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La cour des gentils, selon Mgr Ravasi

Dossier, à propos d'une initiative de "l'homme du Pape pour la culture"; les propos du Pape lors des voeux à la Curie; la 1ère invitée, Julia Kristeva; et les réserves de Francesco Colafemmina, du blog Fides et Forma (28/2/2010)

Le 21 décembre 2009, lors de ses voeux à la Curie Romaine, Benoît XVI, évoquant sa visite en République tchèque, réclamait que l'Eglise s'ouvre aux non-croyants. Il est important de relire ses propos, qui s'insérent dans un contexte bien précis, l'exemple de la République tchèque, précisément, qui lui a réservé un accueil inoubliable:
http://benoit-et-moi.fr/2009/...

Je voudrais dire un mot de gratitude et de joie pour mon voyage en République tchèque.
Avant ce voyage j'avais été averti qu'il s'agissait d'un pays avec une majorité d'agnostiques et d'athées, où les chrétiens constituent plus qu'une minorité. La surprise a été d'autant plus joyeuse de voir que partout, j'ai été entouré par une grande cordialité et une grande amitié; que les grandes liturgies ont été célébrées dans une atmosphère joyeuse de foi; et que dans les milieux universitaires et de la culture, mes paroles ont rencontré une vive attention; que les autorités de l'Etat m'ont témoigné une grande courtoisie et ont fait tout leur possible pour contribuer au succès de ma visite.
Je serais à présent tenté de dire quelque chose sur la beauté du pays et sur le magnifique témoignage de la culture chrétienne, qui seul rend cette beauté parfaite.
Mais je considère comme particulièrement important que même les personnes qui se considèrent comme athées ou agnostiques, doivent nous tenir à coeur autant que les croyants (devono stare a cuore a noi come credenti.).
Lorsque nous parlons de nouvelle évangélisation, ces personnes pourraient prendre peur. Elles ne veulent pas se voir comme objets de mission, ni renoncer à leur liberté de pensée et de volonté. Mais la question de Dieu reste présente aussi pour eux, même s'ils ne peuvent pas croire dans le caractère concret de son attention pour nous.
(...)
Je pense que l'Eglise aujourd'hui devrait ouvrir également une «cour des Gentils» où les hommes pourraient en quelque sorte s'accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d'avoir trouvé l'accès à son mystère, au service duquel est la vie intérieure de l'Eglise. Au dialogue avec les autres religions doit maintenant s'ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est quelque chose d'étranger, à qui Dieu n'est pas connu et qui cependant, ne voudraient tout simplement pas rester sans Dieu, mais au moins s'en approcher, comme Inconnu.

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Mais comment devrait se traduire de façon concrète cette "cour des gentils"?
C'est la question à laquelle tentait de répondre Don Nicola di Bianco, dans un article que j'ai traduit ici: La cour des "gentils" de Benoît XVI
Il s'adressait évidemment plus particulièrement aux prêtres, mais aussi à nous, la base des catholiques, il me semble:


Comment traduire l'invitation pressante du Saint-Père à ouvrir la "Cour des gentils" pour créer un espace de dialogue entre croyants et non croyants?
Essayons de mettre en oeuvre l'idée du Pape.
À mon avis, pour traduire concrètement cette juste observation du Saint-Père, il n'est pas nécessaire de conquérir de nouveaux espaces dans les aréopages médiatiques, en participant à des talk-show, des tables rondes, des débats, etc ...
Au cas où on en reconnaîtrait l'utilité, et si elles se révélaient nécessaires, ces formes d'évangélisation, avec la modération convenable, et avec le style propre à des personnes appartenant à des cercles ecclésiastiques, peuvent être efficaces. Mais je considère comme une priorité absolument urgente d'abandonner un style pastoral qui, dans bien des circonstances, s'exprime dans la prédication et la mise en œuvre pastorale par des expressions qui témoignent peu de respect et parfois du blâme envers ceux qui sont éloignés, les agnostiques, les athées ou ceux qui ont abandonné la foi publique, tout en conservant une soif intérieure pour le divin.
Avant même de s'engager à construire des dialogues médiatiques, davantage destinés à accroître l'audience déclinante de certaines chaînes et à remplir le temps libre de téléspectateurs potentiels qu'à atteindre le troupeau égaré, il faut prendre soin d'ouvrir ou de rouvrir des "cours" autour du temple, là où les gens vivent et où les pasteurs sont appelés à témoigner de leur foi en l'homme, en plus de celle en Dieu, et de la charité accueillante envers ceux qui sont éloignés, en vue d'un rapprochement possible

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Selon Don Nicola, "la Cour des gentils" devrait donc s'ouvrir là où les gens vivent et travaillent.
Je ne sais pas vraiment si cette approche est celle de Mgr Ravasi, président du Conseil Pontifical pour la culture, déjà à l'origine de la rencontre du Pape avec les artistes, en novembre dernier. Une rencontre qui a eu le grand mérite de nous faire entendre les sublimes paroles du Saint-Père... mais dont la liste des invités pouvaient laisser perplexe.

