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Chez le Pape: commentaires AVANT, lu APRÈS

Philppe Levillain (TF1), et l'Abbé Grosjean, sur un blog catholique (8/10/2010)

Philippe Levillain (TF1)

Pourquoi Benoît XVI bouscule son agenda pour Sarkozy

[Philippe Levillain est l'auteur du livre "Le moment Benoît XVI". Je ne suis pas fan abolue, mais l'analyse qui suit est d'un connaisseur. Source]

- Cette visite de Nicolas Sarkozy au Vatican a été organisée rapidement, après la polémique sur les Roms de fin août. Que signifie-t-elle ?
- Philippe Levillain : Les deux parties considèrent qu'il y a eu un problème et qu'il faut le régler. D'un côté, Nicolas Sarkozy tient à s'expliquer sur un malentendu, qui en fait n'en est pas un. De l'autre, après la polémique sur les propos tenus par Benoît XVI le 22 août, le Vatican n'a pas voulu admettre que le pape avait fait une gaffe et qu'il n'avait pas voulu réprimander le chef de l'Etat. Mais il a ensuite pris conscience que les propos du souverain pontife étaient utilisés contre Nicolas Sarkozy. Se sentant bousculé, il a donc agi, en acceptant d'organiser rapidement cette visite, alors que le protocole veut que les voyages des chefs d'Etat au Vatican soient prévus longtemps à l'avance.
Il y a quelques jours, j'ai pu discuter avec des cardinaux français et italiens à l'Institut Paul VI de Brescia. Ils pensaient encore que cette visite n'aurait pas lieu (ndlr: ils étaient donc peu perspicaces, ou de mauvaise foi, car il n'y avait aucune raison pour que que cette rencontre n'ait pas lieu!) car ce n'est pas dans les règles du Vatican, non demandeur, de procéder ainsi. Il s'agit donc d'un geste de bonne volonté du Saint-Siège pour montrer qu'il s'entend très bien avec Nicolas Sarkozy.

- Le 22 août dernier, les propos du pape n'étaient donc pas une critique implicite de la politique française envers les Roms ?
- P.L. : Non. La polémique provient d'un malentendu subtil. Il faut savoir que Benoît XVI travaille souvent seul. Il choisit lui-même les textes qu'il prononce le dimanche, bien en amont de la date de lecture. Ils sont ensuite traduits dans plusieurs langues. Le commentaire de Benoît XVI avait ainsi été préparé avant les expulsions des Roms. Cela n'était ni une réaction, et encore moins une improvisation au dernier moment, pour coller à la polémique française. Il n'y avait donc rien contre la France dans la phrase de Benoît XVI, sauf le fait qu'elle soit prononcée en français. Mais le Saint-Siège aurait dû faire attention entre la coïncidence de cet appel de Benoît XVI sur la solidarité et le politique du gouvernement (ndlr: oh là!!).

- Dans ce cas, pourquoi et comment ce malentendu a-t-il pris forme ?
- P.L. : C'est la conséquence des relations étranges que Benoît XVI entretient avec la France. Elles étaient au zénith en 2008 lors de son voyage à Lourdes. Mais elles sont souvent mauvaises, comme dans la foulée du discours de Ratisbonne. Et c'est là tout le paradoxe de l'affaire : en règle générale, l'opinion publique française n'apprécie pas Benoît XVI. Mais dans ce cas précis, en raison de l'anti-sarkozysme qui prévaut dans le pays, cette même opinion publique a trouvé réjouissant que le souverain pontife donne des coups sur les mains de Sarkozy. Grosso modo, bien qu'on n'aime pas le pape, on aime quand il tape sur Sarkozy.

- Le problème des Roms ne figure d'ailleurs officiellement même pas au menu de l'entretien entre les deux hommes. Pourquoi ?
- P.L. : Pour le Saint-Siège, cela permet de justifier le fait qu'il n'y ait pas de communiqué de presse après l'entretien, ni de commentaires avant. Pour Nicolas Sarkozy, cela montre aussi qu'il ne vient pas que pour cela et que ce déplacement n'est pas forcément une visite d'urgence.

- Parlons désormais de la visite en elle-même. Nicolas Sarkozy va notamment assister à une "prière pour la France" devant l'autel de Sainte-Pétronille, dans la basilique Saint-Pierre. Quelle est sa signification ?
- P.L. : Il s'agit d'un programme inédit qui dépasse l'imaginaire pour un président français. Le général de Gaulle, qui était très pratiquant, était en revanche très réservé sur l'expression publique de sa foi. Là, c'est la première fois qu'un chef de l'Etat français va se recueillir devant Sainte-Pétronille, lors d'une prière pour la France dans la basilique Saint-Pierre. C'est vraiment très symbolique et très inattendu de la part de Nicolas Sarkozy. Il veut ainsi vraiment témoigner de sa foi et le montrer clairement. Et jamais la France ne se sera donc montrée aussi romaine et aussi chrétienne que ce 8 octobre 2010.

