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La Révolution a t'elle purifié l'Eglise?

Retour sur deux billets, de Vittorio Messori et du Père Scalese (16/9/2009)

Dans son billet d'hier intitulé "Feedback", traduit plus bas, le Père Scalese observait qu'il avait reçu un nombre inhabituel de retours à sa recension de la veille d'un article assez iconoclaste de Vittorio Messori, commentant lui-même l'homélie prononcée par le Saint-Père à l'occasion des nominations épiscopales de samedi dernier.
Ouf! C'est compliqué, et je renonce à remonter plus haut.
Il semble décidément que pour certaines personnes (et pas seulement dans la presse), tout soit prétexte à polémique. J'étais personnellement convaincue que l'intention du Saint-Père était plus générale, qu'il se plaçait sur le plan spirituel, qu'il n'y avait en fait aucune intention polémique de sa part. On verra plus loin ce qu'en dit le Père Scalese (1).

Les critiques touchaient plusieurs aspects, que je ne commenterai pas ici: par exemple, je n'imagine pas un seul instant que Messori, ni le Père Scalese, n'avaient la moindre intention d'entamer une controverse avec le Saint-Père. Rien, d'ailleurs, dans leurs propos, ne pouvait donner de prise à un tel soupçon.

Si j'en juge par une réaction que j'ai reçue de mon amie Carlota (2), les propos sur la révolution française, par contre, peuvent laisser légèrement plus perplexes. D'abord parce que nous sommes français, et donc avons la prétention de connaître un tout petit peu notre histoire (je ne crois pas que "la France est née en 1789", époque du passage de l'ombre à la lumière, où le peuple opprimé et misérable aurait rompu ses chaînes!!), et aussi un tout petit mieux que les étrangers les conséquences de ladite révolution sur notre histoire récente, et même actuelle.
Messori écrivait en effet:
«Ceux qui connaissent l'histoire de l'Église savent que l'épreuve sanglante et terrible de la Révolution française n'a pas été inutile. Les papes qui se sont succédés depuis la chute de Napoléon jusqu'à nous, forment une chaîne d'hommes de Dieu d'une grande dignité, culture et engagement, beaucoup sont déjà saints et bienheureux, et d'autres le seront dans le futur. Et aussi de nombreux cardinaux et de nombreux évêques."
Pas question évidemment de contester la sainteté des papes qui se sont succédés depuis sur le trône de Pierre, nous en avons aujourd'hui un exemple sous les yeux. Mais le rapport avec la révolution n'est pas évident. N'y a t'il eu ni saints prêtres ni saints papes avant?
Le Père Scalese est d'accord qu'"il ne faut attribuer [à la révolution] aucun mérite direct concernant la purification de l'Eglise qui s'en est suivie", mais il ajoute:
"(..) il s'agissait là encore de la constatation de faits objectifs, reconductibles pour ceux qui croient, à l'oeuvre de la Providence, qui peut apporter le bien à partir du mal(..)"

Faits "objectifs", vraiment? Là encore, je ne suis pas du tout certaine que le moindre "bien" soit à porter au crédit du bouleversement sanglant qui a ravagé la France à la fin du XVIIIème siècle, répandant son idéologie à travers l'Europe, a amorcé son déclin au moins culturel, mais aussi comme puissance mondiale, et surtout a vu se développer des persécutions religieuses inouïes, qui annonçaient les génocides du XXème siècle (qu'on pense aux prêtres déportés sur les pontons de Rochefort, dont 64 ont été béatifiés par Jean-Paul II en 1995, épisode méconnu car honteusement caché par l'histoire "officielle", lire ici: http://www.foi-et-contemplation.net/...).
Joseph Ratzinger a dit un jour, citant son propre père parlant d'Hitler: rien de bon ne peut sortir du diable. (comme j'essaie d'être honnête, je précise que le cardinal Ratzinger ne rejetait pas la totalité de l'apport des Lumières, donc ne condamnait pas la révolution en bloc)

