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Le Pape en Catalogne

Alliance objective entre l'Eglise "modérée", sinon "libérale", les medias, et les politiques? Mais le Pape se rend à Barcelone pour défendre la famille. Un article traduit par Carlota. (20/10/2010)

L'alliance est synthétisée dans l'image ci-dessous, issue du site infocatolica.com/blog/germinans.php/...

Puzzle


En 2008, lors de la visite du Saint-Père en France, on a beaucoup entendu dire (et je pense personnellement, comme témoin direct, que c’était une interprétation inexacte) que les vastes foules enthousiastes qui s’étaient déplacées, à Paris et à Lourdes, pour le voir, l’écouter et prier avec lui, s’expliquaient par la capacité de mobilisation de l’Eglise de France... et donc représentaient un succès personnel pour le Cardinal Vingt-Trois.
Il semble qu’un scenario analogue soit en train de se tricoter autour de la visite du Saint-Père à Barcelone, autour cette fois de la personne de son archevêque, le cardinal Sistach.
Selon l’article, et mes propres recherches (qui n’ont d’ailleurs pas donné grand chose), ce dernier – qui a reçu la barrette des mains de Benoît XVI lors du Consistoire de novembre 2007, mais je suppose que c’est automatique pour l’archevêque de Barcelone - serait classé comme “modéré”.
D’après l’article traduit par Carlota, une alliance objective à caractère politique (ici, il faut connaître un peu la situation politique de la Catalogne (*), dont Carlota nous donne un aperçu par ses notes) prendrait forme entre les medias, et lui-même, pour faire de la visite papale un fanc succès... tout en détournant l’attention de ses intentions réelles: car Benoît XVI va à Barcelone pour défendre la famille (ce n’est pas un hasard, ni un jeu de mots, s’il a choisi de consacrer la basilique de la Sainte-Famille) et certainement pas le “fait catalan”..
Mais nous savons par expérience que de telles manoeuvres sont vouées à l’échec....

(*) Voici ce qu’en dit Wikipedia en français: http://fr.wikipedia.org/wiki/Catalogne
Il y a un lien vers http://fr.wikipedia.org/wiki/Nationalisme_catalan

 

Carlota:


Pour essayer de découvrir un peu mieux encore la complexe Catalogne que Benoît XVI va bientôt visiter voici un texte (original ici) du site Germinans germinantis, portail internet de catholiques conservateurs catalans. Le document évoque une autre forme de résistance à Benoît XVI. Une résistance qui rappelle, même si le contexte est spécifiquement local, certains autres pays…

Comment les media nacional - progressistes (1) vont traiter la visite du Pape
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(Image ci-contre: FC)
La crédibilité de Sistach (2) et l’avenir d’un église crypto-nationale (3) catalane sont irrémédiablement liés depuis 2004. Le cardinal en a joué intentionnellement, afin d’obtenir la paix médiatique et ecclésiale. Cette dernière n’a pas été éclatante, par son inefficacité manifeste, mais feindre la normalité est nécessaire pour obtenir de Rome la continuité du statu quo. C'est-à-dire tricher sur la situation, en évitant de brusques changements. C’est pour cela que l’avenir de ce binôme est en jeu à l’occasion de la prochaine visite papale. C’est du moins ce que croient ses acteurs.

Sistach a besoin de décrédibiliser tous ceux qui alertent sur l’état comateux et la désertification catholique du diocèse de Barcelone – parmi ces voix, celle de cet humble portail internet (Germinans germinantis). Pour cela il a besoin du succès de la visite papale, pas d’un succès intérieur, mais plutôt d’un succès visible, d’une mobilisation de masse, pour ôter toute légitimité à tous ceux qui l’attaquent – lui, Sistach. Si les gens accourent en masse à la Sainte Famille, il obtiendra la photo qui lui permettra de dire : "Si ma direction pastorale est si mauvaise que cela, si la Catalogne est un désert spirituel, comment se fait-il que tant de gens soient venus ?"
Réponse : Moi, Sistach.
Il pourra se présenter et se vendre à Barcelone et à l’Espagne comme la victime d’une campagne de calomnie, et à Rome comme le pasteur qui mobilise le succès.

Ce grand théâtre d’ombres chinoises, il l’a déjà mis en oeuvre lors de la béatification de Josep Samsó (Ndt. Prêtre catalan fusillé par les républicains en juillet 36). Et apparemment, mais seulement apparemment, il s’en est bien sorti parce que malgré la paix médiatique et de belles photos, l’assistance n’a pas dépassé 4.000 personnes, alors que la béatification de l’humble religieuse María de la Purísima à Séville en a rassemblé 50.000.