- Pourquoi le chef de l'Etat agit-il ainsi ? Tente-t-il de reconquérir les catholiques choqués par les expulsions de Roms ?
- P.L. : Non. Tout d'abord, la politique d'immigration ne changera pas radicalement le vote des catholiques. Ensuite, je pense que cette prière est plus liée à sa personnalité qu'à une quelconque stratégie électorale. Critiqué comme étant un homme de "mœurs faciles", il dévoile son rapport à la religion à travers cette visite. C'est une sorte de repentance.

- Vu le contexte, des polémiques sont-elles à prévoir ?
- P.L. : Tout à fait. C'est le type même de visite qui tourne à la polémique. Le fait de prier devant Sainte-Pétronille à Saint-Pierre va forcément déclencher de violentes réactions, même chez les laïcs les plus modérés. Cela va également poser le problème de ses relations avec les autres confessions. Et dans la classe politique, cela ne fera plaisir à personne, sauf à Christine Boutin. Pour ne rien arranger, cette visite intervient juste après les critiques du Vatican au Prix Nobel de médecine décerné à Robert Edwards, l'inventeur des bébés-éprouvettes (!!!).

Un prêtre...

Via le FC.
Excellent!

Sarkozy & Benoît XVI : enjeux d'une rencontre au sommet
Abbé Grosjean
Jeudi, 07 Octobre 2010

Le Président Sarkozy a obtenu une audience auprès du Pape Benoît XVI. Il sera donc à Rome ce vendredi 8 octobre. Cette rencontre intervient dans un contexte qui n'est pas anodin : il y a eu de vraies tensions entre l'épiscopat et le gouvernement cet été sur l'affaire des Roms. Les lois Besson sur l'immigration provoque des remous chez une certaine frange des cathos. D'autres s'inquiètent de la révision des lois de bioéthique ou de la politique de santé. Et 2012 s'annonce difficile pour le Président : il aura à rassembler au maximum au premier tour. Or les catholiques, qui avaient majoritairement voté pour lui en 2007, se montrent pour beaucoup très déçus des promesses non tenues, et du style présidentiel. Tout cela fait que cette rencontre prend de l'importance. Quels en sont les enjeux ?

Retour sur le contexte politique. La tension des derniers mois.
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Au mois d'août dernier, le discours sécuritaire du Président, et l'accent mis sur les expulsions de Roms, provoquent des réactions violentes dans les rangs catholiques. Sous la pression d'associations chrétiennes d'aide aux migrants, des évêques vont prendre position assez fortement contre les choix du gouvernement. La presse de gauche et l'opposition ne peuvent que s'en réjouir, et offrent une caisse de résonance qui va faire de l'effet.
Cette tension culmine avec deux évènements : lors d'une audience publique à Rome, le pape dans une courte allocution en français, appelle à respecter et accueillir "la diversité de la famille humaine". Ses propos, en lien avec le texte liturgique qu'il commentait, vont être interprétés comme une condamnation de la politique d'expulsion du gouvernement français. Libération offre sa une à Benoît XVI, qui redevient tout d'un coup "la voix de la sagesse". Même Mélanchon applaudit !
Deuxième évènement : la déclaration de l'Archevêque de Toulouse, qui semble comparer la situation des Roms à celle des juifs en 1942. Cette déclaration, jugée excessive dans les rangs mêmes de l'épiscopat, va provoquer la colère du Chef de l'Etat, qui juge que la ligne rouge a été franchie. A Paris, le Cardinal Vingt Trois comprend qu'il faut calmer le jeu, et rencontre le Ministre de l'Intérieur puis le Président, offrant l'image d'un dialogue renoué.
L'idée d'une rencontre avec le Pape commence à émerger à ce moment là. En effet, on laisse entendre que les propos du pape auraient été sur-interprétés, et que le Saint Père lui même ne serait pas content de la façon dont certains ont instrumentalisé sa parole, à des fins politiciennes, y compris dans le clergé. Le moins que l'on puisse dire, est qu'il y a une vraie ambiguïté. Et qu'à ce niveau là, on ne peut se permettre de la laisser perdurer.
Toujours est il que moins d'un mois plus tard, la rencontre entre le Pape et le Président est fixée. Les habitués reconnaissent que le délai pour obtenir une telle rencontre, qui se fait toujours à la demande de celui qui vient visiter le pape, est normalement plus long. Preuve que la rencontre a aussi été souhaitée du côté du Vatican. On n'oublie pas d'ailleurs à Rome que lors de sa dernière visite, Nicolas Sarkozy, malgré une attitude un peu étonnante ( il était venu avec une délégation bien moins sérieuse que celle qui est prévue pour vendredi... on y comptait entre autres l'humoriste Bigard. on se souvient aussi de son retard à l'audience, et de ses sms passés en présence du pape... ) avait tenu un discours très apprécié sur la laïcité positive et le rôle nécessaire de l'Eglise dans la vie de la Cité ( "Jamais l'instituteur ne pourra remplacer le curé..." ).

