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Mgr Romero, un saint?

Carlota a traduit un article passionnant du blog espagnol religionenlibertad.com, qui explique que, quels que soient les mérites de l'évêque martyr, les choses ne sont pas si simples. Et un texte de 1985, du cardinal Ratzinger, à propos de la théologie de la libération (5/2/2010)

Carlota apporte des précisions à l'article sur la béatification éventuelle de Mgr Romero (La cause de béatification de Mgr Romero ).
Comme toujours, les choses sont beaucoup plus complexes que ce que certains voudraient nous faire croire.
Nous sommes ici très loin de l'alternative binaire du médiatiquement correct, d'un côté les gentils révolutionnaires qui combattent pour le Peuple, de l'autre les méchants riches qui les exploitent et lèvent des milices pour protéger leurs honteuses prébendes.
Appeler Mgr Romero, "l'évêque des pauvres assassiné par les escadrons de la mort", c'est peut-être réducteur.

Carlota m'écrit:
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"Certains disent que c'est l'assassinat du prêtre (le Père Rutilio Grande, jésuite qui menait une action pastorale dans la ligne de la Théologie de la Libération, assassiné le 12 mars 1977 à Aguilares http://fr.wikipedia.org/wiki/Rutilio_Grande ) curé d’Aguilares qui a commencé à faire réfléchir l'archevêque. Dans une guerre civile rien n'est simple; et comment les catholiques et les prêtres normalement pacifiques auraient-ils pu imaginer cette violence qui allaient leur tomber dessus et qui allaient les attaquer y compris de l'intérieur. C'est tragique. Ils étaient bien seuls...
Mais bien sûr pas si clair que cela pour une béatification... même si St Pierre a renié le Christ trois fois et a fini néanmoins crucifié."
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Elle a traduit un très long mais néanmoins passionnant article du blog espagnol www.religionenlibertad.com, écrit par un religieux du diocèse de Madrid, le père Alberto Royo Mejía.
Il est difficile à élaguer, car la situation chaotique du Salvador en cette fin de la décennie 70, s'achevant avec l'assassinat de Mgr Romero, le 24 mars 1980 exige d'être replacée dans son contexte de violence.
Disons pour simplifier (j'espère avoir bien compris) que Mgr Romero était une personnalité bonne, mais influençable, qui s'est retrouvé dramatiquement seul pour faire face à une situation de violence, et que le secteur le plus progressiste du clergé salvadorien, les activistes de la "Théologie de la Libération", ont tenté de le mettre sous leur coupe, voyant en sa nomination "une conjoncture propice pour une véritable instrumentalisation de l’Église catholique au profit de la cause communiste".
C'est sans doute ce que le Saint-Père (*) voulait dire en répondant au journaliste, dans l'avion qui l'emmenait vers le Brésil (La cause de béatification de Mgr Romero )
L'article se termine par le récit très émouvant des dernières heures de l'évêque martyre, et de sa mort.

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Texte de Carlota

Mgr Romero

Image sur Wikipedia



Voici un Texte du père Alberto Royo Mejía du diocèse de Madrid, il collabore au site espagnol particulièrement complet et intéressant http://www.historiadelaiglesia.org qui aborde comme son nom l’indique de nombreux faits de l’histoire de l’Église Catholique, souvent bien peu connus voire déformés, et anime sur http://www.religionenlibertad.com , un blog sur « l’église catholique dans le monde ».

J'ai déjà traduit ici un de ses textes sur la théologie de la libération.


Il présente cette fois Monseigneur Óscar Arnulfo Romero y Galdámez (1917-1980) qui fut entre 1977 et 1980 archevêque de San Salvador, capitale du Salvador, pays d’Amérique Centrale de la côte Pacifique, un peu plus petit que la Normandie mais avec le double d’habitants, un climat tropical et de nombreux volcans ! Depuis son indépendance du royaume d’Espagne en 1821, le Salvador a connu une instabilité politique presque chronique. La période 1970-80 a été particulièrement terrible entre régime de droite tentant d’empêcher la montée du marxisme, coup d’état manqué, forces armées marxistes et guérillas. Le texte ci-dessous donne plus que froid dans le dos.

À le lire on comprend que c’est vraiment l’une des grandes sagesses de l’Église de prendre son temps.
À noter que la statue de Mgr Romero figure à côté de celle de Martin Luther King, dans la galerie des martyrs du XXème siècle dans l’Abbaye de Westminster (Londres) devenue de culte anglican depuis Henri VIII d’Angleterre. C’est bien sûr pour l’anecdote car car s’il fallait mettre en statue tous catholiques persécutés du XIXème siècle il y en aurait plus que les soldats de terre cuite de l’empereur chinois Qin.

