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Synode: en mémoire de Mgr Padovese

Son successeur à la tête de la Conférence des évêques de Turquie, Mgr Franceschini, saisit l'occasion du Synode pour lancer "un cri". (17/10/2010)

Le jeudi 3 juin, fête du Corpus Domini, Mgr Padovese, vicaire apostolique de l'Anatolie, président de la conférence des évêques de Turquie, était sauvagement assassiné par son chauffeur musulman au cri de "Allah akbar", décapité vivant dans des circonstances absolument atroces. C'était à la veille du voyage difficile (un de plus!) du Saint-Père à Chypre, et Mgr Padovese s'apprêtait à aller à sa rencontre, pour recevoir de ses mains l'Instrumentum laboris du Synode qui se tient en ce moment, à l'élaboration duquel il avait contribué comme protagoniste de premier plan.
Presque simultanément, dans l'avion qui l'emmenait vers Chypre, interrogé par les journalistes, le Saint-Père exprimait sa douleur, mais écartait, contraint et forcé, toute possibilité "d'un assassinat politique ou religieux".

Les détails de ce drame sont à lire ici http://benoit-et-moi.fr/2010-II/... , en particulier, une "double interviewe" de Mgr Franceschini, l'archevêque de Smyrne, qui a succédé à Mgr Padovese comme président de la Conférence des évêques turcs.

Je n'ai pas oublié Mgr Padovese. J'y ai même pensé tout récemment, après avoir vu "Des hommes et des dieux".
Juste au moment où en France, deux millions de spectateurs au moins se sont déplacés pour aller admirer le film de Xavier Beauvois sur l'assassinat des moines de Tibérine, et alors qu'une bonne partie de la presse bien-pensante a cru bon de saluer "le film de la réconciliation" (!!), il est bon de rappeler avec insistance que le martyre de prêtres catholiques en terre d'islam n'est pas quelque chose du passé, mais au contraire, de terriblement, de tragiquement actuel.

Cher et héroïque Monseigneur Padovese, reposez en paix.

Voici donc un article de Paolo Rodari, et l'intervention de Mgr Franceschini.

Un cri de Smyrne

Paolo Rodari
Ma traduction.

Le vicaire en Turquie: dites la vérité sur Padovese et dépêchez-vous de lui trouver un successeur
16 octobre 2010
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Il y a quelques heures Mgr Ruggero Franceschini, vicaire apostolique de Smyrne et président de la Conférence des évêques turcs a lancé une charge très dure au cours du Synode des Évêques. Un accusation avec deux destinataires: la Turquie et le Vatican.
Franceschini, rappelant le triste épisode de l'assassinat de son prédécesseur, Mgr Luigi Padovese, a utilisé la tribune du Synode pour dire que personne n'a rien fait contre les "insupportables calomnies" diffusées sur Padovese "par les organisateurs du crime eux-mêmes", un crime qui était "un homicide prémédité."

Pourquoi Padovese a-t-il été assassiné?
Certains ont dit qu'il avait été tué à cause d'une relation homosexuelle avec son meurtrier. Rien de plus faux, dit Franceschini. L'assassinat a eu lieu dans la manière du fanatisme islamique comme en témoigne le fait de la décapitation. Franceschini a rappelé au Vatican et au Pape que "la situation pastorale et administrative du Vicariat de l'Anatolie est grave, à cause des divisions au sein de la communauté chrétienne, déjà fragile en soi", à cause les difficultés économiques du vicariat et de "la grave pénurie de personnel missionnaire".
Et aussi: Padovese a été tué "par les pouvoirs occultes eux-mêmes que le pauvre Luigi a désigné comme responsables de l'assassinat de Don Andrea Santoro, du journaliste arménien Dink et des quatre protestants de Malatya; c'est-à-dire un complot obscur entre ultra-nationalistes et fanatiques religieux, experts en stratégie de la tension ".
Ce que demande Franceschini à l'Église? "Ce qui nous manque: un pasteur, quelqu'un pour l'aider, les moyens de le faire."

