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Le Pape a osé ("a papal success")

Signalée par un lecteur: une réflexion de Chris Patten, qui avait été chargé par David Cameron, de l'organisation de la visite du saint-Père au Royaume-Uni (20/10/2010)

Grégoire B, un lecteur (que je remercie!) m'écrit:
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J'ai trouvé cet article de Chris Patten , ce matin, et me suis dit que peut-être, il pourrait vous intéresser dans le cadre de la "campagne anti-pape" Barcelonaise.

En tout cas, il m'a réchauffé le cœur et j'espère qu'il en sera de même pour vous
.
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Oui, c'est un bel article.
Le texte (dont l'original en anglais est ici, sous le titre "A papal success"), a été traduit en français par La libre Belgique, à ce qu'il me semble dans la page "Opinions" . Wikipedia nous apprend que ce titre était réputé "à forte tendance catholique, avant de s'ouvrir vers d'autres points de vue en 1999"...

La tribune est signée Chris Patten, que sa notice Wikipedia décrit en ces termes:

"Chris Patten (né en 1944 ) est un homme politique anglais. Il a occupé plusieurs postes de secrétaire d'État dans les gouvernements Thatcher. Il fut le dernier Gouverneur de Hong Kong puis membre de la Commission européenne de Romano Prodi, chargé des relations extérieures.
Il a été chargé par le gouvernement britannique d'organiser la visite officielle et pastorale du Pape Benoît XVI au Royaume-Uni les 16, 17 et 18 septembre 2010
" (cf également ici).

Ne boudons pas notre plaisir - même si certains passages soulèvent quelque perplexité, comme par exemple celui où il écrit: Aux fondements de l’Europe ne se trouvent pas seulement Aristote, la raison et la Grèce antique, pas seulement Rome et l'importance qu'elle accordait à la loi, mais aussi Jérusalem et les religions abrahamiques (le judaïsme, le christianisme et l'islam) .
Si je comprends bien, l'islam serait parmi les religions qui font partie des fondements de l'Europe? Je préfère imaginer que Lord Patten s'est mal exprimé. Ou (c'est le plus probable) que j'ai mal compris.

Le Pape a osé

http://www.lalibre.be/debats/opinions/...

A Londres , il a osé le débat sur l’importance de l’éthique et de la religion dans la vie politique. Dépourvue d’éthique, la raison est insuffisante pour assurer la survie de la civilisation. L’Allemagne nazie en est la preuve. Une opinion de Chris Patten, Dernier gouverneur britannique de Hong Kong.
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A la grande surprise des médias - tant du Royaume-Uni que de l’étranger - la visite du Pape Benoît XVI en Grande-Bretagne était des plus réussies. En tant que catholique et responsable nommé par le Premier ministre David Cameron pour superviser le déroulement de la rencontre avec le gouvernement, ma joie était innée. Mais cette visite a également ravi le citoyen en moi qui déteste toute mentalité grégaire.

Les médias ont tendance à changer comme le marché boursier. Avant cette visite, on nous a raconté que le public d’Angleterre serait au mieux indifférent au pire hostile. Ce cas de figure allait jusqu’à inquiéter le Vatican. Pourtant, dès son arrivée en Ecosse, le Pape s’est vu assailli par une foule de sympathisants, catholiques et non-catholiques confondus.

Je faisais partie du cortège papal qui a emprunté l’autoroute depuis Edimbourg où Benoît XVI a rencontré Elisabeth II, jusque Glasgow, où il a célébré une messe en plein air. La foule s’était amassée le long de la route. Dès le premier jour, les médias ont compris qu’ils avaient très mal lu dans les pensées du public. Du jour au lendemain, ce qui augurait un désastre est devenu un grand succès. Le public venait de détromper ces je-sais-tout de journalistes et le cynisme métropolitain.

La rencontre entre le Pape et les chefs spirituels a démontré que l’idée reçue selon laquelle le public ne peut pas comprendre quelque chose de plus long ou de plus compliqué qu’un clip est erronée. Un jour, un homme politique américain, feu Adlai Stevenson, a déclaré que l’homme moyen (et la femme) en savent largement plus que la moyenne. Les responsables politiques doivent donc traiter leurs électeurs comme des égaux et ne pas leur parler avec condescendance. Vous pensez bien que cela n’a pas suffi à lui faire gagner la présidence en 1950. "Toutes les personnes intelligentes de ce pays sont avec toi", lui a-t-on dit. "Ce n’est pas assez, a rétorqué Stevenson. Pour gagner, il me faut la majorité."

