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La pédophilie est un cadeau de mai 68

Un lecteur m'envoie sa traduction d'un très intéressant article paru le 17 avril dernier dans Il Foglio de Giuliano Ferrarra (29/4/2010)

Merci à l'Abbé Gérard T.

La pédophilie est un cadeau de mai 68.
Le sexe entre jeunes et adultes, justifié au nom d’une révolution qui a pollué aussi l’Église.

Francesco Agnoli
(Écrivain et journaliste italien. Il publie entre autre sur le Journal Avvenire et sur Il Foglio)

Il Foglio, 17 avril 2010

Commençons par une constatation : les cas de pédophilie dans l’Église, même s’ils sont moins nombreux que ce que l’on veut nous faire croire, remontent majoritairement aux années soixante et soixante dix, et surtout aux USA.

Ces événements terrifiants s’inscrivent dans un contexte d’augmentation généralisée des abus sexuels sur des mineurs, qui concerne toute la société : contexte familial, célibataires, prêtres, laïcs, personne n’est épargné.

Il suffit de penser au fait que des dizaines de sites pédophiles font chaque jour leur apparition, avec des violences sexuelles sur des enfants âgés de trois à douze ans, et que chaque année des millions d’occidentaux partent à Cuba, en Thaïlande ou dans d’autres pays où le tourisme sexuel est prospère.

Cette simple constatation, objective et non instrumentalisée, devrait suffire pour que l’on se pose une question que l’on préfère généralement éviter : pourquoi ? Il me semble évident que pour répondre, il suffit de se référer bien entendu au péché qui habite l’homme, mais aussi à l’origine de la mentalité actuelle, c’est-à-dire de ce qu’il est coutume d’appeler la « révolution sexuelle ». Il faut se reporter en esprit au début des années soixante, une période qui a préparé mai 68 et tout ce qui a suivi.

L’Amérique et l’Europe sont alors envahies de slogans : « abolir les tabous », « libérer le sexe », détruire les vieilles traditions, conceptions, institutions…

La critique pénètre les rapports sociaux, économiques, scolaires, mais surtout la famille. C’est elle la grande accusée, à qui l’on oppose, au nom de Marx, Engels, Marcuse, Reich, Cooper, l’absolue possibilité de se livrer aux expériences sexuelles les plus diverses, les plus fréquentes, et aussi les plus “alternatives” possibles. La “monogamie chrétienne”, expliquent les théoriciens des nouveaux féminismes et des nouveaux mouvements gay, n’est absolument pas plus naturelle ni juste que la polygamie, la polyandrie, l’amour en groupe, ou les rapports immédiats et diversifiés. Pour beaucoup, le mariage devient ainsi un symbole d’oppression, et avoir des enfants devient un esclavage, voire une malédiction : c’est ainsi que naît la culture de la contraception, du divorce, de l’avortement.

Les enfants vont vite devenir les victimes toutes trouvées de ces nouvelles “libertés” : avortés, séparés de leurs parents, sans cesse ballottés d’une maison à une autre, et bientôt programmés sur tapis vert par une femme seule, par deux hommes, ou deux femmes, grâce aux banques d’ovules et de sperme, grâce aux utérus à louer et bientôt, qui sait, aux utérus artificiels.

Si l’on parcourt l’ouvrage que Jerry Hopkins publia en 1969 sur la culture Hippie, on y trouve des articles aux titres suggestifs : “Défense de l’obscénité”, “Six professeurs en quête d’obscène”, “Éloge de l’orgie” et une brochette d’hymnes en l’honneur de la “libération sexuelle”, de la pornographie, de l’homophilie, des “rapports sexuels ouverts aux méthodes non traditionnelles”, et même de l’inceste.

Autrement dit, c’est au cours de ces années de profonde sécularisation et de haine envers ce qu’il reste de civilisation chrétienne que l’on rencontre les premiers partisans déclarés des perversions les plus diverses, de l’adultère conçu comme un acte légitime à la zoophilie, de la nécrophilie à la pédophilie. C’est là qu’il faut chercher les précurseurs d’Asia Argento (ndt : elle est la fille unique du réalisateur italien de films d'horreur Dario Argento) qui dans un de ses films embrasse passionnément un chien, ou encore de cette invasion de films pornographiques où dans certaines scènes où l’on fait l’amour avec des morts.