Comme nous venons de l’expliquer, pour que le discours scénographique de l’illusion se mette en marche, il faut des masses. Ou mieux, la visualisation des masses. Mais ce n’est possible que si les medias collaborent. Comment les medias catalans vont-ils pouvoir collaborer, en présentant la visite papale comme un succès, alors qu’ils sont d’un anti-catholicisme romain maladif ? Sistach, grand scrutateur de notre cynisme catalan, connaît déjà la réponse : ils le feront.

Mais, pourquoi?
Pourquoi vont-ils agir dans le sens contraire à ce qu’ils font d’habitude ?
Réponse : l’avenir d’une Église catalane est en jeu, c'est-à-dire une Église docile à notre nationalisme, quelque chose qui intéresse autant ceux de la Esquerra Republicana (la gauche républicaine en catalan) qui ne vont pas à la messe, que les Llisterri (4) (il en va du salaire) et les protégés ecclésiaux du pouvoir politique. Un nationalisme qui, s’il a déjà été fidèle au Magistère dans le passé, se dirige aujourd’hui, jour après jour, vers une déchristianisation totale, quand ce n’est pas vers le néo-paganisme (5).

Ainsi, l’avenir de Sistach et celui de l’Église crypto-nationale s’unissent dans une même cause : il faut feindre la normalité, la docilité envers Rome, la tranquillité. […].

Voilà venue l’heure des cyniques. La tactique intelligente s’impose. Llisterri a déjà prévenu. Il faut boire la tasse et aller à la Sainte Famille, bannière catalane en retrait. Il n’est pas question que le Pape, face à un échec, décide de donner un coup de barre radicale et nomme un Iceta ou un Munilla pour succèder à Sistach à Barcelone (6).

La « fable » (ou le conte chinois)
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Le mot d’ordre (ndt en français dans le texte) va être de manifester la normalité, en hyper-visualisant la Sainte Famille, pleine de monde, et les gens sur la place, faisant hyper-ressortir l’œuvre de Gaudí (l'architecte catalan de la Sagrada Familia) et l’usage du catalan de la part du Souverain Pontife. Cela va tellement en jeter que nous allons quitter les lieux en pensant que le Pape est venu « consacrer » Gaudí, le Catalan universel et se réconcilier avec le catalan. La lecture à imposer, le message subliminal à faire rentrer va être : le Pape est venu exalter le fait catalan. Une récréation intéressée qui va occulter ce que Benoît XVI vient réellement faire à Barcelone.

Comme nous l’écrivions la semaine dernière, le Pape vient dans la babylonienne Barcelone pour nous rappeler que le modèle de la famille chrétienne que défend l’Église est la réponse à ceux qui désirent ardemment un modèle familial cohérent avec la recherche de la Vérité et du Bien. Si la vraie démocratie ne tient que sur le socle chrétien, comme l’a défendu le Pape à Londres, c’est la même chose pour la vraie famille. C’est cela, qui va être le message du Pape à Barcelone, qu’on va vouloir nous cacher avec des miroirs à alouette comme son usage de la langue catalane ou ses louanges de l’œuvre de Gaudí.

Le portail de La Vanguardia (ndt journal barcelonais fondé il y a environ 150 ans, diffusé majoritairement en espagnol et dans toute l’Espagne) (…) prépare déjà les moteurs de recherche. Et vous allez voir les photos et les titres. Seul quelque trublion « qui pense » dans quelque petit coin de quelque obscur média, rappellera que Gaudí était un catholique de la tête aux pieds et que, s’il avait pu être présent, il aurait applaudi de toutes ses forces à toutes les affirmations que fera le Pape sur la famille.

Mais cette scénographie d’un supposé « ralliement » (ndt en français dans le texte) entre la Catalogne et le/son Pape, ce nouvel acte de récitations des Pastorets (représentation théâtrale traditionnelle locale sur le thème de la Nativité) qu’on nous a monté par ici, a un autre but que la simple dissimulation de l’objectif du voyage. Il s’agit d’offrir l’image de la normalité qui masque, à la façon de Potemkine (ndlr : allusion aux villages Potemkine !), le désastre ecclésial du diocèse et par extension celui du "national-progressisme".

