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La cour des "gentils" de Benoît XVI

Une réflexion de Don Nicola Di Bianco, Professeur de Théologie Biblique à l'Institut théologique de Salerne (10/1/2010)

Des voeux du Saint-Père à la Curie, j'avais retenu un des derniers paragraphes : celui où il émettait l'idée que l'Eglise d'aujourd'hui pourrait ouvrir une sorte de "cour des gentils", un espace réservé aux non-croyants, c'est-à-dire à ceux qui n'ont pas reçu la grâce de la foi, mais ont malgré tout soif de Dieu. En somme, les hommes de bonne volonté.
Je me reconnais un peu parmi eux.
Et on sait qu'au moins en Italie, ceux-là forment un groupe compact en appui du Pape, par exemple Giuliano Ferrara. Et que Joseph Ratzinger n'a pas hésité à dialoguer avec eux (en vérité, il a toujours été prêt à débattre avec tout le monde, y compris Hans Kung, et Flores d'Acais, c'est dire son ouverture d'esprit!), comme ce fut le cas avec son vieil ami le sénateur Marcello Pera, dont le Pape avait accepté de préfacer le dernier livre, à propos de la distinction entre dialogue inter-culturel, et inter-religieux, au grand dam de certains, que cela irritait.



Samedi 9 Janvier 2010
Benoît XVI, la question sur Dieu et la "cour des Gentils".

Don Nicola Di Bianco
Professeur de Théologie Biblique à l'Institut théologique de Salerne
Source: Raffaella
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Le discours du pape Benoît XVI à la Curie romaine à l'occasion des voeux pour Noël et le Nouvel An a abordé dans sa conclusion un thème significativement pressant: "La question de Dieu."
Le pape a rappelé aux hauts prélats rassemblés: "je considère comme particulièrement important que même les personnes qui se considèrent comme athées ou agnostiques, doivent nous tenir à coeur autant que les croyants.(..) nous devons essayer de garder vivante (éveillée) cette recherche, nous devons nous inquièter que l'homme n'écarte pas la question de Dieu comme la question essentielle de son existence. Nous préoccuper qu'il accepte cette question et la nostalgie qui se cache en elle".

L'affirmation exprime combien le pape a à coeur que la question de Dieu ne s'éteigne pas chez l'homme contemporain, et que le sentiment de nostalgie qui habite le cœur de ceux qui ne connaissent toujours pas l'amour de Dieu continue à être alimenté.
À cet égard il a mentionné la scène évangélique de l'expulsion des vendeurs du temple (Marc 11:17), qui avaient occupé l'espace ("la cour des Gentils ") réservé à ceux qui, tout en n'appartiennent pas au peuple élu parce qu'ils étaient païens, voulaient prier le Dieu unique. Le grand espace inclus dans l'architecture du temple intérieur, auquel on accédait à travers la Belle Porte, était une aire réservée à la prière pour tous les peuples, selon les indications théologiques du prophéte Isaïe: «Ma maison doit être une maison de prière pour tous les peuples. " (Is 56,7).
Rudolph Pesch affirme à ce sujet: «En prononçant les paroles d'Isaïe dans la cour des Gentils, où se déroule la scène, Jésus revendique le temple tout entier comme un lieu de prière, d'adoration de Dieu pour tous les peuples [...] Dans la cour des gentils, il soutient le caractère sacré du temple tout entier et insiste pour que l'adoration à YAVHE soit également permise aux païens qui pouvaient s'y arrêter. Il ne revendique pas un culte sans sacrifice, ni ne perturbe l'accomplissement de sacrifices à l'intérieur du temple: ceux-ci avaient lieu indépendamment de la vente d'animaux et d'objets de sacrifice, qui se déroulaient dans la cour des Gentils ".

Benoît XVI nous rappelle qu'en ce lieu se réunissaient des personnes "qui ne connaissent Dieu, pour ainsi dire, que de loin; qui sont insatisfaits de leurs dieux, leurs rites, leurs mythes; qui veulent le pur et le Grand, même si Dieu est pour eux le «Dieu Inconnu» .3 (Actes 17:23)
Pour le Souverain Pontife, même ceux qui «prient le Dieu inconnu» sont en quelque sorte en relation - "au milieu des ténèbres de toutes sortes" - avec "le vrai Dieu."
L'historien français Henri Daniel-Rops, dans son célèbre essai, la vie quotidienne en Palestine à l'époque de Jésus, raconte: "Après avoir franchi le seuil du porche de Salomon, on pose le pied dans un grand espace rectangulaire ouvert - aujourd'hui celui du Dôme du Rocher - dont le côté le plus long ne mesure pas moins de 500 coudées, ou 225 mètres, voire plus. C'est la cour "des Gentils, ainsi appelée parce que peuvent y pénétrer tous les goyim, les païens, hommes et femmes, et même les hérétiques et les excommuniés, les gens en deuil et ceux qui sont légalement impurs. Ce «temple extérieur», comme l'appelle Giuseppe Flavio, est, en effet, une place publique, l'équivalent de ce qui à Rome est le Forum, et l'Agora à Athènes. Les gens viennent ici pour parler de tout et de n'importe quoi, pour passer le temps, pour bavarder et faire des affaires ".
La description rappelée ici, révèle que la proposition du pape apparaît plus que jamais utile pour relancer en terme pastoral le dialogue entre les croyants et les non-croyants. Dans le même temps, elle démolit toute ambition de faire du christianisme une religion à prétention d'exclusion, tant par rapport aux autres religions monothéistes, que par rapport aux non-croyants. La perspective du pape est bien évidemment inclusive et en tant que telle reconnaît que toute personne qui aspire au Pur et au Grand et se met simplement en relation avec le «Dieu inconnu" est déjà sur le chemin du « Dieu vrai». La religion judéo-chrétienne ne crée pas de séparation entre les «appelés» et les «élus» et ceux-ci sont tels, en vertu de la vocation universelle de tous les hommes au salut.