Les enjeux pour Nicolas Sarkozy

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Ils sont avant tout sans doute de redorer son blason auprès du Pape, et des catholiques, et plus sérieusement de regagner leur confiance. Car l'espérance suscitée en 2007, et lors de son dernier discours au Latran, a fait place à une amère déception.
Pour plusieurs raisons :
- D'abord un style personnel. On se souvient de la rumeur qui avait couru : Nicolas Sarkozy avait prévu de passer 3 jours dans une abbaye juste après son élection, pour réfléchir et méditer sur ses nouvelles responsabilités. Des journalistes avaient même planqué de longs jours près de l'abbaye de la Pierre qui Vire, ou de Solesmes. Un signe fort, qui n'a pas eu lieu. A là place, on a eu le droit au dîner au Fouquets et au Yacht de Bolloré. Son nouveau divorce puis sa relation avec Carla, officialisée à... Disneyland, son côté bling-bling, son style peu policé ( Ah le fameux "casse toi pov'con" ... ), tout cela semblait décalé, pas digne d'un Président, qui doit incarner les valeurs, la culture, l'éducation à la Française.
- Ensuite, ses choix politiques : Morano, pro mariage gay et pro euthanasie, ministre de la Famille, ça ne passe vraiment pas. Même dans les rangs de l'UMP, on n'a pas compris ce choix du Président. Bachelot, à la Santé, qui fait de l'avortement sa priorité, ou qui milite pour les salles de shoot... Mitterand, maintenu à la Culture, après une polémique sur des pratiques pédophiles, dont aucun autre n'aurait pu se relever en temps normal; le poids du politiquement correct, du microcosme parisiano-médiatico-gaucho dans l’entourage du Président, mais aussi des propos parfois agressifs, une surenchère médiatique sur la sécurité, la focalisation sur les roms (pour faire oublier l'échec des banlieues et de l'intégration, le sentiment d'insécurité toujours grandissant, sans parler de l'islamisme radical galopant...), ou encore l'absence d'une politique famillale digne de ce nom ... Tout cela ,ça bloque, ça gêne, ça scandalise ou ça déçoit chez les cathos, nombreux à ne plus croire aux promesses qui les avaient fait vibrer en 2007 ( "on allait enfin solder les comptes de mai 68" ! )
Il est clair pour tous que la bataille pour 2012 est déjà commencée, et que chaque voix va compter. Les catholiques pratiquants, selon les sondages, avaient majoritairement voté pour lui en 2007. Nicolas Sarkozy ne peut se permettre de les voir fuir ailleurs, alors que le résultat s’annonce plus serré. Ils ne pourra plus simplement les séduire cette fois ci... il leur faut des actes concrets, des décisions politiques qui vont dans le bon sens.

Les enjeux pour le Pape :
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Comme je l’écrivais, le Vatican n’a pas été insensible à l’ouverture du Président Sarkozy sur les questions de laïcité. Après un Chirac qui avait refusé d’inscrire les racines chrétiennes de l’Europe dans la constitution européenne, et qui n’en parlait pas plus pour la France, on sent à Rome un président français plus pragmatique, plus ouvert à ces questions. Sans doute est ce aussi dû à son entourage : Emmanuelle Mignon (??), Henri Guaino l’ont inspiré sur ces questions.
Rome est aussi soucieuse sans doute ne pas rompre le dialogue avec un gouvernement qui, malgré tout, est allé moins loin que d’autres dans les lois sur le mariage gay , l’euthanasie ou les questions de bioéthique. L’Espagne, la Grande Bretagne, ou la Belgique sont tombés encore plus bas dans le libéralisme éthique. Si l’Eglise veut favoriser une exception éthique à la Française en Europe, il lui faut pouvoir encourager la bonne volonté du Président, tout en l’exhortant à ne pas céder aux pressions adverses, voir même à revenir sur des choix pas très heureux. Le Pape cultive là sa capacité d’influence : en lui demandant une audience, Nicolas Sarkozy démontre que la parole de l’Eglise a du poids, qu’elle est respectée malgré tout, et qu’il n’est jamais bon d’être vis à vis d’elle dans une confrontation directe.
Pour peser sur le programme présidentiel de 2012, et sur les choix qui seront faits dans les semaines et les mois qui viennent, l’Eglise de France ne peut pas apparaître comme figée dans une opposition systématique, mais comme un partenaire libre, décomplexé, ni de droite, ni de gauche, qui ose prendre la parole dans le débat public sans tomber dans le politiquement correct, avec efficacité, audace, et professionnalisme.
Les diplomates ecclésiastiques sont des experts, avec un sens politique hors norme ! Ils savent bien que les deux parties, dans cette rencontre, doivent sortir gagnantes. Et nul doute que cela sera le cas. On peut s’en réjouir pour l’Eglise et les valeurs qu’elle défend. On peut espérer que le Président de la République saura lui aussi en profiter, pour y puiser le courage de décisions nécessaires à un plus grand respect de la vie, de la famille et de la liberté d’éducation. C’étaient les trois points non négociables avancés par un certain Cardinal Ratzinger pour éclairer le vote des catholiques…

Abbé GROSJEAN

Chez le Pape, avec Nicolas Sarkozy Conseils aux prêtres, pour leurs homélies