Ainsi, comme nous l’avons dit, la collusion Sistach - La Vanguardia - TV3 & cie, pense qu’on percevra que nous ne sommes pas si mal, après tout, qu’il n’est pas nécessaire de faire des changements drastiques dans les nominations des évêques, que ceux de Germinans et gens du même acabit ne disent pas la vérité et que par conséquent Rome et Madrid (le cardinal archeveque de Madrid Rouco et Le Nonce Mgr Renzo Fratini) se trompent quand ils se forment une opinion sur l’état de l’Église en Catalogne en se basant sur eux. La multitude bien photographiée comme instrument pour donner de la crédibibilité à Sistach et aux fruits de l’Église crypto-nationale catalane.

Alors que faire?
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Alors que faire? Si finalement les écoles et les paroisses progressistes se dégonflent et que la visite ne vaut pas tripette pour eux, si ce sont les « tradis » qui vont remplir la place et assister à la cérémonie de bienvenue dans la Cathédrale, faut-il boycotter la visite, afin ne pas sauver Sistach par un effort de l’extérieur ? Catégoriquement NON.

D’abord, tout le raisonnement national-progressiste se base sur le fait que Rome, la Curie et la Nonciature sont une bande d’idiots qui forgent leurs opinions sur les apparences. Cela n'a pas été le cas auparavant et ne l’est pas maintenant. Si auparavant il y avait de si mauvaises nominations épiscopales en Catalogne, c’est parce que les responsables de la Curie se laissaient porter davantage par les raisonnements diplomatico-politiques que pastoraux. (..) Benoît XVI est en train de re-générer la Curie, un travail que Jean-Paul II n’a pas pu faire, ce qui ne signifie pas qu’il n’a pas voulu le faire. Mais les chemins du Seigneur sont impénétrables, et sans le tremblement de terre Woytila il n’y aurait pas eu la révolution Ratzinger(..).

D’autre part, la mobilisation n’est par pour aller manifester pour ou contre Sistach. Nous irons voir et écouter le Pape, notre bien aimé Pape, successeur de l’apôtre Pierre, le pêcheur. Ubi Petrus , ibi Ecclesia . Et « aquesta alegria ningú no ens la prendrà » (ndt phrase en catalan pour : cette joie personne ne nous l’enlèvera).

Nous en avons assez de tous ces ecclésiastiques et laïcs vendeurs d’un décor qui n’existe pas. Qui disent une chose à Madrid ou à Rome et font le contraire à Barcelone. Une devant l’évêque et une autre au Conseil paroissial. Nous les Catalans nous sommes davantage qu’une tribu de botiguers (mot catalan pour commerçants). Nous voulons être des catholiques tout court, en communion avec le Pape, sans politicaillerie, par pure et simple adhésion à ce qu’il prêche, la vraie médecine dont a besoin notre société catalane malade de la préoccupante maladie spirituelle appelée désespoir.

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Notes du traducteur


(1) « nacional »: concerne la Catalogne dans son processus d’autonomie toujours plus orientée vers une sécession d’avec l’Espagne. Processus dans sa finalité (mais également par sa politique linguistique jugée totalitaire par certains), qui ne fait pas l’unanimité chez tous les Catalans malgré des manifestations massives et très médiatisées.

(2) Né en 1937 à Barcelone, Mgr Lluís María Martínez i Sistach, est cardinal et archevêque de Barcelone depuis 2004, après avoir été évêque auxiliaire de Barcelone et évêque d’autres diocèses catalans. Mgr Sistach semble suivre la ligne de conduite de ses prédécesseurs depuis les années 80.

(3) une certaine église catholique en Catalogne qui agit déjà d’une manière souterraine comme une église nationale et catalane.

(4) Llisterri : l’auteur fait référence à Jordi Llisterri qui est le directeur du portail Catalunya Religió.cat, en langue catalane, soutenu financièrement par la généralité et la députation de Catalogne pour présenter l’actualité religieuse depuis la Catalogne.

(5) Récemment l’abbé de Montserrat (la célèbre abbaye de Catalogne) a créé la sensation en abordant le sujet de l’avortement et en ayant une position trop favorable pour certains par rapport à la nouvelle loi même s’il a bien dit qu’il était contre l’avortement. Et les media se complaisent à donner la parole à des religieuses qui n’ont rien à envier à congrégations très progressistes des Etats-Unis.

(6) Mgr Iceta vient d’être nommé évêque de la province basque de Bilbao. Il est le plus jeune évêque d’Espagne. Mgr Munilla est arrivé quelques mois avant Mgr Iceta au pays Basque, comme évêque de Saint Sébastien. L’un comme l’autre ont été contestés avant leur arrivée et le sont toujours actuellement par une église progressiste et nationaliste vieillissante et plutôt marginale mais très écoutée des médias.

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