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2ème partie: Le sourire du Saint-Père. (8/6/2012)


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La boue.



     



Le sourire du Saint-Père


Chère Béatrice,
...
Notre Saint-Père a fait " un tabac " à Milan et pendant le temps de son séjour nous avons vu combien cet homme est capable de s'épanouir lorsqu'il est entouré de personnes qui l'aiment, le lui montrent. Ne pas respirer les miasmes du Vatican, avoir autour de lui de l'espace meublé de visages souriants, entendre des paroles pleines de chaleur, sincères, voilà de quoi lui permettre de décompresser, de quitter son visage grave, triste pour se laisser envahir par cette joie si largement dispensée par une foule immense qui voulaient le soutenir, lui prouver qu'on l'aimait. Il peut encore être jugé froid par des personnes qui ont pour bréviaire les critiques des médias et un esprit obtus au point d'être incapables de juger par elles-mêmes mais s'offrir le luxe de célébrer une messe devant un million de fidèles, sans gestes racoleurs, avec comme atouts des paroles simples, venant de son cœur, pleines de la foi vibrante qui conduit sa vie depuis de si nombreuses années, et être applaudi, acclamé, n'est pas à la portée du premier venu qui, imbu de ses connaissances immenses, se transformerait en un Pontife moraliste imbuvable

Dès l'arrivée à Milano Linate, le ton était donné avec deux enfants, des fleurs, un Pape prenant le temps de les embrasser. Des autorités sont présentes, le Maire, les cardinaux Scola et Antonelli, une centaine de personnes qui ont eu l'autorisation de s'approcher, qui manifestent leur joie, "Benedetto, Benedetto". Selon KTO il fait très chaud avec une atmosphère lourde. Notre Benoît en voiture découverte, vitres baissées (papamobile) salue, très souriant. Il m'a semblé qu'il y avait beaucoup de motos de la police qui l'encadraient mais Milan a dû déployer une sécurité maximum. Les personnes sur le trajet allant à la cathédrale en profitent pour le voir.

L'arrivée devant le Dôme se fait dans l'allégresse au milieu de la foule des Milanais qui l'espèrent; c'est un lieu de rassemblement traditionnel. Ils souhaitent manifester leur affection, leur soutien et ils réussissent fort bien. L'accueil est sonore, enthousiaste, plein de joie, de visages souriants. La voiture papale s'arrête quatre fois pour permettre au Saint-Père d'embrasser et de caresser les petites frimousses qui lui sont présentées grâce à Domenico Giani et à son secrétaire. Etant donné le grand nombre de nations représentées les annonces sont faites en plusieurs langues . Une jeune femme traduit les discours en langage des signes. Des jeunes suivent la voiture en courant pour regagner le point de rencontre. C'est une atmosphère de fête familiale. Le maire offre un très beau livre à Benoît XVI sur les merveilles de la ville. Le cardinal Scola est tout sourire, chaleureux, heureux de voir que son Pape va pouvoir respirer un air de joie, un grand bol de vitamines dans cette ville au riche passé et qui en garde les traces bien vivantes. Benoît XVI répond à son tour, debout, dérangé par le vent qui doit rendre la chaleur plus supportable. Il est plusieurs fois interrompu par des applaudissements qu'il laisse venir et écoute avec un sourire heureux. Fidèle à ses habitudes il adresse un vibrant éloge en hommage à Milan, fort apprécié mais n'oublie pas l'envoi en mission. Il donne sa bénédiction, Mgr Gänswein distribue des chapelets; avant de remonter dans la voiture pour aller à l'archevêché il salue quelques personnes. Je n'ai pas trouvé chez lui cette fois le court moment d'hésitation qu'il paraît manifester parfois en présence d'une grande foule et pourtant les Milanais et autres étaient en grand nombre, manifestant leur joie; ce n'était que le prélude à la foule qui allait atteindre sa concentration maximum dimanche matin pour la messe.