Article du P.Alberto:
http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=6812%20
Traduction Carlota

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S'ils me tuent...

je ressusciterai dans le peuple Salvadorien.


« 30 ans après, Monseigneur Romero est toujours un grand inconnu »

par le P. Alberto Royo Mejía –
1er février 2010
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À en croire quelques media, il semblerait que les évêques salvadoriens s’impatientent et disent que l’Église a oublié le martyre de Monseigneur Romero. En réalité, il n’en est rien, ni du côté des évêques de ce pays, et encore moins du côté du Saint Siège, où s’étudie avec le plus grand soin la cause de béatification de l’archevêque.
Bien sûr que les évêques ont écrit une lettre, mais c’est normal, puisque à la date anniversaire de sa mort survenue il y a trente ans, la lettre où ils expriment leur désir de voir rapidement porter à l’Autel l’archevêque, est une façon de commémorer cet anniversaire. La lettre est une preuve d’affection fraternelle envers le prélat assassiné et c’est quelque chose d’habituel dans ce genre d’anniversaire. D’autre part, le Saint Siège prend le temps qu’il convient, ni plus ni moins. Beaucoup plus de temps a été pris pour Pie XII ou Charles de Foucault et personne n’a pensé qu’il s’agit de saints oubliés. On sait bien que les affaires de palais vont lentement.

Mais l’anniversaire nous donne l’occasion de réfléchir sur la figure de Mgr Romero, enveloppée comme peu d’autres dans une auréole médiatique pas toujours exacte.
Assassiné sans doute pour avoir proclamé la vérité incommode, ce sera le Saint Siège qui devra déterminer si l’aujourd’hui Serviteur de Dieu, Monseigneur Óscar Arnulfo Romero peut être appelé martyr dans le sens théologico - canonique du terme, et comme tel, mérite la gloire de l’Autel, en laissant de côté l’opinion déjà connue des journalistes, politiques, sociologues et même théologiens, qui au final devront se soumettre au jugement d’autorité de l’Église, quand elle se prononcera.
En vérité, à ce niveau du procès, qui va lentement non pas par manque d’intérêt par la faute de Rome, mais parce que son délai de traitement en phase diocésaine s’est allongé énormément, - nous ne pouvons pas savoir ce qui se passera au final et à quelle conclusion arriveront les experts de Rome.

Ce que nous savons bien par contre c’est que la vraie figure de Mgr Romero est beaucoup plus riche et complexe à juger que beaucoup veulent nous faire croire, en le présentant comme le paladin de la révolution en faveur des pauvres et des déshérités. De son amour pour les pauvres et les déshérités, il n’y a pas de doute, comme cela devrait être le cas de tous les ministres du Christ. Il en est de même pour son amour de l’Église et sa dévotion à la Vierge, mais de sa ferveur révolutionnaire nous pouvons nourrir de nombreux doutes…

Le 8 février 1977 il fut nommé archevêque de San Salvador, étant jusqu’alors évêque du diocèse de Santiago de Maria. Sa nomination fut saluée par le secteur le plus progressiste du clergé salvadorien, non parce qu’il était de cette tendance, mais parce que parmi les autres postulants, Romero apparaissait le plus facile à convaincre quoiqu’en des occasions qui n’étaient pas rares il avait critiqué le compromis politique du clergé. Il semble que le 22 février il prit possession de l’archevêché et du 24 au 28 février 1977 Monseigneur Romero s’enferma avec un groupe de prêtres dans le séminaire San José de la Montaña. Il fut complètement isolé, et même pour qu’il ne soit pas permis de lui parler, on mit une religieuse à la porterie du Séminaire. … Durant ces jours ils lui décortiquèrent la situation du pays à travers le prisme de l’analyse marxiste.

