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Plaidoyer pour l'Eglise

Un prêtre espagnol se livre à un plaidoyer passionné pour l'Institution sainte, certes souillée par quelques-uns, mais ce sont les seuls que le monde veut voir. Lui est fier de lui appartenir, et il le clame haut et fort. Magnifique (Carlota, 31/3/2010)

Carlota

Voici un texte plein d'énergie d'un évêque "retraité" espagnol de 81 ans qui vit désormais au Pérou et continue comme simple prêtre son sacerdoce dans une paroisse d'un diocèse au nord de Lima.
Il s'énerve contre les amalgames actuels curé-pédophiles. C'est plus un sermon de messe version don Camillo que le texte universitaire du basque (Persécuteurs )...
[j'ajoute: c'est sincère, passionné, rafraîchissant, et finalement, pour mon goût personnel, plus convaincaint que toutes les spéculations intellectuelles]

Peut-on justifier les scandales de l’Église ?
(Original sur le blog Religion en libertad) par le Père José Gea Escolano (*)

Les scandales ne peuvent se justifier d’aucune façon, ni dans l’Église, ni dans aucune autre institution.
Certes, dans l’Église, il y a eu, il y a et il y aura beaucoup de scandales et de péchés. Mais, où n’y en a-t-il pas ? Est-ce que les institutions qui critiquent l’Église n’ont jamais eu de scandales? Sont-elles pures, pures, vraiment pures ?
Mais le fait qu’il y ait eu des manquements graves dans l’Église justifie-t-il qu’on l’attaque sans merci en disant comme on l’a dit que c’était une grande prostituée? Et c’est ce que certains ont dit y compris quelques prêtres.

Il y a comme une constante dans les critiques.
Quand il y a un prêtre qui provoque un scandale, on a l’habitude de dire: « Ils sont tous comme cela, mais ils le cachent » ; quand il y a un prêtre exemplaire, on dit « « Si tous étaient comme lui… »: c’est dire que nous soyons bons ou mauvais, pour beaucoup de gens nous sommes des indésirables.

Une autre constante c’est que lorsque l’Église parle d’une question morale, aussitôt vient l’accusation: « L’Église devrait se taire parce que les évêques du temps de Franco, chantaient le «Cara al sol » (ndt célèbre chant de la Phalange espagnole repris par l’État Espagnol) en levant le bras. Mais ce que je dirais moi : Les socialistes devraient se taire aussi pour avoir pris la tête du soulèvement des Asturies en 1934. De même que les communistes devraient se taire pour ce que le communisme a fait en Espagne et en Union Soviétique. Parce que même si les uns comme les autres nous avons commis des erreurs, pourquoi devons-nous nous taire sur des questions pour lesquelles nous avons raison ?

Vu que cela semble à la mode de mal parler de l’Église, et que dans certains milieux on veut la faire taire, vous me permettez quelques mots pour parler en bien d’elle ? Allons-y.

Les dirigeants de n’importe quelle association politique, peuvent-ils se comparer avec les prêtres sur le pourcentage de péchés de chair, des abus sur mineurs, des appropriations injustes, des malversations de fonds, pour avoir profité des plus faibles… et des choses du même style?
Ce qui se passe, c’est que si n’importe quel prêtre dans n’importe quel endroit du monde commet un scandale, tous les média de la terre le font miroiter. Est-ce qu’on arriverait à caser dans un journal tous les scandales que commettent les hommes politiques ou les avocats ou les journalistes du monde entier ? Quelqu’un oserait-il faire une enquête seulement au niveau de l’Espagne ?
Et quant au nombre de personnes qui se consacrent gratuitement au service des hommes, quelle association peut se comparer avec l’Église ? Il y a des milliers et des milliers de prêtres de haut niveau, supérieurs à beaucoup qui exhibent leur pouvoir, et qui vivent dans une petite paroisse de rien du tout, gagnant le minimum pour vivre; et des milliers de consacrés, des hommes et des femmes travaillant gratuitement en missions, dans des quartiers très pauvres.

Je ne sais pas si c’était De la Cuadra (ndt ancien champion sportif olympique et botaniste dans la forêt amazonienne puis célèbre journaliste) à qui on demanda au sujet de ses reportages pour la télévision pourquoi il mettait toujours en avant des religieux et des religieuses qui aidaient dans le vaste Tiers Monde. Il avait répondu : c’est qu’il n’y en a pas d’autres. Et ils y sont avec leurs vies dédiées à la tâche d’évangélisation et sociale.

