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Shalóm para siempre

Sur la visite du Saint-Père à la Synagogue de Rome, Carlota a traduit un très bel article de Jose Luis Restàn sur le site www.cope.es/ (19/1/2010)

« Shalom pour toujours», voilà un nouveau et très beau texte je crois, écrit comme toujours avec beaucoup de cœur, du journaliste espagnol José Luis Restán sur www.cope.es/19-01-10... , à la suite de la visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome.
(Carlota)



En deux mille ans, seulement deux papes ont traversé le Tibre pour entrer dans la Synagogue de Rome. L’un était polonais et parmi ses compagnons d’école et de jeu, il y avait beaucoup de Juifs, dont il resta l’ami jusqu’à la mort. L’autre est allemand, de la terre même sur laquelle a surgi la terrible idéologie qui prétendait extirper de la face de la terre les fils d’Abraham. Dimanche le Pape Ratzinger a écrit une autre page pour l’histoire quand il s’est présenté dans la Synagogue comme un humble successeur du juif Pierre de Galilée.

Il regardait avec ses yeux calmes et pénétrants, presque comme un enfant. Il regardait, sachant que mystérieusement et injustement aimantée sur sa personne, il y avait une proportion de méfiances ataviques du monde juif envers l’Église Catholique. Lui qui a consacré ses meilleures énergies intellectuelles à approfondir la racine juive de la foi chrétienne, lui qui a décortiqué comme personne le poison de l’idolâtrie nazie, sait qu’elle réveille des fantasmes, spécialement après la révocation des évêques ordonnés par Monseigneur Lefebvre et après la signature des vertus héroïques de Pie XII. Il sait qu’on scrutera à la loupe chaque ligne de son discours mais il ne se laisse pas porter par un calcul mesquin, il veut une rencontre à coeur ouvert. Il est sûr que ce ne sont pas les manoeuvres et les astuces de hommes celles qui ont rendu possible ce moment mais le Hésed (ndt mot hébreu dont la traduction serait la grâce) de Dieu, sa miséricorde qui a établi une histoire dans laquelle les Juifs et les Chrétiens ne peuvent se passer les uns des autres.

D’abord vient l’hommage silencieux aux victimes de la Shoah : comme à Auschwitz, comme au Yad Vashem. Comment peut-il être possible d’oublier les larmes et le désespoir de ces hommes, femmes et enfants, leurs visages et leurs noms? On le présente à quelques rares survivants du ghetto de Rome et le Pape debout les applaudit en rompant une « glace séculaire ». Quelques uns ne peuvent éviter les larmes mais cette fois de joie. Benoît XVI répète ce qu’il a dit au camp d’Auschwitz: « Les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif dans son ensemble et au fond, avec l’anéantissement de ce peuple, ils prétendaient tuer ce Dieu qui a appelé Abraham, qui parlant sur le Sinaï a établi les critères d’orientation de l’humanité qui restent valables éternellement ». Il a aussi souligné la douleur de l’Église pour ses propres fils qui en son sein ont pu favoriser les blessures de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme, et il demande que ces blessures soient définitivement guéries.

Il sait qu’ils attendent qu’il fasse référence à l’attitude de Pie XII et de l’Église durant la terrible persécution et il ne se cache pas : « Beaucoup, parmi aussi les catholiques italiens soutenus par la foi et par l’enseignement chrétien, ont réagi avec courage, en ouvrant les bras pour secourir les Juifs persécutés et fugitifs, souvent au péril de leur propre vie, et ils méritent une gratitude éternelle. Le Siège Apostolique a également mené à bien une action de secours, souvent cachée et discrète ». Il ne veut pas une nouvelle polémique, mais dire en toute liberté et mansuétude ce que l’Église entend comme juste.

Maintenant le Pape peut entrer dans ce qu'il porte le plus dans son cœur : l’héritage commun pris de la loi et des prophètes, qui établit un lien entre l’Église et le peuple juif au niveau de leur propre identité. Il centre sa réflexion sur le Décalogue, qui « constitue l’étoile polaire de la foi et de la morale du peuple de Dieu, qui illumine et guide aussi le chemin des Chrétiens » et qui en outre est « le grand code éthique pour l’humanité. Il affirme que de là naissent les différents champs de collaboration et de témoignages pour les Catholiques et les Juifs : réveiller l’ouverture à l’unique Dieu d’une société qui de nouveau se fabrique des veaux d’or, protéger la vie humaine contre toute injustice et abus, et promouvoir la sainteté de la famille basée dans le oui réciproque d’un homme et d’une femme. Ensuite il rappelle que les commandements se résument en l’amour de Dieu et la miséricorde envers son prochain, et il assigne un engagement spécial des Juifs et des Chrétiens envers les plus pauvres, les étrangers, les malades, les enfants, et ceux qui sont les plus faibles.

Il termine en implorant ce "shalom" que lui même a laissé dans un billet écrit au Mur des lamentations : « Envoie ta paix à la Terre Sainte, au Proche Orient, à toute la famille humaine ; émeus les cœurs de tous ceux qui invoquent ton nom pour qu’ils cheminent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion ».
Le soir tombe sur la Rome éternelle qui a vu vivre ensemble durant plus de deux mille ans des Juifs et des Catholiques, comme en témoigne l’exposition de gravures qu’ont inaugurée conjointement Benoît XVI et le Rabin Di Segni. Mais peut-être que jamais comme maintenant ils se sont regardés bien en face, ils se sont reconnus et aimés.
Shalom.

A propos du dernier billet du Père Scalese Une lettre de Charlotte