La parole du Pape, enfin, se fait encore plus audacieuse quand il affirme catégoriquement: «Je pense que l'Eglise devrait aujourd'hui aussi ouvrir une « cour des Gentils » où les hommes peuvent d'une certaine manière s'approcher de Dieu, sans le connaître et avant d'avoir eu accès à son mystère ... »
La phrase citée ci-dessus, traduite dans ses implications sociales et religieuses, devrait entraîner une révolution copernicienne dans la pastorale ordinaire, trop souvent occupée à célébrer les sacrements et à offrir la catéchèse, dans le seul but de nourrir la foi du petit troupeau des pratiquants.
Les récentes enquêtes socio-religieuses nous offrent une radiographie de la société qui souligne la nécessité urgente d'un dialogue "avec ceux pour qui la religion est quelque chose d'étranger, à qui Dieu n'est pas connu et qui cependant, ne voudraient tout simplement pas rester sans Dieu, mais au moins s'en approcher, comme Inconnu."
Comment traduire l'invitation pressante du Saint-Père à ouvrir la "Cour des gentils" pour créer un espace de dialogue entre croyants et non croyants?
Essayons de mettre en oeuvre l'idée du Pape. À mon avis, pour traduire concrètement cette juste observation du Saint-Père, il n'est pas nécessaire de conquérir de nouveaux espaces dans les aréopages médiatiques, en participant à des talk-show, des tables rondes, des débats, etc ...
Au cas où on en reconnaîtrait l'utilité, et si elles se révélaient nécessaires, ces formes d'évangélisation, avec la modération convenable, et avec le style propre à des personnes appartenant à des cercles ecclésiastiques, peuvent être efficaces. Mais je considère comme une priorité absolument urgente d'abandonner un style pastoral qui, dans bien des circonstances, s'exprime dans la prédication et la mise en œuvre pastorale par des expressions qui témoignent peu de respect et parfois du blâme envers ceux qui sont éloignés, les agnostiques, les athées ou ceux qui ont abandonné la foi publique, tout en conservant une soif intérieure pour le divin. Avant même de s'engager à construire des dialogues médiatiques, davantage destinés à accroître l'audience déclinante de certaines chaînes et à remplir le temps libre de téléspectateurs potentiels qu'à atteindre le troupeau égaré, il faut prendre soin d'ouvrir ou de rouvrir des "cours" autour du temple, là où les gens vivent et où les pasteurs sont appelés à témoigner de leur foi en l'homme, en plus de celle en Dieu, et de la charité accueillante envers ceux qui sont éloignés, en vue d'un rapprochement possible.
Grâce à Dieu, nous avons aujourd'hui, dans l'indifférence de beaucoup, de nombreux moyens de nous rapprocher et de suggérer à l'autre une reprise renouvelé de la pratique chrétienne.
Chaque pasteur de communauté est donc appelé à susciter dans le cœur du peuple à lui confié les sentiments qui ont inspiré le Psalmiste qui priait au cours de son pèlerinage au temple de Jérusalem: «Que tes demeures sont aimables, / YAVHE Dieu des armées! / Mon âme languit et fond / pour les salles de YAVHE [...] Un jour en tes salles, oui, / en vaut plus de mille. / J'ai choisi de me tenir sur le seuil de mon Dieu / au lieu de demeurer dans les tentes des méchants "(Psaume 84, 2-3.11) Ici, les "salles" (atri) dont parle le Psalmiste indiquent le lieu où s'entasse la foule des pèlerins et des fidèles pour arriver à la "vraie maison", le temple dans lequel se dressent des autels. Essayons d'adopter un style pastoral renouvelé pour nous convertir nous-mêmes, et les zones contigües à nos temples, en "cours" accueillantes, alors seulement nos fidèles, de passants distraits, se transformeront en pèlerins fervents.

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