Un oui catégorique à la vie
A la veille de l'ouverture d'un congrès international sur l'avortement, une lettre de l'archevêque de Séville, traduite par Carlota (11/10/2010).
Il va se dérouler d’ici quelques jours à Séville (Andalousie) un congrès international sur l’avortement (et le choix de l’Espagne n’est pas forcément anodin, certes du fait des « avancés » récentes de ce pays en matière de politique pro-mort, mais aussi parce que la prochaine cible est l’Amérique latine, l’un des derniers bastions du respect des enfants à naître). À cette « occasion », si je peux m’exprimer ainsi, l’archevêque de Séville, Juan José Asenjo Pelegrina, a écrit une très belle lettre, qui est vraiment de circonstance alors que le Saint Père, invite les diocèses du monde entier à une veillée de prière pour la vie naissante le 27 novembre prochain. Ma traduction du texte à partir du site de l’archidiocèse de Séville.
Ma Traduction (texte ici).
Carlota, 10/10/2010)
« UN OUI CATÉGORIQUE À LA VIE »
(07-10-10)
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Chers frères et soeurs,
Ces dernières semaines, vous avez été de nombreux chrétiens de l’Archidiocèse à me manifester votre préoccupation pour la tenue à Séville d’un congrès de niveau mondial sur l’avortement, dans le but de partager information, expérience et nouvelles techniques pour améliorer la qualité des pratiques abortives. Il aura lieu du 21 au 23 octobre et d’après ce qu’il semble, il sera financé par des institutions publiques de Séville et de sa région. Vous avez été quelques uns à me demander de faire tout ce qui était possible à mon niveau pour l’empêcher. Comme vous pouvez l’imaginer, je n’ai pas en mes mains la possibilité d’éviter son déroulement, mais j’ai le devoir d’éclairer la conscience de nos fidèles sur cet évènement, qui à mon sens, ne va pas marquer glorieusement l’histoire de notre ville.
Le 4 juillet dernier est entré en vigueur en Espagne la loi dite de Santé Sexuelle et Reproductive et d’Interruption Volontaire de Grossesse, qui en réalité n’est pas autre chose qu’une libération totale de l’avortement (*) considéré comme un droit de la femme, tandis que sont violés les plus élémentaires droits de l’enfant qu’elle porte en son sein. Son caractère légal ne lui confère pas le sceau de la moralité, car tout ce qui est légal n’est pas forcément moral. L’avortement est toujours une immoralité, un mal objectif ; il n’est pas progrès mais régression. En réalité c’est un « crime abominable », comme l’a qualifié le Concile Vatican II (GS 51), pour être l’élimination volontaire et voulu d’un être humain, à la demande de ses géniteurs, avec le concours des médecins, les premiers, qui à côté des parents, devraient protéger la vie naissante.
Et que pouvons-nous faire nous chrétiens devant le drame de l’avortement et devant le déroulement certain de ce congrès ? Une première possibilité consiste à ce que nous nous sensibilisions à ce thème vraiment le plus important, et que nous essayions de sensibiliser nos concitoyens, dont beaucoup acceptent presque sans le moindre froncement de sourcils la réalité de l’avortement au nom du progrès et de la liberté de la femme. L’acceptation sociale de l’avortement est une réalité fatale, comme l'a reconnu le philosophe Julián Marías il y a quelques années, la qualifiant d’un des évènements les plus graves survenus au XXème siècle. Le grand écrivain Miguel Delibes a affirmé quelque chose de similaire peu de temps avant sa mort.
Dans ce sens je vous invite tous à diffuser dans vos milieux, vos foyers, vos lieux de travail et à toute occasion, également dans la catéchèse et la formation religieuse scolaire, l'Évangile de la Vie, c'est-à-dire, la valeur sacrée de toute vie humaine depuis la fécondation jusqu’à sa fin naturelle, de sorte que peu à peu nous substituions à la mentalité de l’avortement et à la « culture de mort » une culture qui accueille et fasse la promotion de la vie.
En décembre 2007, l’Assemblée Générale de l’ONU a adopté une résolution par laquelle elle invite les États membres à instituer un moratoire sur l’application de la peine de mort. Dieu veuille qu’il arrive aussi le jour où l’avortement soit supprimé de nos lois et que nous reconnaissions tous honteux l’immense et tragique erreur commise aux XXe et XXIe siècles contre l’humanité.
Que pouvons-nous faire de plus? Une forme simple de nous impliquer dans la défense de la vie humaine c’est de prier. La prière privée et publique est l’âme de toute pastorale. C’est aussi la défense de la vie, don de Dieu dont personne arbitrairement ne peut disposer. C’est ainsi que l’a reconnu le Pape Jean-Paul II en 1995 dans son encyclique Evangelium vitae en nous disant qu’ «est urgente une grande prière pour la vie qui contienne le monde entier. Que depuis chaque communauté chrétienne, depuis chaque groupe ou association, depuis chaque famille et depuis chaque cœur de croyant, dans le cadre d’initiatives extraordinaires de prière habituel, s’élève une supplique plein de passion vers Dieu, Créateur et amant de la vie ». Pour cela je suggère à tous les prêtres durant la durée du congrès qu’ils prennent en compte cette intention dans la prière des fidèles à la Sainte Messe et dans la récitation du Rosaire dans les paroisses, et même qu’ils programment un acte spécial de prière devant le Saint Sacrement pour cette cause. Je le demande aussi aux contemplatives, aux Fraternités dans leurs offices religieux et aux groupes et mouvements apostoliques. Dans tous les cas on peut conclure la prière avec la très belle prière à la Sainte Vierge qu’écrivit le Pape Jean-Paul II comme couronnement de la dite encyclique.
Je termine ma lettre de la semaine en manifestant mon appui et mon encouragement aux institutions, confessionnelles ou non, qui font la promotion d’initiative en faveur de la vie et qui aident les mères dans les circonstances difficiles pour qu’elles accueillent généreusement le fruit de leurs entrailles. Peu de formes d’action social et d’apostolat sont aujourd’hui aussi belles et urgentes que celle-là. Dieu veuille que nous soyons nombreux, également les instances publiques, à les seconder et à les aider.
À tous mon salut fraternel et ma bénédiction.
+ Juan José Asenjo Pelegrina
Archevêque de Séville
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(*) Ndt : l’avortement est possible sans l’accord des parents pour les jeunes filles de 16 ans. Par contre le film documentaire nord-américain « Blood money » sorti le 8 octobre en Espagne, sur l’industrie combien rentable de l’avortement et les conséquences morales très souvent irrémédiables sur les femmes, y a été interdit au moins de 18 ans! Y aura-t-il une diffusion en France ?