Ils découvrirent la faille psychologique et personnelle de Monseigneur Romero, à savoir qu’il était un homme bon et manipulable. Les prêtres du “Groupe” s’offrirent comme soutiens dans la direction pastorale de l’archidiocèse. Le premier mars, Monseigneur Romero déclara que sa ligne de conduite pastorale serait celle de Medellín (ndt: ligne de la théologie de la libération) et qu’il se solidarisait avec la ligne pastorale du Groupe des prêtres qui, dans cette ligne, réalisaient une pastorale « libératrice », nonobstant le fait que ce groupe l’avait empêché de prendre possession de l’archidiocèse dans la cathédrale. Jusqu’à ce moment Monseigneur Romero s’était toujours manifesté contre la ligne pastorale de Medellín. Il déclara également qu’il n’aurait aucune relation avec le Gouvernement (ndt sous la Présidence du général Molina de 1972 à 1977), pour protester contre le massacre qui avait eu lieu à 10h30 de la nuit du jour précédent, 28 février. À cette occasion étaient apparues les Ligues Populaires du 28 février (LP-28), groupe armé communiste. Ce même jour sortit le premier Bulletin du Bureau de Presse de l’archevêque de San Salvador.

L'assassinat d'un prêtre
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Le 12 mars de la même année à 17h30 le Père Rutilio Grande, (jésuite qui menait une action pastorale dans la ligne de la Théologie de la Libération http://fr.wikipedia.org/wiki/Rutilio_Grande) curé d’Aguilares, fut assassiné avec ceux qui participaient au service, Manuel Solórzano, 62 ans et Nelson Rutilio Lemus, 15 ans. Durant la messe d’inhumation du Père Rutilio Grande, à laquelle assistaient tout l’épiscopat, et à la grande surprise et stupeur de tous les évêques, Monseigneur Romero affirma dans l’homélie funèbre qu’il appuyait la ligne d’action pastorale du Père Grande comme la ligne authentique pastorale de l’Église. Le dimanche 20 mars Mgr Romero décréta la suspension de la célébration de la messe dans toutes les églises et les aumôneries et convoqua à une messe unique contre le sentiment de la Nonciature.

Les curés révolutionnaires ont commencé à travailler fébrilement dans l’archevêché après la prise de sa charge par Mgr Romero, chose inouïe, du jamais vu jusque là dans le pays. Fréquemment on voyait les jésuites dans les bureaux de l’archevêché (..) Le père Rafael Moreno, docteur en marxisme, était le chef des relations publiques de l’archevêché. Le magistère parallèle maniait également toutes les informations de l’archevêché, la radio YSAX fut aux mains du père Angel María Pedrosa. Certains parlent même d’un véritable lavage de cerveau de l’évêque par les prêtres marxistes.

À la question qu’on aurait faite à l’un d’entre eux, « Pourquoi les prêtres révolutionnaires collaboraient si activement à l’archevêché de San Salvador ? », il fut répondu : « épauler ce pauvre homme qui ne savait que faire dans ce diocèse à un moment si difficile, et en voyant ce que l’UCA (ndt Université Centre Amérique, fondée en 1965 par les jésuites. Considérée comme « l’Université de la théologie de la libération » par ses contradicteurs) pouvait faire pour l’archevêché ». Toujours selon la même source, Monseigneur Romero était guidé par l’équipe de poids composée de ces prêtres et par les têtes pensantes de l’UCA.

Différentes personnes invitèrent Mgr Romero chez elles pour l’aider à réfléchir sur la possibilité d’éviter qu’ils se servent de lui comme instrument de leurs propres objectifs, comme quelques faits l’avaient démontré. Au début, Mgr Romero se montra reconnaissant et intéressé par ladite aide. Mais quelqu’un se proposa de l’écarter des dites réunions mensuelles.

Le père belge Pierre Declercq réunit dans sa cité de Zacamil, des ex-religieuses qui laissèrent ou furent expulsées de leurs Congrégations respectives pour différents motifs, auxquels s’ajoutèrent quelques jeunes femmes activistes de la révolution communiste et c’est ainsi que fut fondée une nouvelle congrégation de religieuses. Ainsi naquit la Congrégation des Sœurs de l’Église Populaire, de la “Nouvelle Église”. Ces religieuses, avec croix de bois sur la poitrine, apparurent dans différents bureaux de l’archevêché. L’une d’entre elles fut la secrétaire privée de Mgr Romero, une autre chargée des archives de l’archevêché.

Le “ triomphalisme” qu’on avait critiqué et combattu des mois avant dans le travail pastoral de l’Église, renaissait alors autour de la personne de Mgr Oscar Arnulfo Romero, en qui le Groupe de Réflexion Pastorale ou Église Populaire, comme on l’appellera plus tard, rencontra une conjoncture propice pour une véritable instrumentalisation de l’Église catholique au profit de la cause communiste. L’Église Populaire accula Mgr Romero, en lui fournissant l’orientation, les conseils et la mise en oeuvre de l’action pastorale.

