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Crucifiez l'Eglise!

Magnifique texte du Père Mansour Labaki, sur France catholique (1er/5/2010)

http://www.france-catholique.fr/Crucifiez-la.html

Notice biographique

Prêtre maronite, ordonné à Beyrouth le 26 mars 1966, poète et compositeur, directeur de la revue mensuelle chrétienne Al Rahiyyah, directeur de la rédaction de la revue trimestrielle, Al Foussoul ou Les Saisons Libanaises, auteur de Hymmal Book- «Cedars of Lebanon» -regroupant tout le patrimoine liturgique maronite en langue syriaque, arabe et anglaise, le Père Mansour Labaky a également donné de nombreuses conférences aux Etats-Unis et en Europe sur le problème libanais (Source).
Recherchant des information sur son nom, j'ai trouvé cette recension d'un livre qu'il a écrit: L'enfant du Liban.
La notice de l'éditeur donne envie de le lire...

Le texte qui suit est si beau et lumineux, que je me permets de le citer en entier.
Les soulignements sont de moi.

Crucifiez-la !
par le Père Mansour Labaky

vendredi 30 avril 2010
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Jamais l’Eglise n’a été autant malmenée par les médias. Je suis membre et fils de cette Eglise. Je me sens donc concerné. Je suis solidaire d’elle en tout. Je suis si fier de la manière avec laquelle notre Saint-Père le Pape a fait face en bon et vrai berger. L’intérêt de cet acharnement médiatique est qu’il permet à chacun d’avoir un regard objectif sur tout ce qui s’écrit et de se forger une opinion claire et vraie sur l’Eglise en tant qu’épouse mystique du Christ et en tant qu’institution humaine.

Il est vrai que ce que certains prêtres pédophiles ont commis, est non seulement affreux, infâme, humiliant et impardonnable, mais est un crime contre l’enfance. Même le Christ, qui nous exhorte à pardonner à nos ennemis, ne trouve pas de circonstances atténuantes à ceux qui scandalisent « l’un de ces petits ». Il va même jusqu’à exiger qu’on les jette au fond de la mer, une meule accrochée au cou. Je n’ai donc pas la prétention d’être plus clément que la Clémence personnifiée.

Mais, sans jouer les Tartuffe, et en toute honnêteté et humilité, essayons de réfléchir sur quelques points qui pourraient nous aider à être objectifs dans nos jugements et à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain :

- La société est formée de gens bien portants et de gens malades, d’où le besoin d’hôpitaux et de médecins. Les prêtres font partie de la société, et parmi eux, il y a aussi des malades qui doivent se faire soigner. La pédophilie est une maladie, comme le cancer, qui a besoin d’être soignée. Les prêtres pédophiles ne le sont pas devenus après avoir été ordonnés, ils portaient ce mal avant. L’Eglise sera désormais plus prudente dans le discernement des vocations et évitera - autant que faire se peut - les déviances.

- Il est établi que sur 410 000 prêtres, un peu moins d’un millier a fait l’objet d’accusation, soit moins d’un pour cent de l’ensemble. Alors que dans d’autres groupes religieux, familial, éducatif, sportif ou politique, la proportion varie de 32 à 64 pour cent des cas de pédophilie. De quoi donner le vertige. Sans compter le tourisme sexuel organisé au su et au vu des gouvernements et des familles. Sans compter aussi les enfants qu’on envoie au combat, ou les enfants jetés sur les chemins de nulle part, ou ceux aux aurores saccagées… Qui leur a tendu la main ? Les statistiques vous diront que seules les congrégations religieuses sont sur tous les fronts où l’enfance est meurtrie. Mais leur travail est si discret, si persévérant, si oblatif qu’il ne fait pas la une des journaux. Le Prix Nobel de la Paix a quand même été décerné à une représentante de cette charité universelle : Mère Teresa.

Pour les chrétiens, un seul est apparu sur terre sans péché, c’est le Christ. Même les saints sont des pécheurs qui se relèvent. Avec le Christ, le pécheur peut devenir ou redevenir un champion de la sainteté. Les saints et les saintes comme Paul, Pierre, Marie-Madeleine, François d’Assise, Ignace de Loyola, Charles de Foucauld, le sont devenus car ils ont été transformés par la grâce du Christ et leur volonté conjuguées. Ils sont des millions à avoir donné au monde une espérance, un sens à la vie, un regard lumineux et un amour qui guérit.