La soirée à la Scala a été un moment de pur bonheur pour ce Pape musicien averti, épris de beauté. Sa présence a été un défi pour la Scala : essayer d'atteindre à la perfection musicale compte-tenu du rang social, religieux et surtout des immenses connaissances dans le domaine de la musique.de ce spectateur inhabituel si simple.Ainsi que l'a dit le directeur de ce temple de la musique, cette soirée a été une occasion de rassemblement dans cette période de crise, de pauvreté. Tous les bénéfices seront reversés à l'Emilie Romagne. Un grand silence s' établit sur cette assemblée en attendant Benoît XVI. Lorsqu'il pénètre à son tour les applaudissements fusent et, très souriant, il gagne sa place au centre du parterre. J'ai lu dans un entrefilet qu'il a refusé la place dans la loge royale. Je crois qu'au milieu de tous ces regards et applaudissements il aimerait bien passer inaperçu. Nouvelle arrivée saluée : celle de Daniel Barenboïm et l'exécution magistrale commence, ne reste plus que la magie de la musique . A la fin du concert notre Benoît, debout, applaudit et va féliciter le chef d' orchestre; puis il prend la parole. En plus du commentaire très pointu sur la musique et l'interprétation, digne du musicien qu'il est, il ramène l'attention sur le séisme d'Emilie Romagne et sur la charité, la solidarité qui doivent nous animer envers nos voisins malheureux. De cette si belle intelligence et de ce cœur sensible ne peuvent émaner que des paroles qui nous tirent vers le haut. Merci Très Saint-Père.

Il se retire sous des applaudissements fournis et des visages radieux.

Une autre journée commence très chargée. Il va célébrer l'office de Tierce du rite ambrosien dans la cathédrale. Les vitraux sont magnifiques et laissent rentrer la lumière qui éclaire cet immense vaisseau dont les Milanais sont si fiers; cependant l'intérieur de la cathédrale est sombre et donne une grande impression de paix. Accueilli par le recteur il salue les membres du chapitre, traverse l'immense cathédrale souriant, bénissant mais avec un visage fatigué. Il est applaudi mitraillé tout au long de la lente remontée; heureusement tout a été prévu pour lui toute fatigue inutile. Son secrétaire est grave. Après s'être recueilli devant le Saint-Sacrement il rejoint sa place et s'assied. Il porte la mozette rouge avec une large étole, magnifiquement travaillée. Il est entouré de prêtres , diacres, consacrés, séminaristes et, assis, après la prière de l'office il prend la parole, d'une voix ferme. J'aime son ton pour expliquer en accompagnant de la main ses paroles qui sont présentées comme des évidences; c'est le professeur en arrière-plan qui guide le pasteur développant sa pensée qui coule facilement car elle vient du plus profond de lui. Il donne sa bénédiction et avant de descendre dans la crypte il salue les personnes en fauteuil qu'il n'oublie jamais ainsi que d'autres présentées par le cardinal Scola, toujours avec cette douce patience qui le caractérise, sa disponibilité. Une grande volée de marches dans un escalier étroit m'a-t-il paru et notre Pape se recueille devant les reliques de Saint Charles Borromé, écoute des explications fournies sur cette chapelle je suppose et quitte la crypte en refaisant le même parcours. Il faut ajouter la traversée de la grande nef pour regagner la sortie avec un Pape acclamé, applaudi, "Benedetto, Benedetto" au sourire bien présent, presque étonné parfois devant tant de chaleur. Ne pouvant lui tendre elles-mêmes deux bébés les mamans les ont fait approcher de lui par une personne de la sécurité juste pour qu'il les signe. Au bord de l'allée centrale, prés de la porte une pancarte: Angola, des visages joyeux levés vers lui, des gestes amicaux, simples, affectueux, de la joie , de l'affection et des vivats lorsqu'il sort pour monter dans sa voiture car la foule massée l'attend . Vitres baissées il salue encore et part pour un autre rendez-vous bien différent : la rencontre au stade Meazza de San Siro. Ph de Saint-Pierre en citant des paroles de Saint Charles Borromée qui disent à peu près ceci : "la chandelle doit s'user jusqu'au bout pour éclairer" a établi un parallèle entre notre Pape et ce saint qu'il aime beaucoup. Ces paroles que notre Benoît connaît trouvent un écho en lui et lui vont trop bien pour mon goût personnel, j'aimerais tant qu'il se ménage un peu.