Le clergé de l'Ancien Régime a encore une plutôt mauvaise réputation, mais elle n'a rien d'étonnant si l'on songe à qui s'est chargé - et se charge - de transmettre l'histoire. Cette réputation concernait essentiellement le haut-clergé (il est vrai que, depuis la révolution, la "carrière ecclésiastique" a cessé d'être un "débouché" naturel pour les cadets de familles nobles), les "abbés de cour" (n'ont-ils pas de successeurs?) et les ordres religieux (qu'on pense à la "religieuse" de Diderot, dont il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une fiction). Dans le "bas-clergé", la situation était plus contrastée: la ligne de fracture entre "bons" et "mauvais" prêtres (je sais, certains ne vont pas aimer!) courait plus ou moins le long de la frontière idéologique entre "prêtres jureurs" (ceux qui avaient accepté la Constitution Civile du clergé votée par l'Assemblée législative en juin 1790, et sanctionnée contre son gré par le Roi, qui finira par le payer de sa vie) et "prêtres réfractaires". Mais parmi ces derniers, certains ont été jusqu'au martyre: est-ce si sûr qu'aujourd'hui, en France, au moins, ils seraient nombreux, les prêtres qui accepteraient le martyre pour leur foi?

Pour ceux que le sujet intéresse, il existe un livre écrit par Paul et Pierrette Girault de Coursac (voir ici un site qui leur est consacré: roilouis16.free.fr/), les trop méconnus historiens de Louis XVI: "Louis XVI et la question religieuse sous la Révolution" (éd FX de Guibert).
J'en extrais ce passage (qui est en fait le début du 1er chapitre), qui brosse un tableau de l'état du clergé en France (important numériquement, et riche, mais avec de lourdes charges, et de grosses disparités) à la veille de la Révolution:

>>> Lire ici:
Le clergé français en 1789

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Feedback: l'article du Père Scalese

Texte en talien ici: http://querculanus.blogspot.com/...
Ma traduction.
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Mardi 15 Septembre 2009
J'ai reçu plusieurs messages pour et contre mon post d'hier. L'audience (en français dans le texte) s'est envolée de façon inhabituelle. Honnêtement, je ne m'attendais pas à une réaction semblable, pour un discours qui n'avait aucune prétention, mais voulait juste "annoter" l'interviewe de Vittorio Messori avant-hier dans La Stampa.

J'avais précisé que je considérais comme tout à fait légitime les objections aux affirmations de Messori (en tant que «point de vue personnel ... pouvant aisément être discuté). A plus forte raison, je considère qu'il est plus que légitime de contester mes considérations, cpar ailleurs personnelles et discutables. Mais permettez-moi d'ajouter quelques mots d'explication, de préciser ma pensée et la portée véritable de mon discours.

Tout d'abord, je voudrais qu'il soit bien clair que je n'avais aucune intention de polémiquer avec ceux qui avaient exprimé des réserves à l'interviewe de Messori, et encore moins avec le Saint Père. Je voulais juste dire que l'allégation faite par Messori, à mon humble avis, n'était pas complètement farfelue. Messori n'avait probablement pas l'intention de répliquer au Pape; il s'agissait de sa part de simples considérations générales sur l'état réel des évêques dans certaines parties du monde. Les paroles prononcées par le Saint-Père samedi n'ont jamais été mises en question, ni par Messori dans l'interviewe, ni dans mon billet.

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(1)

En tout cas, (1) je pense qu'il n'est pas très juste de vouloir voir dans tous les discours du Pape une référence directe à une personne ou une situation. Benoît XVI, comme à son habitude, "vole haut", en particulier dans une homélie, il ne se laisse pas aller à des polémiques mesquines. Il est vrai que les évêques ordonnés sont tous les cinq Italiens et de la Curie romaine, il est vrai que le pape Ratzinger connaît ce milieu, pour y avoir longtemps vécu, et il sait que le carriérisme y est assez répandu, je suis convaincu qu'il s'est toujours trouvé mal à l'aise dans un tel environnement, qui n'était pas le sien (pour sa part, il serait volontiers retourné aux études, à la recherche et à l'enseignement), mais il ne me semblerait pas respectueux de penser qu'il profite de certains moments, comme des ordinations épiscopales, pour dénoncer ou jeter à la figure des gens les misères humaines de qui que ce soit. D'ailleurs, ce serait peu agréable envers les ordinnés qui, s'ils ont été choisis, sont supposés être des gens dignes.