Mgr Ravasi récidive (j'aimerais trouver un mot avec une conotation totalement neutre, car on verra plus loin que... le choix des interlocuteurs peut se discuter).

Une information

Jeudi 25 Février 2010

Une fondation intitulée "Il Cortile dei gentili", inspirée par le discours du Pape à la Curie, pour promouvoir le dialogue entre l'Eglise catholique et les athées agnostiques, verra le jour dans le courant de l'année: Mgr. Gianfranco Ravasi, Président du Conseil Pontifical de la Culture l'annonce dans un entretien avec l'Avvenire, le journal de la CEI.

... L'objectif, dit Mgr. Ravasi, est de créer un réseau de personnes agnostiques ou athées qui acceptent le dialogue en tant que membres de la Fondation et donc de notre dicastère. En outre, nous voulons établir des contacts avec des organisations athées pour lancer un débat. Le Vatican veut également étudier l'espace de la spiritualité des "sans Dieu" sur laquelle "la chaire des non-croyants" du cardinal Martini à Milan s'était déjà penchée, et developper les thèmes de la relation entre religion, société, paix et nature.
"Nous voulons, avec cette initiative - résume Mgr. Ravasi - aider chacun à sortir d'une compréhension pauvre de la croyance, à comprendre que la théologie a une dignité scientifique et un statut épistémologique.
La Fondation souhaite organiser un grand événement annuel pour affronter, à tour de rôle ces différentes questions".
Les débuts de la Fondation sont attendus pour le second semestre de cette année, probablement à Paris: "Nous avons déjà eu la réponse positive de Julia Kristeva, linguiste connue, et psychanalyste", annonce Mgr. Ravasi.

(d'après Reuters, grâce à http://lavignadelsignore.... )

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En somme, cela ressemble beaucoup au Collège des Bernardins voulu par le Cardinal Vingt-Trois... et c'est d'ailleurs peut-être là que se déroulera la première rencontre.

La première réaction est évidemment de taper dans Google "Julia Kristeva", puis, en affinant, "Julia Kristeva + Benoît XVI".
Pour la première requête, je me suis contentée de Wikipedia.
On m'objectera que ce n'est pas la Bible, certes, mais cela donne une idée.
La dame est certes bardée de diplômes (étant scientifique, il ne m'en imposent pas plus que cela, mais j'ai mauvais esprit), mais elle a aussi des détracteurs qui "dénoncent, en se basant sur trois articles de Kristeva, une utilisation abusive de termes techniques mathématiques ou physiques parfois assez poussés destinés, selon eux, à impressionner un lecteur qui ne possède pas les connaissances permettant de juger du bien fondé de l'utilisation de ces termes".
Elle n'est pas la seule...

La deuxiéme requête est plus intéressante, car elle justifie - et à mes yeux aussi - en partie le choix de Mgr Ravasi: Madame Kristeva faisait partie des happy few qui se pressaient au Collège des Bernardins pour écouter le Saint-Père, en septembre 2008.
Manifestement, elle est subjuguée par sa personnalité (un très bon point pour elle: elle n'est pas caricaturale, car elle est intelligente). Je pense à Oriana Fallacci, même si c'est très différent. Regardez par exemple cette video, enregistrée avant, sur le site du Pélerin.
Et après: sur son blog, Roland Hureaux écrivait (dans un article par ailleurs contestable, puisqu'il l'intitulait "Le Pape est-il trop intelligent", façon de dire, tout en lui rendant un hommage évident que son message ne s'adressait pas aux simples: ce qui est faux, bien sûr. C'est plutôt Kristeva et consorts qui sont trop intelligents!!):

Nul doute que le pape Benoît XVI soit le chef d’Etat le plus cultivé: ce n’est pas très difficile. Mais il est sans doute aussi un des hommes les plus instruits de la planète, non seulement dans les sciences théologiques mais encore la philosophie, les arts et même les sciences. Cet homme qui dialogue avec Habermas, joue Mozart et aime la latin ne manque en tous cas pas de ressources. Il est vrai qu’élu à près de quatre-vingt ans, il avait eu le temps d’en apprendre des choses !

L’épisode le plus original de son voyage en France fut une conférence au tout nouveau centre culturel des Bernardins, initiative de Jean-Marie Lustiger destinée à rapprocher la foi et la culture. Y ont accouru , non seulement l’Institut de France, dont il est membre associé, , mais aussi la fine fleur de la culture, de l’édition, des arts et des lettres. Les intellectuels catholiques de la nouvelle génération, comme Rémi Brague ou Jean-Luc Marion mais aussi Regis Debray, Frederic Mitterrand et bien d’autres. De cette conférence, beaucoup, telle Julia Kristeva sont sortis enthousiastes.
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Pour terminer sur ce sujet, Francesco Colafemmina (qui, manifestement, n'aime pas beaucoup Mgr Ravasi) a consacré un billet très intéressant à cet épisode.
J'en ai traduit l'essentiel:
http://fidesetforma.blogspot.com/..

