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Eglise et immigration (II)

A propos d'un article du blog "La faute à Rousseau", commentant tardivement l'Encyclique sur les thème de la mondialisation, et de l'immigration (17/2/2010).

Sur ce sujet, lire: Eglise et immigration
Et aussi: Discours du saint-Père aux participants au sixième Congrès de la Pastorale des Migrants et des Réfugiés, le 14 novembre dernier (http://benoit-et-moi.fr/... )

Je ne me prends pas pour Jean Valjean, encore moins pour Victor Hugo, aussi ai-je quelque hésitation à parler de "tempête sous un crâne" à propos de mon choix de citer, ou non, un article qui me tombe sous les yeux à l'instant, du site royaliste La faute à Rousseau, commentaire tardif (donc en principe pesé) à l'encyclique Caritas in Veritate, à propos des positions de l'Eglise sur l'immigration et la mondialisation.
Et j'ai conscience de fleureter avec la polémique.
Mais qu'on le veuille ou non, les questions se posent, et la politique de l'autruche n'en résout aucune - encore moins le "bonisme" qui permet à la bien-pensance laïque d'excommunier les déviants, et (sans succès) d'exorciser le "mal".
Balayer ces questions d'un revers de main, dans la dramatique crise "d'identité" (nationale!! mais pas seulement) que nous vivons, serait franchement malhonnête, ou suicidaire.
Mon trouble avoué avait reçu, en novembre dernier, une sage réponse du Père Scalese, qui admettait que le sujet de la mondialisation et de l'immigration n'étaient que des indications pastorales, et, ne relevant pas du magistère, pouvaient être librement discutés, mais qui ajoutait que l'Eglise avait le droit, et le devoir, "de donner aux fidèles des orientations à suivre, en s'inspirant des principes moraux (ceux-là bel et bien immuables), et en tenant compte des situations particulières dans lesquelles nous vivons".
Et d'ajouter "l'Église peut-elle ignorer ce problème [de l'immigration] et prétendre qu'il n'existe pas?". (voir ici)

Evidemment, elle ne le peut pas.

Mais en renversant la question, l'Eglise peut-elle ignorer "un problème sociopolitique de première ampleur qui brise de très anciens et très profonds équilibres"?

La faute à Rousseau pose donc avec franchise et courage, mais aussi délicatesse, et respect envers le Saint-Père des questions légitimes, qui restent en suspens.

Les quelques arguments que je trouve à opposer (sans être moi-même totalement convaincue) sont:
- que l'Eglise ayant vocation à l'universalité, n'a pas à être gardienne de la tradition européenne plus que d'autres traditions, et encore moins instrument d'une quelconque "reconquête" comme certains, qui n'ont rien compris, le souhaiteraient.
- qu'elle n'a pas d'autre alternative que d'accompagner humainement et spirituellement au mieux les catastophes que d'autres ont préparées.
- qu'elle n'a pas d'influence, la plupart du temps, sur les populations migrantes (je parle de l'Europe), qui ne sont majoritaieremnt pas catholiques.
- qu'elle insiste systématiquement sur les devoirs des migrants, et réclame que leurs pays d'origine leur donnent la possibilité de vivre dignement chez eux.
- et surtout que cet occident qui, selon l'expression de Joseph Ratzinger, par un étrange masochisme, prend congé de lui-même, et qui refuse d'accueillir la vie au point d'entrer dans un "hiver démographique" sans doute irréversible, est le principal artisan de son malheur (moi avec!)

Je suis consciente que cette attitude risque de m'aligner (en négatif) sur les "catholiques adultes", avec qui je suis pourtant rarement sur la même longueur d'ondes.

Mais aimer sincèrement et loyalement Benoît XVI n'implique pas d'être sourd, aveugle, muet, et amnésique.
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Voici donc une analyse plutôt sereine et équilibrée, qui mérite d'être soumise à notre réflexion, même si je suis (forcément, et en toute mauvaise foi) un peu plus nuancée.
Cela dit, je ne doute pas que certains trouveraient des arguments pour réfuter un par un ceux qui sont avancés ici, et je suis convaincue, heureusement, que le Saint-Père est plus avisé que nous.