- La vie terrestre de Jésus n’a pas été épargnée par les « flagellations » morales et physiques. Hérode, Caïphe, Ponce Pilate, les pharisiens, les scribes, quelques parents proches, et même un apôtre : Judas. La masse populaire qui, pourtant, avait bien joui de ses bienfaits, a fini sous la pression morale et politique des chefs religieux et civils, par crier : « crucifiez-le ! ».

Et avant de monter au Ciel, alors qu’il envoyait ses apôtres porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre, la persécution contre la jeune Eglise commençait. Gamaliel, le pharisien sage et pieux, avait beau leur dire : « Laissez-les tranquilles. Si leur œuvre est de Dieu, elle durera malgré nous. Si elle est des hommes, elle ne tardera pas à s’effondrer. » Rien à faire. La persécution commença contre la jeune Eglise du Christ. Et Saint Etienne en fut la première victime et le premier martyr.

- L’Eglise du Christ considère qu’il est injuste qu’elle ne subisse pas le même sort que son Maître. Les persécutions commencées à Rome, durent jusqu’à nos jours sous des formes diverses. Le sang des martyrs des trois premiers siècles a été la semence des chrétiens. A l’endroit même où les tyrans firent verser ce sang, se trouvent érigées la Basilique Saint-Pierre et celle du Latran. Sur la Place Navona où fut martyrisée la petite Agnès, est édifiée l’une des plus belles églises du monde dédiée à la sainte, et elle ne désemplit pas de visiteurs qui se convertissent.

- Après l’épreuve du sang, il y eut les épreuves des schismes et des hérésies qui ont atteint le cœur même de l’Eglise. S’ensuivirent les attaques de la Renaissance, puis de la philosophie athée des Lumières. Alors, aujourd’hui ? Rien de nouveau sous le soleil : la même hargne, les mêmes railleries, le même sarcasme. Seuls les lieux, les dates et les noms changent.

Pourquoi en fait cet acharnement contre le pape ? Simplement parce qu’il dérange et bouscule, exactement comme le Christ. Il est dans le monde sans être du monde, donc le monde le hait. Le Christ ne se trompe pas et ne nous trompe pas : « Comme on m’a persécuté, ils vous persécuteront ».

Benoît XVI est pour la vie : contre la culture de mort, contre l’avortement, contre l’euthanasie. Le nombre de catholiques continue à augmenter sous son pontificat. Il ne se plie pas aux desiderata d’un monde qui veut faire de l’Eglise une sorte de « salad bar », comme disait feu le cardinal O’Connor. Un buffet où chacun choisit le plat de son goût. Le pape ne fait pas de « soldes » sur la foi ou les mœurs. Il n’est pas libre de le faire. Le Christ lui a confié le dogme de la foi dont il est dépositaire. Le pape ne peut donc l’altérer ou le transformer pour faire plaisir, pour être dans le vent ou augmenter le nombre d’adhérents.

Aux détracteurs de l’Eglise, à l’affût de la moindre faille pour la discréditer en criant comme Voltaire « écrasons l’infâme ! », je pose naïvement ces questions :

- Si la robe de ma mère est tachée, dois-je renier ma mère ou nettoyer la tache ?
- Si l’air est vicié quelque part, suis-je condamné à ne plus respirer ?
- Si dans un groupe quelqu’un en buvant de l’eau, avale de travers, dois-je ne plus servir d’eau aux autres ?
- Si dans un pays quelqu’un commet un crime, cela devrait-il pousser le peuple à demander la démission du chef de l’Etat ?
- Judas a vendu Jésus. Devons-nous nous acharner contre Jésus ?
- Le mal fait plus de bruit que le bien. On entend bien un arbre qui tombe, mais la forêt qui pousse en silence, l’entendez-vous ?
- L’eau existe bien depuis des millions d’années, n’y a-t-il pas toujours des gens sales ?
- L’odeur nauséabonde s’échappant de l’égout d’une rue devrait-elle faire oublier les senteurs des jardins de cette même rue ?

Jésus a promis de nous sauver de la noyade, comme il a sauvé Pierre, à condition que nos regards soient dirigés vers Lui et non pas vers nous-mêmes. Non, la barque de Pierre, malgré tous les vents contraires, ne sombrera pas. Elle restera secouée par les tempêtes tout en maintenant le cap, mais les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle. Tel est le parcours de tout chrétien : être passager à bord d’une barque sans cesse ballottée par une mer agitée.

