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Les fuites de sa correspondance privée ont fait émerger en pleine lumière la grandeur de la stature de Benoît XVI. Réflexion de Mgr Bruno Forte (19/6/2012, mise à jour)



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La crise de l'éthique et la fragilité dans le village global
Une réflexion de Mgr. Bruno Forte à propos de "Vatileaks" et de la stature spirituelle de Benoît XVI

Editorial de Mgr Bruno Forte, archevêque du diocèse de Chieti-Vasto (Abruzzes), publié hier, dimanche 17 Juin dans le journal Il Sole 24 ore.

http://www.zenit.org/article-31262?l=italian (ma traduction)
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La publication de certains documents confidentiels de Benoît XVI (principalement des lettres privées à lui adressées), dans un livre au succès éditorial trop facile (ndt: Sua Santità), représente une chute grave en termes d'éthique de la communication. Dans cette opération journalistique, le respect dû à toute personne n'a pas été le moins du monde pris en compte, en particulier celui plus que juste à la personne du pape et à ceux qui, avec confiance et sens de responsabilité, lui écrivent.
Si le but était de faire passer la communauté ecclésiale dans son centre universel, la Curie romaine, comme une sorte de «nid de vipères», discréditant du même coup l'autorité morale de l'Église catholique, il semble qu'on ait entièrement échoué: et cela tout particulièrement parmi le peuple de Dieu, où justement la volonté de montrer le Successeur de Pierre dans un état de fragilité et de solitude a suscité envers lui une vague d'affection et de proximité dans la prière de proportions impressionnantes.
Les ovations adressées au Pape par le million de personnes ayant assisté à la messe célébrée à l'aéroport de Bresso à Milan, lors de la VIIe Rencontre Mondiale des Familles il y a quinze jours, comme les innombrables signes de dévotion et d'affection qui se multiplient dans les Églises locales du monde entier (ndt: et en France?) en sont une preuve.

Même les protagonistes de la culture «laïque» et de la vie publique ont montré leur juste indignation face à cette exploitation médiatique de la «vie privée» de beaucoup, et en premier lieu de cette très haute référence morale et spirituelle qu'est Benoît XVI pour le monde entier. Ce qui frappe le plus douloureusement dans cette histoire, c'est la personnalité du soi-disant «corbeau», c'est-à-dire de celui qui a transmis les documents à l'extérieur, les faisant sortir de la confidentialité à laquelle ils étaient voués: il s'est agi d'une trahison grave de la fidélité reçue, d'un acte moralement répréhensible au plus haut degré.

D'ailleurs, à la trahison, la communauté des disciples du Christ est habituée depuis ses débuts, à partir de ce drame de Judas et de ces tristement célèbres «trente deniers» qui - tachés de sang - ont tout juste été jugés aptes à acheter un 'champ pour enterrer les étrangers' (1).

Et pourtant, de cette histoire émerge un côté extraordinairement positif, lié au témoignage plus que jamais lumineux et crédible de Benoît XVI, à la foi vraiment semblable à un roc.

La preuve en est les paroles prononcées par le Pape à l'audience de mercredi dernier (cf. catéchèse du 13 juin) dans l'Aula Nervi (ndt: ou salle Paul VI) au Vatican, qui mérite plus que jamais que l'on s'y arrête: le contexte était celui de la réflexion sur la prière, «oasis de paix à laquelle nous pouvons puiser l'eau qui nourrit notre vie spirituelle et transforme notre existence».
Le modèle proposé par le pape était l'apôtre Paul, qui, dans un moment de grande souffrance «par trois fois a instamment prié le Seigneur de lui éloigner cette épreuve». Et c'est dans cette situation que, dans la contemplation profonde de Dieu, il reçoit la réponse à sa supplique: « Ma grâce te suffit; car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12: 9). La logique de l'Apôtre est simple: «il ne se vante pas de ses actions, mais de l'activité du Christ, qui agit justement dans sa faiblesse».
Benoît XVI commente: «Cette attitude de profonde humilité et de confiance face à la manifestation de Dieu est fondamentale également pour notre prière et pour notre vie, pour notre relation à Dieu et à nos faiblesses... Paul comprend clairement comment affronter et vivre chaque événement, en particulier la souffrance, la difficulté, la persécution : au moment où l’on ressent sa propre faiblesse, se manifeste la puissance de Dieu, qui n’abandonne pas, ne laisse pas seuls, mais devient soutien et force».

