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Prêtres pédophiles

... et l'odieuse désinformation qui l'entoure. Un article de Jeanne Smits, dans "Présent" daté du 12 mars. (11/3/2010)

Madame Smits, qui résume bien le problème, cite l'article que j'ai traduit hier: Prêtres pédophiles, ou pédophiles prêtres?
Comme elle a la gentillesse de me l'écrire, elle et moi, nous menons de façons différentes mais convergentes, un combat pour la culture de la vie et de la vérité.
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Jeanne Smits, Présent du 12/3/2010
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Ecoutez vos voisins de zinc au bar où vous prenez votre petit noir serré, et vous saurez à quoi aboutit le battage médiatique autour des affaires de pédophilie mises au jour dans des institutions catholiques en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas après l’avoir été en Irlande. Parce que deux cas ont été confirmés, en 1958 et 1970, chez les Petits chanteurs de Ratisbonne dont Mgr Georg Ratzinger était le chef de chœur de 1964 à 1993 – et alors qu’il a nié catégoriquement en avoir eu connaissance – voici ce que dit le consommateur de presse moyen : « Eh bien, bravo, chez les Ratzinger il y a un pape et un pédophile. » Ce qui permet de faire rejaillir en même temps la fausse accusation sur le chef de l’Eglise catholique, dont la presse explique goulûment qu’il a participé à la culture de l’occultation et du secret alors qu’il était encore préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi.

A quoi s’ajoute la répétition en boucle d’une analyse présentée comme définitive et indiscutable, partagée par tous : le problème viendrait de l’obligation de célibat faite aux prêtres.

Que les choses soient claires. L’abus de mineurs par des représentants du clergé, prêtres ou religieux, est un des pires scandales qui soient. Et ce scandale, qu’on le veuille ou non, éclabousse l’Eglise en tant qu’elle est composée d’hommes pécheurs, parfois très gravement pécheurs. L’énergie, l’autorité, l’humilité, aves lesquelles le pape Benoît XVI s’est attaqué à ce scandale sont exemplaires. Mais sa mesure aussi : pour abominable qu’il soit, le scandale n’est venu que par un nombre très restreint de prêtres.

Or aujourd’hui, la campagne de dénigrement de l’Eglise fait que les cas se multiplient où des prêtres en col romain ou en soutane essuient des quolibets d’un passant. « Pédophile ! »

Comme si tous les pédophiles étaient des prêtres, et tous les prêtres des pédophiles…

La vérité est autre. Les cas d’abus sexuels sur mineurs ne se produisent pas seulement dans les institutions accueillant des jeunes, mais aussi dans des familles : il y a, hélas, des pères, des oncles, des frères qui poussés par ce penchant pervers y succombent en abusant de ceux qui leur sont les plus proches. Deuxièmement, la pédophilie n’est pas strictement circonscrite aux institutions catholiques : les victimes des criminels qui se livrent à ces actes que la société ose encore dénoncer comme déréglés et mauvais en eux-mêmes se trouvent dans les écoles, les colonies de vacances, les institutions d’accueil des jeunes. Il y a des coupables qui sont des prêtres, mais il y en a tout autant, voire davantage, qui sont instituteurs, moniteurs de camps de jeunes, éducateurs spécialisés qui trouvent justement dans leur métier la proximité avec des enfants dont ils ont besoin pour passer à l’acte.

Le Père Lombardi, porte-parole du Vatican ; l’a souligné dans une note publiée le 9 mars :

« Ces faits mobilisent l'Eglise dans l'élaboration de réponses appropriées et s'insèrent dans un contexte et une problématique plus large concernant la protection des enfants et des jeunes contre les abus sexuels dans la société. Les fautes commises dans les institutions et par des responsables ecclésiaux sont évidemment particulièrement répréhensibles, au vu de la responsabilité éducative et morale de l'Eglise. Mais toutes les personnes objectives et informées savent que le problème est beaucoup plus large, et qu'il n'est pas juste de concentrer ces accusations sur l'Eglise seulement. Ainsi, par exemple, des statistiques récemment fournies par les autorités compétentes en Autriche disent que, sur une même période de temps, les cas avérés dans les institutions dirigées par l'Eglise étaient au nombre de 17, alors que 150 autres étaient recensés dans d'autres institutions. Il serait bon de se préoccuper aussi de ceux-là. »

Un cas sur dix. Neuf cas sur dix où les coupables n’étaient donc pas soumis à la discipline du célibat en vigueur pour les prêtres de rite latin.

Ce qui nous amène à la désinformation généralisée autour du célibat des prêtres colportée par l’ensemble de la grosse presse et plus particulièrement, ce jeudi matin, par Le Figaro. Jean-Marie Guénois y écrit sans sourciller, à propos de déclarations faites la veille par l’archevêque de Vienne, le cardinal Schönborn, que celui-ci avait « reconnu » que « “le célibat” des prêtres était l’une des causes du phénomène ». Et – saluant au passage Hans Küng qui « dénonce, depuis le début de cette crise, le célibat sacerdotal » – le journaliste affirme que c’est la première fois qu’un cardinal, « papabile » qui plus est, « ose ainsi poser publiquement cette question fort débattue ».