Dans le "Cortile" de Ravasi, c'est l'ortie qui pousse?
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Cela fait quelque temps que l'Eglise Catholique ne va pas bien, mais à présent, voilà que Ravasi s'en mêle avec son concept de Cortile dei gentili...
Depuis quelques jours, on était intrigués par l'opération lancée par l'Avvenire "Nel cortile dei gentili": un catholique et un para-agnostique qui s'affrontent sur le thème de la foi. Affaire de ceux qui sont à la recherche d'une visibilité culturelle genre gauche caviar (radical-chic), pour les misérables catholiques tout entiers tournés vers les oraisons et les rosaires.
Bien loin du désir de raviver une évangélisation des nations européennes laïcisées, mais à la recherche de la foi, comme la République tchèque, telle qu'exprimée par Benoît XVI avec le rappel de la "Cour des gentils"

Finalement, le mystère est résolu.
L'excentrique bibliste qui préside la culture vaticane y a pensé, précisant que le "Cortile dei Gentili" sera le nom d'une nouvelle fondation du Conseil Pontifical pour la culture.
Wow...!
Il nous a déjà étonnés avec les effets spéciaux du 22 novembre (rencontre avec les artistes, ndt).
Aujourd'hui, il nous surprend avec une fondation qui aura les buts suivants:...
(ndt: voir paragraphe ci-dessus, dépêche Reuters).
...

Un moment!
Cette Kristeva ne serait-elle pas l'ex-maoïste qui a publié récemment un roman intitulé "Teresa, mon amour"? Et n'est-elle pas l'auteur de cett ode à Sainte Thérèse, qui commence ainsi: "Je vous salue, Thérèse, femme sans frontières, corps physique érotique hystérique épileptique, qui se fait verbe qui se fait chair..."

Allez! la Kristeva n'est-elle pas la grande intellectuelle qui a participé à la fois aux rencontres de Carême organisées par l'archevêché de Paris, et aux réunions du Grand Orient de France?
En effet, une recherche sur Internet nous permet de découvrir qu'elle a participé par exemple:
- en 2008, au salon maçonnique du livre sur le thème 'le XXIème siècle sera-t-il féminin?'
- en 2007, au "Salon maçonnique du livre" , sur le thème "La liberté absolue de conscience a-t-elle encore un avenir ?"

Voici ce que Kristeva (et son mari, Philippe Sollers) pensent de "l'inculturation des gentils" défendue par Benoît XVI, d'après une réflexion de Carême à Paris:

Vous avez devant vous une femme non croyante - psychanalyste, enseignante, écrivain -, persuadée cependant que le « génie du christianisme » a introduit et continue de diffuser des innovations radicales dans l’expérience religieuse des êtres parlants. Innovations dont nous n’avons pas fini de mesurer la portée révélatrice et, en ce sens, révolutionnaire, que les chrétiens eux-mêmes ne se risquent ni à reconnaître ni à faire reconnaître comme « différence chrétienne », dans le heurt des religions en cours.
La souffrance du Christ sur la Croix - celle qui s’impose à vous, à moi, en ces jours de Carême, celle qui captive les humains dans le parcours pascal avant la Résurrection - la souffrance christique, donc, n’est de l’ordre ni du mystère auquel se confronte la foi lorsqu’elle aborde la Naissance virginale de l’Homme Dieu, ni de cet autre mystère qui interpelle la foi dans la Résurrection. Entre ces deux pôles de l’Incarnation (Immaculée conception de Marie par Anne, sa mère, et naissance virginale de Jésus par la grâce du Saint-Esprit), et de la Résurrection du Fils de Dieu à la droite du Père, promettant la résurrection de tous les corps, la souffrance de Jésus, pour être paroxystique, n’en est pas moins partageable, et en ce sens commune.
(..)
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Donc, le christianisme est une espèce d'animal à analyser, puisque, grâce à la complexité de la structure psychique de la pensée chrétienne, cette religion serait en mesure de stimuler certaine enrichissante sensibilité humaine. Clairement, c'est un animal à observer, protéger, interpréter, comme le faisait Konrad Lorentz avec ses canards. Mais certainement pas une religion à embrasser. Il ne manquerait plus que ça!
...

Je voudrais (pour conclure) inviter les lecteurs à réfléchir sur cette idée de "culture" dont Mgr Ravasi fait la promotion. Culture entendue non pas comme structure de l'identité humaine dans l'histoire, mais comme rêverie dialectique narcissique de cercle littéraire "fin de siècle" (en français dans le texte). Culture de fauteuil de cuir et de cigare havane, de discussion dialectique auto-consolatrice entre des gens qui sont rassasiés de vérité au point de la rechercher parmi d'improbables excentriques de la galaxie laïco-maçonnique.

Si j'ai bien compris ce que veut dire Francesco Colafemmina, et surtout, si j'ai compris l'appel du Saint-Père, cette initiative (donner la parole à des gens qui se gargarisent de mots creux incompréhensibles au commun des mortels) est-elle propre à ranimer la foi dans un occident à bout de souffle, et dont les références culturelles uniques sont le cours de la bourse, le sport-spectacle et les feuilletons américains?
Pas sûr...
Ce qui l'est, par contre, c'est que ces gens-là vivent dans un autre monde que nous.

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Benoît XVI à Fatima SOS christianophobie