Le 14 février 1978 l’université de Georgetown aux EU octroya à Mgr Romero le doctorat honoris causa. Le 7 décembre 1978 Mgr Romero fut proposé comme candidat pour le prix Nobel de la paix par 118 membres du parlement britannique. Plus tard l’Université de Louvain, en Belgique, lui octroya le doctorat honoris causa.

Un groupe de militaires réussirent à mêler Mgr. Romero dans le projet de coup d’état (ndt contre le général Carlos Humbert Romero, président en 1977, renversé en 1979) parce qu’ils ne leur convenaient pas d’avoir contre eux l’archevêque de San Salvador. Le 15 octobre1979 eut lieu le coup d’état. […] S’installa une junte révolutionnaire […]

(…)

Le pape Paul VI appela l’archevêque Óscar Arnulfo Romero pour être directement informé du travail pastoral de l’archevêque afin de lui donner des recommandations et des indications au cas par cas pour éviter des maux ultérieurs. Après la mort de Jean-Paul 1er, Jean-Paul II appela également à Rome l’archevêque et la rencontre avec le nouveau Pape impressionna beaucoup le prélat salvadorien.

Le dimanche suivant son retour de Rome l’archevêque signala les injustices et les excès des groupes marxistes-léninistes. La riposte, à l’intérieur de l’archevêché, fut immédiate. Le jour suivant, le lundi, les prêtres de l’Église Populaire et les religieuses de la « Nouvelle Église » qui travaillaient dans les bureaux de l’archevêché, dans l’édifice du séminaire Saint Joseph de la Montagne, abandonnèrent leurs postes en signe de protestation. Mgr Romero avoua la chose dans une homélie le dimanche suivant à la cathédrale : « Ils m’ont laissé tout seul ».

Monseigneur Romero avait trahi les groupes communistes et la cause marxiste-léniniste, mais en voyant le danger, il voulut regagner les bonnes grâces des groupes communistes en revenant dans son homélie des dimanches suivants, au système de dénonciation du gouvernement, en omettant les injustices communistes ou en les signalant de façon atténuée. Les personnels de l’archevêché qui avaient abandonné leurs bureaux reprirent leurs postes de travail. Les relations entre les groupes marxistes-léninistes, FPL (Front Populaire de Libération), ... FAL (Forces Armées de Libération) avec l’archevêque se firent, avec des hauts et des bas, toujours plus tendues.

Au mois de février 1980 Mgr Romero écrivit une lettre au président du secrétariat de l’épiscopat de l’Amérique Centrale (SEDAD) lui demandant de publier un document de soutien le concernant car il était tombé dans une situation difficile de laquelle il ne pouvait pas sortir. Le service de renseignement du Gouvernement (ANSEAL) lui avait fait savoir qu’il avait eu connaissance du danger mortel qu’il courrait. Dans l’homélie dominicale du 23 mars 1980 il invita et il ordonna aux soldats et agents de sécurité qu’ils n’obéissent pas à l’ordre de combattre, en leur demandant et en exigeant d’eux qu’ils ne tuent plus de frères salvadoriens.

Mgr Fernando Sáenz qui devint ensuite archevêque du Salvador et successeur de Mgr Romero, alors vicaire délégué de l’Opus Dei dans ce pays, l’invitait régulièrement à partager des instants communs avec des prêtres, réunions qu’organisait chaque mois la Société Sacerdotale de la Sainte Croix. L’archevêque qui fut toujours très près de cette méritante institution de l’Église, accourrait avec plaisir à ces réunion, où peut-être il pouvait s’exprimer comme il état en réalité. […]