L'Église catholique en Anatolie risque de disparaître. La diplomatie du Vatican maintient une ligne prudente à l'égard du gouvernement. D'un côté, elle connaît la souffrance de la minuscules "patrouille" catholique. De l'autre elle estime qu'étouffer les voix de la protestation sert aux catholiques qui vivent dans la région. Même au moment de la mort de Padovese, le Vatican a adopté cette politique. Franceschini n'a jamais adhéré à cette ligne. Il a toujours donné une version différente des événements. Encore hier, avec beaucoup de courage.



Mgr Franceschini, au Synode

Le discours de Mgr Franceschini est traduit en français sur le site du Vatican:
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La petite Église de Turquie, parfois ignorée, a vécu son triste moment de renommée avec le brutal assassinat du Président de la Conférence épiscopale turque, Monseigneur Luigi Padovese. Pour être bref, je désire mettre un terme à ce désagréable chapitre et effacer les insupportables calomnies que ceux qui ont organisé l’assassinat ont eux-mêmes fait circuler. Parce que c’est de cela qu’il s’agit: d’un assassinat prémédité par ces mêmes pouvoirs occultes que le pauvre Luigi avait indiqués, peu de mois avant, comme responsables des assassinats de Don Andrea Santoro, du journaliste arménien Dink et des quatre protestants de Malatya. Il s’agit d’une obscure intrigue de complicités entre les ultras-nationalistes et les fanatiques religieux, experts en stratégie de la tension. La situation pastorale et administrative du Vicariat d’Anatolie est grave. Et en voici les raisons:
1) Les divisions au sein de la communauté chrétienne, déjà fragile en soi.
2) La gestion pour ainsi dire désinvolte de l’économie du tout le vicariat de la part du secrétariat du défunt évêque.
3) Le manque grave de personnel missionnaire.
Que demandons-nous à l’Église? Simplement ce qui nous manque pour l’heure: un Pasteur, quelqu’un qui l’aide, les moyens pour le faire, et tout ceci avec une raisonnable urgence.
Le poids de la gestion extraordinaire de cette situation a jusqu’à maintenant reposé exclusivement sur l’archidiocèse de Smyrne.
Nous sommes une Église très antique, autant pauvre que riche d’une tradition dont seules Jérusalem et Rome peuvent se vanter. Nous n’allons certainement pas commencer par nous lamenter ou par pleurer misère, cela n’est pas notre habitude, et loin de nous la seule pensée de revendiquer une attention spéciale en raison du meurtre du Président de notre Conférence épiscopale, mais toutefois notre peuple et toute personne qui a versé son sang méritent certainement une attention particulière.
Pardonnez-moi de soulager notre coeur: nous vous prions de partager avec nous cette situation qui peut être dépassée, assez rapidement, au moins à ces deux conditions: la nomination d’un nouveau Pasteur et un soutien économique.
L’envoi de personnel missionnaire dépend évidemment d’autres facteurs qui demandent plus de temps, mais cela ne doit pas donner lieu à penser qu’il s’agit d’un aspect moins urgent.
L’Église d’Anatolie risque sa vie, et il s’agit là d’une situation à laquelle je vous invite à participer avec un ton d’urgence et de gravité. Je désire toutefois rassurer les Églises proches, en particulier celles qui souffrent de persécutions et qui voient leur propres fidèles se transformer en réfugiés, en leur disant que comme CET nous serons encore disponibles à l’accueil et l’aide fraternelle, même au-delà de nos possibilités, ainsi que nous sommes ouverts à toute collaboration pastorale avec les Églises soeurs et avec les musulmans en faveur d’une laïcité positive, pour le bien des chrétiens qui vivent en Turquie, et pour le bien des pauvres et des nombreux réfugiés en Turquie.

Synode: Annie Laurent Synode: Israël contre le Pape