C’est là que nous devons chercher l’origine de l’éducation sexuelle dans les écoles comprise comme une explication, à des enfants encore petits, de la technique de l’acte sexuel, ou encore comme une possibilité qui leur est offerte de rencontrer des transsexuels ou des “experts” qui leur racontent (cela est arrivé récemment dans une école italienne) “ce qui se passe lorsqu’un coupe est atypique et que des animaux entrent en scène” (Corriere della Sera, 22-1-2010). C’est là encore que nous devons chercher l’origine de ces opuscules, distribués par exemple dans les écoles espagnoles, où l’on invite les jeunes, dès l’âge de 11 ans, à se masturber et à avoir des relations homosexuelles ou lesbiennes, au nom de l’idée suivant laquelle "il est normal d’aimer et d’avoir des relations sexuelles avec n’importe qui, de l’autre sexe ou de son propre sexe", à n’importe quel âge.

Et la pédophilie ? Peut-on encore penser qu’il ne s’agit pas d’un personnage de la même fresque ?

Tout bien considéré, elle en fait parfaitement partie. Elle est là, dans le chapitre “libération sexuelle” ; à côté des slogans de mai 68 : “le sexe t’appartient, libère-le”, “il est interdit d’interdire”, “lutte dur contre la nature”, “inventez de nouvelles perversions”, ni Dieu ni maître ; Dieu c’est moi” ; elle est encore là dans les déclarations contre la “sexophobie chrétienne” ou dans les discours contre le droit naturel et en faveur du relativisme ; elle côtoie la désacralisation de toute relation affective, l’accroissement des rapports sexuels précoces et des avortements chez les mineures.

Elle est là, avec la culture du sexe libéré, de la sexualité réduite de manière très matérielle à la génitalité et à une vision de l’autre comme étant surtout un objet de plaisir ; elle côtoie le mépris des enfants, éliminés avec une si grande facilité et si souvent délaissés au nom du “bien-être” des grands !

C’est au cours de ces années-là également que naissent, à côté des crèches “anti-autoritaires”, celles où l’on apprend aux enfants des “jeux érotiques” destinés à les “affranchir des tabous” ; c’est au cours de ces années-là qu’un leader étudiant, aujourd’hui parlementaire européen, Daniel Cohn-Bendit, décrit ses attouchements avec les enfants d’une crèche “alternative”, et publie dans Libération, avec d’autres intellectuels français de gauche, de Jean-Paul Sartre à Jack Lang, de Simone de Beauvoir à Michel Foucault, un manifeste pour prendre la défense de la pédophilie.

C’est au cours de ces années-là qu’un livre de Wilhelm Reich, “La révolution sexuelle”, devient à la mode : il y prêche la destruction du modèle familial naturel, considéré comme oppressif surtout pour la liberté sexuelle de l’enfant, et met en avant son “génie spontané d’où les complexes de faute sont absents”, ce que d’après lui refuse avec brutalité la conception chrétienne et “bourgeoise” de la famille. C’est à la même époque qu’est créé en Italie, avec le soutien des Radicaux, le F.U.O.R.I. de Mario Mieli, récemment encensé par le quotidien Liberazione, (ndt : Mario Mieli, 1952-1983, considéré comme l’un des fondateurs, du mouvement de libération gay italien), chantre déclaré, contre la “norme hétérosexuelle” et l’anthropologie chrétienne, de l’homosexualité, mais aussi de la coprophilie, de la nécrophilie et, justement, de la pédophilie.

C’est à ce moment-là encore que l’idéologue féministe Shulamith Firestone propose, dans “la dialectique du sexe” (1970), de séparer la sexualité de la reproduction , et défend une sexualité “libérée”, sans barrières, allant même en toute cohérence à appeler de ses vœux, comme l’avaient déjà fait quelques illuministes, la licéité de l’inceste, et donc de la pédophilie. L’inceste serait en effet un “tabou” qui ne sert “qu’à préserver la famille”. C’est elle encore qui écrit, toujours au nom de la “libération sexuelle des femmes et des enfants” : “Nous devons inclure aussi l’oppression des enfants dans tous les programmes de la révolution féministe… nous devons arriver à éliminer la condition même de féminité et d’enfance…”, et l’on devra parvenir à faire en sorte que “tous les rapports intimes”, y compris entre parents et enfants, adultes et tout-petits, incluent “aussi le physique” au sens large.

