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Un article de Juan Manuel de Prada (cf. ici) écrivain, essayiste et journaliste espagnol catholique assez anticonformiste , traduit par Carlota (27/4/2012)

Original ici:
http://www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=22119



Un pontificat restaurateur
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Sept ans ont déjà passé depuis que Benoît XVI occupe le siège de Pierre, et l’anniversaire nous sert de prétexte pour souligner ici ce qui, de toutes évidences, constitue le signe le plus distinctif et prometteur de son pontificat, qui n’est pas autre que la restauration doctrinale de l’Église, grièvement blessée après les inerties, les mauvais usages et les abus flagrants qui sont arrivés durant l’époque post - conciliaire.

Peut-être que l’action la plus divulguée par la presse au sujet de cette intention restauratrice a été la persistance du souverain pontife à affronter sincèrement le scandale de la pédophilie chez le clergé, phénomène pas moins indigne de par sa marginalité, et très expressif du fléau du sécularisme, qui durant des décennies a campé avec ses coutumes au sein de l’Église. Mais Benoît XVI ne s’est pas limité à combattre les conséquences de cette calamité (selon la recette propre à notre époque, qui met d’une manière pharisienne les conséquences au gibet, en même temps qu’elle exalte les causes) mais qui a étudié les racines du problèmes, en découvrant que sa vraie guérison ne sera possible que si l’on combat les erreurs doctrinales de fond qui ont contaminé des ministres et des fidèles, des erreurs pour lesquelles on s’était résigné ou on avait temporisé d’une façon quelque peu irresponsables au cours des derniières décennies.

Des signes de cette intention de restauration, nous en avons partout; à quelques-unes, nous ne prêtons pas attention, pas même les curés eux-mêmes, qui font de la résistance, par exemple, à la mise en place de prie-dieu pour la communion. Mais peut-être que le signe le plus frappant (et incompris par beaucoup, y compris au sein de l’Église), ce sont les efforts d’accueil que Benoît XVI montre envers la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, fondée par Marcel Lefebvre. En juillet 2007, Benoît XVI promulguait la lettre apostolique « Summorum Pontificum « , émise sous forme de motu propio, dans laquelle il donnait une plus grande facilité pour la célébration de la messe tridentine. Ensuite, en janvier 2009, Benoît XVI levait dans un décret pontifical l’excommunication des quatre évêques ordonnées d’une façon irrégulière par Lebebvre, et en septembre 2011, Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, remettait à Fellay, supérieur de la Fraternité, un « Préambule Doctrinal » qui, en cas d’acceptation, mettrait fin à la rupture. Depuis lors, se sont succédés les contactes, qui d’après les derniers indices pourraient déboucher sur une pleine régularisation canonique de la Fraternité.

À première vue, cela peut sembler un épisode mineur, mais peut-être s’agit-il du grand évènement de ce pontificat. Malgré les excès montrés par quelques membre de la Fraternité, malgré les résistances et la méfiance de beaucoup de prélats, malgré une furieuse animadversion (ndt mot littéraire identique dans les deux langues et bien sûr tiré du latin, anima/ âme et adversio/aversion, qui montre encore mieux la force de l’hostilité manifestée !) que certains secteurs ecclésiastiques progressistes (et aussi, sûrement, conservateurs, dans une paradoxale alliance) montrent face aux lefebvristes, le Pape n’a pas faibli dans sa volonté explicite de rendre propice la réconciliation définitive avec ce groupe traditionnaliste. Benoît XVI est un témoin privilégié du « processus de décadence et d’autodestruction » (nous employons ses expressions à lui) que « des forces latentes agressives, polémiques, centrifuges » ont déchaîné au sein de l’Église, dans les décennies postérieurs au Concile Vatican II. Dans son effort pour rendre propice la régularisation canonique de la Fraternité Saint Pie X, - qui, en cas de réalisation, lui entraînera des incompréhensions de toutes parts et une féroce campagne médiatique de discrédit, nous apercevons l’intention régénératrice d’un Pape qui ne se limite pas à l’arrêt des conséquences funeste d’un processus dégénératif, mais qui aspire à une authentique régénération du tissu malade.
Gaudeamus igitur (ndt en latin dans le texte : Réjouissons-nous).