Il y a, aujourd’hui, deux domaines où l’Eglise romaine, très sage en beaucoup d’autres, nous paraît se tromper radicalement (ndlr: là, l'adverbe est franchement excessif, et je suis nettement plus nuancée). Il faut en traiter avec le respect qui lui est, naturellement, dû, mais il n’y a aucune raison - même si nous ne contredisons pas de gaité de coeur la haute figure du pape Benoît XVI - de ne pas exprimer notre pensée sur ces deux points qui, après tout, ressortent du domaine politique :

1. L’encyclique Caritas in Veritate croit pouvoir constater l’unification du monde. Elle le fait, il est vrai, dans sa logique propre, sa dynamique interne : elle y voit l’édification de la Cité de Dieu. A-t-elle raison ? Nous ne le croyons vraiment pas.
Primo, parce que les exemples contraires de « déconstruction » de grands ensembles politiques, qu’ils fussent bons ou mauvais, tout au long du siècle dernier, et encore aujourd’hui, abondent, sans qu’il soit vraiment besoin de les citer. Comment peut-on les ignorer ?
Secundo, parce que ce qui, en effet, s’unifie, ou, pour mieux dire, s’uniformise, le fait par le bas.
Si nous raisonnions chrétiennement, nous y verrions, plutôt, l’œuvre du mal. Politiquement, ce n’est pas la Cité de Dieu, au sens catholique, qui se construit, dont on peut penser, même si l’on n’est pas chrétien, qu’elle élèverait les peuples, les nations et les civilisations. Mais celle du grand vide marchand où l’homme, mais aussi les cités, les nations, les civilisations du monde, perdent leur âme. En la matière, l’optimisme romain est confondant (...). Jusqu’à preuve du contraire, nous ne voyons aucune raison de le faire nôtre.

2. Sur la question de l’immigration, l’Eglise ne cesse de prêcher l’accueil de l’étranger à des peuples qui, pourtant, s’épuisent à en accepter bien plus qu’il n’est raisonnable. Pourquoi la sagesse romaine n’en voit-elle pas les limites, aujourd’hui largement franchies ? Elle s’exprime au nom de la charité due à tout homme et, sur ce terrain, nous la comprenons, nous partageons son souci. Nous ne sommes pas plus sauvagesqu’elle ! Nous ne voulons de mal à personne. Mais l’Europe est, aujourd’hui, confrontée, d’ailleurs en grande partie à son initiative et de son fait, à un problème sociopolitique de première ampleur qui brise de très anciens et très profonds équilibres : une invasion sans précédent par un prolétariat étranger à sa nature et à sa tradition, qui met en péril sa stabilité, son ordre, son identité même et jusqu’à son existence. Il faut, dit Rome, rechercher « des solutions justes ». Soit. Nous en sommes d’accord. Mais, à ce titre, des nations, une civilisation comme les nôtres, dont, à tous les sens du terme, la richesse, humaine, culturelle, spirituelle, est immense et remonte à quelques millénaires, ont toute raison de vouloir préserver et continuer de développer, sans qu’elles soient brutalement bouleversées, et, probablement, détruites, leurs identités historiques propres. Qu’en pense donc Rome ?

Même si elle doit toujours être écoutée avec respect, L’Eglise n’a pas reçu, de son fondateur, les promesses de l’infaillibilité en tous domaines. Nous avons appris de Lui qu’il faut « rendre à César ce qui est à César ». Pour ce qui est de notre destin politique, c’est nous qui en sommes – ou devrions en être – maîtres. En l’occurrence, forts ou défaillants, comme, autrefois, les rois se France se voulaient empereurs en leur royaume, c’est nous qui sommes – ou devrions être - César.

L'anonyme de la Caritas L'Eglise n'est pas une multinationale