Il arrive en petite voiture blanche électrique, sur le stade et fait le tour debout en saluant bras levés bien haut pour les gradins ou penché pour les jeunes sur la pelouse. 80.000 jeunes avec une animatrice très dynamique qui ne les laisse pas s'endormir, elle m'a bien plu. Il prend place accompagné par la chorale des enfants avec une petite fille qui chante en solo pendant que les jeunes sont invités à écouter le Saint-Père en silence.. Ces mêmes adolescents ont reproduit sur la pelouse le thème choisi «Prendi il largo con Pietro » sur les quatre côtés d'un rectangle non dessiné. L'Hymne à la joie qui l'accompagne est bien différent de la magistrale interprétation de la veille mais notre Pape possède suffisamment de sensibilité, d'intelligence, pour apprécier la musique légère, joyeuse et belle de cette rencontre. Les accolades avec le cardinal Scola et avec le responsable du catéchisme sont chaleureuses et montrent bien que Benoît XVI est touché, ému. Il n'est pas très friand de ce genre d'épanchement, alors c'est tout dire. Je ne pense qu'à une chose : que cette joie l'inonde, efface sa fatigue, éloigne ses soucis, adoucisse sa peine. Le décor sur le stade change et on voit se dessiner le logo de la 7è journée mondiale des familles 2012 par la chorégraphie des jeunes ; changement très apprécié du Pape qui applaudit avec un visage radieux. D'autres tableaux vont venir : la croix, la barque de Pietro, la colombe du Saint-Esprit, tous les drapeaux, un quadrillage et des bandes blanches entre lesquelles des jeunes assis écoutent les paroles du Saint-Père. Il a quitté souvent son texte pour livrer une pensée très personnelle qui vient enrichir le canevas sur lequel il brode au gré de son inspiration avec des paroles simples, fortes et pour finir, en gros sur le stade: GRAZIE repris plusieurs fois par l'animatrice qui a salué le Pape avant son départ et l'a embrassé.
On a assisté à une présentation très soignée qui a demandé beaucoup de travail mais qui est, bien plus qu'une réalisation artistique , une prière, une œuvre de foi et de cela le cardinal Scola est fort heureux; je ne parle pas de notre Benoît car cette jeunesse active, engagée, pleine d'entrain a réalisé ce que je souhaitais si fort : qu'il soit heureux, comblé par cette affection qui lui a été donnée, exprimée avec simplicité dans cette fête de famille et d'école, dans cette fête de la foi. Comment ne pas être touchée par ses paroles improvisées, délivrées debout, qui parlent de lui, de sa vocation ressentie très jeune, de sa famille. N'ayant pas de porteur de lunettes à ses côtés il les a gardées mais en trichant un peu m'a-t-il semblé. Il a suivi avec attention et visage serein tous les changements de tableaux, saluant la réalisation impeccable, tapant des mains au rythme de la musique et parlant à cette assistance avec simplicité, chaleur mais aussi fermeté. Il s'interrompt pour les applaudissements . Tout est simple, logique, les étapes s' enchaînent dans la vie et ainsi on avance avec l'amour de Jésus. « Mais rappelons ces dons ( que vous avez reçus ) » et là le professeur explicite et rappelle les sept dons en donnant toutefois une précision pour celui de la crainte de Dieu : pas de la peur mais d'un respect profond de Sa Volonté. L' horaire ayant très largement dérapé : presque une heure de prolongation, Benoît XVI se retire après avoir récité le Notre Père, donné sa bénédiction et pendant qu'il regagne sa voiture sous les applaudissements, avec l'Hymne à la Joie, des ballons blancs et jaunes s'envolent. Les jeunes ont remis une enveloppe au cardinal Scola pour les sinistrés d'Emilie ( à vérifier si vous en parlez). Le cardinal Scola est heureux et l'affinité entre les deux prélats est patente. La différence d'âge est importante mais les fondements de la foi, l'amour de la belle liturgie sont communs aux deux hommes.

