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Andrea Monda (1), l'auteur de "Benedetta Umiltà" présente son ouvrage ce soir à Rome. Article dans Il Tempo. Il trace en peu de mots un portrait plein de sensibilité du Saint-Père incompris des medias (7/6/2012)

     



« J'ai rencontré Joseph Ratzinger en 2000 (2).
Et dans cette rencontre, il a montré son étoffe humaine ».

(Texte en italien: Raffa)
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Une étoffe qui est faite de cette gentillesse limpide et délicate. De cette joie, et je vais dire ici des mots que peu associent au Pape Benoît XVI. De sa courtoisie. De sa pureté. Et tandis que je parle, je me rends compte que j'utilise pour le décrire des mots qui sont devenus désuets, qui ne sont jamais utilisés pour décrire un homme».
Andrea Monda, journaliste, écrivain, raconte en ces termes la rencontre avec celui qui allait devenir Benoît XVI. Une rencontre qui l'a d'abord conduit à écrire un article, en 2007. Et puis à publier un livre, «Benedetta umiltà. Le virtù semplici di Joseph Ratzinger» qui sera présenté aujourd'hui à 18 heures à Rome, à la Fondazione Achille Grandi per il Bene Comune (présentation de l'évènement ici).

À la lecture du livre, et d'une conversation avec l'auteur, on découvre que l'un des mots les plus utilisés dans les discours du pape est «la joie». Le livre souligne que la grandeur de Benoît XVI est d'avoir toujours dit oui, d'avoir toujours accepté ce que la vie a réservé pour lui. «Il voulait être théologien - raconte Monda - et il a fini par devenir évêque, puis préfet de la Congrégation de la Foi, puis Pape. Sa vie ne lui a rien réservé de ce qu'il voulait pour lui-même, mais il l'a accepté avec humilité». Et il note que la beauté de Benoît XVI n'est pas dans sa sagesse, mais dans sa simplicité, quand il devient le «curé du monde», rencontre les enfants, les jeunes, les séminaristes et répond a braccio à leurs questions. Il suffit de penser à Milan, la semaine dernière, quand il a répondu simplement que «le ciel doit être comme était ma famille quand j'étais enfant» (cf. Confidences du Saint-Père).

«Et c'est là - explique Andrea Monda - que nous voyons la plénitude de l'humilité de Benoît XVI. Un trait humain qui m'a toujours fasciné chez lui, depuis que j'ai eu l'occasion de le rencontrer. Déjà, on parlait de lui comme du Panzerkardinal, le gardien allemand de la foi catholique, le cardinal du non. Mais il y avait aussi des réflexions plus profondes qui me disaient qu'il était un grand théologien, cristallin, grave, d'une grande profondeur. Mais quand je l'ai rencontré, ce deuxième aspect est lui aussi passé au second plan».
De là est née la réflexion sur l'humilité de Benoît XVI.

«J'ai réalisé - dit-il - que tous les grands hommes sont réunis par la caractéristique de l'humilité, qui est une vertu particulière: dès lors que vous pensez que vous l'avez, vous l'avez déjà perdue. L'humilité est un chemin, on n'arrive jamais à sa plénitude. Sa grandeur réside dans sa simplicité qu'il a quand il parle. Et je le trouve formidable lorsqu'il parle avec les enfants».

C'est là qu'émerge la véritable image de l'homme Joseph Ratzinger, parce que - soutient Monda - « derrière un Pape, il y a toujours un homme». Et pourtant, c'est un homme dont on ne parle presque jamais (ndt: si! en toute modestie, sur mon site!).
«On pourrait dire que la bonne nouvelle est qu'il n'y a pas de nouvelle. Mais comme chrétien, je parle de la Bonne Nouvelle. On pourrait dire, en fait, que mon livre est destiné aux journalistes spécialisés. Benoît XVI est mis à mal par les récits des médias. Je dis qu'une autre narration spirituelle est possible».
Une narration qui passe par l'amour «filial» de Benoît XVI pour la Sainte Vierge, et le geste de s'agenouiller, un geste très présent chez Benoît XVI.
« C'est justement l'agenouillement - dit Monda - qui est le signe de l'humilité. L'humilité et le christianisme sont étroitement liés. Avant le christianisme, l'humilité se caractérisait comme le respect pour le supérieur. Mais avec le christianisme, nous avons le paradoxe... la kénose de Dieu se faisant homme, et même lave les pieds de ses disciples. Cet abaissement scandaleux est le point culminant (l'acmé) du chrétien, et cela, le Pape le représente totalement. Souvent, Benoît XVI nous dit: plus vous montez, et plus vous devez être humble. Service et obéissance sont des mots qui ont été retirés de l'horizon occidental, on ne les trouve pas dans les médias, mais ils sont très présents dans les réflexions de Benoît XVI».

Et c'est l'échec des médias qui ne savent pas se laisser toucher (frapper) par le message lancé par Benoît XVI avec son humanité. Et pourtant, cette partie humaine et vivante de Benoît XVI passe au second plan. Tandis qu'à Milan il rassemblait 2 millions de personnes, il était question d'un pape qui est obligé de faire face à des attaques de l'intérieur de son propre appartement.

« Cela - affirme Monda - je crois qu'il le vit avec une grande douleur, car il s'agit d'une situation qui touche aussi la situation affective, les personnes proches de lui. Mais cela ne fait qu'exalter sa foi en Dieu. Même dans cette situation, Benoît XVI affirme: "Il y a quelqu'un de plus grand que moi, en qui je me fie". C'est sa grande humilité. Dans ces situations, on voit la stature d'un homme qui vole haut, et qui a commencé par demander à chacun de prier pour que lui-même ne recule pas. Et il l'a fait depuis ce 19 Avril 2005, quand pour la première fois il a parlé en tant que pape depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre».

(1) Andrea Monda, né à Rome en 1966, enseigne le catéchisme dans des lycées de Rome. Il est professeur de "Catholicisme et littérature" à l'Université Grégorienne et à l'Université Pontificale du Latran. Il collabore aux pages culturelles de Avvenire, L'Osservatore Romano, et Il Foglio. Il a publié des essais sur J.R Tolkien et S.S. Lewis

(2) Il a fait le récit de cette rencontre du 9 septembre 2000 dans son livre, et j'ai traduit le chapitre correspondant (cf. Benedetta umiltà).