Suit ici une déclaration touchante du Pape, où semble se manifester avec discrétion et modestie, quelque chose de la souffrance éprouvée par lui: « Certes, Paul aurait préféré être libéré de cette "écharde", de cette souffrance ; mais Dieu dit : "Non, cela est nécessaire pour toi. Tu auras assez de grâce pour résister et pour faire ce qui doit être fait". Cela vaut également pour nous. Le Seigneur ne nous libère pas des maux, mais nous aide à mûrir dans les souffrances, dans les difficultés, dans les persécutions... Ce n’est pas la puissance de nos moyens, de nos vertus, de nos capacités qui réalise le Royaume de Dieu, mais que c’est Dieu qui opère des merveilles précisément à travers notre faiblesse, notre inaptitude à la tâche. Nous devons donc avoir l’humilité de ne pas nous reposer sur nos seules forces, mais de travailler, avec l’aide du Seigneur, dans la vigne du Seigneur, en nous confiant à Lui comme de fragiles "vases d’argile" ».

Transparaît ici le témoignage de l'homme de foi, qui sait combien sont importants « la constance, la fidélité du rapport avec Dieu, en particulier dans les situations d’aridité, de difficulté, de souffrance, d’absence apparente de Dieu.» Et ceci est le fruit d'un grand amour: «Ce n’est que si nous sommes saisis par l’amour du Christ que nous serons en mesure d’affronter chaque adversité comme Paul, convaincus que nous pouvons tout en Celui qui nous donne la force» .
Justement ainsi, sur la bassesse de l'histoire des «Vatican leaks», se dresse la grandeur de la stature spirituelle de ce Pape, qui devient un message de vie et d'espérance pour nous tous: face aux épreuves de la vie et de l'histoire, en particulier celles qui nous arrivent, aussi inattendues que pénibles, qu'elles soient morales ou physiques (comme par exemple les événements dramatiques du récent séisme en Emilie), face à la crise éthique qui est à l'origine des difficultés actuelles dans notre «village global», il convient avant tout de maintenir haute la confiance dans la force du bien, dans la capacité de la vérité à être finalement vainqueure, et dans la certitude sereine - très vivante chez ceux qui croient - de ne pas être seuls, mais de pouvoir compter sur la fidélité d'un amour qui ne manquera jamais et qui soutiendra dans les vagues la barque de l'Eglise et de tous ceux qui s'appuient sur le Dieu vivant sur une route sûre, vers un port de justice et de paix pour tous.

Note (mise à jour)

(1) Merci à ma chère Marie-Anne, pour la référence: Matthieu, chapitre 27 (http://www.biblia-cerf.com/BJ/mt27.html )

Mt 27:3- Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il avait été condamné, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d'argent aux grands prêtres et aux anciens :
Mt 27:4- " J'ai péché, dit-il, en livrant un sang innocent. " Mais ils dirent : " Que nous importe ? A toi de voir. "
Mt 27:5- Jetant alors les pièces dans le sanctuaire, il se retira et s'en alla se pendre.
Mt 27:6- Ayant ramassé l'argent, les grands prêtres dirent : " Il n'est pas permis de le verser au trésor, puisque c'est le prix du sang. "
Mt 27:7- Après délibération, ils achetèrent avec cet argent le " champ du potier " comme lieu de sépulture pour les étrangers.
Mt 27:8- Voilà pourquoi ce champ-là s'est appelé jusqu'à ce jour le " Champ du Sang ".