J'ai voulu suivre sur le CTV la rencontre avec les autorités civiles dans la salle du Trône de l'archevêché et mon initiative n'a pas été couronnée de succès. Cadre très simple de la pièce, les personnes arrivent et prennent place au fur et à mesure. Benoît XVI entre, applaudissements, il s'assied. Secrétaire invisible mais trois sommités face aux invités présents: cardinal Scola, Pape Benoît XVI, cardinal Bertone .

Le cardinal Scola écoute très attentivement les paroles du Pape qui donne sa bénédiction à la fin de sa prise de parole et se retire; le secrétaire, réapparu, le suit et serre quelques mains. J'ai trouvé étrange que nul ne lui ait été présenté mais ce doit être normal. Cette entrevue m'a semblé froide.On ne pourra pas dire que notre Benoît n'a pas été respectueux des diverses opinions.

Pour clore cette journée il y a la veillée de la fête des témoignages à l'aérodrome de Bresso avec une foule importante qui a répondu aux appels pour que cette fête des familles soit une réussite. Là aussi la joie règne et notre Saint-Père au visage reposé répond aux questions qui lui sont posés, sans texte, sans hésiter, de façon très humaine, très paternelle, sans détours et termine par une phrase personnelle pour la famille avec laquelle il a échangé. Une adorable petite vietnamienne de 7 ans le fait parler de ses jeunes années et on écoute une longue improvisation de Joseph Ratzinger qui parle de sa famille, de son enfance, de sa jeunesse , marquées par la joie d'une famille aimante qui savait parler de Jésus, entretenir avec ses enfants des moments de bonheur partagés entre des activités différentes : la lecture,
la musique, les joies de la promenade pour admirer la nature et découvrir toutes les merveilles de la création; toutes ces activités créaient la maison, un lien familial heureux, très heureux, puisque il est resté pour le Pape Benoît XVI «l'image du Paradis » et que c'est cette maison heureuse qu'il est certain de retrouver lorsqu'il passera de l'autre côté de ce monde. Bien que je sois très réaliste, je n'aime pas l'entendre parler de cela. D'autres sujets abordés amènent autant de réponses improvisées qui sont le fruit de longues méditations sur des faits de société qui s' imposent à lui douloureusement. L' épineuse question des divorcés remariés n'est pas éludée et j'ai trouvé sa réponse très humaine, pleine d'amour, de compassion . Bien sûr un journaliste n'a pas manqué de noter que la doctrine de l'Eglise n'avait pas changé sur ce problème. Ce n'est pas une question qui se réglera par un coup de baguette magique lors d'une grande fête de famille; absurde d'avoir fait cette remarque. Bien évidemment la solidarité envers les populations d'Emilie Romagne a été souvent présente et à chaque fois qu'il en était question Benoît XVI ne manquait pas d'applaudir. Lui-même a participé à l'élan de générosité demandé. Malgré ce séisme qui a été omniprésent l'alternance de musique et de témoignages a fait de cette soirée une fête chaleureuse avec beaucoup de joie. Le Notre Père est chanté par le Pape avec l'assemblée. Sa voix se fatigue. Il salue longuement avant de partir pour l'archevêché, embrasse des enfants, des jeunes, caresse des visages, La joie transcende sa lassitude mais son cœur doit être léger, Dieu lui donnera la force pour accomplir sa tâche. Ce soir les vitamines de Milan ont fait de l'effet. Il est loin le temps où il quittait une veillée sans se faire remarquer, en totale discrétion; là il s'attarde, salue encore, bras grands ouverts et montre sa joie, son sourire est radieux.