C’est finalement dans ces années-là, comme le raconte Paul Berman dans son livre “A Tale of Two Utopias: The Political Journey of the Generation of 1968” (1996), que de nombreux acteurs du mouvement gay, qui est alors en train de naître, ont pu faire l’expérience dès leur plus jeune âge, à l’école ou dans les crèches, du “sexe entre très jeunes et adultes”, dans l’ambiance de sexualité effrénée et “libérée” de l’époque.

C’est ainsi, autrement dit, qu’est apparu le boom de la pédophilie et de la pédopornographie dont nous pouvons continuer à voir les effets ; tout comme sont apparus les nouveaux “droits civils”, les nouvelles “libertés”, la lutte ouverte contre la pureté et contre la famille naturelle fondée sur le mariage entre un homme et une femme conçue comme un dessein immuable de Dieu. Et qu’est apparue aussi la négation de la foi et de la morale chrétienne dont Benoît XVI n’a de cesse, chaque jour, de donner les raisons.

Il faudrait se poser des questions sur le fait, comme le démontrent toutes les études sur le sujet, que c’est à l’époque de la crise de la famille que la pédophilie a émergé au sein même de la famille, la majorité des violences sur mineurs étant causée par les parents, la famille proche, et assez souvent des nouveaux “parents » des familles recomposées à la suite d’un divorce.

Et qu’en est-il de la pédophilie pratiquée par les hommes d’église ? Il faudrait d’abord rappeler que les catholiques et les protestants ont presque été les seuls adversaires de la “révolution sexuelle”. Justement parce que la liberté du chrétien, du moins en théorie et donc plus facilement aussi dans la pratique, est une tout autre chose : elle se vit dans la fidélité à une relation, et non dans l’expérience individuelle de la fréquence des changements de partenaires ; elle se pratique dans la sexualité ordonnée et finalisée, et pas seulement dans la génitalité instinctive ou animale.

Il suffit de lire quelques articles de ces années-là : les “libérateurs” se déchaînent souvent violemment contre l’Église, contre les “puritains”, contre la pensée chrétienne en général, accusée d’opprimer la sexualité libre et d’imposer des règles et des interdits.

Ceci dit, il est vrai aussi que la “libération sexuelle” est entrée dans le temple, avec les autres nouveautés.

C’est toujours dans ces mêmes textes que l’on peut lire l’éloge de ces chrétiens, de ces pasteurs protestants, de ces prêtres catholiques, qui ont finalement compris les “temps nouveaux”, qui ne restent pas bêtement figés dans la morale traditionnelle et désobéissent, s’ils sont catholiques, à Rome !

Le Los Angeles free press du 23 juin 1967, par exemple, publie un article intitulé : “un prêtre underground déclare : « L’Église est morte » ”. Le prêtre en question y explique que l’Église “a fait du mal aux individus d’un point de vue sexuel, racial et politique”. Un article paru dans le journal de Los Angeles Open city le 24 août 1967 évoque quant à lui un “prêtre hippy”, l’un de ces nombreux protestants presbytériens qui a décidé d’épouser les nouvelles idées révolutionnaires.

Dans le monde catholique, les louanges vont à l’ “aggiornamento”, à l’ “ouverture au monde”, qui deviennent pour de nombreux ecclésiastiques et de nombreux croyants “adultes”, un devoir incontournable.

Tous n’ont pas compris que sécularisation rime avec tristesse, et “libération sexuelle” avec éclatement de la famille, pornographie, pédophilie, explosion du nombre de divorces, instabilité des enfants, etc.

De manière inévitable, l’ “aggiornamento” dans la foi se transforme en remise en cause de la morale.

Et c’est ainsi que des milliers et des milliers de prêtres abandonnent leurs habits sacerdotaux, défroquent, attaquent le célibat, demandent une révision de la morale de l’Église, lisent et font l’éloge des textes de Reich, et finissent par devenir des partisans affichés et parfois violents de la légalisation du divorce et de l’avortement. Ces hommes d’église sont très bien accueillis dans les colonnes des journaux progressistes, les mêmes qui font aujourd’hui, en toute hypocrisie et à tout bout de champ, la guerre à Benoît XVI.