L’Église est sainte. Je le dis avec mon entière conviction. Quand nous disons que l’Église est sainte, nous disons une vérité reprise dans notre Credo, (Je crois en l’Église qui est une, sainte…) mais la sainteté de l’Église n’est pas conditionnée à la sainteté des hommes qui en font partie ; la sainteté lui vient de l’Esprit.
L’Église n’est pas formée de saints mais d’hommes pécheurs appelés à la sainteté. C’est pour cela qu’il ne faut jamais dire que l’Église est pécheresse même si elle est pleine de pécheurs, même si elle a les plus grands pécheurs du monde voire même si elle n’a que des pécheurs.

De la même façon nous appelons un hôpital, une maison de santé, alors qu’il est rempli de malades; nous ne l’appelons pas maison de la mort alors qu’il y en a beaucoup qui y meurent. En l’Église est la source même de sainteté et de plénitude, parce que, en elle, est le Christ qui lui donne le qualificatif de sainte.

Ce qui ne veut pas dire, loin de là, que l’Église, ne brille pas aussi par la sainteté d’un très grand nombre de ses membres. Précisément la présence sanctificatrice de l’Esprit en elle est cause de nombreux et extraordinaires fruits de sainteté qui impressionnent quand on les connaît de près. Et en parlant de sainteté je ne fais pas seulement référence aux saint canonisés, proposés officiellement comme modèle à imiter.
Je fais également référence à beaucoup de frères qui partagent notre vie, illustres ou ignorés, que nous admirons car ils se consacrent d’une manière désintéressée au bien des autres, ils vivent leur foi, ils sont heureux dans la douleur, ils sont sereins devant la persécution dont ils sont victimes ; parce qu’ils sont capables des plus grands renoncements, de comprendre, de pardonner ; et qu’ils sont aussi capables de mettre en jeu leurs vies. Je dis aussi qu’il n’y a pas d’association qui puisse se comparer avec l’Église malgré les fautes qu’il y ait en elle.

Mon intention en disant cela n’est pas de faire une présentation triomphaliste de l’Église. Je veux simplement dire que dans l’Église pleine de pécheurs, il y a d’extraordinaires et abondants fruits de sainteté qui sont la manifestation de la présence de l’Esprit en elle.
On parle tellement négativement de l’Église (également de la part de quelques ecclésiastiques), qu’on en vient à donner l’impression que l’Église est responsable de tout ce qui fonctionne mal dans la société et de ce qu’il y a de pire dans le monde. Si dans toutes les maisons (également les plus belles et les plus luxueuses), il y a un endroit pour les ordures, il y en a aussi dans l’Église: mais il y en a qui s’obstinent à ne voir en elle que le coin des ordures et même à dire que tout l’Église est ordures.

Nous ne nous croyons pas les justes, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de l’Église. Nous tomberions dans l’attitude du Pharisien : « Je ne suis pas comme eux ». Ne serait-il pas mieux de centrer notre effort ou faire nous-mêmes personnellement le bien que nous voulons que nous fassent les autres ? Ne serait-il pas mieux d’imiter tant de modèles de vie pure et consacrée au bien des autres et à la défense des plus pauvres, comme l’ont fait et le font tant de saints, canonisés ou non, qui ont consacré leur vie et qui agissent sans violence et qui ont fait et font énormément de bien dans le monde ?
Oui, Messieurs. Je suis fier d’appartenir à l’Église. Et vous?

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(*) Le Père José Gea Escolano (1929) a été évêque auxiliaire de Valence, puis évêque d’Ibiza et évêque du Ferrol avant de prendre sa retraite en 2005. Il est alors parti au Pérou et collabore actuellement avec l’Évêque de Carabayllo (nord de Lima) dans la paroisse de Ste Marie de la Providence. Il y assure notamment et presque sans discontinuer des confessions toute la journée des dimanches et de nombreuses heures aussi en semaine.
Il a un blogue « Un évêque donne son opinion » sur Religion en Libertad .

Persécuteurs Une Eglise de pécheurs, oui mais...