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A Rome et en voyage: le Pape vu de près (II)

Marie-Anne poursuit sa lecture de la savoureuse "biographie bavaroise" par Michael Mandlik (23/2/2010)

Marie-Anne a légèrement modifié le txte de la première partie.
-> Lire: A Rome et en voyage: le Pape vu de près (I)
Ici, donc, la totalité de son travail, pour les deux premiers chapitres.
Un immense merci pour ce cadeau qu'elle nous fait!

* * * * * * *

 

Michaël Mandlik (cf. Peter Seewald) connaît notre cardinal, devenu pape, depuis 1995. C’est Herder – la maison d’édition qui publie toutes ses œuvres – qui lui a demandé de publier en 2009 son livre pour rendre témoignage au pape bavarois.
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Le premier chapitre porte le titre “ DEUX BAVAROIS À ROME. ”
Michaël Mandlik décrit tout d’abord comment les gens se pressaient autour du cardinal qui allait tous les matins avec son cartable sous le bras jusqu’à son bureau “du Saint-Office” en traversant la PLACE. Il répondait à toutes les requêtes avec une patience d’ange, sauf lorsque, pressé pour être à l’heure à un rendez-vous ou à une célébration liturgique, son secrétaire privé de l’époque, Mgr Joseph Clemens le prenait dans sa voiture (Volkswagen).
Le journaliste bavarois, envoyé permanent de la télévision bavaroise a pu rencontrer le cardinal dans son appartement privé, grâce au banquier bavarois Théodore Kühnel, dès le mois de décembre 1995. Ce banquier lui apportait fidèlement tous les ans, sur son Mercedes, le sapin et la couronne de l’Avent.
Notre journaliste, né en 1957 et depuis peu à Rome, fut très impressionné de cette visite chez quelqu’un que les catholiques bavarois vénéraient déjà presque comme un pape !
Il décrit l’appartement comme très sobre, sans fioriture baroque, sauf quelques tableaux de maîtres sur Jésus, Marie et des saints, de très bon goût. Ensuite, les étagères pleines de livres, son bureau bien rangé et enfin le piano ! C’est le piano qui lui servait d’entrée en matière puisqu’il était élève au conservatoire de Freising. Pas assez appliqué, il est vrai, pour faire carrière.
De l’appartement du cardinal se dégageait une atmosphère de prière et de travail où la musique apportait un élément de détente ; où tout est centré sur le vrai, le bon et le beau ; la même constatation est valable pour son travail de théologien. Quant à son pontificat, il pourrait être qualifié de « bien tempéré » (d’après le célèbre recueil de clavecin de Bach). Il écoutait son jeune interlocuteur avec attention et patience. Il posait des questions sur son travail de journaliste, en élevant le regard plongé dans l’actualité sur ce qui est essentiel. Puis, il prit congé avec un fin sourire qui présageait d’autres rencontres.
Notre journaliste retrouvait le cardinal à la messe du jeudi, à 7 h, dans une église comble, à Ste Marie de la Piéta sur le Campo Santo Teutonico, au sud de St Pierre, sur l’emplacement du cirque de Néron. Là où résidait autrefois Charlemagne. C’est dans ce cimetière que reposent les restes des pèlerins germanophones. Et c’est là que, grâce à l’intermédiaire du secrétaire privé Joseph Clemens, rendez-vous fut pris, avant la Toussaint 1996, pour une méditation avec le cardinal destinée à la TV bavaroise…
Et voici comment M. Mandlik raconte lui-même cet épisode :
Lorsque le cardinal arrive sur place avec son secrétaire, celui-ci s’empresse de me dire que le texte vient d’être mis au point à la dernière minute. Je m’attendais donc à qu’il le lise sans même regarder les caméras. Or il n’a non seulement récité tout par cœur, mais surtout il a médité le texte, en complétant la version écrite, toujours à propos. Il a su faire vivre le texte écrit. Il parlait de la communion des saints au-delà de la mort, et du cimetière comme d’un jardin, d’un paradis de paix, signe de la vie nouvelle au milieu d’un monde sans paix. Ce texte a d’ailleurs pris place dans le volume intitulé « La Gloire de Dieu aujourd’hui » qui allait regrouper toute cette série de méditations.
Dès le premier coup on aurait pu garder toutes les séquences, sauf une, à cause des guêpes qui, sortant d’un vieux mur, se promenaient sur sa soutane tandis que lui, imperturbable, continuait à parler (cf. au Château de Prague, en sep-tembre 2009). Il était tout de même préférable de recommencer cette séquence pour ne pas trou-bler l’attention des téléspectateurs !
Pour la prochaine méditation, rendez-vous fut pris pour Noël 1997 dans l’église Sta Maria in Ara Cæli, près du Capitole. J’ai pris connaissance du lieu dès juillet, lors d’une messe présidée par le cardinal ; les concélébrants furent son ancien secrétaire Mgr Joseph Clemens et celui qui sera le nouveau secrétaire : Mgr Georg Gänswein. Étaient présents les petits chanteurs de Ratisbonne avec Mgr Georg Ratzinger. Seulement la température qui montait jusqu’à 35°-40° n’aurait pas permis aux caméras de tourner la séquence pour Noël ! Les fidèles ne cessaient pas de s’aérer à l’aide des ventilateurs… Comme disait le cardinal, même le petit Jésus, vénéré en cette église, a transpiré !!
Dans la méditation, qu’on a réussi à filmer en décembre, se trouve ce qui va constituer le noyau de l’enseignement pontifical : l’insistance sur la simplicité et la clarté de notre foi. « La Parole de Dieu s’est abrégée en devenant une simple parole humaine. Tout se contracte dans le double commandement de l’Amour de Dieu et du prochain. Et c’est le cœur qui est capable de saisir l’essentiel. Mais la Foi devenue si simple n’en demeure pas moins grande et exigeante. »