Il y a des pécheurs dans l’Eglise, bien sûr. Si chacun se regardait en vérité, il verrait que dans son cœur sont entremêlés à la fois le bon grain et l’ivraie. En chacun de nous sommeille un grand pécheur capable de toutes les turpitudes et un grand saint capable d’être selon le cœur de Dieu. Me vient à fleur de mémoire, ce dialogue entre Saint François de Sales et l’un de ses amis qui lui disait :

« François, Untel dit beaucoup de mal de toi…
- Ah, s’il me connaissait autant que Dieu me connaît, il en dirait bien davantage ! »

C’est à chacun de choisir, sachant que le secours de Dieu - la Grâce - ne manque jamais à celui qui en fait la demande. C’est comme la fontaine prête à étancher notre soif, à condition d’avancer vers elle et de tendre notre jarre. Dans les liturgies orientales, à l’élévation des offrandes, le prêtre dit : « les choses saintes sont données aux saints, dans la pureté, la perfection et la sainteté ». Pour les yeux purs, tout est pur. Mais, pour celui qui a la jaunisse tout est jaune.

Permettez-moi de faire de ma conclusion une promesse de prière :
- pour les victimes, afin que justice leur soit rendue ;
- pour les coupables et les auteurs du scandale : ils font aussi partie du corps de l’Eglise puisqu’ils sont baptisés comme d’ailleurs l’étaient certains grands criminels de l’Histoire : Hitler, Lénine, Staline. Un Père de l’Eglise a dit d’elle qu’elle est tout à la fois sainte et pécheresse ;
- pour les journalistes, afin qu’ils n’aient que le souci de la seule vérité et le courage de la proclamer. Ils devraient, de par leur mission, leur éthique et leur dignité, se montrer d’une objectivité exemplaire et dire le nombre des prétendues victimes qui se sont rétractées en avouant qu’elles avaient agi pour l’argent, poussées par des « cercles » qui ont adopté comme devise la formule avec laquelle on a tué l’Innocent, un certain Vendredi Saint à 15h00 : « Nous ne voulons pas qu’Il règne sur nous. Crucifiez-le ». Je n’oublie pas le visage du Cardinal Bernardin, archevêque de Chicago, quand il a été accusé d’avoir eu des gestes suggestifs envers un ancien séminariste. Il a fallu que se déclare subitement un cancer dans le corps de ce saint cardinal, pour que jaillissent le repentir et l’aveu public de l’accusateur en larmes étalant toute la manipulation dont il avait été l’objet, et demandant pardon à l’homme d’Eglise.

- J’élève aussi et surtout des prières d’action de grâce et de reconnaissance, en cette année dédiée au Saint Curé d’Ars, patron de tous les prêtres du monde, pour tous les saints sans lesquels nous n’aurions jamais pu goûter au Ciel sur la terre. Je pense nommément à ceux qui ont donné à l’Europe son âme et sa culture : les saints Benoît, Thomas d’Aquin, François d’Assise, Dominique, Bonaventure, Antoine de Padoue, Ignace de Loyola, Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, Vincent de Paul, François de Sales, Thérèse de Lisieux, Bernadette, le Curé d’Ars…

Que serait le monde sans les millions de prêtres qui ont été fidèles jusqu’à l’extrême du don ? Si les prêtres devaient aujourd’hui démissionner à cause du péché de quelques-uns de leurs frères, les 11 apôtres auraient dû tout envoyer promener à cause de la trahison de Judas ! Pourtant, même parmi ceux qui ont l’Eglise en aversion, certains pourraient avoir besoin, dans un ultime sursaut leur rappelant la foi de leur enfance ou tel le bon larron saisi par la grâce au seuil du dernier voyage, de faire appel à un prêtre pour l’assister lors de son passage vers l’autre rive. Le prêtre, qui qu’il soit, est seul, en effet, à pouvoir lever un coin du voile qui nous cache le Ciel. Il nous permet de choisir la certitude malgré le mystère au lieu de l’absurde. Merci, très Saint-Père, de nous montrer, tout en charité et en douceur, le chemin de la victoire du bien sur le mal, et de rester, envers et contre tout, le garant de la vérité, de la justice, de l’humilité, et de l’espérance qui est la vertu des forts.

Saint-Thomas Lettre ouverte à Hans Kung, par G. Weigel (I)