Dernière étape de ces journées de rassemblement pour les familles : l' Eucharistie avec la grâce de la présence du Pape. Combien de fois le cardinal Scola aura-t-il fait référence à cette présence tant souhaitée.!! La messe va être célébrée sur l'aérodrome de Bresso et la foule est immense, colorée, joyeuse, un million de fidèles venus de tous les continents avec les enfants, la famille réunie malgré les obstacles pour l'organisation, toutes les dispositions à prendre, mais soutenus par une foi profonde, l'envie de montrer que la famille n'est pas un vain mot, désuet, une pure visée de l'esprit mais qu'au contraire il y a encore des familles qui prennent toutes les difficultés à bras le corps et affrontent. la vie avec courage. L'orchestre et la chorale sont déjà en place et on ne peut qu'admirer le dôme en reproductions de vitraux sous lequel va se dérouler la célébration. Le ciel est gris, les drapeaux flottent, la Bavière est présente. Benoît XVI s'approche dans la papamobile entourée d'un service d'ordre très important. On voit sa voiture arriver de très loin, très lentement. Il salue sans cesse, embrasse des bébés presque en série mais rien de systématique: avec chacun il prend le temps de déposer un baiser mais aussi une caresse très douce et son regard est attendri. J'en ai compté six et pour un Domenico Giani a eu un temps d'hésitation pour retrouver le dépositaire pour son précieux fardeau , j'ai ri. En voiture il salue, sourit, visage serein, ses yeux et son cœur doivent s'emplir des images de cette foule joyeuse, amicale, exubérante, mains jointes il incline la tête en passant devant les autorités. En descendant de voiture il a l'air fragile mais il repart à petits pas, s'arrête pour saluer bras grands ouverts; il est très applaudi. Mario Monti, des prêtres, des diacres, des prélats, des séminaristes, des religieuses, des religieux, la foule, faire le tri de toute cette concentration de fidèles s'avère impossible pour moi. Cela nous vaut des images magnifiques d'enfants : un garçonnet rieur, un bon petit lutin au visage lumineux, une maman attentive avec sa petite fille endormie dans ses bras, une jeune porteuse de handicap qui se réfugie contre sa mère, des visages d'enfants frais, spontanés, rieurs, que la vie ne devrait pas abîmer, une maman épanouie, avec un enfant sur chaque bras et couverte de baisers , pendant la communion. Avec la procession des offrandes on retrouve la séquence douceur, le moment de grâce avec notre Saint-Père qui écoute attentif, souriant avec son visage empli de douceur, les paroles prononcées par les couples avec enfants agenouillés devant lui, accordant un moment de ce précieux temps qui doit être minuté pour chaque célébration et gardant au fond de lui ce qui lui a été confié. Pendant le temps de méditation après la communion il paraît loin . Après la bénédiction , je crois, le cardinal Antonelli , très rieur, se lance dans de très nombreux remerciements et, plaisir dans les yeux et dans la voix, termine par la gratitude au Saint-Père ovationné, stade debout. Même Mgr Marini tourne la tête vers Benoît XVI avec le sourire et l'applaudit, je l'ai noté parce que cela est fort rare de sa part, non parce qu'il est indifférent mais plutôt très réservé, d'une très grande discrétion bien qu'il soit en parfait accord avec le Pape. J'aime l'image de cette étendue occupée par tant de tenues identiques qui créent une masse mouvante et unifient les différences en ne laissant que des personnes venues aimer, célébrer Celui auquel elles ont donné leur vie. Les religieuses sont un public de choix avec leurs visages rieurs, leur enthousiasme, leurs gestes affectueux, vifs, simples, pour lui dire : nous sommes là.

Avant l'Angelus Benoît XVI a annoncé le lieu de la prochaine rencontre mondiale des familles : ce sera à Philadelphie (USA) en 2015, précisant que si Dieu le veut il sera présent; de quoi faire s'étrangler de rage ceux qui espèrent le voir libérer la place très vite. J'étais ravie de cette précision. Cette annonce très applaudie a donné lieu à une autre accolade, elle aussi très chaleureuse, avec Mgr Chaput recevant cette bonne nouvelle. Pour conclure le Saint-Père a remercié toutes les personnes qui ont contribué au succès de cette journée, pour le concours apporté, pour le témoignage de foi vécu et a confié les familles à la Vierge.

Un dernier repas à l'archevêché avec des cardinaux, des évêques et quelques familles a permis à Benoît XVI de remercier avec des mots improvisés pour toutes les grâces reçues. L'archevêque émérite lui a remis un cadeau précieux: la copie d'un évangéliaire ambrosien, réalisée par plusieurs artistes contemporains.( cf RV du 4/6 ). Je n'arrive pas à croire qu'au bout de 7 années, pour des personnes bien disposées envers l'Eglise, le portrait du panzercardinal soit toujours d'actualité. On découvre un homme humble, modeste, doux, qui s'efface le plus possible derrière la fonction. Mais qu'ont-ils donc tous à croire aveuglément ce que les médias, l'air du temps, leur étalent sous les yeux, sans réfléchir, sans relever la contradiction qui existe entre ce qu' on leur dit et ce qu'ils peuvent voir?