 

Chapitre 2
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En 2002, pour commémorer les 20 ans de sa présence à la tête de la Congrégation de la Doctrine de la Foi (CDF), le cardinal Ratzinger a accordé une interview à Michael Mandlik pour la TV bavaroise. Lorsqu’on relit maintenant le bilan des activités et des convictions du Préfet, on est surpris de voir la coïncidence avec l’axe de son pontificat qui débuterait 3 ans plus tard…

- Comment pourriez-vous décrire votre collaboration avec le pape Jean-Paul II ?
- Je distinguerais trois types de rencontre avec lui : d’abord en grands groupes avec les autres cardinaux pour des séances de travail (durée: environ une heure) ; puis le déjeuner de mardi dans une atmosphère très détendue ;
ensuite, mon entretien personnel de vendredi en tant que préfet. A ce moment-là, j’essaie de lui présenter les dossiers en soulignant les différents points de vue, de façon à lui permettre de prendre les décisions en connaissance de causes. Au début ou à la fin de ces entretiens, on prend toujours un peu de temps pour discuter des choses qui nous intéressent personnellement tous les deux ; par exemple le voyage qui se prépare ou celui qu’il vient d’effectuer.

- Quel est le bilan de ses 20 ans écoulés ; quelle est la proportion entre les soucis et les joies que vous apporte votre mission ?
- Les deux aspects sont mêlés, bien sûr, c’est normal. Il y a d’abord la joie d’être en contact pratiquement avec le monde entier : avec les évêques qui viennent tous les 5 ans pour leurs visites ad limina ; ce qui nous permet de participer à ce qu’ils vivent, de créer des liens étroits et cordiaux, voire des amitiés. Grâce aux laïcs, aux représentants de la science et de la politique qui veulent aussi nous rencontrer, on participe aux grands événements de notre époque, et dans une certaine mesure aussi aux grandes décisions. Il est beau de sentir la confiance de beaucoup de personnes, en particulier des jeunes collaborateurs qui, une fois formés, nous quittent, cédant la place à d’autres. A côté de cela on ne peut pas oublier les tracas ; l’inquiétude pour savoir si notre mission est vraiment capable d’aider. On ne peut pas rester indifférent non plus lorsqu’on est surnommé “panzerkardinal”… Mais il est certain qu’on ne peut pas traiter des affaires de grande importance sans subir des outrages.