Voici la description que fait Mgr Sáenz du 24 mars 1980.
Le dernier jour de Mgr. Romero: “Vers 10h30 ce jour-là je m’en fus le chercher aux bureaux de l’archevêché qui étaient situées alors dans l’actuel siège du Séminaire Mineur. Je l’ai salué et il m’a dit qu’il venait de recevoir un document sur la formation des séminaristes, le cours dit Propédeutique. Il désirait que nous profitions de la rencontre entre prêtres pour étudier et commenter le document. Nous partîmes en voiture jusqu’à la plage de San Diego où on nous avait prêté une maison pour la réunion. Cependant, malgré ce qui avait été prévu, il eut confusion, et quand nous arrivâmes, la maison était fermée. Nous décidâmes de nous asseoir sur l’herbe du petit jardin et nous commentâmes le document à l’ombre des palmiers. Ensuite nous étendîmes une nappe sur le sol et nous profitâmes d’un sympathique repas et d’un petit moment de quiétude. Peu après arriva le gardien de la maison qui s’excusa et nous amena des chaises. Durant cette réunion nous parlâmes de questions très diverses. À l’époque il était fréquent que les guérillas urbaines occupassent les églises et Mgr Romero nous dit qu’il était préoccupé par la garde des ciboires et des ornements liturgiques de la cathédrale qui étaient anciens et d’une grande valeur historique. Il suggéra à un prêtre qu’il les garde dans un lieu sûr tant que durerait cette situation de désordre. Et nous continuâmes à converser sur des sujets variés. Je me rappelle qu’il proposa au curé de Saint Joseph de Guayabal de cultiver le maïs et les haricots autour de sa paroisse afin qu’il puisse servir d’approvisionnement au séminaire. Puis nous parlâmes du père Pro (ndt victime de la révolution mexicaine, procès de béatification en cours), des « Cristeros » mexicains (ndt catholiques persécutés suite aux mesures et constitution anticléricales de la révolution mexicaine et des gouvernements qui suivirent – 1917-1929), etc. À trois heures il nous suggéra de terminer la réunion car il devait rentrer en ville où il avait un rendez-vous. Et vers trois heures et demi, je le laissai à l’Hôpital de la Divine Providence ».

Trois heures plus tard, à six heures et quart tandis qu’il célébrait la Sainte Messe, Mgr Romero fut assassiné. On lui avait tiré dessus depuis l’extérieur de l’église. Des milliers de personnes veillèrent son corps dans la Basilique du Sacré Coeur et quelques cinquante mille accoururent à ses funérailles à la Cathédrale. Pendant que se déroulait la célébration, une bombe éclata dans les parages, entre les tirs et les rafales de mitraillettes, 27 personnes moururent et plus de 200 furent blessées.

ALBERTO ROYO MEJÍA

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Note

Le cardinal Ratzinger et la théologie de la libération
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Durant l'été 85, Vittorio Messori s'entretenait avec le cardinal Ratzinger à Bressanone.
Le fruit de ces entretiens est le fameux "Rapport Ratzinger", traduit en français sous le titre "Entretien sur la foi."
Le livre comporte un chapitre entier sur le sujet de la théologie de la libération (la CDF, qu'il présidait, s'apprêtait à publier une instruction).
Il est très intéressant de relire la position personnelle du théologien Joseph Ratzinger sur le sujet (pages 232-233)

« La théologie de la libération, dans ses formes qui se rattachent au marxisme, n'est absolument pas un produit autochtone, indigène, d'Amérique latine ou d'autre zones sous-développées où elle serait née et aurait grandi quasi spontanément par l'action du peuple. Il s'agit en réalité, au moins à l'origine, d'une création d'intellectuels ; et d'intellectuels nés ou formés dans l'Occident opulent : ce sont des Européens, les théologiens qui l'ont fait naître ; ce sont des Européens - ou formés dans des universités européennes -, les théologiens qui la font grandir en Amérique du Sud. Derrière l'espagnol ou le portugais de ces prédications perce en réalité l'allemand, le français, l'anglo-américain. »

Ainsi (commente Messori), selon lui, même la théologie de la libération ferait partie « de l'exportation à destination du Tiers-Monde de mythes et d'utopies élaborés dans l'Occident développé. C'est presque une tentative visant à expérimenter dans le concret des idéologies conçues en laboratoire par des théoriciens européens. D'un certain point de vue, par conséquent, c'est encore une forme d'impérialisme culturel, bien que présenté comme la création spontanée des masses déshéritées. Reste ensuite à vérifier quelle influence réelle ont en vérité sur le "peuple" ces théologiens qui disent le représenter et être leurs porte-parole. »
Poursuivant dans cette ligne, il observe:
« En Occident, le mythe marxiste a perdu de ses charmes auprès des jeunes et des travailleurs eux-mêmes ; on tente alors de l'exporter dans le Tiers-Monde, et ce, par le truchement de ces intellectuels qui vivent, eux, hors des frontières des pays dominés par le "socialisme réel". En fait, ce n'est que là où le marxisme-léninisme n'est pas au pouvoir qu'il s'en trouve encore quelques-uns pour prendre au sérieux ses illusoires "vérités scientifiques". »

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On jugera à quel point ces propos (antérieurs à l'effondrement du communisme) sont prophétiques.
Quant aux élites issues des pays opulents (et souvent de milieux idem) qui veulent faire le bonheur du peuple, et prétendent le représenter... cela ne vous rappelle rien?

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Mise au point sur Saint Dominique Exposition "Le Pape à Paris"