en suivant le direct de KTO, la municipalité de Rome, et son très ratzingérien maire Gianni Alemanno (présent ce matin), apporte son soutien.
Parmi les saluts prototocolaires qui lui ont été adressés, il y a eu celui d'une femme. Elle était très émue, et très émouvante. Difficile, pour nous, français, qui suivions le direct sur KTO (ou cela m'a échappé) de savoir de qui il s'agissait: elle a été présentée de façon visiblement erronée comme la directrice du Centre.
Son bouleversant discours figure sur le site de la Caritas de Roma : Giovanna Contaldo, en fait hôte de la structure.
Tandis qu'elle parlait, la réalisation a fait un plan serré sur le visage du Saint-Père. Il était très ému, lui aussi, et après la remise du cadeau (le crucifix partiellement épargné des ruines d'Onno, le village des Abbruzzes dévasté par le tremblement de terre), il l'a serrée dans ses bras.
Sainteté,
les mots de ce salut ne sont pas les miens, mais les nôtres.
Dans cette bienvenue filiale, Très Saint Père, ma voix donne la parole à tous ces visages et surtout à ces âmes qui étaient ici, à l'Ostello, pour un moment ou pour une longue période.
J'ai depuis longtemps la mémoire de ce lieu: il m'arrive souvent de penser à tous ceux qui, dans ces années ont été ici, beaucoup d'entre eux ne sont plus avec nous, mais ils ne nous ont pas quitté pour toujours. Nous avons besoin de le croire, avec toutes nos forces.
Il y avait celui qui était toujours isolé et seul, qui peignait des tableaux et nous communiquait des émotions, celui qui n'avait d'autres talents que de savoir comment entrer dans notre cœur et ne jamais le quitter. Moi-même, quand j'ai connu l'Ostello, j'étais différente: mon histoire m'avait changée et là j'ai changé de nouveau. Changé au point de recevoir la confiance et la grâce d'être en mesure de m'adresser à vous.
Je voudrais donner un sens à ce salut: Sainteté, nous vous demandons de résister aux peines du monde, de vous rappeler que si nous vous demandons de prier pour nous, c'est parce que nous vous prommettons de prier pour vous, afin que Dieu vous donne la force d'être serein et fort et rempli d'espérance comme nous le sommes. Ici vous trouverez la douleur, certes, mais si, sur le chemin du retour, vous pouvez emportez une seule chose, je vous en prie, que ce soit l'espérance.
Sainteté, nous avons eu l'idée de vous offrir le Christ de l'Eglise de Saint-Pierre d'Onna [ndt: le très beau crucifix ancien a été offert au Saint-Père, qui s'en est approché, et l'a baisé, c'était un moment très intense. Pour autant que j'ai pu voir, les membres en ont été brisés lors du tremblement de terre, mais la partie supérieure est intacte], le pays le plus petit et le plus martyrisé lors du tremblement de terre des Abruzzes. Il a vu le village tomber sous la fureur du tremblement de terre et il s'est à nouveau offert lui-même comme projet de rédemption, comme certitude de renaissance. Sur cette croix, brisée par le tremblement de terre, il y a la douleur de ceux d'entre nous qui habitons l'Ostello, le peuple des Abruzzes, les enfants d'Haïti, le déchirant martyre des pères et des mères qui, dans la mort de leurs enfants renouvellent chaque fois la douleur de Marie. Douleurs inexpliquées, lancinantes, mais pas désespérée. La Croix restaurée dont nous vous faisons don n'est donc pas l'image de la souffrance, mais l'attente de l'aube et de la rédemption.
Il est difficile, Saint-Père, de prononcer des mots dignes face à votre immense sagesse; acceptez donc l'humilité d'un cœur simple et l'amour qu'il peut contenir. Portez avec vous l'exhortation à conduire ce troupeau, parfois si perdu, si insuffisant, si inadapté.
Mais un troupeau qui est pourtant votre troupeau et qui repose sa confiance dans votre direction. Et quand les jours de pluie alternent avec les jours de soleil, ne pensez pas à nous, mais "aussi" à nous, qui ne cessons de vous envoyer nos salutations fraternelles, notre amour filial et le sens profond d'un pain rompu et partagé.