- Arrivé là où vous êtes aujourd’hui, cela suppose toute une préparation depuis vos origines, à commencer par vos parents, vos frère et sœur…
- Oui, dans une très large mesure. Mes parents étaient de tempérament différent qui se complétaient. Notre père avait le don de raisonner avec une extraordinaire clarté et une largeur d’esprit dans ses jugements. Il nous a transmis sa foi grave et profonde, pendant que notre mère montrait une foi chaleureuse, mais non moins exigeante. Elle avait une âme poétique, un cœur affectueux ; elle comprenait les choses par intuition. Cette atmosphère familiale nous a marqués pour toute la vie. Mon frère aîné a su me montrer le chemin que je suivais à mon tour, et ma sœur, avec sa foi humble, sa constante disponibilité si effacée était toujours à mes côtés pour m’aider à trouver les décisions justes. Ainsi la famille représentait pour moi non seulement la cellule-souche du départ mais aussi la force motrice de tout mon cheminement.

- Comment doit-on imaginer votre présence, votre travail ici, à la Congrégation, depuis 20 ans ?
- Il y a un peu de tout. C’est un “job à plein temps”, 36 heures par semaine, et il en reste pour continuer à la maison avec des heures supplémentaires. Et puis, il y a des urgences, comme cela arrive dans la vie de l’Église, et dans notre monde s agité. Il faut répondre à beaucoup de questions avec un personnel assez restreint. Mais on essaie de ne pas être submergé par le présent, bien au contraire, on voudrait poser des jalons pour l’avenir.

- Parmi les nombreuses questions traitées par la Congrégation durant les 20 ans écoulés, il y a une qu’il faut mentionner avant tout, à savoir la théologie de la libération, qui, selon certains, a failli déchiré l’Église dans le contexte conflictuel de l'époque entre l’Est et l’Ouest. Aujourd’hui on n’en parle plus guère… Qu'en pensez-vous?
- Il est peut-être exagéré de parler de déchirement mais il est certain que cette question avait représenté un grand défi. En fait, des théologiens et des pasteurs en Amérique latine ont traité certains problèmes concrets en utilisant la foi comme une force immédiatement efficace pour les résoudre. Au départ, c'était sans danger mais ensuite, la foi a été instrumentalisée , devenant purement et simplement une force politique par laquelle la misère aurait dû être vaincue - un peu comme dans la théorie marxiste. La rédemption opérée par Dieu a dû être subordonnée à l'agir politique capable d'opérer une libération. Là, il fallait réagir avec énergie pour prévenir le danger d'une politisation de l'Église.

- Un autre sujet "mammouth" aura été le Catéchisme de l'Eglise catholique dont vous avez présidé la publication. Même si l'on ne fait que feuilleter ce gros volume en le consultant de temps à autre, on se rend compte de l'énorme travail que cette publication représente.
- Oui, les débuts étaient difficiles. Et ici, je dois rendre hommage à Bovone, secrétaire de la Congrégation à l'époque dont les conseils m'auront été précieux. Nous avons commencé par constituer une commission représentant les évêques du monde entier, dans leur diversité, quant à la sensibilité théologique et la conception catéchétique. Au prix de nombreuses discussions nous avons adopté le plan du futur volume. Quel sera la fil conducteur ? Par où commencer ? Par l'existence de Dieu ? Ou bien doit-on présenter la Foi avec sa force de persuasion comme un tout organique ? Etc.
Le premier essai a été élaboré en latin pour être envoyé à TOUS les évêques du monde entier ; ensuite on a constitué un comité de rédaction de 7 ou 8 membres représentant TOUTE la chrétienté. Après de nombreux va-et-vient entre ce comité et les évêques on a pu enfin rédiger un texte "définitif". Pour les collaborateurs de cette œuvre immense, cette expérience fut belle et enrichissante. On était impressionné de constater comment les points de vue si différents ont pu finalement converger en un TOUT. Bien sûr, comme toute œuvre humaine, celle-ci aussi a ses imperfections et pourrait être améliorée. Mais je pense que cette vaste collaboration en valait la peine et son résultat mérite d'être offert à la chrétienté.

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(à suivre pour d'ici le 19 mars, fête de st Joseph)

La lettre de Jeannine (V) Le cinéma, outil de propagande