Il la pose, sans doute. Mais contrairement à ce que suggère l’article, le cardinal n’y répond pas. Il a appelé à un examen sans compromis des possibles causes de ces dérives : « Ceci inclut la question de l’éducation et de la formation des prêtres comme la question des suites de la révolution sexuelle au sein de la génération 1968. Ceci inclut le thème du célibat comme celui du développement personnel. » Le soir même – mais Le Figaro n’en fait pas état – le porte-parole de l’évêché, Erich Leitenberger, souligna que le cardinal n’avait « en rien remis en cause la règle du célibat en vigueur dans l’Eglise catholique de rite latin. »

Avant de revenir sur cette question du célibat, il faut dénoncer une autre forme de calomnie qui s’attaque désormais directement au Pape. Benoît XVI est accusé par le ministre allemand de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, d’avoir, en 2001, mis en place un dispositif préconisant le « secret pontifical » face aux abus pédophiles commis par des prêtres. Le voilà donc coupable d’avoir ordonné une aggravation des manœuvres d’occultation ou d’étouffement qui ont entouré bon nombre des affaires mises au jour actuellement.

Pour une fois c’est La Vie qui a défendu face à cette ignominie l’honneur du Pape et des catholiques :

« Mais ce document, d'ailleurs disponible sur Internet, est davantage une liste des péchés très graves dont le traitement est réservé au Saint Siège (comme la profanation d'une hostie consacrée) parce qu'ilsi ne peuvent être absous directement par un prêtre mais doivent être référés au pape, plutôt qu'une circulaire détaillée sur la conduite à tenir face aux abus sexuels concernant des prêtres. »

Jean Mercier, l’auteur de l’article, précise ensuite dans une note fort intéressante en réaction à des commentaires d’internautes :

« Seule La Vie a pris la peine, dans cet article, d'expliquer que la fameuse circulaire de 2001 qui préconise le secret pontifical n'est pas – comme le prétend la ministre de la justice sans doute inspirée par Hans Küng – une tentative de couvrir les crimes en plus haut lieu, mais signifie l'exact contraire. En effet, le cardinal Ratzinger a interdit en 2001 qu'un prêtre ayant commis un crime pédophile puisse directement recevoir l'absolution s'il se confesse à un autre prêtre. Car, ainsi en est-il depuis 2001, ce confesseur ne peut pas lui donner l'absolution, mais doit établir un dossier qui remonte à la Pénitencerie apostolique, à Rome, où la décision relève du pape. D’où le fameux “secret pontifical” qui couvre la question “technique” de l'absolution, et surtout qui vise à garantir a minima le secret de la confession, lequel n'est d'ailleurs plus absolu. En l'occurrence, Ratzinger a durci les conditions, sans doute informé que dans les années 60 et suivantes, des prêtres pédophiles avaient trop facilement lavé leur conscience en se confessant à leur supérieur ou un prêtre ami. Désormais, depuis 2001, on ne peut plus laver le linge sale en famille, et un prêtre pédophile ne peut être aussi facilement pardonné. On doit rendre hommage à cette disposition de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui a rangé la pédophilie des clercs dans le rang des fautes les plus graves qui ne peuvent être absoutes qu'au niveau du Siège apostolique. »

Jean Mercier rappelle ensuite que ni cette procédure, ni le pardon n’exonèrent le coupable de sa responsabilité pénale et civile.

Reste la question du célibat. Est-il vrai que le fait pour des prêtres de pouvoir avoir une épouse leur permettrait de ne plus succomber à la tentation d’avoir des relations avec de jeunes garçons ou de toutes jeunes filles ? C’est ce que voudrait un matraquage médiatique tellement efficace que cette affirmation est devenue un lieu commun. Mais alors pourquoi, pourquoi les prêtres affectés de ces désirs pervers – et au-delà tous les pédophiles qui passent à l’acte, tellement plus nombreux ! – ne prennent-ils pas des maîtresses, des prostituées, que sais-je ? Un célibataire en mal d’intimité sexuelle tombe-t-il plus facilement en commettant un crime particulièrement pervers qu’en se laissant aller à avoir des relations sexuelles normales ? N’est-il pas bien plus exact de dire ceci :

« La vérité n'est pas qu'un prêtre pédophile est un prêtre qui est devenu un pédophile, mais un pédophile qui est devenu prêtre. »

Et encore :

« Pour le pédophile c'est le sexe avec des adultes qui est un substitut à la pédophilie, pas l'inverse. »

Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’auteur d’un remarquable article publié en italien sur le blog Libero Arbitrio, et traduit en français par l’auteur du non moins remarquable blog français, benoît-et-moi.fr. La question est tellement cruciale, ces jours-ci, que nous y reviendrons demain.

Jeanne Smits

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