Je garde de ce voyage l'impression d'une oasis de douceur, de fraîcheur, malgré la température élevée, le bruit, l'animation, la fête, la musique. Il y a eu toute cette joie, ce soutien apporté à ce pape âgé qui a accepté toutes les attentions dont il a été comblé avec simplicité, gratitude. A Milan on a souvent prononcé les mots Saint-Père mais ils n'établissaient pas de barrières. Il était là en tant que participant à cette joie, sans domination, donnant tout ce qu'il pouvait apporter par sa simple présence, par ses paroles toujours justes, précises, par le poids de sa foi. Humble, loin de toute autoproclamation il n' est que l'intermédiaire de Celui qui le guide. Tout a été pensé, prévu avec soin par Milan. Je pense que cette belle réussite est liée à la parfaite proximité des deux hommes. KTO a signalé que le cardinal Scola avait obtenu de Benoît XVI des ajouts au programme initial. Les deux hommes sont sur la même longueur d' onde et cela a sûrement pesé lourd dans l'acceptation de notre Pape. On a eu un Pape souriant, spontané, répondant à l'affection témoignée à son égard avec beaucoup de naturel . Il a improvisé souvent avec les jeunes, il affectionne le jeu des questions-réponses qui lui permet de faire passer des confidences avec discrétion, de faire partager ses convictions sans se transformer en moralisateur rabâcheur. Il conserve toujours une certaine distance involontaire parce qu'elle est inhérente à sa personne, j'aime; rien de plus déplaisant pour moi que le personnage bruyant qui s'épanche avec excès. J'ai repensé à la Vè rencontre des Familles à Valence en 2006 et déjà, pour ses débuts, il avait été noté un ton nouveau avec ces familles auxquelles il avait parlé de la joie de s'aimer, de vivre heureuses avec leurs enfants et je revois encore la pluie de roses jetées sur sa voiture. Malgré les difficultés et Dieu sait combien il y en a sur sa route, il conserve cette foi joyeuse héritée de sa Bavière, basée sur la certitude que Dieu ne peut pas laisser son Eglise.

Quel dommage que les factions hostiles ne puissent apprécier la grâce que ce Pape est pour l'Eglise qu'elles prétendent si bien aimer et bien mieux comprendre que l'actuel Saint-Père. Si elle étaient aux commandes elles feraient des miracles, tout deviendrait facile, aisé comme par enchantement; en disant cela elles balayent d'un revers de main toute possibilité d'opposition tant elles sont sûres d'elles et du bonheur qu'elles apporteraient ; quelle suffisance!!! Notre Pape ne sait pas se vendre et son but est bien autre, échappant à l'humeur du moment, aux conditions climatiques, aux aléas de l'actualité. Il vise plus haut, plus loin, vers Celui qui est le créateur de toute chose et qui est le seul à qui il doit rendre des comptes, demander de l'aide et qui ne le décevra jamais. Quand je l'entends dire cela avec une voix posée, ferme devant un immense auditoire, je me prends à l'envier. Il brûle la mèche, ne sait pas quand elle s'éteindra mais il sait vers quoi il va et je trouve cela admirable. Il emporte avec lui, à son retour de Milan, des brassées de souvenirs qui viendront éclairer les nuits obscures. J' ai apprécié aussi la façon discrète dont certains entourent notre Pape, veillant à prévenir le moindre obstacle, arrangeant sa tenue d'un geste discret, le faisant asseoir dès que possible mais en disposant d'une main légère les lourds vêtements pour garder un ensemble harmonieux. C'est un succès, une totale réussite qui, si elle me remplit de joie, ne doit pas manquer de piquer au vif ceux qui ne rêvent que de déconvenues pour Benoît XVI.

Je vous laisse et j'ai déjà mobilisé beaucoup de votre temps, ne m'en veuillez pas. Bonne journée . Ce soir je suivrai la célébration du Corpus Domini .

Je vous embrasse affectueusement.

Jeannine