Un petit ouvrage du célèbre bénédictin hongrois Stanley Jaki, intitulé “Archipel Église. Le Concile quarante ans après” peut nous aider à mieux comprendre tout cela, en particulier ce qui concerne le continent américain. Jaki insiste avant tout sur la perte de foi caractéristique de ces années-là, et sur le fait que le Saint Sacrement ait été enlevé du centre de l’autel. Pour lui, il s’agit du symbole le plus évident de la perte du sens du surnaturel. Jaki remarque ensuite la perte très prononcée, dans le monde catholique, du sens du péché. “Cela n’a pas de sens – écrit-il – de parler de l’état de l’homme déchu si sa chute originelle est minimisée dans des lieux consacrés” : si le péché n’existe plus, ni pour le monde ni pour les hommes d’église, il est clair qu’en commettre devient plus simple, plus banal, plus automatique. Il est clair que si dans la société civile, par exemple, on sous-évalue le caractère sacré du mariage et que l’adultère devient chaque jour plus normal, quand il ne devient pas un “droit”, les hommes d’église en viennent, de manière analogue, à perdre le sens de leur mission, et par conséquent aussi le sens de leur virginité.

Ce qui est grave c’est que pratiquement personne ne les rappelle à l’ordre ou les punit. Surtout parce que, dans toute la chrétienté mais en particulier aux États-Unis et en Allemagne, la rébellion envers le magistère y est très forte y compris chez de nombreux évêques. Parmi ceux-ci, Jaki cite précisément, dans son ouvrage de mars 2008, l’archevêque de Milwaukee Robert Weakland : un benjamin de la presse progressiste de l’époque pour ses positions en faveur de la “révolution sexuelle”. comme le rappelle également Roberto de Mattei dans ces mêmes colonnes (Il Foglio).

Cet évêque est encore plus encensé aujourd’hui puisque ses déclarations ont servi à attaquer violemment Benoît XVI, même si la vérité est qu’on lui a demandé de démissionner en 2002 “après qu’un ex étudiant de théologie l’ait accusé de viol, rompant ainsi le secret que Weakland lui-même lui avait imposé en échange de 450.000 dollars prélevés sur les caisses de l’archidiocèse”. La rébellion de nombreux ecclésiastiques contre la morale catholique, raconte Jaki, avait atteint des sommets lors de la publication de l’Encyclique Humanæ vitæ, à qui il fut répondu par le schisme rampant de très nombreux prêtres et laïcs, dans tout l’Occident. On en arriva même, en 1996, à ce que “cinq archevêques américains et quinze évêques étaient prêts à annoncer la formation d’une église catholique américaine”, séparée de Rome. “Pour de très nombreux catholiques – affirmait le Cardinal Ratzinger en 1985 dans une entrevue avec Vittorio Messori – il y a eu au cours de ces années-là une ouverture immodérée au monde, sans filtres ni freins, c’est-à-dire une ouverture à la mentalité moderne dominante, tout en mettant en discussion les bases mêmes du depositum fidei qui, pour beaucoup d’entre eux, n’étaient plus claires”.

Pour être tout à fait justes, il faut dire que la crise a atteint tout le monde : laïcs et croyants, et parmi eux, catholiques et protestants.

Dans le cas spécifique de la pédophilie et pour s’en tenir aux croyants, il est toutefois intéressant de remarquer que le phénomène a affecté davantage les pasteurs protestants, qui peuvent se marier, que les prêtres catholiques, qui s’engagent au célibat. En effet, alors que de nombreuses églises protestantes ont beaucoup fléchi sur les principes et donc dans les faits, l’église catholique, malgré les erreurs véhiculées par l’époque et par les hommes, a toujours gardé en son sein une force d’opposition à la crise de la foi et à la révolution sexuelle : le magistère romain.

Ne serait-ce pas à cause de cette fermeté, parce que l’Église catholique a moins reculé que les autres, que tant d’anglicans, en rupture avec leur hiérarchie trop ouverte à la “révolution sexuelle”, reviennent aujourd’hui, avec Benoît XVI, dans l’église de Rome ?

Quant au fait que la presse progressiste, qui a toujours été à la pointe de la “libération sexuelle”, identifie aujourd’hui de manière tendancieuse l’Église catholique comme le berceau par excellence de la pédophilie, en feignant d’oublier la “belle époque” ou l’Église était accusée d’imposer trop de tabous, il s’agit, comme on peut le comprendre aisément, de la vengeance posthume de quelqu’un qui s’érige en instrument moralisateur après avoir contribué à démolir systématiquement l’humain et la véritable affectivité.

Jacqueline, de Belgique La lettre de Jeannine (I)