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Très intéressant article de Sandro Magister qui donne la parole à un théologien australien, John Lamont: pourquoi la FFSPX , qui ne rejette que 5% de Vatican II, est-elle en rupture avec Rome, alors que d'autres groupes catholiques, de marque progressiste, qui en refusent 95% continuent-ils à vivre tranquillement au sein de l'Eglise? Mais que sont ces 5%? (14/4/2012)

Dans le collimateur, la liberté religieuse, l'oecuménisme et la collégialité.

Article ici: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350219?fr=y

Extraits

LES QUESTIONS D’UN THÉOLOGIEN
par John R.T. Lamont
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Dans une réponse à une étude de Fernando Ocáriz qui portait sur l'autorité doctrinale du concile Vatican II, l’abbé Jean-Michel Gleize de la FSSPX a établi une liste des éléments de ce concile qui sont considérés comme inacceptables par la FSSPX :

"Sur quatre points au moins, les enseignements du concile Vatican II sont tellement en contradiction logique avec les déclarations du magistère traditionnel antérieur qu’il est impossible de les interpréter dans la ligne des autres enseignements déjà contenus dans les documents antérieurs du magistère de l’Église. Vatican II a donc rompu l’unité du magistère, dans la mesure où il a rompu avec l'unité de son objet.

"Ces quatre points sont les suivants.

"La doctrine de la liberté religieuse, telle qu’elle exprimée au n. 2 de la déclaration 'Dignitatis humanæ', contredit les enseignements de Grégoire XVI dans 'Mirari vos' et ceux de Pie IX dans 'Quanta cura', ainsi que ceux de Léon XIII dans 'Immortale Dei' et ceux de Pie XI dans 'Quas primas'.

"La doctrine de l’Église, telle qu’elle est exprimée au n. 8 de la constitution 'Lumen gentium', contredit les enseignements de Pie XII dans 'Mystici corporis' et dans 'Humani generis'.

"La doctrine relative à l'œcuménisme, telle qu’elle est exprimée au n. 8 de 'Lumen gentium' et au n. 3 du décret 'Unitatis redintegratio', contredit les enseignements de Pie IX dans les propositions 16 et 17 du 'Syllabus', ceux de Léon XIII dans 'Satis cognitum' et ceux de Pie XI dans 'Mortalium animos'.

"La doctrine de la collégialité, telle qu’elle est exprimée au n. 22 de la constitution 'Lumen gentium', y compris le n. 3 de la 'Nota prævia', contredit les enseignements du concile Vatican I sur l'unicité du sujet du pouvoir suprême dans l’Église et la constitution 'Pater æternus'".

L’abbé Gleize a participé à la discussion doctrinale entre la FSSPX et les autorités romaines et c’est également le cas d’Ocáriz. On peut raisonnablement considérer les affirmations citées comme une description des points doctrinaux sur lesquels la FSSPX n’entend pas transiger et qui ont été considérés par le Saint-Siège comme l’inévitable origine de la fracture.

L'article d’Ocáriz auquel a répondu l’abbé Gleize avait été publié dans le numéro de "L'Osservatore Romano" en date du 2 décembre 2011. Cet article semble soutenir que la base de la fracture relevée par le Saint-Siège est un rejet de l'autorité de Vatican II. Mais cette thèse est difficile à comprendre pour tous ceux qui connaissent à la fois la position théologique de la FSSPX et le climat de l'opinion théologique au sein de l’Église catholique. L’abbé Gleize mentionne seulement quatre points du volumineux enseignement de Vatican II. La FSSPX ne rejette pas Vatican II dans son intégralité : bien au contraire, l’évêque Fellay a affirmé que 95 % des enseignements de celui-ci sont acceptés par la Fraternité. Ce qui veut dire que la FSSPX est plus fidèle aux enseignements de Vatican II qu’une bonne partie du clergé et de la hiérarchie de l’Église catholique.

[John Lamon passe ici en revue plusieurs affirmations du Concile , dont voici un échantillon éloquent:]

"Dei Verbum" 19 :

"Les quatre Évangiles, dont l'Église affirme sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus, le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel (cf. Ac 1, 1- 2)".

"Lumen gentium" 3 :

"Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre Rédemption s’opère".
...
"Gaudium et spes" 48 :

"C’est par sa nature même que l’institution du mariage et l’amour conjugal sont ordonnés à la procréation et à l’éducation qui, tel un sommet, en constituent le couronnement".

"Gaudium et spes" 51 :

"La vie doit être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception : l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables".

