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Les voeux - magnifiques et totalement en décalage par rapport aux sempiternelles banalités - de José-Luis Restàn, traduits par Carlota (17/4/2012).

-> Cette image (cf. Les voeux d'anniversaire de l'Osservatore Romano) est celle avec laquelle Don José-Luis a choisi d'illustrer son billet.

     



Les 85 ans et la patience de Benoît
José Luis Restán
Paginas Digital
17/04/2012

Des nombreuses choses que j’ai lues ces jours-ci sur Benoît XVI autour de son 85ème anniversaire, un article du cardinal Kart Koch publié dans L’Osservatore Romano, m’a impressionné (ndlr : texte en italien ici, traduction programmée… ).
Koch est suisse de langue alémanique, il partage avec Joseph Ratzinger l’aventure théologique de Communio ( ndlr: Communio, la revue théologique fondée en 1972 par Ratzinger, Urs von Balthasar et Henri de Lubac afin de rivaliser avec les visions de réformisme radical de Concilium - la revue de théologie libérale à laquelle participait, entre autres, Hans Küng). Et surtout il sait tout sur ce que c’est de souffrir dans un diocèse du centre de l’Europe pour se maintenir dans la fidélité de la Tradition de l’Église et la communion avec le Pape.

Profond connaisseur de l’immense œuvre et de la pensée du Pape Ratzinger, Koch a choisi l’image du grain de moutarde pour la décrire, à cette occasion. J’avoue qu’au début je suis resté perplexe : il y aurait tant à dire et nous en restons à un grain de moutarde ! Parfois nous sommes trop légers. Le cardinal suisse décrit avec simplicité comment le Seigneur a toujours choisi des gens simples, des hommes pauvres et des femmes à l’influence maigre, qui ont accueilli sans condition l’Évangile, et ont ainsi rénové l’Église depuis l’intérieur. Le changement, toujours nécessaire dans un corps vivant, n’arrive pas par l’intermédiaire des convulsions révolutionnaires ni par celle de plans très intelligents, mais il se fait d’une façon lente et organique, depuis l’intérieur. La juste position du chrétien, avertit Kock, « ne peut être que celle de l’amour et de la patience, qui est la profonde respiration de l’amour ».

Et c’est ainsi que nous sommes arrivés au point central de la vision de Benoît XVI sur l’histoire, sur cette époque et sur le chemin de l’Église.
Nous, et à commencer par moi, nous nous avons tout de suite tendance à émettre des jugements accablants sur ce temps, et nous demandons par conséquent des mesures fortes, des ordres clairs, des brillants projets. Nous ressentons une forte et logique anxiété devant les maux de cette époque (que, soit dit en passant, peu ont décrit avec l’acuité du Pape Ratzinger) et la situation de l’Église en Occident nous angoisse souvent. C’est curieux qu’en cela, ceux qui défient Rome avec leur mutinerie et ceux qui l’accusent de tiédeur et d’indécision, se retrouvent.

Au contraire, le Pape aime la patience, consubstantielle de l’amour. C’est quelque chose que l’on découvre non seulement dans tout ce qu’il dit et écrit mais à la façon dont il écoute et regarde. Je me rappelle maintenant son homélie à la Chartreuse de Saint Bruno (cf. http://benoit-et-moi.fr/2011-III), quand il parlait du temps nécessaire pour que la grâce de Dieu agisse et pour que la liberté de l’homme se déplace.
C’est vrai que le grain de moutarde est appelé à se transformer en grand arbre sous lequel s’abriteront toutes sortes d’oiseaux, mais Benoît XVI appelle notre attention sur le fait que l’Église doit avoir toujours comme point de référence son propre mystère, et non les plans qui dessinent à l’avance cet arbre à notre mesure. La plante de la foi, l’arbre de l’Église, ne peuvent croître que de la profondeur de la terre, et c'est pour cela souligne Koch, que « des réformes concrètes n’importent pas tant au Pape, ce qui lui importe c’est que le fondement et le cœur de la foi chrétienne resplendissent de nouveau ».

Ces jours-ci, j'a également été surpris par l’impressionnante anticipation du jeune Ratzinger sur les problèmes du présent, et comment il a approfondi comme Pape ses intuitions précoces. Par exemple, si nous lisons la conférence prononcée par le cardinal Joseph Frings (ndlr: cf. http://benoit-et-moi.fr/2008/ , je ne trouve pas le texte entier, mais il semble qu'il en ait été question dans l'Avvenire, et Teresa a traduit l'article en anglais ici - bas de page) en 1961, sur Vatican II face à la pensée moderne, qui, nous l’avons appris par la suite, avait été écrite par son très jeune théologien de confiance. On y trouve déjà toute la radiographie de ce monde post-moderne que Ratzinger dissèque avec intelligence et respect en comprenant que l’Église doit l’accompagner dans son naufrage et son dérèglement pour récupérer son désir de justice et de liberté en l’orientant de nouveau vers l’unique fondement du Christ.

Nous y découvrons déjà sa clarté incorruptible et sa délicatesse incroyable, son amour de la Tradition et son caractère d’une inégalable modernité. On y comprend comment le Concile ne pouvait se concevoir ni comme une rupture, ni comme une assimilation, mais comme une rénovation dans la continuité de l’unique sujet de l’Église. Cela impressionne que la Providence ait marqué si tôt l’homme qui devait compléter cette œuvre transcendante pour la mission chrétienne du XXIème siècle.

L’autre texte que je me rappelle maintenant a pour titre « Sous quel aspect se présentera l’Église de l’an 2000 » et reprend quelques conversations radiophoniques de celui qui était alors archevêque de Munich.
Comment cela peut-il alarmer un Pape qui quarante ans plus tôt avait prévu avec une semblable netteté la grande tourmente et avait déjà montré le chemin ? Il me semble certain que des temps très difficiles attendent l’Église. Sa véritable crise a à peine commencé. Il faut compter avec des secousses fortes. Mais je suis aussi totalement sûr de ce qui restera à la fin : non pas l’Église du culte politique…mais l’Église de la foi. Certainement elle ne sera jamais plus une force dominante dans la société dans la même mesure dans laquelle elle se trouvait il y a encore peu. Mais elle fleurira de nouveau et sera visible aux êtres humains comme la patrie qui leur donne la vie et l’espérance au-delà de la mort ».

C’est à cela qu’il faisait référence dans l’homélie de la Messe Chrismale, quand il parlait de ces rivières de vie qui ont signifié tellement de charismes donnés par l’Esprit Saint à l’époque agitée postconciliaire.
Apprendre la patience n’est pas une question d’exercices d’autocontrôle mais de s’accompagner de la respiration de l’amour du Christ. Et c’est une mélodie que le Pape Benoît connaît comme personne.

Bon Anniversaire, Votre Sainteté.