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L'archevêque de Burgos n'y va pas par 4 chemins

Son message d'entrée de Carême, traduit par Carlota (1er/3/2010)



Certes la situation des catholiques françaises n’est rien par rapport à celle également décrite par Jean Guitton dans l’article italien que vous avez mis en ligne (SOS christianophobie ), et dans son livre "Ces chrétiens qu’on assassine" – éd. Flammarion 2009, mais elle est préoccupante.
C’est d’ailleurs de plus en plus une constante dans la plupart des pays de l’Union Européenne. Ainsi l’Espagne est loin d’être épargnée et si elle n’a pas connu la révolution de 1789, elle a été victime d’une des plus épouvantables persécutions religieuses étatiques des temps modernes il y a à peine quatre-vingts ans et est confrontée actuellement à un déni de la réalité et à une récriture de l’histoire que n’a rien à envier à ce que l’on voit tous les jours de notre côté des Pyrénées.

Je vous adresse à ce propos une traduction de la lettre hebdomadaire de Monseigneur Francisco Gil Hellín (né en 1940), archevêque de Burgos (*), qui a été mise en ligne sur le site de l’archevêché à l’occasion de l’entrée en carême.
Original ici: http://www.archiburgos.org/arzobispo/...

Le Révérend Père archevêque, sans doute de part son tempérament espagnol n’y va pas quatre chemins et n’emploie pas le langage souvent feutré de nos prélats français, mais ses mots me semblent à la hauteur de l’urgence de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

(Carlota, 1er mars 2010)


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Une société avec plusieurs millions de chômeurs, qui tue impunément et systématiquement ses enfants les plus innocents, qui administre la justice suivant la couleur politique, qui ment avec effronterie et cela depuis les plus hautes instances, qui viole les pactes les plus sacrés, qui fomente la haine et l’affrontement entre ses membres, qui empêche l’exercice libre de la religion, qui détruit l’innocence des enfants dès leur âge le plus tendre, qui excite les passions des jeunes, qui nie qu’il y ait des bonnes et des mauvaises actions indépendamment du temps et des circonstances, qui convertit l’école en un instrument idéologique et le pouvoir politique en un tremplin pour un enrichissement personnel et le développement des siens, qui s’engage à ne pas avoir d’enfant, en un mot, une société lézardée dans ses structures de base et bouleversée dans ses fondations éthiques est une société décadente et atteinte d’une maladie d’une extrême gravité.

Si une telle société avait été la création d’un pessimiste enragé ou le fruit d’une imagination fébrile, elle ne causerait aucun type de préoccupation et même pourrait se transformer en objet d’étude et de réflexion. Mais si cette société est la nôtre, si c’est le cadre dans lequel nous vivons jour après jour, le cadre de notre travail, de notre famille, de nos amitiés, de nos projets et de nos aspirations, alors les choses atteignent un niveau dramatique inusité et nécessite que nous lui appliquions immédiatement un remède radical. Par malheur, c’est ce qui nous arrive, oui, qui nous arrive à nous. Parce que l’actuelle société espagnole est la société décadente et gravement malade que je viens de décrire. Parce que, en elle, cohabitent et coexistent tous les vices que je viens de dénoncer. Et, en outre, jusqu’à une partie des ecclésiastiques eux-mêmes qui ne sont pas à la hauteur de leur mission.

Mais cette société, précisément parce qu’elle est la nôtre, ne doit pas être regardée avec désintérêt, mépris ou haine. Non plus avec un irénisme maladif. Elle a besoin d’être aimée, mais pour être rénovée. Donc, étant donné que les maladies dont elle est affligée sont très graves et présentent les caractéristiques de métastases généraliséee, nous ne pouvons lui appliquer un cataplasme. Et les cataplasmes ce seraient tous les remèdes qui n’envisagent pas une profonde régénérescence éthique de tous ceux qui forment avec nous cette société.
Les structures sont postérieures à l’usage et l’abus de notre liberté. Pour cela, ni la justice, ni la politique, ni la famille, ni le vivre ensemble, ni l’économie, ni les finances ne sortiront de la situation calamiteuse dans laquelle elles se trouvent si les personnes que sont les juges, les politiques, les professeurs, les économistes, les financiers, les journalistes et consorts ne changent pas. Dans le cas contraire, nous ferions nôtre ce que le proverbe espagnol dit avec une extraordinaire justesse et simplicité dans la formulation : « Des chiens différents avec les mêmes colliers ». Si celui qui est le malade c’est le chien, - la société, c’est inutile de changer le cuir et la couleur des colliers, - institutions et structures sociales. Il faut changer les personnes. C’est pourquoi, ce que nous devons faire actuellement en Espagne, et de toute urgence, c’est de revenir à Dieu. Nous avons, certes, faim de pain, - chômage alarmant, faim de culture, - très bas niveau de l’éducation, faim de bien être, - plus et meilleure couverture sociale. Mais le besoin le plus urgent et général c’est de reconnaître que nous devons donner un tournant éthique radical, sortir de notre égoïsme, et entrer dans la logique du don, de la gratuité, de la solidarité, du respect mutuel, de la paix sociale et familiale, des concepts du bien et de la vérité. Disons-le clairement : nous avons besoin de nous reconnaître pécheurs, recourir au pardon et reprendre le chemin du bien et de la vérité.

Comme le disait Saint Jean Chrysostome avec son habituelle beauté: « Nous avons besoin de confesser nos péchés et verser beaucoup de larmes, parce que nous sommes en train de pécher sans remords, parce que nos péchés sont grands ». Le carême, qui vient de commencer, est une occasion en or. Pour tous : citoyens, chrétiens, ecclésiastiques.

† Francisco Gil Hellín
Archevêque de Burgos


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(*) Héritier du diocèse d’Oca (créé dès le IIIème siècle et mentionné au troisième concile de Tolède de 589) dont les évêques devinrent « itinérants » pendant l’occupation musulmane avant que son siège soit définitivement installé à Burgos en 1095. Aujourd’hui Burgos est l’une des capitales provinciales de la région Castille-Léon.

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