* * *

La grande majorité des théologiens des institutions catholiques d’Europe, d’Amérique du nord, d’Asie et d’Australie tend à rejeter la totalité ou la majeure partie de ces enseignements. Ces théologiens sont suivis par la majorité des ordres religieux et par une partie significative des évêques de ces régions. Il serait difficile, par exemple, de trouver un jésuite enseignant la théologie dans n’importe quelle institution jésuite qui accepte ne serait-ce qu’un seul de ces enseignements. Les textes cités ne sont qu’une sélection des enseignements de Vatican II qui sont rejetés par ces groupes ; et l’on pourrait en augmenter beaucoup le nombre.

Et bien, ces enseignements font justement partie de ces 95 % de Vatican II que la FSSPX accepte. Et, à la différence des 5 % de ce concile qui sont rejetés par la FSSPX, les enseignements cités ci-dessus sont centraux pour la foi et pour la morale catholiques et ils incluent certains des enseignements fondamentaux du Christ lui-même.

La première question que le communiqué du Saint-Siège pose à un théologien est donc : pourquoi le rejet d’une petite partie des enseignements de Vatican II par la FSSPX donne-t-il lieu à une fracture entre la Fraternité et le Saint-Siège, alors que le rejet d’enseignements de Vatican II beaucoup plus nombreux et plus importants par d’autres groupes au sein de l’Église n’empêche pas ces groupes de garder tranquillement leur place et de rester en possession d’une pleine situation canonique ? Le rejet de l'autorité de Vatican II par la FSSPX ne peut pas être la réponse à cette question. En réalité la FSSPX montre davantage de respect pour l'autorité de Vatican II que la plupart des ordres religieux qui existent dans l’Église.

Il est intéressant de noter que les textes de Vatican II qui sont rejetés par la FSSPX sont acceptés par ces groupes qui, au sein de l’Église, rejettent d’autres enseignements de ce concile. On pourrait donc supposer que ce sont précisément ces textes spécifiques – concernant la liberté religieuse, l’Église, l'œcuménisme, la collégialité – qui posent un problème. La fracture entre le Saint-Siège et la FSSPX naît parce que la Fraternité rejette ces éléments particuliers de Vatican II, pas parce que le Saint-Siège entend défendre Vatican II en bloc. En revanche il n’y a pas de fracture avec des groupes n’appartenant pas à la Fraternité qui rejettent une part beaucoup plus grande de Vatican II parce que ces groupes acceptent ces éléments particuliers. Mais, si c’est le cas, la première question se pose simplement, de nouveau, avec plus de force.
...
Pour juger la position doctrinale de la FSSPX il faut tenir compte du fait qu’il y a une différence essentielle entre la position de la FSSPX sur Vatican II et la position des groupes qui, au sein de l’Église, rejettent les enseignements cités ci-dessus de "Dei Verbum", de "Lumen gentium" et de "Gaudium et spes". Ces groupes soutiennent simplement que certaines doctrines de l’Église catholique ne sont pas vraies. Ils rejettent l'enseignement catholique, point final. Au contraire la FSSPX ne soutient pas que l’enseignement de l’Église catholique est faux. Elle soutient que certaines des affirmations de Vatican II contredisent d’autres enseignements magistériels ayant une plus grande autorité et que le fait d’accepter les doctrines de l’Église catholique implique donc que l’on accepte ces enseignements qui ont plus d’autorité et que l’on repousse la petite portion d’erreurs présentes dans Vatican II. Elle soutient que le véritable enseignement de l’Église catholique doit être trouvé dans des affirmations antérieures faisant davantage autorité.

[Après la première question posée plus haut, John Lamon en pose quatre autres, ouvertes, sur la position du Saint-Siège par rapport à la FSSPX, se concluant par celles-ci:]

(...) quel est l’enseignement de l’Église catholique faisant autorité en ce qui concerne les points (les 4 points cités plus haut) qui donnent lieu à des discussions entre la FSSPX et le Saint-Siège ?

Il ne fait pas de doute que les discussions doctrinales entre les deux parties n’aient impliqué un examen de la question, mais le secret qui entoure ces discussions laisse le reste de l’Église dans l’ignorance sur ce point. S’il n’y a pas de réponse à la quatrième question, il n’est pas possible de répondre à cette cinquième question : pourquoi les positions doctrinales de la FSSPX donnent-elles naissance à une fracture entre la Fraternité et le Saint-Siège ?

Mais cette cinquième question, tout en étant significative, n’a pas autant d’importance que la quatrième.
La nature de l’enseignement de l’Église catholique en ce qui concerne la liberté religieuse, l'œcuménisme, l’Église et la collégialité est d’une grande importance pour tous les catholiques. Les questions posées par les discussions entre le Saint-Siège et la FSSPX concernent l’Église tout entière, pas seulement les participants aux discussions.