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L'affaire Boffo rebondit, contre l'Eglise...

et Messori est sollicité. (7/2/2010)

L'affaire Boffo rebondit décidément...(et exit Berlusconi). Pour le plus grand dommage de l'Eglise, bien sûr.
Elle avait démarré en juin dernier: Imbroglio italien (http://benoit-et-moi.fr/2009/ )

Rappelons pour les français qu'au départ, elle avait été présentée comme un épisode de la rivalité entre le gouvernement Berlusconi, et le Saint-Siège, après les affaires dites des "respigementi", i.e. les renvois d'immigrés vers la Lybie. Les protagonistes étaient en effet le directeur du Giornale, propriété de la famille Berlusconi (l'accusateur) et le directeur de l'Avvenire, l'organe de la CEI, impliqué dans un scandale à connotation homosexuelle (la cible).
Depuis, curieusement, Berlusconi a disparu de la scène. Et c'est devenu uniquement une sombre affaire d'intrigues et de vengeance au coeur du Vatican. Une manne, pour les medias (italiens, en l'occurrence, pour une fois, on ne va pas reprocher aux français de faire l'impasse, même si chez eux, le motif est l'indifférence)

Impossible, malheureusement, de l'ignorer, alors que le Saint-Père, qui avait, lors de la mémorable méditation de la Via Crucis 2005, dénoncé la "saleté" dans l'Eglise, sera peut-être contraint de faire une mise au point.
Même si je pense que "certains" ont intérêt à la faire mousser.

Vittorio Messori ne souhaite probablement pas, lui non plus, ajouter de l'huile sur le feu. Mais il est clair que son statut d'interlocuteur privilégié des deux derniers papes font qu'il est très recherché, voire harcelé, par les medias italiens, pour lui faire dire ce qu'il ne veut peut-être pas dire.
Cette semaine, Paolo Rodari dans un article, relatait son "opinion", résumée en une formule: l'Eglise chaste et prostituée.
Cette fois, c'est La Stampa qui est allée interroger Messori dans l'abbaye où il fait retraite. Non sans une ironie mordante, qui en dit long sur ses intentions: "Il est donc logique que nos pauvres affaires humaines (...) lui apparaissent comme des fragments insignifiants noyés dans l'éternité".
Il est donc devenu vraiment difficile d'ignorer l'affaire, dès lors qu'une voix aussi autorisée que celle de Messori attend que le Saint-siège donne des explications.
Désormais, c'est ainsi, tout doit être déballé sur la place publique.
Car, dit Messori, "ces documents, si le Vatican ne les livre pas aux journaux pour tout expliquer, tôt ou tard, ils se retrouveront sur Internet, ou dans quelque autre porcherie".

"Le Vatican doit sortir les documents sur Boffo"
entretien avec Vittorio Messori par Michele Brambilla
"La Stampa"
5 Février 2010
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"Je demande que Eglise rende finalement publics les actes du procès de Terni, dans lequel Dino Boffo a été condamné. Qu'elle le fasse, pour mettre un terme à ce flot contradictoire de voix, d'insinuations, de soupçons. Ainsi, nous saurons de quoi nous parlons: s'il s'agit de quelque chose de grave, ou d'une faiblesse ou d'un geste de charité mal interprété. Parce que depuis des mois, nous discutons de rien, c'est-à-dire d'une condamantion dont nous ne savons pas pourquoi elle a été infligée"

L'homme qui réclame cela n'est pas n'importe qui: Vittorio Messori n'est pas seulement l'écrivain catholique italien le plus lu et le plus traduit. Il est aussi - et ce n'est pas un hasard - l'homme que les deux derniers papes - Ratzinger lorsqu'il était encore cardinal et Karol Wojtyla quand il était déjà Jean-Paul II - ont choisi pour deux livres-interviewes, devenus depuis des best-sellers mondiaux. Ce "marronnier" autour de Boffo le contrarie, il nous en fait la confidence dans l'abbaye de Maguzzano (dans la province de Brescia), qui est devenue sa seconde patrie. "Oui, je suis terriblement ennuyé par ces polémiques et ces présumés complots du Vatican", dit-il, et il ne pouvait en être autrement: Messori a passé sa vie à chercher les raisons de la foi, et pas à enquêter sur des querelles de clercs. Du palais "Eglise" , ce qui l'intéresse, ce sont les fondations, et pas les appartements du Vatican.

