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La crèche, antidote au sécularisme

(18/12/2010)

Crèche dans une boule de Noël de cristal

(artisanat du Haut-Adige - Bressanone) sur fond de neige lorraine. Collage Benoît-et-moi. Clic!



La crèche d'Anne-Claire

Mes amis du Salon Beige ont eu la bonne idée de lancer un concours de crèches. On peut en admirer ici plusieurs, toutes plus belles les unes que les autres (aussi ne pourrais-je pas faire un choix) envoyées par les lecteurs.

Il y a maintenant trois ans, j'avais rassemblé une collection de crèches, les miennes, bien sûr, mais aussi d'autres, issues de différents pays, envoyéees par des amies: http://benoit-et-moi.fr/2007/...

La crèche est l'une des plus belles expressions de la dévotion populaire, la foi des simples, à laquelle le Saint-Père est si attaché, un élément unifiant pour tous les catholiques, quelle que soit leur sensibilité. Elle est aussi devenue une sorte de marqueur culturel, certains objecteront que ce n'est pas souhaitable, mais c'est à cet aspect, sans aucun doute, que pensait le Saint-Père, s'adressant aux élites britanniques à Westminster Hall, le 17 septembre dernier:

... Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D’autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n’en ont pas.
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Chaque année, lors du troisième dimanche de l'Avent, le Saint-Père bénit les "bambinelli" , les enfants-Jésus que les enfants de Rome déposeront ensuite dans les crèches, chez eux (cf. Le Pape aux enfants: priez pour moi) .

Voici ce qu'il leur disait, par exemple, à l'occasion de l'Angelus du 11 décembre 2005.

Dans de nombreuses familles, suivant une belle tradition consolidée, immédiatement après la fête de l'Immaculée, on commence à construire la crèche, comme pour revivre avec Marie ces jours pleins de trépidation qui précédèrent la naissance de Jésus. Construire la crèche dans la maison peut se révéler un moyen simple, mais efficace de présenter la foi pour la transmettre à ses enfants. La crèche nous aide à contempler le mystère de l'amour de Dieu, qui s'est révélé dans la pauvreté et la simplicité de la grotte de Bethléem. Saint François d'Assise fut à ce point frappé par le mystère de l'incarnation qu'il voulut le reproposer à Greccio dans la crèche vivante, devenant de cette façon le précurseur d'une longue tradition populaire qui conserve aujourd'hui encore sa valeur pour l'évangélisation. La Crèche peut en effet nous aider à comprendre le secret du véritable Noël, parce qu'elle parle de l'humilité et de la bonté miséricordieuse du Christ qui, "s'est fait pauvre, de riche qu'il était" (2 Co 8, 9) pour nous. Sa pauvreté enrichit ceux qui l'embrassent et le Noël apporte la joie et la paix à ceux qui, comme les pasteurs de Bethléem, accueillent les paroles de l'Ange: "Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né, enveloppé de langes, et couché dans une crèche" (Lc 2, 12). Cela demeure le signe, pour nous aussi, hommes et femmes de l'An 2000. Il n'y a pas d'autre Noël.
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Le site rassegnastampa-totustuus.it/ vient de republier un texte datant de 2008 (paru dans Zenit), intitulé "La crèche comme antidote à la laïcisation.

Ma traduction:


La Créche comme antidote au sécularisme
ZENIT, 18 Décembre 2008

Entretien avec le professeur Corrado Gnerre , professeur d'histoire de la théologie à l'Université Européenne de Rome
Par Luca Marcolivio
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La crèche est un symbole étroitement lié au mystère de l'Incarnation de Notre Seigneur. Mais il est aussi un élément important de renforcement de la culture chrétienne, en particulier dans sa dimension publique. Sur la mystique de l'art de la crèche, toujours très populaire en Italie, ZENIT a interrogés le professeur Corrado Gnerre , professeur d'histoire de la théologie à l'Université Européenne de Rome (UER).

- Quelle est la culture qui sert de toile de fond à la culture de l'art de la crèche?
- Prof Gnerre : La crèche est étroitement liée à la particularité du christianisme et, en particulier, au mystère de l'Incarnation, réalité historique humainement inconcevable, à travers laquelle Dieu n'apparaît pas comme un homme, mais se fait vraiment homme. Le christianisme, ainsi, n'est pas une religion spiritualiste, mais, au contraire, accorde une attention au caractère charnel et concret des signes. Saint Bernard de Clairvaux affirmait que, puisque nous sommes charnels, le Seigneur fait en sorte que notre être se manifeste aussi dans les choses.
Le Moyen Age, époque où est né l'art de la crèche, se caractérise par une culture marquée par le caractère charnel: qu'on pense au culte des reliques. Même dans les croisades, phénomène historiquement très complexe, il y a un élément de symbologie charnelle concrète: l'impossibilité d'accéder au Saint-Sépulcre de Notre-Seigneur, avait conduit les chrétiens de ce temps à se battre pour la récupération de ce symbole sacré, mais en même temps tangible et concret.
En ce qui concerne la crèche, il est connu que la première représentation de la Nativité a été construite par saint François à Greccio, en 1223. Un collègue de Saint François avait demandé s'il était juste d'observer l'abstinence de viande, vu que cette année-là, le 25 Décembre tombait un vendredi. La réponse du saint patron de l'Italie fut sans équivoque: "Aujourd'hui, même les murs doivent manger de la viande, doivent être recouverts de viande."