Nous souffrons néanmoins d’une overdose de slogans simplistes en politique. Argumenter son affaire de manière cohérente reste la meilleure façon de gagner l’assentiment du public sur le long terme pour n’importe quel plan d’action. Un argument est d'autant plus valable s’il est exposé posément - et valorise ceux à qui il s'adresse.

C’est ce que Benoît XVI fait, tout comme son interlocuteur à la tête de la communion anglicane en Grande-Bretagne, l’archevêque de Canterbury Rowan Williams. Tous deux sont des intellectuels qui réfléchissent avec calme et prudence, raison pour laquelle Williams, en particulier, s’est retrouvé pris à partie par les médias. En 2008, une conférence dans laquelle il faisait le lien entre la loi islamique, nommée la charia, et le système légal britannique a été très critiquée. Remis en contexte, son discours était à la fois juste et intéressant mais comme ce n’était pas le cas dans les journaux, son auteur s’est injustement retrouvé au pilori.

Le pape a fait son discours principal devant tout le gratin à Westminster Hall, un monument médiéval dont l’utilisation au cours des siècles est intimement liée aux plus grands drames de l’histoire du pays. C’est à cet endroit que Thomas More, canonisé par la suite, a été jugé pour avoir désobéi à son supérieur, Henry VIII. More ne pouvait pas accepter la suprématie que le roi exigeait sur l’église. Sa conscience lui dictait de ne pas se plier à la volonté du roi. Martyr de sa propre conscience, il a été exécuté dans la Tour de Londres.

Saint Thomas More est devenu le saint patron des responsables politiques, ce qui est assez flatteur pour bon nombre de ceux dont il est censé régir les intérêts. Après tout, tous les dirigeants politiques qui suivent leur conscience n’ont pas la chance d’être loués. Mais l'histoire de More et le fait que la loi britannique a commencé à se dessiner sous les arches gothiques en bois de Westminster Hall donnait au pape un bel hameçon pour commencer son sermon sur l'importance de l'éthique et de la religion dans la vie de la cité.

Beaucoup de laïcs arguent que, depuis l’époque des Lumières, la raison suffit à régir toute gouvernance et élaboration de politiques, fondées sur l'état de droit, si la nation a de la chance. Benoît XVI a réaffirmé l’importance de la foi aux côtés de la raison pour sauvegarder notre civilisation.

Aux fondements de l’Europe ne se trouvent pas seulement Aristote, la raison et la Grèce antique, pas seulement Rome et l'importance qu'elle accordait à la loi, mais aussi Jérusalem et les religions abrahamiques (le judaïsme, le christianisme et l'islam) [??]. Dépourvue d’éthique, la raison peut s’avérer insuffisante pour assurer la survie de la civilisation, chose que l’Allemagne, le pays natal du pape, a découvert dans les années 1930.

Pour étayer son argument, le pape a fait remarquer que l’écroulement de la finance mondiale, en partie dû à une insatiable cupidité, a lancé le débat sur la nécessité d’un comportement économique fondé sur l’éthique. Avons-nous déjà oublié la répugnance éprouvée devant la malhonnêteté et la prodigalité qui ont contribué à mener la prospérité occidentale à sa perte ?

Un autre exemple de lien entre éthique et politique est la réaction des pays riches envers l’inégalité sociale dans le monde, terrible affront moral pour toute personne avec un minimum de conscience et de sensibilité. Malgré la triste crise du budget en Grande-Bretagne, le gouvernement s’est engagé à maintenir sa promesse de consacrer 0,7 % de son PIB pour assister les pays pauvres. Si seulement les autres faisaient de même, comme cette riche Italie qui n’accorde que 0,15 % de son PIB à l’aide étrangère.

Finalement, Benoît XVI a lancé un sérieux débat au Royaume-Uni et au-delà. La religion et l’éthique doivent-elles et peuvent-elles participer au discours politique ? C’est une question cruciale - et pas seulement pour l’Europe.

© Project Syndicate, 2010. www.project-syndicate.org

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