Le Pape parlait donc bien à cinq évêques italiens de la Curie, mais en ayant à l'esprit tous les évêques de l'Eglise.

Messori, pour sa part, a fait quelques observations (qui probablement partaient des mots du Pape, mais n'avait nulle intention de controverse envers lui) sur la situation des évêques en Europe (le cas italien n'est mentionné qu'en passant), en Afrique et en Amérique latine. Pour ma part, je me suis limité à dire que, d'après mon expérience limitée et selon mon avis, l'affirmation Messori était vraie. C'est tout.

On m'a fait remarquer que le véritable problème des Conférences épiscopales européennes est leur manque de communion avec le Pape, je suis entièrement d'accord. J'ai toujours été convaincu qu'à l'origine de la crise dans l'Église (et le christianisme) en Europe, il y a une sorte de complexe "anti-romain". Et cela, je dis ne le pas aujourd'hui, alors que la situation ést très grave, je le répéte depuis le moment où ces communautés étaient encore florissantes (immédiatement après le Concile); elles semblaient même l'avenir de l'Eglise, tandis que nous, pauvres papistes, représentions le passé, qui serait bientôt balayée. Je me permets d'ajouter, entre parenthèses, que, même là où on a tente de se mettre à l'abri (comme, par exemple en Hollande, à l'époque de Jean-Paul II), la situation n'a pas du tout changé. En tout cas, ces observations n'ajoutent ni ne retranchent rien aux affirmations de Messori, qui indique simplement un fait.

Au besoin, comme élément supplémentaire de réflexion, on pourrait dire, que dans les évêchés des pays du "tiers monde", à quelques exceptions près (notamment en Amérique latine), il n'y a généralement pas d'objections contre l'enseignement du pontife romain. Mais il ya des problèmes qui ont été évoqués par Messori.

Toujours sur le célibat, je ne pense pas que Messori ait cherché à critiquer de quelque façon la discipline actuelle de l'Église et appeler à un changement, mais simplement à décrire la réalité. Il a tenté d'expliquer le phénomène d'islamisation de l'Afrique et de protestantisation de l'Amérique latine; des interprétations que j'ai dit clairement ne pas partager.

Quant à la Révolution française, je suis d'accord qu'il ne faut lui attribuer aucun mérite direct concernant la purification de l'Eglise qui s'en est suivie (je pense que même Messori serait d'accord sur ce point). Simplement, il s'agissait là encore de la constatation de faits objectifs grâce, pour ceux qui croient, à l'oeuvre de la Providence, qui peut apporter le bien à partir du mal. Ce n'était en aucune façon, au moins pour moi, une opinion totalement négative du christianisme »Ancien Régime", qui aura eu ses limites, mais certainement aussi ses qualités (qu'on pense, pour n'en citer que quelques noms, à Saint Louis Marie Grignon de Montfort en France ou à saint Alphonse-Marie de Liguori, en Italie).


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(2)

Carlota m'écrit en effet:
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Ce que Messori ajoute sur la Révolution française me fait beaucoup réfléchir. Selon lui, cela aurait provoqué une sorte de purification dans l'Église,
Je ne comprends pas cette phrase « Purification dans l’église » - est ce dans le sens de se débarrasser des liens trop étroits avec les états ?
Comme déjà évoqué, je fais remonter la déchristianisation de l’Europe plus loin que la révolution française … Ne serait ce pas plutôt l’intellectualisme amenant une pensée individualiste et une tendance à se faire sa propre religion… L’intellectualisme qui naît dans un pays relativement riche et stable…

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