- La culture séculariste tend à dévaloriser l'art de la crèche. Quelles en sont les causes?
- Prof Gnerre: C'est un phénomène typique de la mentalité protestante qui rejette à la fois la représentation symbolique du sacré et la dévotion mariale. La Vierge Marie est un protagoniste essentiel de la crèche. En fin de compte, le catholicisme, s'articulant sur la dévotion mariale, est en harmonie avec la psychologie féminine qui attribue de l'importance à la valeur des signes et des symboles concrets, alors que la mentalité masculine est plus portée à l'abstraction.

- Pourquoi, encore aujourd'hui, est-il bon de valoriser la crèche?
- Prof Gnerre: d'abord, parce que l'art de la crèche est un signe d'identité culturelle qui se manifeste publiquement: le christianisme n'est pas destiné à être confiné dans les profondeurs de notre conscience. La mentalité séculariste d'aujourd'hui tend, au contraire, à effacer la valeur publique de l'expérience chrétienne et à transformer le christianisme en un mythe.
En second lieu, la crèche peut aider à retrouver l'essence même de la théologie catholique , c'est-à-dire la théologie du regard. Regarder un objet, c'est confronter l'intelligence à la réalité que nous observons. Le regard aide à connaître la réalité sans pour autant prétendre à la comprendre pleinement, en gardant l'élément de surprise, typique de l'enfance. Ce n'est pas par hasard que Jésus dit: «Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des cieux (Mt 18, 3).
Et puis regarder ne signifie pas observer froidement. Tout peut être connu, mais tout ne peut pas être compris: les mystères de la foi nous amènent à nous interroger sur leur caractère raisonnable, mais nous ne pouvons pas prétendre les comprendre complètement. L'approche de la vérité ne peut être réduit à la dimension intellectuelle: Dieu ne nous jugera pas d'après nos connaissances, mais l'ouverture de nos cœurs au mystère.
La théologie du regard, à laquelle j'ai fait allusion, a inspiré les grands docteurs de l'Eglise qui ont vécu leur vie intellectuelle en symbiose avec la prière. Je pense à saint Thomas d'Aquin, qui étudiait devant le Saint Sacrement, et à chaque fois qu'il rencontrait des difficultés de compréhension ou de réflexion, se tournait vers le tabernacle.

- Comment se manifeste la théologie du regard dans l'art de la crèche?
- Prof Gnerre : Théologiquement, le plus important est l'incarnation, mais avec sa naissance, le Seigneur a pu se révéler et être vu. Ce n'est pas par hasard que tous les personnages de la crèche ont le regard tourné vers l'Enfant-Jésus. Du regard jaillit la dimension de ce qui suit, qui est la relation intime avec le Christ; croire en Lui est une dimension nécessaire mais non suffisante, nous devons vivre avec lui. La reproduction plastique de la crèche n'est donc pas seulement la commémoration de la Nativité, mais la célébration de la continuelle nouveauté de notre engagement en lui ("Je suis le cep, vous êtes les sarments", Jean 15, 5).

- Ainsi, chaque personnage a sa propre dignité et son importance dans la représentation de la Nativité.
- Prof Gnerre: Certainement. La composition de la crèche nécessite une grande attention aux détails. Ceux qui la voient doivent s'immerger dans la réalité concrète de la Nativité, imaginer l'odeur de la paille, les vagissements de l'Enfant-Jésus, etc. Le Dieu des chrétiens est en effet le Dieu de la personne, en ce sens qu'il ne nous aime pas de façon abstraite, mais pris dans notre singularité. Dieu, Seigneur de l'Univers, crée et aime chaque créature, en faisant son propre univers. Cette théologie de la personne est lié au paradoxe particulier d'un Dieu enfant.

- Dans quelle mesure la crèche peut-elle devenir un instrument de dialogue interreligieux et d'apostolat dans une société multiraciale et multiculturelle?
- Prof Gnerre: La société multi-raciale est une réalité, tandis que la société multiculturelle est dangereuse, comme prélude et symptôme du relativisme. Par conséquent, valoriser l'art de la crèche peut aider à récupérer l'affection pour notre culture et à renforcer notre identité, évitant que la société multi-raciale ne dégénére en société multiculturelle.




La magie de la crèche

Crèche dans une boule de Noël en cristal

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