Il est donc logique que nos pauvres affaires humaines - lesquelles, cela dit sans offense, s'accompagnent d'un changement de direction à L'Avvenire - lui apparaissent comme des fragments insignifiants noyés dans l'éternité. Mais malheur aux chrétiens par qui le scandale arrive, met en garde l'Evangile, et l'Eglise, en cette occasion indique, sinon un scandale, du moins un exemple peu édifiant.

Essayons de résumer.
L'été dernier, Il Giornale de Vittorio Feltri a publié une nouvelle: le directeur de l'Avvenire Dino Boffo, a été condamné pour harcèlement, à Terni, et selon un informateur anonyme, il s'agissait de harcèlement homosexuel. Boffo annonce des poursuites, l'Eglise le défend, l'épée à la main.
Mais après plusieurs jours, quelque chose se passe et Boffo démissionne.
Pendant ce temps, le procès de Terni reste un mystérieux secret.
Quelques mois passent et Feltri écrit: "la condamnation est vraie et certaine, mais l'information sur l'homosexualité était un canular".
Une réhabilitation partielle pour Boffo, qui a rencontré Feltri ces jours derniers dans un restaurant à Milan. Que se sont-ils dits? Bof.... Mystère là encore. Mais les journaux ont publié une demi-bombe, et même une bombe entière: la rencontre a révélé que celui qui a transmis le paquet à Feltri ne serait autre que le directeur de l'Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, et rien de moins que mandaté par le secrétaire d'Etat du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone.
Feltri nie, et écrit qu'il n'a jamais rencontré ni Vian, ni Bertone, il dit seulement que la nouvelle lui a été transmise par une personne «institutionnellement fiable, pas étrangère à l'Église catholique».
Quelqu'un dans l'Eglise a donc poignardé Boffo dans le dos?
Face à cette grave accusation, de l'autre côté du Tibre, on se tait.
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"Le Vatican se tait parce qu'il est mal à l'aise," dit Messori.
"Et il l'est parce qu'il a péché à deux reprises. La première fois contre la vertu de prudence, quand il a laissé en place Boffo, malgré que tout le monde savait depuis des années - même moi je le savais - que sur sa tête pesait un scandale possible, à savoir la condamnation pour harcèlement. Et c'est la responsabilité du cardinal Ruini et de son successeur, Mgr Bagnasco. La deuxième fois, il a péché contre la vérité, parce que la transparence est un aspect de la vérité et le Vatican n'a pas été transparent: il a réagi de façon grotesque, parlant d'une "attaque contre l'Eglise" inexistante, mais il a refusé de montrer les documents du procès, qui selon la loi devraient être publics, et qui au contraire ont été secrets.

Silence, ensuite, silence aujourd'hui sur un soupçon encore plus grave: celui d'un complot du Vatican pour éliminer Boffo. "Je ne suis pas choqué que ces choses arrivent. Dieu a choisi de confier son Eglise aux hommes, et les hommes ont leurs limites, leurs faiblesses, leurs misères. Des divisions au sein du clergé, il y en a toujours eu. Il est naïf de prétendre que l'Eglise serait meilleure que d'autres institutions humaines".

- Pourtant, le désir de savoir ce qui s'est passé est légitime. Mais l'Eglise reste silencieuse.
"Il y a malaise et confusion, c'est vrai. Je pense qu'au Vatican, tout le monde attend une intervention du Pape, lequel me semble très agacé".

- Mais un directeur de L'Osservatore Romano et un secrétaire d'Etat n'ont-ils pas le devoir de clarifier la situation?
"Je le répète: le premier silence est celui du Pape. Ceux qui ont vu dans certaines de ses phrases ces jours-ci, des allusions à l'affaire Boffo (ndt: il a en effet parlé du carrièrisme dans l'Eglise, lors de la catéchèse du 3 février sur Saint Dominique), se trompent. Attendons donc de voir ce qu'il fait. Mais j'insiste: la première chose à faire est de rendre publics les actes du procès de Terni, parce que tout est parti de là. L'Eglise doit le faire. Sinon, plus que contre la vérité, elle pécherait aussi contre la prudence. Parce que ces documents, si le Vatican ne les livre pas aux journaux pour tout expliquer, tôt ou tard, ils se retrouveront sur Internet, ou dans quelque autre porcherie"

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